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36e congrès - Le texte - Il est grand temps de rallumer les étoiles

Les statuts du PCF adoptés au 36e congrès

Discours de clôture par Pierre Laurent

Journal CommunisteS n°507 - Spécial 36e congrès - 13 février 2013

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PCF et Front de Gauche : Marchons fièrement sur nos deux jambes ! par Marc Legendre et Nora Saint-Gal

Communistes engagé-e-s dans l’animation de notre Parti et dans la construction du Front de Gauche, à Fontenay-sous-Bois, nous partons de notre expérience et de nos réflexions pour partager, avec d’autres, ce constat qu’il n’y a pas d’arrangements possibles avec le capitalisme. Nous savons aussi qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire, et d’efforts à déployer, pour populariser ce constat et rendre les citoyen-ne-s acteurs de véritables changements.

 

Nous voulons prendre notre part à ce travail. En cela, nous apprécions la façon dont le projet de base commune pose et définit notre visée communiste : « l'incessant mouvement démocratique d'appropriation citoyenne du monde et de partage des avoirs, des savoirs et des pouvoirs qui enverra peu à peu aux oubliettes l'ancien régime du capitalisme et fera grandir l'humain dans l'humanité » (page 13).

 

Cette façon de définir notre visée ne renvoie pas à un improbable grand soir et, de ce fait, donne du poids à chaque petite pierre que nous saurons poser. Alors que l’abattement semble gagner du terrain dans les esprits, nous nous voulons relativement optimistes car nous avons vécu, comme des milliers de camarades, une expérience passionnante et entrevu des possibles exaltants, au cours de ces derniers mois.

 

Par cette contribution, nous avons souhaité donner notre appréciation sur trois des fenêtres ouvertes par le projet de base commune : « La gauche et le changement en question » d’une part, puis - en les liant - « L’avenir du Front de Gauche en question » et « Les transformations du PCF en question ».

 

  • Nicolas Sarkozy ne sévit plus à l’Elysée : avec le Front de Gauche, nous y avons contribué. Mais la politique actuelle de François Hollande et du PS, ce n’est pas franchement ce que nous voulions et, surtout, ce n’est pas à la hauteur des attentes populaires. Comment combattre la désespérance que cette politique nourrit, faire apparaître le Front de Gauche comme utile ici et maintenant ?

 

  • Nous avons aimé l’image dont a usé notre secrétaire national, Pierre Laurent, au cours d’un débat à la Fête de l’Humanité : nous marchons désormais sur deux jambes, le Parti et le Front de Gauche. Le Front de Gauche est en effet considéré aujourd’hui comme un acquis par la très grande majorité des communistes. Mais cela ne clôt pas les questions et les défis posés pour son développement ; ainsi que les questions que son développement pose concernant notre organisation et notre fonctionnement.

 

 

  1. Sur le contexte politique issu de la séquence électorale du printemps 2012

 

  1. Ce qui s’est passé aux élections

 

Incontestablement, le Front de gauche a marqué la « séquence » électorale du printemps dernier. La victoire de la Gauche s’est construite avec le Front de Gauche et les attentes qu’il a su faire grandir dans l’opinion, avec tous ces visages inconnus, ou perdus de vue depuis longtemps, qu’on a (re)trouvés à nos côtés, dans les assemblées citoyennes, dans les écoutes collectives, à la Bastille ou au Prado…

 

Beaucoup de gens nous ont entendus, même si cela n’a pas empêché un certain nombre d’entre eux de choisir le bulletin « François Hollande » à la présidentielle et, plus nombreux encore, de voter pour les candidats étiquetés « majorité présidentielle » à l’élection législative. N’oublions pas, non plus, toutes celles et toux ceux qui ne se sont pas déplacés pour voter. Dans une ville comme la nôtre, ils étaient nombreux et c’est au prix d’une campagne de proximité intense, en particulier dans les quartiers populaires, que nous avons pu limiter l’abstention, sans pour autant la ramener au niveau national, lui-même déjà élevé.

 

Nous partageons l’analyse développée dans la base commune, sur les effets du présidentialisme et de la bipolarisation, même si nous pensons que cela ne suffit pas à épuiser l’analyse de nos résultats électoraux. Dans notre réflexion, nous ne pouvons notamment pas faire l’économie d’une critique interne : alors que notre Parti était en situation quasi-hégémonique pour désigner les candidat-e-s du Front de gauche aux législatives, avons-nous mis cette position à profit pour porter le renouvellement, l’ouverture à l’engagement citoyen… à un niveau suffisant ?

