Les congrès du PCF

Les congrès du PCF
Accueil
 

36e congrès - Le texte - Il est grand temps de rallumer les étoiles

Les statuts du PCF adoptés au 36e congrès

Discours de clôture par Pierre Laurent

Journal CommunisteS n°507 - Spécial 36e congrès - 13 février 2013

Restez informé-e

Chaque semaine, un point sur les initiatives et les débats en lien avec le congrès.

Recevoir la lettre du 36e Congrès

 
 
 

Toujours changer, mais sans jamais trop changer par Roland Weyl

J'ai plus de 65 ans de Parti, et en ces plus de 65 ans n'ai jamais changé, en ce sens que je suis toujours resté communiste et ne m'en suis jamais repenti. Et je n'ai pas cessé de changer, comme changeait le Parti, à la mesure des changements du monde, et aussi des enseignements des luttes.

J'ai appris que le Parti ect un être vivant, et qu'il ne faut pas lui faire grief de ce qu'il n'est pas infaillible, qu'en principe ma pensée individuelle forcément subjective ne vaut pas sa pensée collective, mais qu'il ne peut pas être imperméable à l'idéologie dominante.

C'est ainsi que, dans les 20 ans qui viennent de s'achever, je ne me (et ne le) reconnaissais plus dans ses changements, et que je n'y suis resté que par fidélité au passé, parce qu'il restait la moins mauvaise alternative et parce que j'avais confiance dans les redressements que l'expérience pouvait prédire.

Changer sans cesse sans jamais changer, c'est constamment mettre à jour l'implication concrète des fondamentaux, sans jamais les sacrifier

Au premier congrès auquel il m'a été donné d'assister, en 1964, se posait la question de savoir comment faire face à la montée de la télé, face à laquelle il ne suffirait plus de vendre l'Huma le dimanche au coin des rues. Et la réponse a été qu'il fallait élever le niveau politique de tous les communistes pour que chacun soit une petite télé. On y était fortement parvenu

C'est déjà ainsi que dès 1969 avec la candidature de Jacques Duclos à la présidentielle, nous remportions le meilleur score de notre histoire, alors pourtant que les crimes de la période stalinienne étaient connus, et que le Parti était totalement isolé après avoir dû en 68 mener le combat à la fois contre la droite et le gauchisme et jusque dans ses propres rangs contre les déviances droitière de Garaudy et gauchiste de Jeannette Vermeersch.

On a pu situer l'amorce (et les causes) du déclin en 1972 et on l'a imputée à l'erreur du Programme commun. Mais l'erreur a sans doute été plutôt de traiter le programme comme un contrat de gouvernement avec le parti socialiste au lieu d'un contrat de lutte avec le peuple et, de pair, de se prendre au piège de la réduction de la démocratie à l'élection, de sacrifier la stratégie à la tactique.

Mais dans les années 90 ce qui n'était qu'une erreur de pratique politique a été promu en doctrine.

Le souci de mise à jour des avancées céda la place à des reculs, à des repentances et des plaider-coupable au lieu d'analyses historiques matérialistes, à des renoncements au contre-courant pour privilégier l'électoralisme,comme si on gagnait des voix en pensant comme les gens, c'est-à-dire en définitive comme les médias, et en donnant du Parti une image semblable à celle des autres, de clientélisme électoral et de politique politicienne au sommet. Même l'énoncé de nos propositions s'inscrivait dans une logique de délégation de pouvoir (« voilà ce qu'on va faire pour vous » au lieu de « voilà ce qu'on vous offre de vous aider à faire »), le tout compromettant l'image du Parti dans celle de la politique politicienne en offrant à la démagogie de l'extrême droite le privilège d'être la seule à s'en démarquer et ainsi de dévoyer son rejet.

Ce que cela nous a couté n'en vérifie que trop l'erreur, qui n'aurait pas été tellement grave si ce n'avait été dommageable que pour le Parti, mais cela l'a été pour le peuple et la nation dont il est le porteur d'avenir.

Et cela se vérifie avec l'amorce de remontée du Parti : celle-ci n'et sans doute pas seulement due au mot d'ordre « l'humain d'abord », qui pourrait être le mot d'ordre de n'importe quel parti en le réduisant à un contenu humanitaire, mais au mot d'ordre « prenez le pouvoir », ce qui ne veut pas dire un retour à la mythologie du « Jour J », mais au fait que tout est dans les luttes dont chacune est un combat pour exercer et imposer son pouvoir sur quelque chose, et où ce mot d'ordre s'accompagne de sa remise en pratique

Cela renvoie à la véritable mutation manquée; celle du Comité Central d'Argenteuil en 1966, avec les voies pacifiques par la démocratie jusqu'au bout.

