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Débat n°5 : quelles pratiques militantes pour améliorer notre action ?

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Une nouvelle visée émancipatrice - Jean-Louis Le Moing - 41

Une véritable guerre d'idées vise à « naturaliser» le capitalisme, pour le rendre indépassable aux yeux même de ses victimes:

Les inégalités sont l'essence même du genre humain…

Les riches permettent le progrès pour tous…

S'attaquer aux injustices ? C'est paralyser la société dans la compétition internationale...

Ce système n'est pas parfait, mais il n'en est pas d’autre qui ait pu passer l’épreuve de la réalité! 

Fini la quête des jours heureux... Des citoyens résignés, voir consentants et la punition pour ceux qui osent encore relever la tête. Voilà le projet du grand capital en cette aube du 21 ème siècle.

Ainsi donc, ce système qui charrie tant de souffrances, d’inégalités, de violences, se trouverait acquitté -fusse au bénéfice du doute. Il faudrait se rendre à la raison et s’en accommoder.

Déverrouiller ce postulat est une bataille incontournable. Et c'est au cœur de cette exigence que réside, pour moi, l'actualité du communisme.

 

1 Une loi naturelle?

Cette pédagogie du renoncement aujourd'hui distillée par le Président de la République, Valls et Macron cause un profond trouble chez les femmes et les hommes de progrès, menace de mettre la gauche en lambeaux et engage un processus de décomposition politique plein d'incertitudes.

Ne sous-estimons pas l’acuité du problème auquel sont confrontés tous ceux qui ne veulent pas se résigner à la dure loi capitaliste.

Aucun projet alternatif crédible ne semble émerger réellement, alors que le libéralisme le plus débridé malmène les peuples et notre planète. Parfois mis en accusation, le système capitaliste rencontre certes des résistances mais, faute de réelle alternative, s'impose trop souvent comme une loi naturelle. C'est dans cette béance que s'engagent avec détermination les forces soumises au libéralisme et que certains s'engouffrent à gauche, au risque d’affaiblir ou d'éliminer tout espoir.

 

2 Une nouvelle espérance

Le communisme a longtemps incarné cet espoir qui fait que les humains se lèvent. Il a su mobiliser quantité d'énergies et d'intelligences. Qu'en est-il aujourd'hui ? Il y a du respect pour nous. Nous savons provoquer parfois l’intérêt. L'utilité et la portée émancipatrice de nos valeurs et de notre action sont souvent reconnues. Mais nous rencontrons des difficultés pour définir avec notre peuple les contours et les voies d'une espérance de notre temps.

L’espoir d’une société et d’un monde de libre développement peut-il de nouveau claquer, résonner, entraîner ? Quelle est l’identité - nécessairement refondée - de ce projet, de cette visée dans ce monde capitaliste financiarisé ? Quelles nouvelles logiques substituer à « cette force qui va », avec comme seul moteur la recherche aveugle du profit et la concurrence ? Le communisme est-il capable de s'imposer comme porteur d'un nouveau projet d'émancipation ?

Pour répondre à ces questions, nous ne sommes évidemment pas des voyageurs sans bagages, nous disposons même d’un corpus idéologique conséquent, et des efforts réels ont été déployés dans la dernière période… Mais sachons aussi mesurer lucidement l’ouvrage de conceptualisation et surtout le niveau de la bataille idéologique qui restent devant nous pour ouvrir un nouveau chemin avec notre peuple.

 

3 Un manifeste pour un avenir qui commence maintenant

Notre apport, notre valeur ajoutée ne peuvent se limiter à décrire un monde idéal et sans contradictions, mais de contribuer à installer, dans la vie et dans les consciences, des propositions alternatives pour un avenir qui commence aujourd'hui. Une espérance qui n'en rabat pas sur des lendemains qui chantent, mais qui agit pour des matins qui changent.

