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36e congrès - Le texte - Il est grand temps de rallumer les étoiles

Les statuts du PCF adoptés au 36e congrès

Discours de clôture par Pierre Laurent

Journal CommunisteS n°507 - Spécial 36e congrès - 13 février 2013

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Contribution de Jean-Pierre Israël

  1. « Il nous appartient de prendre vingt ans d'avance, d'avoir la même ambition que les économistes libéraux eurent dans les années 70 : changer les bases culturelles, idéologiques, politiques du monde actuel » (Patrice Bessac).

«  Pour une nouvelle civilisation, une maîtrise de tous les moments de la vie de chacun, il ne suffit pas de nouveaux pouvoirs, il faut une autre culture. » (Paul Boccara).

S'il est un domaine, où il faut prendre vingt ans d'avance, et développer une autre culture, c'est bien dans la conception même de la révolution, il est plus que nécessaire et urgent d'approfondir ce que signifie le dépassement du capitalisme (concrètement et théoriquement). Jusqu'à il n'y a pas si longtemps, la conception de la révolution se limitait à la prise du pouvoir d'état et la nationalisation des grands moyens de production et d'échange. Si les communistes ont beaucoup évolué par rapport à cette conception, c'est une image qui reste encore dans beaucoup de têtes.

Dans le projet de base commune, page 2, dans le paragraphe :  « L'issue : rompre avec le capitalisme », on peut lire : « La domination insensée des forces de l'argent doit être renversée pour laisser place à un mode de développement humain durable », et plus loin :  « Une révolution citoyenne, pacifique, démocratique, et non pas la prise du pouvoir d'une minorité. Un processus de changement crédible et ambitieux, visant à transformer les logiques du système .» Je propose de rajouter à la fin de cette phrase : « et à libérer l'individu de toutes les aliénations dont il est aujourd'hui victime »

 

Cela mérite des explications, mais auparavant, à propos de la première citation, même si l'ensemble du texte explique concrètement le dépassement du système d'une très belle façon, il me semble qu'il faut préciser ce que l'on entend par développement humain durable, car c'est un point sur lequel les retards ont été nombreux. Il ne s'agit pas de faire un programme, mais d'essayer d'aller un peu plus loin que le programme du Front de Gauche sur ce sujet. (ce sera l'objet du point 2 de ce texte).

 

Revenons sur la conception de la révolution, on peut lire, page 5, « La conjugaison de ces crises finit par plonger l'humanité dans une véritable crise de civilisation. Une crise du sens et de l'imaginaire. Une crise existentielle qui interroge les rapports entre les êtres humains et leurs rapports à la nature. »

Pour analyser cette crise, il me semble utile de se servir du concept d'aliénation, tel que Marx l'a utilisé dans « Le Capital » et que décrit Lucien Sève dans son livre : « Aliénation et émancipation » (éditions La Dispute) ;

« … prendre pleinement au sérieux l'aliénation du travail fait apparaître en elle des dimensions qui débordent largement le seul cadre productif. Ainsi de la science incorporée à la machine et donc au capital sans que rien n'en devienne accessible au profane, salarié de l 'entreprise ou non – aliénation culturelle généralisée. Ainsi des faux-semblants objectifs que multiplie l'inversion des rapports sociaux dans ce monde à l'envers qu'est celui du capital – aliénation idéologique pour tous. Ainsi de la constitution des immenses pouvoirs humains en fremde Mätche, puissances étrangères que plus personne n'est en mesure de maîtriser – aliénation historique qui devient celle du genre humain lui-même affronté à sa dérive planétaire. »

« l'aliénation … est l'autonomisation sauvage des rapports sociaux qui prive du même coup les personnes de leur maîtrise d'elles mêmes – un phénomène historique total »  « Si on retient d'abord ce qui en elle concerne l'individu, on dira qu'à sa base elle est le devenir étranger, le dessaisissement à quoi est soumise son activité productive, dans toute la diversité de sens de cette dernière expression – dessaisissement de son produit (le travail est exploité), de sa maîtrise de soi (le producteur est dominé), de ses besoins et de ses possibles (l'individu est frustré), de sa vue du réel (sa conscience est mystifiée), , en fin de compte de son sens (il devient insignifiant), et même de son statut (sa personne se trouve chosifiée) ; à l'extrême de la condition aliénée il se déshumanise. »

 

« … il ne s'agit pas seulement d'abolir une domination de classe,..., mais de commencer à inventer dans le concret une moderne société sans classes... »

 

D'où si l'on veut véritablement développer la conscience de classe, comme l'y invite le projet de base commune, il faut non seulement faire prendre conscience que la société est séparée en deux pôles : l'infime minorité des détenteurs du capital des multinationales et des banques et l'immense majorité des habitants de la planète et que, seule l'unité de ceux-ci contre ceux-là, est le seul moyen de sortir de la crise, mais encore, que seule une lutte acharnée pour s'émanciper de toutes les aliénations doit accompagner les luttes politiques et sociales ; autrement dit que la globalité de la lutte est nécessaire si l'on veut que le processus révolutionnaire aboutisse.