 

L’abstention, le fossé qui se creuse entre les citoyen-ne-s et les élu-e-s, le manque de confiance dans la politique et ceux qui la « font »… doivent nous interroger sur nos pratiques. Ainsi, nous aimerions compléter la phrase de la base commune (page 29) de la façon suivante : « Nous abordons ces élections [municipales] dans un esprit de conquête, pour mettre en responsabilité plus d’élu-e-s communistes encore et contribuer à l’émergence d’une nouvelle génération d’élu-e-s, issus de nos rangs, ou non, et plus à l’image de notre société. »

 

 

  1. La situation dans laquelle nous sommes à présent

 

Les causes de notre échec relatif aux élections législatives ne sont pas sans lien avec nos interrogations actuelles sur notre place et notre rôle à gauche, de même que la formidable dynamique enregistrée au cours de cette séquence électorale n’a pas été un mirage.

 

Mais pourquoi cela nous semble-t-il si loin déjà ?

 

Les personnes que nous avons touchées pendant la campagne ne se sont pas « évaporées ». Mais nous devons nous interroger aujourd’hui sur la lisibilité de notre stratégie : entre les électeurs de gauche qui pensent que nous participons au Gouvernement (puisque c’est « la gauche » qui est au pouvoir) et ceux qui ne comprennent pas pourquoi nous n’y sommes pas… il y a du travail à faire !

 

D’un côté, « la Gauche » garde une unité de sens pour nombre de gens, qu’ils aient voté Front de gauche, qu’ils soient électeurs socialistes ou qu’ils n’aient pas voté. De l’autre, la Gauche au pouvoir est en train de décevoir, alimentant la rengaine populiste « gauche, droite, tous pareils ! ». Qu’on le veuille ou non, nous sommes assimilés à cette gauche qui gouverne, que nous avons d’ailleurs contribué de façon décisive à porter au pouvoir.

 

Alors, que faire ?

 

Faut-il attendre d’être dans une majorité que nous dirigerions pour être utiles ? C’est bien sûr un objectif que nous pouvons nous fixer, mais avec lucidité sur le temps que ça pourrait prendre – et que nous n’avons pas – et les difficultés que nous ne manquerions pas de rencontrer. Là où les tensions s’exacerbent, comme en Grèce, on voit que la droite et la social-démocratie sont prêtes à toutes les alliances pour empêcher la gauche de transformation sociale de prendre le pouvoir.

 

Par ailleurs, nous vivons et militons dans une ville où l’union de la gauche a une histoire et un sens : choisir de diriger avec d’autres, issus des différents courants de la gauche, ce n’est pas seulement une stratégie électorale. Malgré les tensions, les différences de vues, nous postulons, dans bien des municipalités que nous dirigeons, qu’on est plus intelligent à plusieurs... C’est d’ailleurs cela qui est choquant dans l’attitude actuelle du Parti socialiste et que nous devrions peut-être davantage donner à voir : sa tentation hégémonique, qui nie les différentes sensibilités à gauche et méprise, notamment, les 4 millions d’électeurs du Front de gauche.

 

Soyons clairs, cependant : comme la majorité des communistes, nous avons défendu l’idée que les conditions n’étaient pas réunies pour entrer au Gouvernement, en y étant utiles. Nous ne remettons pas en cause la validité de ce choix stratégique. Mais nous pensons aussi que l’échec de la gauche ne fera qu’alimenter la désespérance : nous n’y avons aucun intérêt. Affrontons cette situation compliquée avec des idées simples et la volonté de faire apparaître le Front de Gauche comme utile et constructif.

  • En ayant d’une part conscience qu’un échec du Gouvernement (donc de la Gauche dans l’imaginaire collectif de beaucoup de gens) pourrait être imputé à toute la Gauche, y compris au Front de Gauche.

  • En déployant la conviction que si la victoire de la Gauche s’est construite avec les attentes que le Front de Gauche a su faire grandir dans la campagne, il faut que ces dernières puissent se retrouver dans la politique menée, avec le rapport des forces existant, y compris au Parlement, et avec celui que nous saurons construire dans cette situation donnée. Cela ouvre un espace pour le Front de Gauche comme force de rassemblement pour changer vraiment. On pourrait, par exemple, travailler à construire une meilleure articulation entre notre travail parlementaire et les ateliers législatifs que nous avons essayé d’impulser durant la campagne et qui ont besoin de trouver une dynamique nouvelle. Pour le dire autrement, la bataille d’amendements que mènent nos parlementaires risque de rester vaine si nous ne savons pas l’accompagner de mobilisations populaires.