En effet, revenir aux fondamentaux en les actualisant, c'est tout fonder sur la contradiction de classe, mais en l'actualisant à la fois par le déplacement de son front, dans le rassemblement peuples contre capitalisme parvenu au stade mondial de sa crise systémique), c'est plus que jamais que l'union se fait dans l'action, que l'union ne doit jamais être à la tête seulement, et c'est réapprendre en quoi et comment sont mis en cohérence les rapports entre parti et rassemblement, C'est en déduire le rapport entre lutte de classe et démocratie (à condition de ne pas réduire la démocratie à l'élection, et de donner à celle-ci une fonction non pas délégataire mais instrumentale pour la souveraineté populaire), entre lutte de classe et paix, entre classe et nation, en opposant à la mondialisation centralisée du capitalisme la mondialisation internationalisée dees peuples.

Il faut pour cela cesser d'être sur la défensive face aux accusations de langue de bois et de dogmatisme qu'on ne combat pas par l'empirisme et l'agnostisme mais par le dépassement, c'est-à-dire l'élévation de niveau. Cela implique aussi une analyse et une explication matérialiste plutôt que moraliste des déviances de l'URSS, en tenant compte de ce qu'elle ne bénéficiait d'aucune des conditions de développement qui incitaient Marx à plutôt prévoir la Révolution en Angleterre.

Tout cela est d'autant plus nécessaire que, comme le prévoyait le congrès de 1964, l'information et la formation ont pris une place essentielle dans la mobilisation citoyenne, et qu'en même temps ses moyens sont de plus en plus en dépendance de leurs moyens de financement, ce qui rend encore plus nécessaire la fonction du Parti comme formateur et organisateur de la souveraineté populaire et de la citoyenneté active.

Cela commande aussi de mettre parmi les devoirs prioritaires du Parti l'attention et l'aide qu'il doit apporter au mouvement de la Jeunesse Communiste et à l'UEC, non pas seulement parce qu'ils sont la génération de l'avenir, mais parce que chaque fois que l'occasion en est donnée on constate comme un considérable encouragement et un incomparable motif de confiance et d'espérance, combien ils sont riches de potentialité dynamique et en demande d'historicité et de repères.

Mais le rôle du Parti doit aussi être revisité pour sa fonction irremplaçable dans le rapport du citoyen à ses élus qui doivent être le prolongement de cette souveraineté populaire au sein des institutions.

A cet égard, le projet de base commune, dans lequel je n'ai rien trouvé avec quoi je ne sois pas d'accord, me paraît très déficitaire sur la question du rapport aux institutions, c'est-à-dire la question du pouvoir de qui sur quoi et comment, ce qui m'amène à ajouter à la présente contribution l'annexe ci-jointe.

Roland WEYL

10 novembre 2012.

Annexe à contribution pour le 36è congrès

Sur la question des institutions

Nous ne partons pas de rien. Le parti est l'héritier et le continuateur de deux siècles d'histoire et de luttes du mouvement ouvrier et populaire de la France.

La Déclaration de 1789 n'est pas seulement celle des Droits de l'Homme, mais aussi du citoyen, et elle pose d'emblée l'exigence d'une démocratie fondée sur la souveraineté populaire, et incluant le pouvoir économique, quand son article 14 pose le droit du citoyen de contrôler l'emploi des deniers publics. Nous continuons la France de la révolution de 1848 et de ses ateliers nationaux, de la Commune de Paris, du Front Populaire, du programme du CNR et de sa projection dans la créativité de la Libération

(nationalisations, comités d'entreprise, sécurité sociale, etc...). Mais aussi la proclamation que «  la souveraineté nationale appartient au peuple français qui l'exerce par ses représentants » (et non pas dont les représentants l'exercent), formulation dont les travaux préparatoires de la Constitution de 1946 montrent que c'est le résultat d'une bataille du communiste Etienne Fajon, Et encore ce Préambule qui pour la première fois dans l'histoire du monde proclame les droits économiques sociaux.