Ce qui implique un nouveau rôle essentiel au Parti communiste : « Au lieu d'escompter une conquête électorale du pouvoir, dont tout le monde pressent qu'elle ne changerait rien d'essentiel si même elle s'avérait possible, s'investir sans attendre et sur tous les terrains dans l'appropriation associative des puissances sociales aliénées : favoriser chez tous et chacun, chacune le développement culturel et pratique des compétences requises pour prendre en main leurs affaires en tous domaines, engager en chaque champ d'activité la construction d'une hégémonie d'idées et façons de faire transformatrices, aider inventivement les gens à changer leur vie sans délai, remporter sur cette base des succès électoraux non pour s'installer au pouvoir mais pour en engager des dépérissements au service d'une croissante prise en main citoyenne, commençant ainsi à rendre tangible la possibilité d'un vrai processus de dépassement du vieil ordre de classe. »

 

Il s'agit non seulement de soutenir les luttes sociales, mais encore, lors de leur déroulement de mener la lutte politique auprès des travailleurs pour leur proposer les ruptures nécessaires avec le système et l'avancée vers une nouvelle société.

Dans cette démarche, nous ne partons pas de rien, par exemple : « Des syndicalistes luxembourgeois, belges et français ont envoyé une missive à leurs gouvernements dans laquelle ils disent : « … que les états envisagent une alternative aux sociétés transnationales par une initiative industrielle publique et la création d'une entreprise européenne publique de la sidérurgie ... » (l'Humanité du 30 octobre 2012). Cela dénote une conscience de classe, mais ne faut-il pas, en tant que PCF, rencontrer ces syndicalistes et plus généralement l'ensemble des sidérurgistes pour leur proposer d'élaborer, avec nous s'ils le souhaitent, une structure de cette entreprise publique avec nouveaux pouvoirs des travailleurs, un système de sécurité-emploi-formation et la réduction du temps de travail, pour les proposer à leurs gouvernements.

Autre exemple : les salariés de PSA défendent leur emploi ; au-delà de contribuer à développer la solidarité de tous les travailleurs de l'automobile et des autres, le Parti ne doit-il pas leur proposer une réflexion commune sur toute la filière automobile ; (entre autres le gouvernement ne doit-il pas conditionner l'aide financière publique à une véritable négociation sur l'investissement productif en Europe, sur la nature de la production (obligation d'une recherche massive sur la voiture propre, (si l'on choisit la voiture électrique, la réduction du coût, l'augmentation sensible de l'autonomie, la réduction du temps de charge . . .)), sur le management, les conditions de travail, les salaires et de nouveaux pouvoirs des salariés dans l'entreprise, cela étant conforté par une nouvelle politique industrielle de l'état (voir les propositions de Mohammed Oussedik dans l'Humanité du 2 novembre); étant entendu que seule l'évolution préalable du rapport des forces pourrait permettre d'obtenir des avancées, cette évolution s'inscrit dans la construction d'une « conscience de classe de notre temps » (projet de base commune).

Autrement dit, notre rôle n'est-il pas, de proposer des perspectives politiques enracinées dans les luttes sociales des travailleurs, pour que celles-ci ne soient pas à recommencer constamment ?

 

Ce sont les contradictions du système qui provoquent la crise, celle-ci ne fait que les aggraver. L'une des contradictions inhérente au système capitaliste est l'incapacité à calculer ne serait-ce qu'à moyen terme : la vente de la production doit fournir le maximum de profit dans le plus bref délai d'où la tendance à ne produire que ce qui est le plus rentable à court terme au détriment de la satisfaction des besoins. Satisfaire les besoins, c'est créer des valeurs d'usage alors que le capital n'a qu'une loi : créer de la valeur pour s'accroître lui-même. Les sciences, les techniques et les technologies ne sont utilisées que dans cet objectif, le système est de plus en plus incapable d'investir dans la recherche fondamentale.

La baisse tendancielle du taux de profit est due à une contradiction fondamentale ; il faut de plus en plus de capital pour produire des marchandises ; le capitalisme détruit de plus en plus le travail vivant et il réduit ce dernier à un travail répétitif, non qualifié,et la masse des travailleurs à une variable d'ajustement, ceux-ci étant corvéables et jetables à merci.

Les conséquences sont que le système peut de moins en moins développer les capacités de chaque individu et qu'il se contente de plus en plus de fabriquer des élites. J'en reviens donc à la notion de « développement humain durable ».

 

  1. Celui-ci ne peut exister que si les femmes et les hommes de la planète organisent l'espace urbain et l'espace rural de façon à ce qu'ils soient vivables pour eux et pour les générations futures, ce qui exige une planification écologique exigeant que les points suivant soient complètement pris en compte dans le développement industriel et agricole de la planète :

* pour diminuer les pollutions de l'air, de l'eau et de la terre (entre autres):

- conditionner les subventions et les crédits à des recherches et développement pour aller vers zéro déchet rejeté.

- recyclage des déchets ménagers, végétaux et organiques.

- abandon des pesticides . . .

* pour des ceintures maraîchères autour des centres urbains et aller vers l'auto-suffisance alimentaire, empêcher la spéculation sur les denrées alimentaires et garantir des prix aux petits producteurs.

* construction de logements à énergie positive et isolation des autres.

* développement massif des services publics, notamment les équipements sanitaires : hôpitaux, centres de santé, PMI, planning familial ; mais aussi les services publics éducatif, culturel et sportif et ceux des transports pour aller vers la fin des moteurs thermiques.

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le 07 novembre 2012

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