Les congrès du PCF

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Après l’interview de Pierre Laurent : Eviter un Congrès qui botte en touche ! Jean-Paul Duparc - 06

J’ai lu l’interview parue dans L’Humanité de ce mardi, et j’en suis resté extrêmement dubitatif…..

Avec, sur la préparation des choix de Congrès, après le vote des communistes, une sorte de « J’entends mais pour l’essentiel je ne change rien ». Car le fait qu’on excluait « une primaire avec Hollande », ceci, sous la pression des communistes eux-mêmes, ça avait été heureusement acté avant le vote.

Avec, sur les échéances à venir de 2017, une démarche qui reste toujours, soit bien floue, voire qui nous mène dans le mur, simplement, on recule le mur, en différant les échéances de choix à l’automne…Tout en restant, dans la démarche de rassemblement, dans une optique très conventionnelle, l’œil rivé sur des accords possibles avec des Verts et des frondeurs, optique peu susceptible de changer la donne d’ici l’automne.

Le titre même donné à l’interview a des œillères : « C’est le parti communiste qui tient la gauche debout », et effectivement nous sommes une force et un repère quand bien des gens sont perdus. Mais aller au bout du raisonnement, c’est aussi dire que le PCF, est d’autant plus resté une force qui compte ces dernières années, une force debout, qu’il avait su initier et prendre toute sa place dans la dynamique de la démarche du Front de gauche.

Et que cette force tend à s’étioler (voir les évolutions des chiffres d’adhérents et de cotisants actés par notre récent vote), notamment parce que depuis l’été 2013 (la phase de préparation des municipales en gros), il y a une inflexion stratégique, qui n’a pas dit son nom et qui n’a pas été réellement débattue pour ce qu’elle est, et qui revient, pour reprendre l’expression utilisée récemment par une camarade, à revenir vers l’idée que le PS est « de façon inéducable, le parti qui domine à gauche » . Tout en délaissant, mais sans vraiment le dire, (d’où le ressenti chez beaucoup de camarades et dans la population « d’être illisibles »), l’objectif d’une démarche majoritaire à gauche , émancipée d’un PS dominant.

Enfin, pour en conclure avec cette interview, en creux, elle parle par ce qui en est absent : exit une réelle référence au Front de gauche, exit (et de façon, encore plus invraisemblable, compte tenu de la part que nous avons prise à son élaboration et sa popularisation) toute référence à L’Humain d’abord),……

Pour la suite de cette contribution, j’insisterais sur trois idées dont je souhaiterais qu’elles figurent clairement dans les conclusions de notre Congrès, et qui ont d’ailleurs été très majoritairement retenues par la récente conférence de section à laquelle j’ai participé.

Mais auparavant, je voudrais faire part de deux occasions de rencontres, auxquelles il m’a été donné de participer.

« Merci Patron ! » et Ruffin

Pour notre hebdomadaire le Patriote Côte d’Azur, et lors de « Visions Sociales », ce festival du film parallèle à Cannes, et centré sur le monde du travail à partir du syndicalisme CGT, j’ai rencontré, à la fois, les gens qui ont fait salle comble pour la projection du film « Merci Patron ! » et interviewé son réalisateur François Ruffin, du journal Fakir et aussi impliqué dans Nuit debout.

Qu’est ce que ça dit, ce « lieu » où l’on croise à la fois un public de militants syndicaux ou politiques mais aussi beaucoup de ces 88% de personnes qui, dans les sondages, se disent « défiants » vis-à-vis des partis, tout en étant progressistes ?

En résumé, ça parle d’un « grand vide politique » après le « suicide » du Front de gauche, (dont nous ne sommes pas exemptés !), ça parle d’un besoin de changement de la société et de radicalité, d’unir « la rue et les urnes », ça invite à un grand « mouvement populiste de gauche » ( au sens noble du terme), ça ne veut plus entendre parler du PS, ( comme l’actualité medias était sur Montebourg, ça dit clairement « entre quelqu’un qui a quitté le PS et quelqu’un qui y est resté, j’ai tendance à préférer quelqu’un qui en est parti »), etc…etc….

Mélenchon et les « insoumis »

Lors de cette journée à Visions Sociales, j’ai eu un échange avec Jean Luc Mélenchon qui était présent, et qui avait eu des occasions de venir au journal lors de campagnes électorales passées. [Soit dit en passant, il ne donne pas la même version que nos dirigeants, sur les conditions de l’annonce de sa « proposition de candidature », mais comme je n’ai pas les moyens de savoir « qui dit vrai ? », peu importe], j’ai été invité à assister le lendemain à Nice, à une rencontre ouverte à la presse, entre JL Mélenchon et les signataires niçois de l’appel des insoumis, j’y suis donc allé.

