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Aider chacune et chacun à s'affranchir de l'esprit du capitalisme - Fabrice Ferlin - 69

Il n’est pas possible d’avancer vers une société meilleure, plus juste, de la construire et de la maintenir tant qu’un très grand nombre de personnes, sans que ce soit de leur faute, restent contaminées par des idées d’individualisme, d’égoïsme, de chacun pour soi. Il n’est pas possible de bâtir un monde de justice tant que nombre de personnes méprisent les valeurs de justice, ou ne sont sensibles à l’injustice que si elles en sont victimes. Il n’est pas possible de bâtir une société et un monde libérés durablement des inégalités économiques et sociales et affranchis du règne de l’argent tant que l’argent lui-même continue de régner comme valeur essentielle dans l’imaginaire de millions de gens. Il n’est pas possible de construire et de maintenir un monde de fraternité si cette haute valeur n’est pas partagée par des millions. Un monde conforme à ces idéaux, affranchi de l’exploitation, ne peut non plus être bâti et défendu sans le courage de chacune et de chacun, sans le refus de toutes les lâchetés qui contribuent au maintien de sociétés fondées sur la domination, l’égoïsme, la cupidité et le repli sur soi.  
Ainsi tout mouvement émancipateur doit aussi se préoccuper de libérer les femmes et les hommes de la servitude aux idées d’accumulation sans limite et discernement, se soucier de les éloigner de l’indifférence à autrui, des idées de repli et de frilosité.   
Il n’est pas possible non plus d’oublier le nécessaire épanouissement des facultés d’esprit critique de chacune et de chacun. Il faut souligner l’importance de la capacité à garder la maîtrise de soi et à ne pas se laisser envahir et dompter par des émotions irrationnelles qui peuvent fausser complètement le jugement et l’action, et permettre toutes les manipulations,  politiques notamment.   
Le développement même de l’Humain, l’épanouissement de chacune et de chacun, intellectuel social et culturel ne peut se faire sans que l’on songe au développement de facultés de ce type que l’on pourrait qualifier d’« éthiques ».  Tout cela fait partie du développement du bien humain qui devrait être le critère essentiel d’une société nouvelle, pleinement juste, égalitaire et fraternelle.  Enrichir financièrement les personnes au delà d’un certain niveau, ne saurait être l’objectif principal, le critère d’un monde social décent ; par contre un enrichissement réel et équilibré des femmes et des hommes doit passer par l’enrichissement de tout ce qui constitue l’humain, en particulier par leur enrichissement intellectuel, culturel et moral. Aider chacune et chacun à s’affranchir de l’esprit du capitalisme constitue un point essentiel de l’émancipation des êtres humains, émancipation qui est, je pense, notre objectif essentiel.   
Toutes ces questions constituent donc un point non négligeable, dans le cadre de ce combat pour une société plus humaine, comme cela doit être un devoir essentiel d’une telle société d’assurer à toutes et à tous les conditions réelles pour s’émanciper intellectuellement et moralement, conditions qui impliquent d’ailleurs une garantie de sécurité matérielle pour tous.  
On ne saurait rabaisser la hauteur et la noblesse de notre idéal, comme nous le rappelle Jaurès dans son magnifique Discours à la jeunesse du 31 juillet 1903.

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