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Pour une autre « base commune » que celles annoncées - Jean Paul Duparc - 06

Les textes proposés comme base commune pour le congrès par la direction nationale du Pcf sont maintenant connus. Et, d’autre part, à la lecture de certains sites ou blogs, on voit bien que certains « textes alternatifs » classiques se préparent, d’une sensibilité identitaire qu’on a déjà connue par le passé dans des textes proposés notamment par des camarades du Rhône ou du Pas de Calais ou bien encore de « la riposte ».

Les choses étant ce qu’elles sont après l’adoption des textes par le CN de début mars, si le choix en restait là, bien des communistes se trouveraient face à un choix tronqué, mortifère, de deux façons de revenir en deçà des avancées qu’avait su poser en son temps le congrès du Pcf de 2008.

Les avancées de 2008 jusqu’en 2012

Pour mémoire et pour faire bref, le congrès de 2008, après 30 ans de reculs d’un Pcf piégé dans les différents avatars de la stratégie « d’union de la gauche » et par l’effondrement des pays socialistes, posait les bases d’une approche stratégique différente. De rassemblements populaires à vocation majoritaire de type nouveau, de « fronts » disions-nous, inspirés notamment par l’expérience de la bataille référendaire de 2005. Avec une volonté de faire converger non seulement des individus mais aussi des forces de la gauche de transformation sociale. Avec enfin l’idée claire que pour qu’une politique de gauche réussisse, c'est-à-dire batte la droite et l’extrême droite, s’attaque vraiment à la crise et porte des solutions aux problèmes du peuple, il convenait d’émanciper la gauche de l’hégémonie d’un parti socialiste, lui-même en mue durable de la social-démocratie vers le social-libéralisme.

Le Front de gauche en est né, avec le succès que l’on sait jusqu’à la présidentielle de 2012, et les difficultés qui l’ont marqué ensuite, pour à la fois maintenir sa cohésion et le rendre populaire. Il me semble que le débat qui a marqué la première phase de préparation du congrès a montré que nous ne pouvons pas balayer nos propres responsabilités à ce propos, même si il en est d’autres.

Mais ces difficultés, et ce qui s’est passé depuis avec le quinquennat de Hollande, n’infirment pas au contraire les avancées posées en 2008. Elles sont au contraire plus nécessaires que jamais. D’ailleurs, y compris si nous étendons notre regard à l’Europe, nous sommes à juste titre intéressés, et parfois élogieux, à ce que font Syriza, Podemos, le Sin Fein, ….il y aurait quelques incohérences à n’avoir pas ce courage d’innovation dans la durée chez nous quant au type de rassemblement populaire à faire émerger pour réussir.

L’inacceptable texte « 2017 » proposé par le CN

Certes comme nombre de contributions ou des initiatives comme l’appel « Rallumons l’étincelle du Front de gauche » ont attiré l’attention sur les dangers qu’il y aurait à tourner la page du FDG en en décrétant l’échec pour passer à autre chose, dans le texte finalement adopté par le CN, des références au Front de gauche ont été mentionnées.

Mais sur le fond politique l’ambiguïté reste totale, et comme disait une femme politique connue et qui s’y connait en « Primaires » : «  quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup ».

Il est d’ailleurs tout à fait remarquable que, dans ce long texte, il n’y a pas un seul paragraphe d’analyse du Parti Socialiste, qui quand même vient d’avoir pendant près de 5 ans maintenant l’essentiel des pouvoirs, exécutif et législatif réunis. On a le « couple présidentiel », le « clan gouvernemental », le « clan Valls-Hollande », …dans le texte du CN, le PS est tout juste « l’arlésienne » de l’histoire.

Quand un piège peut en cacher un autre …..

Tout est écrit en fonction de l’enjeu de « déjouer le piège de 2017 », le risque effectivement prégnant d’un face à face Droite-FN au deuxième tour. D’où l’acceptation du mécanisme des primaires, mais pas des primaires d’une gauche de transformation sociale, mais de tous les candidats potentiels qui se reconnaitrons dans des « valeurs de gauche » et dans un socle suffisamment plastique pour que la plupart des dirigeants socialistes, jamais avares de mots, y disent « Amen ».

Et les débats des « lundis » montrent que ce socle minimaliste là, tel que nous l’écrivons, ne fait même pas même forcement consensus ou l’unanimité.

Et ainsi, au nom de « déjouer le piège de 2017 » ; se met en place un autre piège : la revitalisation par d’autres moyens, y compris avec d’autres dirigeants si nécessaire, (ils ne sont pas à cela près les socialistes), d’une hégémonie socialiste sur la gauche pour l’après Hollande. Avec le cortège de renoncements que cette hégémonie maintenue implique, compte tenu de ce qu’est devenu structurellement et idéologiquement le PS.

Ajoutons qu’il serait particulièrement baroque et suicidaire pour nous de co-organiser puis d’avoir un candidat à la présidentielle commun avec le PS (une première depuis 1974 !), au sortir de ce quinquennat là! Car à lire dans Libération ce lundi, la nouvelle tribune des initiateurs de l’appel à une primaire, c’est bien de cela qu’il s’agit ! ça ne pourrait éventuellement que booster la candidature même solitaire de Mélenchon, voir un ressurgissement de l’extrême gauche.

Ajoutons que la primaire ainsi conçue ne résoud pas la question du « vote utile », elle la déplace, du premier tour de l’élection présidentielle vers le vote de la primaire. Où la dominante sera de choisir « la personne la plus cotée » pour figurer dans un éventuel second tour. Mais au risque alors que les idées de la gauche de transformation sociale, soient absentes du scrutin présidentiel lui-même, à la différence de 2012 avec « L’Humain d’abord ». Sans aller chercher la caricature de l’exemple américain, l’expérience italienne de primaires ne nous a-t-elle rien appris ?

Enfin, voyons que très certainement, si de la primaire émergeait une vraie candidature de la gauche de transformation sociale, rien n’empêcherait le courant social libéral d’être présent à la présidentielle, par Hollande, Valls, Macron, ou un autre prétendant.

..sans en solutionner aucun

De surcroit la crise de la politique est telle, qu’un rassemblement de type hyperclassique finalement, d’une gauche principalement institutionnelle, rassemblée pour se sauver elle-même principalement, et tenter de figurer au second tour, aurait le plus grand mal à dégeler la défiance et l’abstention structurelle qui s’est installée. Avec au final, le résultat de ne pas déjouer le « piège de 2017 » tout en ayant re-légitimé pour l’avenir au sein de la gauche un PS relooké en apparence.

Si les choses en restaient là …..

Le choix pour le vote sur la base commune serait par défaut de voter blanc : Coincé entre la base commune proposée par le CN qui, sans le dire ouvertement bien sur, nous ramène vers des ornières bien connues, et des textes alternatifs identitaires, au conservatisme proclamatoire, qui certes peut être un refuge pour certains mais pas des solutions pour l’avenir ( Claude Levi Strauss a écrit en son temps des textes éloquents sur le caractère statique et illusoire du concept d’identité ).

Souhaitons que puisse émerger d’ici début avril une alternative proposable à tous, qui reprenne l’ambition stratégique d’un communisme et d’une gauche de transformation sociale.

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