  • En nous engageant résolument, en tant que communistes, dans la construction d’un rassemblement populaire qui permette de combattre la désespérance, en redonnant du sens au collectif et en menant des batailles victorieuses.

 

 

  1. Sur l’avenir du Front de Gauche et du PCF

 

  1. Prendre la mesure du chemin parcouru…

 

Que de chemin parcouru, avec parfois des soubresauts et des difficultés, depuis la campagne « Front de Gauche pour changer l’Europe » de 2009 !

 

A Fontenay-sous-Bois, le PCF, le PG et le M’PEP ont pris la décision, il y a deux ans, de créer un Collectif local du Front de Gauche, afin de prolonger les dynamiques engagées au cours des campagnes électorales et de proposer un espace de construction commune à celles et ceux qui manifestaient leur soutien au cours de ces campagnes.

 

Ce Collectif réunit tous les mois, sous forme d’Assemblée Citoyenne, des dizaines de personnes. L’assemblée citoyenne est le cadre de construction du Front de gauche où se retrouvent les membres d’organisations politiques implantées localement (PCF, PG, FASE, GA) et les citoyen-ne-s, pour beaucoup engagés dans la vie associative locale et/ou dans le mouvement syndical.

 

Ce collectif s’est affirmé pendant l’année 2012 comme un acteur majeur de la vie politique locale. Il s’est structuré de façon empirique. Un groupe de coordination, composé de volontaires et ouvert, a pour charge de préparer les ordres du jour et d’aider à faire circuler l’information (site Internet, newsletter hebdomadaire…). Les moyens du Collectif sont assurés pour partie par les dons volontaires et l’aide logistique des organisations (essentiellement la nôtre au regard de l’influence et de la structuration du PCF dans la ville).

 

A Fontenay, cette construction va bien au-delà des forces politiques du Front de Gauche puisque environ 60% des membres sont des citoyens non adhérents de parti politiques. Ce collectif a permis de rassembler « dans une même maison » celles et ceux en recherche de perspectives et ouvert un espace de construction durable, non limité aux seules périodes électorales.

 

Cela pose, depuis le début et, aujourd’hui, avec une acuité nouvelle, la question de la structuration : Comment organiser le lien entre ce que nous construisons au niveau local et ce qui se réfléchit à l’échelon national ? Comment articuler la parole des citoyen-ne-s et les positions des organisations ? Comment, d'ailleurs, définir celles et ceux qui, sans être membre d'une organisation politique, participent depuis le début, à la vie de notre collectif, de la décision des initiatives à leur mise en œuvre ? Une réponse pragmatique et simple peut être trouvée pour ce qui concerne le local (« décidons ensemble du commun que nous voulons construire, chacun-e comptant pour un dans l'assemblée ») – c’est d’ailleurs ce que nous expérimentons -, mais le Front de gauche c'est aussi une visée nationale, autour d'un programme partagé...

 

Cette construction soulève également une autre question à caractère immédiat, dont une partie de la réponse ne dépend que de nous : celle des tensions qu'elle soulève dans les forces politiques, à commencer par la nôtre. Partageant l’appel à « écrire la saison 2 » du Front de Gauche tel que formulé dans le projet de base commune, il nous faut comprendre « ce qui tend ».

 

 

  1. et ne pas rester au milieu du gué dans notre organisation…

 

Nous (les rédacteurs de cette contribution) sommes à la fois en responsabilité dans l'animation de la vie locale de notre Parti et dans la construction locale du Front de Gauche... Cela ne va pas sans difficultés au sein du Parti. Faudrait-il, alors, faire un choix entre développement de notre Parti et celui du Front de Gauche ? Poser la question ainsi revient à considérer que les réflexions et les dynamiques à l’œuvre peuvent se déployer indifféremment dans l’un ou dans l’autre de ces espaces. Si « nous marchons désormais sur deux jambes », personne ne marche avec deux jambes droites, ou deux jambes gauches…

 

Pour le dire, avec un vocabulaire plus marxiste, il nous semble que nous vivons actuellement, dans notre organisation, une période de tension dialectique. C’est dans la construction du Front de gauche que nous pouvons expérimenter, et retrouver, notre utilité et, quelquefois, notre singularité de communistes. C’est en tout cas cette expérience que nous faisons et c’est elle qui nourrit aujourd’hui notre conviction que le rassemblement - auquel nous voulons participer et dont le Front de gauche constitue « une dynamique durable qui n’est pas achevée » (base commune, page 27) - a besoin d’une organisation communiste.