Nous avons besoin d’un projet utile pour résister et pour rêver. Un projet apte à nourrir les résistances locales et une visée émancipatrice globale. Pas une addition de propositions, mais un projet porteur de sens, d’une ambition moderne et universelle. Un manifeste pour l’avenir qui, partant des contradictions actuelles du système, indique le sens de réformes à accomplir pour les années à venir. Un projet attractif, fort, cohérent, porteur de valeurs, de repères, permettant à la riposte de grandir, générateur de rassemblements majoritaires. Majoritaires : car il est illusoire de penser les transformations nécessaires hors de leur pleine maîtrise par les gens eux-mêmes. C'est cette maîtrise qui permettra la vigilance et la mobilisation nécessaires à l'application de ces réformes, face à un capitalisme puissant et tentaculaire. Il est vain et dangereux de penser tromper l'Histoire. Pas de nouveau projet hors de son émergence et de sa promotion par les gens eux-mêmes. Ce « chemin est escarpé », mais il n'est pas de voie royale, pas de raccourci.

Le prêt à porter révolutionnaire n' est plus de mise, des cadres naguère reconnus comme crédibles et efficaces se sont transformés et le monde a profondément changé :

1) Le transfert de la propriété vers l’Etat n'est pas la condition suffisante au dépassement des aliénations. Il faut pour y parvenir engager un processus d'exercice des pouvoirs par les citoyens-producteurs-consommateurs.

2) La nation demeure un lieu essentiel de la formation des rapports de force, de l'affrontement, et donc une matrice des transformations à opérer. En même temps, la problématique européenne imprègne toutes les questions de l'avenir de notre pays, et le développement d'un nouvel internationalisme est une condition de la maîtrise par les peuples de de leur destin, comme le montre la situation Grecque.

3) La révolution informationnelle, avec ses immenses potentialités et ses exigences nouvelles, les défis du développement durable posent en termes inédits, du point de vue qualitatif, les questions du dépassement de ce système capitaliste mondialisé.

 

4 Le parti de cette espérance

La solution viendra d'un peuple en mouvement autour de ses exigences : c'est avant tout cette conviction qui appelle un parti d'un nouveau type. Le moment est venu de croire davantage en nous et de produire les efforts nécessaires pour devenir le Parti de cette espérance. Pour cela, nous devons accuser plus frontalement que nous le faisons en général ce système violent, injuste et inefficace, et démasquer les oligarchies financières qui en sont les responsables. Et s'il convient d'affirmer, d'accuser, il faut tout autant démontrer, convaincre, entraîner...

Ne pas devancer le mouvement, mais traduire sur le terrain de la politique et des institutions les aspirations et les exigences qui s'expriment. Gérer cette tension entre le nécessaire - ce que commande les transformations - et le possible - le niveau de conscience et d'exigence de notre peuple - commande une grande maturité. Notre expérience, notre force militante, notre patrimoine idéologique et historique nous confèrent cette maturité et nous placent au centre des forces disponibles pour avancer.

 

5 Un mouvement du peuple

Nous devons affronter la question de 2017 comme un moyen de porter au cœur du débat public les attentes de changement qu'exprime une majorité de Français. Nous ne devons jamais en rabattre sur notre ambition de rassembler la gauche et les forces progressistes sur des objectifs élevés de transformation. Sans passer outre les acquis du Front de gauche et en mesurant lucidement aussi toutes ses limites, notre Parti doit favoriser une dynamique populaire, consciente et exigeante. Notre ambition doit être de forger un mouvement du peuple, une agrégation des luttes sociales, de la politique et de l'effort intellectuel. Les lundis de la gauche, par exemple, portent bien cette notre ambition et éclairent la place, l'utilité, la fonction de notre Parti. Allons le plus loin possible dans cette démarche, en lui donnant la profondeur et l'ancrage nécessaire dans nos territoires et, le moment venu, nous aurons à décider en ayant effectué tous les efforts pour ouvrir une situation aujourd'hui bloquée.

 

6 Un nouveau déploiement de la pensée et de l'action communiste

Notre volonté de rassemblement ne doit aboutir à aucun effacement, mais appelle au contraire un nouveau déploiement de la pensée et de l'action communiste. Nous avons à apporter  l'ambition d'une visée émancipatrice globale. Ce n'est donc pas la foi du charbonnier ou la nostalgie qui doivent aujourd'hui nous faire agir et vouloir continuer le PCF, mais la conviction que le communisme est un projet d'actualité et d'avenir.