Désolé de l’écrire ainsi, et je sais que je vais certainement mettre « vénère » certains auteurs de contributions que j’ai pu lire ici, et qui penchent vers une sorte de « TSM », Tout Sauf Mélenchon,…mais, au delà des réserves que je peux partager sur des aspects de la démarche de Mélenchon, il y avait dans cette réunion deux éléments forts intéressants :

D’une part des personnes présentes allant au delà du seul cercle des proches du PG, et avec des gens de ces 88% de « défiants » vis-à-vis des partis et de la politique traditionnelle. Un discours de Mélenchon très centré sur les idées pour un réel changement et une préoccupation qui nous rejoint « mettre le peuple en mouvement ».

Un centrage, par contre différent du notre, mais qui m’a semblé finalement mieux ciblé dans la situation politique d’aujourd’hui, vers justement ces 88% « défiants », et/ou les personnes qui ne votent plus, s’abstiennent, …. Et sans lesquelles il n’y aura pas de mouvement majoritaire …….

Au nom d’une démarche à vocation majoritaire, nous privilégions une démarche finalement très conventionnelle et/ou institutionnelle, ciblée sur les « frondeurs » qui pourraient nous rejoindre, être avec EELV, ou des Appels qui ne sortent guère finalement de « l’entre soi » des personnalités qui signent habituellement des Appels (ce n’est pas une critique, c’est un constat, il m’arrive moi-même de signer des Appels … ). Imaginons même que, aujourd’hui, « toute la gauche » institutionnelle soit réunie, ça ne fait en aucun cas une majorité politique dans le peuple. L’essentiel est ailleurs.

La limite certainement de la démarche de Mélenchon, c’est que la « masse critique » du nombre d’insoumis réunis, n’est pas à ce stade, en mesure de mener une campagne à la Sanders, mais le ciblage ou le centrage est intéressant, en tous les cas plus intéressant que les plaisanteries hasardeuses de certains de nos dirigeants qui conseillent à Mélenchon « d’aller à Lourdes ». (N’insultons pas ce qui pourrait être une piste d’atterrissage à l’automne ….)

Enfin lire l’ITV de Pierre Laurent et entendre le discours de Jean Luc Mélenchon m’a permis d’identifier un point commun entre les deux : ils se félicitent l’un et l’autre de l’accord intervenu …en Espagne entre Podemos et Izquierda Unida ! Alors, il serait urgent de démentir la maxime « vérité en deçà des Pyrénnées et erreur au-delà », et de remettre sur le métier, en France, ce qui nous fait défaut aujourd’hui, pour une dynamique de la gauche de transformation sociale.

Trois vœux pour un Congrès

Vous trouverez en Annexe de cette contribution trois vœux de réécriture de la partie de la base commune sur 2017, largement adoptés lors de ma conférence de section.

Le premier porte sur la caractérisation du PS, car on ne peut en rester à la formulation du « clan Valls Hollande », même agrémenté de « Solférino » !

Le second réaffirme la volonté d’un rassemblement populaire à gauche, à vocation majoritaire et émancipé de l’hégémonie du PS.

Le troisième porte l’exigence d’une base de rassemblement ambitieuse pour la transformation sociale, un rassemblement de type nouveau, et une réappropriation-réactualisation de L’Humain d’abord ». Car on entend parfois parler de « socle minimal », de référence plus ou moins flou aux « valeurs de gauche », comme si « rassemblement plus vaste » (avec une partie du PS espérée ???) impliquait une « plate forme », pas trop ambitieuse dans ses exigences afin de « ratisser large »…..

Ce sont des vœux qui peuvent contribuer à rendre à nouveau lisible et dynamique la politique et la stratégie des communistes. Et faire face à une situation concrète, où ( c’est l’évidence après son passage à Europe 1 ) Hollande sera candidat ( sauf séisme social et politique ), et aura le soutien très majoritaire du PS ( y compris ceux qui veulent y préparer l’après Hollande, mais qui veulent qu’Hollande paie les ardoises politiques de son quinquennat afin de dégager le terrain pour la suite), le rassemblement de la gauche de transformation sociale est prioritaire pour le présent et face à la droite et l’extrême droite.