Mais aussi la reconnaissance mondiale de cette exigence 1) par le contenu révolutionnaire de la Charte des Nations Unies, qui fait de la souveraineté populaire une valeur universelle, en substituant à la vieille logique de pouvoir autoritaire sur les peuples une logique de pouvoir concerté des peuples dont les gouvernements ne doivent être que les instruments de pouvoir et de relations entre eux (« Nous peuples des Nations unies..avons décidé d'unir nos efforts; En conséquence nos gouvernements.... »

Puis la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et les deux pactes edes Nations Unies de 1966 sur les droits civils et politiques mais aussi sur les droits économiques sociaux et culturels, qu'on ignore trop : Pour ne citer que ceux-ci, l'article 7 dispose que « Les Etats parties au présent pacte reconnaissent le droti qu'a toute personne de jouir de conditions de travail justes et favorables.... », l'article 11 : « Les Etats parties au présent pacte reconnaissent le droit de toute personne à un niveau de vie suffisant pour elle-même et sa famille, y compris une nourriture, un vêtement et un logement suffisants, ainsi qu'à une amélioration constante de ses conditions de vie..... (Ils) prendront des mesures appropriées pour assurer la réalisation de ce droit » et l'article 12 : « Les Etats parties au présent pacte reconnaissent le droit de toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et morale qu'elle soit capable d'atteindre »

Par application de l'article 55 de la Constitution, ce traité, depuis sa publication au Journal Officiel le 4 février 1981 a acquis « une autorité supérieure à celle des lois ». Mais comme on ne le sait pas, on ne s'en sert pas...

En cohérence avec cela s'impose une réflexion sur le rôle de l'Etat : l'austérité n'est pas une fatalité. Elle est censée imposée par l'obligation de payer ses dettes. Mais la crise systémique du capitalisme met en évidence que ce qu'on appelait la « dette odieuse » quand il s'agissait de celle des pays du Sud l'est devenue aussi pour tous les pays, puisque même les Etats-Unis sont maintenant débiteurs et que cela met en question les promesses d'Obama en matière d'assurance santé. Mais cela pose la question de la hiérarchie des priorités gouvernementales : Les ministères dits sociaux sont traités en ministères de second rang, après les ministères dits « régaliens » Mais « régalien » veut dire « du roi ». C'est la conception de l'Etat de louis XIV disant « l'Etat, c'est moi ». Les principaux ministres sont alors ceux qui sont chargés d'assurer le pouvoir du roi sur ses sujets et comme il a bon coeur il pense aussi à leur faire la charité. Mais l'Etat démocratique est celui par lequel les citoyens mettent ensemble leurs moyens pour assurer leurs besoins. Si les ministères régaliens sont la police et l'armée, les ministères républicains doivent être ceux du travail, de la santé, de l'éducation, et les autres ne doivent en être que l'accessoire pour leur en garantir la jouissance en paix.

Le grand problème de l'heure est que si la maitrise du peuple sur ses moyens économiques demeure une condition de la démocratie politique, elle restera en dépendance de la dictature mondiale des marchés.

Car si la Charte des Nations Unies donne le pouvoir aux peuples, elle est en échec, car elle ne leur donne que le pouvoir politique tandis que le pouvoir économique est organisé hors la Charte dans les institutions financières qui ne sont ni universelle, ni égalitaires, ni au pouvoir des peuples, et qu'il en est du pouvoir des peuples comme des droits de l'Homme, dont les droits civils et politiques ne sont pas suffisants s'il n'y a pas les droits économiques et sociaux. La crise systémique du capitalisme et les effroyables ravages qu'elle peut déclencher pose en exigence actuelle que l'affirmation du pouvoir politique des peuples soit complétée de la réalisation de leur pouvoir économique. Autrement dit, l'exigence de maitrise économique qui conditionne la démocratie politique se pose aujourd'hui en termes mondiaux sous la forme d'une maitrise coopérative des peuples sur leurs ressources pour la satisfaction de leurs besoins. Il s'agit certes d'une ambition gigantesque, mais qui n'est jamais que dans les termes où^les communards allaient « à l'assaut du ciel » Et il n'est peut-être pas exagéré de dire que cela risque être une condition de survie de l'Humanité, alors que ce n'est jamais que l'aboutissement logique des progrès déjà réalisés par ce que programment les textes ci-dessus évoqués, à condition de ne pas les laisser dormir.

Il y a actuellement 0 réactions

Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.

 

le 14 novembre 2012

    A voir aussi