Voilà pourquoi je pense que s'effacer serait une faute. Mais décider d'exister n'est pas une condition suffisante. Nous ne bénéficions pas d'une rente de situation. (Quelle force pourrait d'ailleurs s'en prévaloir dans cette crise profonde de la politique et des représentations ?) Aucune place ne nous est donnée. Mais nous pouvons élargir nos assises par la bataille d'idées, par la pertinence de nos actions, par notre volonté de rassemblement.

 

7 Six questions pour le Congrès

 

a) Nous avons à débattre de de ce qui est, pour moi, une question fondamentale: L'articulation entre notre volonté de permettre tout pas en avant et la prise de conscience des responsabilités et des solutions aux problèmes de la cité, du pays et du monde. Nous n'opposons pas le réforme et la révolution. Notre volonté de participer aux affaires quand les conditions le permettent est liée à cette ambition. Et c'est avec cette conviction que nous devons évaluer l'apport des élus communistes qui sont placés au cœur de la tension responsabilité-autonomie. (Cette cette même tension que j'ai évoqué plus haut concernant le Parti )

 

b) Nous devons parler à ceux que le capitalisme a déclassé. Je pense à tous ces travailleurs, à toutes ces familles méprisées, précarisées, ignorées, rejetées... toutes celles et tous ceux qui subissent de plein fouet la violence de ce système sans lui donner son nom. Ne laissons pas la noirceur politique envahir davantage leurs consciences. Leur mise en mouvement est une condition de toute avancée pour toute la société.

 

c) Les jeunes sont aujourd'hui les premières victimes du capitalisme. Cette génération est au cœur de toutes les contradictions. C'est la jeunesse qui renversera la table. L'action et le discours du Parti doivent être imprégnés de cette certitude. Je pense aussi qu'il est vital de permettre à la jeunesse communiste de se développer encore davantage.

 

d) Pour permettre l'irruption d'un projet maîtrisé par les gens eux-mêmes et écrire une nouvelle page du communisme, portons-nous assez l'effort pour redevenir un parti enraciné dans les territoires et les lieux de travail, un parti nombreux, organisé, fraternel? Ce sera l'objet d'un débat dans le cadre des transformations du Parti. Il ne suffira pas de claironner cette ambition si elle devient nôtre. Il faudra la faire progresser. Cela appellera des avancées positives, des mesures vigoureuses et un engagement déterminé des directions du Parti. Je partage totalement l'objectif d'adopter au Congrès un relevé de décisions concernant notre organisation, son implantation, sa vie.

 

e) N'est-on pas trop souvent tentés d'asséner, en cherchant un ralliement, alors qu'il faut démontrer, avec la volonté d'inclure la majorité de notre peuple dans la pensée et dans l'action en faveur du changement, en faisant appel à l'intelligence et à l'expérience? Je pense que nous avons des efforts à accomplir sur nous-mêmes et dans notre capacité d'écoute et d'intervention pour -re?-devenir un grand parti d'éducation populaire et d'actions solidaires. Il faut sans doute repenser notre communication et notre façon de faire de la politique à partir de tels objectifs. Comment nourrissons nous la contestation et la lutte ? Quelles campagnes politiques, idéologiques, quel agenda de campagnes nous donnons nous ?

 

f) Nous avons encore beaucoup à faire pour apprendre à vivre et à rayonner, non pas malgré, mais grâce à nos différences au sein du PCF. L'unité du Parti s'est trouvée chahutée dans les dernières décennies. Or, cette unité dans la diversité est pour moi un capital précieux et une condition du changement. Le débat dans le Parti n'a pas besoin d'angélisme, il réclame au contraire de la franchise, du respect et de la fraternité. Pour avancer, utilisons nos deux jambes: le débat libre et profond et la mise en mouvement des communistes.

 

Voilà, à mon sens, les principaux défis que nous devons nous lancer à nous-mêmes pour donner à l'hypothèse communiste la force d'une nouvelle espérance populaire.

 

 

 

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