 

Il se peut bien sûr que la synthèse échoue. Nous pensons, pour notre part, qu’elle n’a pas vocation à aboutir à la création d’une nouvelle organisation, mais à une nouvelle articulation, qui place l’organisation et la visée communistes dans une perspective et un rassemblement plus larges qui ne les effacent pas pour autant mais leur redonnent, au contraire, un élan et une actualité.

 

  1. pour êtres nous-mêmes, utiles et constructifs, dans le rassemblement. .

 

Nous ne sommes pas seuls à tenir les cartes. Des consciences s’éveillent, des forces se structurent dans la société, indépendamment de l’activité que déploient les communistes. Nous ne sommes pas le pôle unique de rassemblement mais nous sommes indispensables au rassemblement, à condition que nous nous y engagions pleinement. Nous souhaitons que ce 36ème Congrès nous permette d’affirmer cet engagement. Nous pensons que la base commune nous y invite, sans pour autant donner énormément de réponses concrètes.

 

A notre sens, il nous faut pousser les questions suivantes, liées entre elles.

  • Pousser l’analyse de la crise pour mieux donner à voir l’actualité de la visée communiste : on constate, depuis plusieurs années, que la crise s’approfondit, ce qui ne doit pas nous faire oublier que le capitalisme est, d’une certaine façon, en crise permanente. En d’autres termes, la crise peut être analysée à la fois comme un mode de fonctionnement ordinaire du capitalisme et comme une remise en cause potentielle de sa propre existence. L’issue positive – le dépassement du capitalisme – n’est pas gagnée en soi : elle dépend du mouvement que nous saurons développer et amplifier. Avec l’affrontement sur la compétitivité, nous sommes au cœur de cette problématique. Face aux « expertises » qui justifient l’injustifiable, nous ne manquons pas d’arguments pour dénoncer et proposer – s’en prendre au coût du capital plutôt qu’à la valeur du travail – à condition de poser aussi dans le débat la finalité et l’efficacité de ce que l’on produit. Bref, n’en déplaise à Moscovici, procéder à un vrai renversement copernicien de la pensée économique !….

  • Travailler à « être l’espace culturel où se croisent la politique, le débat d’idées et les pratiques artistiques », est un beau défi, en tout cas à la hauteur des exigences que portent celles et ceux qui nous ont rejoints. A condition de faire un état des lieux lucide des espaces existant de discussion et de réflexion, dans une organisation qui reste très verticale et pilotée par la prise en compte des seuls enjeux électoraux. Nous disposons d’un outil intéressant avec la « Revue du Projet », mais combien d’adhérents en connaissent son existence même ? Quel bilan faisons-nous des expérimentations de travail en réseau ? Comment ouvrons-nous ces constructions à d’autres tout en restant nous-mêmes ?

  • Nous nous faisons crédit – à raison – de notre engagement militant pour mener un travail de proximité, en particulier dans les quartiers populaires. Cette activité de proximité est un peu notre marque de fabrique. Est-ce que nous gardons « cette marque de fabrique » pour nous, ou est ce que nous la mettons en partage  dans le Front de Gauche ? Le déploiement de l’activité de proximité est un enjeu pour le Front de Gauche. Nous aurions tort d’être les seuls à le porter. Par ailleurs, cette « marque de fabrique » n’est pas acquise pour l’éternité : malgré le récent courant d’adhésions, le vieillissement militant est une réalité. Les expériences que nous avons faites dans certains quartiers de notre ville, durant la campagne, où l’apport de militant-e-s du Front de gauche, nous a permis de déployer une activité de proximité intense, montrent que nous avons tout à gagner à mettre « nos bonnes pratiques » en partage.

 

Nous avons besoin d’être nous-mêmes – par rapport à la visée communiste que nous voulons porter – mais nous ne pouvons l’être, et nous renforcer, qu’en nous engageant, avec d’autres, dans le rassemblement. C’est toute la leçon de cette expérience de construction du Front de Gauche. Que nous entendons continuer.

 

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le 20 novembre 2012

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