Les congrès du PCF

On entend dire qu'il ne faudrait pas participer à des primaires car cela alimenterait le présidentialisme . Oui, mais alors, si l'on ne veut pas l'alimenter, il ne faut pas y participer, il faut boycotter cette élection , et donc être absent du débat politique privilégié qu'elle constitue . Car nous sommes en plein paradoxe : le système politique et institutionnel actuel n'a jamais été autant monarchique , autoritaire, et l'état d'urgence va encore l'aggraver, et c'est l'élection qui mobilise le plus les Français . Le paradoxe est en réalité un paroxysme : jamais la crise de la politique , la distance avec les représentants élus n'a été aussi grande, et en même temps, jamais sans doute le verrouillage du scénario présidentiel n'a été aussi grand , avec le piège du tripartisme, savamment entretenu par ses acteurs, droite, PS et FN .

Comment déverrouiller ce scénario, comment déjouer le piège, c'est tout l'enjeu de la construction d'un projet de changement à gauche et ensuite d'une candidature à la présidentielle et de candidatures aux législatives porteuses de ce projet .

Des milliers, dizaines, centaines de milliers de citoyens ont envie « d'autre chose » que ce scénario .

Dans toute l'Europe, des alternatives se dessinent, diverses, différentes, dans leur configuration politique, sociale et citoyenne, mais toutes avec une volonté de s'attaquer à la finance et d'inventer une démocratie réelle . La France serait à l'écart de ce mouvement profond qui traverse l'Europe, jusqu'en Angleterre ? Je n'y crois pas .

Pour trouver une voie, un chemin, ce mouvement doit être politique, citoyen et populaire . Je pense que la primaire , parce qu'elle peut mettre en mouvement le peuple de gauche , peut en être une opportunité . Elle comporte des inconvénients . Mais dans la situation de crise politique aigüe actuelle , je pense qu'elle comporte plus d'avantages que d'inconvénients . Jusqu' à maintenant elle contribuait à départager des candidats pour le premier tour . Or, dans la machine présidentialiste accentuée par l'inversion du calendrier présidentielle/législatives, il n'y a plus de premier tour . Une primaire désormais remplace en quelque sorte le premier tour . Elle peut permettre l'irruption citoyenne dans le débat et le choix d'un projet politique, une appropriation populaire de la vie politique, et ce, de manière durable . Chaque candidat est obligé de présenter un minimum d'orientations, de projet . La primaire sera ce qu'en feront ses acteurs, elle peut être personnalisée, elle peut aussi être très politique et impulser un débat public de contenu . Quel autre moyen de favoriser une appropriation populaire de cette échéance pour en déverrouiller le scénario ? Les communistes peuvent en être une force active, constructive, respectueuse du caractère collectif et démocratique du processus . Bien entendu, cette primaire concernant la gauche, elle doit être l'occasion d'un large rassemblement des forces qui se positionnent à gauche , pour une politique et un projet en rupture avec la politique actuelle.

La révision constitutionnelle, pour inscrire le coup d’État permanent dans le marbre de la constitution à travers l'Etat d'urgence ne peut que parachever et aggraver considérablement la monarchie présidentielle actuelle . Nous nous y opposons car cela ne crée pas un « cadre » qui n'existerait pas à l'Etat d'urgence, au contraire, ce sera le règne de l'arbitraire total de l'exécutif, hors du cadre judiciaire. De nombreuses initiatives citoyennes et associatives voient le jour contre ce danger majeur . S'y opposer est indispensable mais ne faut-il pas prendre le contre-pied de cette dérive, lui opposer une alternative, par exemple en considérant que la meilleure riposte à la violence et aux menaces terroristes est d'inscrire dans le marbre de la constitution le principe fondamental de la participation citoyenne aux décisions, à tous les échelons et sous toutes les formes, en partenariat avec les élus ?

François AUGUSTE

Membre de la commission démocratie et république au PCF