Jean Paul Duparc

Post-sriptum : J’ai vu que nos « têtes pensantes » de Fabien n’avaient rien trouvé de mieux que de programmer le 5 juin, au sortir du Congrès, un « pique-nique » qui se déroulera donc au même moment où la « marche des insoumis » à l’initiative de Jean Luc Mélenchon se formera à quelques encablures de là, à Paris. Franchement, on en est là au PCF ??? Le plafond du ridicule est enfoncé, ça fait querelle de cours de récréation ! Je trouve qu’elle la modère bien, sa réaction, Marie George Buffet, en se contentant de dire « soit après le dessert, on va marcher, soit celles et ceux qui marchent viennent gouter à Aubervilliers. Cela serait sympa en effet de se retrouver ». Je crains fort que notre direction, à force d’en rajouter, pousse certains à se dire que, tant qu’à faire, après quatre jours assis en Congrès, le meilleur pour la santé c’est d’aller se dégourdir les jambes …..

Annexe : Vœux 1

Depuis les années 1980, une évolution a conduit le PS à s’aligner toujours plus sur l’évolution libérale dominante de la social-démocratie européenne. Ce mouvement s’est accéléré depuis de début du 21ème siècle, vers un social-libéralisme de plus en plus assumé et de moins en moins social et de plus en plus autoritaire. De même qu’en interne ce parti n’est plus, et de loin, ce qu’on appelait jadis « le parti de Pierre Mauroy », son appareil est de plus en plus lié à la bourgeoisie économique et des sommets de l’Etat. Cette dérive , qui atteint des paroxysmes dans ce quinquennat avec la tentative sur la déchéance de nationalité et la loi El Khomri, est une des raisons principales de la désaffection de masse à l’égard de « la gauche », des déceptions, et de la montée de l’abstention, tout comme elle fait le lit d’une extrême droite surfant sur le « tous pourris ».

Certes le bradage complet des valeurs de gauche comme la perspective d’une défaite historique en 2017 secoue une partie significative des socialistes, et créer des tensions inédites à l’intérieur du PS. Mais même la participation très positive de 24 députés PS (sur 280) à la tentative de motion de censure de gauche, n’indique pas pour autant une inversion de cette profonde dérive de long terme.

La question centrale par contre reste bien pour nous : comment ouvrer à une remobilisation populaire en direction des millions de femmes et d’hommes, massivement abstentionnistes et souvent dégouté-e-s de la gauche et de la politique, afin qu’ils puissent s’en saisir à nouveau ?

 

Annexe : vœux 2

Le futur texte du Congrès doit affirmer l’objectif d’un rassemblement à gauche, aux formes politiques et citoyennes nouvelles, émancipée de l’hégémonie du PS, comme élément indispensable, non seulement pour refonder une crédibilité à gauche, mais également être porteur d’une dynamique s’adressant aux millions de personnes aujourd’hui en rupture politique. Cette dynamique pouvant être attractive pour des femmes et des hommes, y compris des adhérent-e-s ou élu-e-s, qui encore aujourd’hui se reconnaissent encore, par défaut, dans le PS.

C’est indispensable pour espérer battre la droite et l’extrême droite. [ce qu’un simple rassemblement de « survie » de la gauche, sur la base d’une plate forme minimale ou d’urgence, plus ou moins conduite par une figure social-démocrate de gauche ( non social libéral ), serait incapable de faire, surtout que cette troisième candidature n’empêcherait alors, ni celle de Hollande bien sur, ni celle probablement de Mélenchon] .

L’expérience du Front de gauche, dans ses ambitions initiales –une démarche d’alternative majoritaire capable de disputer l’hégémonie à gauche au PS- comme dans ses premières années, sa relance et sa transformation élargie en front populaire et citoyen, sont indispensables pour y travailler. Ses difficultés actuelles ne doivent pas nous le faire oublier.

Annexe Vœux 3

Dans le processus de co-«élaboration citoyenne des propositions à porter, le texte du Congrès doit se réapproprier « L’Humain d’abord » , seul texte unitaire énonçant dans la dernière période en France une politique de gauche, mettre en débat sa réactualisation, qui peut être importante et variée, proposer de le confronter à ce que proposerons les citoyens eux-mêmes, et viser clairement un programme de fortes transformations sociales mobilisatrices, ( qui seul peut être crédible face à la crise ) à la fois pour la France et aussi face aux enjeux européens.

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