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36e congrès - Le texte - Il est grand temps de rallumer les étoiles

Les statuts du PCF adoptés au 36e congrès

Discours de clôture par Pierre Laurent

Journal CommunisteS n°507 - Spécial 36e congrès - 13 février 2013

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Que la jeunesse précaire du XXIe siècle devienne « l’histoire de ce monde » par David Gaini

Le 36ème congrès du Parti communiste français intervient dans une période nouvelle pour le Parti, la gauche, et la France. En effet, l’année 2012 aura été synonyme de retour de la gauche au gouvernement, d’une grave crise dont on mesure un peu plus chaque jour la dimension européenne, qui doit devenir une nouvelle échelle de luttes, ainsi que la formidable campagne présidentielle du candidat commun du Front de gauche, avec un score dépassant les 11 %, du jamais vu depuis 1981 pour un candidat soutenu par le Parti communiste.

Cette campagne installe un précédent dans la vie militante de nombreux jeunes n’ayant pas connu une gauche aussi forte dans les urnes ni les espoirs soulevés en mai 1981. Pour beaucoup, l’horizon et les perspectives d’alternatives au système socio-économique et politique en place semblaient jusqu’alors plus qu’incertains. L’unité qu’a permise le Front de gauche, en rassemblant de nombreux courants de pensées et de cultures différentes chez ses sympathisants ne doit pas être négligée. Il suffit de se remémorer les grands rassemblements de la Bastille, du Capitole ou du Prado, pour mesurer combien la diversité était grande dans les parcours de ceux qui étaient rassemblés pour tracer un chemin avec pour mot d’ordre l’humain d’abord.

Désormais, la responsabilité du Parti communiste français et de ses adhérents est d’accueillir au mieux ces nouveaux sympathisants et militants. Le paradigme n’est pas toujours évident : garder son identité propre de Parti au sein d’un Front de gauche divers, tout en s’ouvrant aux nouvelles sensibilités et approches d’adhérents souvent jeunes et à la vision du monde propre à une époque et des conditions de vie caractéristiques de celle-ci.

La jeunesse de notre décennie connaît la précarité, le chômage quasi institutionnalisé, les CDD, les temps partiels imposés, la peur du lendemain qui police les esprits. Le décalage est souvent latent avec d’autres générations de militants que l’on retrouve la plupart du temps dans les réunions du Parti – retraités, professeurs, salariés du publics qui, s’ils ne sont pas à envier loin de là, ont au moins acquis (par leur lutte bien souvent) un statut et une sécurité de l’emploi permettant d’envisager le temps et la vie à long terme, de savoir où ils vont.

Les jeunes (mais pas seulement) souffrent de cette précarité qui fait loi. Souvent, les réponses sont pires que les maux. Les jeunes adultes demandent simplement d’être des citoyens à part entière : non aux dispositifs spéciaux, aux « emplois jeunes », aux CPE, aux crédits étudiants, qui sont des prétextes pour précariser une population pourtant très souvent qualifiée et diplômée ; oui à l’emploi tout court et en CDI, à la chance et à la confiance données à chacun et chacune, au temps donné à former et à encadrer et non pas à la rengaine du manque d’expérience et au phénomène « jusqu’à trente ans : trop jeune, après quarante ans : trop vieux ». La jeunesse de notre pays, dans sa diversité, aspire simplement à accomplir sa vie comme chaque individu : la construire, pouvoir envisager le futur, réaliser ses projets, quels qu’ils soient, construire son chemin. Robert Guédiguian montra très bien cette contradiction, dans les Neiges du Kilimandjaro, et le décalage entre des personnages où il n’y a ni bons ni méchants, simplement des camarades de syndicat, aux mêmes idéaux mais dans l’impossibilité apparente de communiquer et de se comprendre, de sortir de soi pour envisager l’autre.

C’est sans doute l’un des grands défis du Parti communiste français, que de former ses nouveaux jeunes adhérents, tout en sachant les écouter.

En effet, la jeunesse présente ce paradoxe audacieux et stimulant pour tout militant politique : l’urgence de trouver des solutions conjoncturelles (emploi, logement, transports, santé…) qui permettront de structurer à long terme la société et d’écrire le monde de demain. Comme le rêvait Rimbaud lorsqu’il concluait un poème intitulé « Jeunesse » par ces vers : « Quand au monde, quand tu sortiras, que sera-t-il devenu ? En tout cas, rien des apparences actuelles », chaque génération doit s’inscrire pleinement dans l’histoire en mouvement. Et, au soir de son existence, quand l’heure de regarder par-dessus son épaule viendra, que chacun puisse se dire qu’il a gagné des combats durant sa vie, pris le dessus sur les difficultés qui s’opposaient à lui.
Cette alliance de l’immédiat et du long terme nécessite une écoute fondamentale : lorsqu’on sait entendre les jeunes des campagnes et des quartiers urbains périphériques, les écouter déplorer leur isolement géographique, souffrir de vivre jusqu’à trente ans chez leurs parents, immédiatement les solutions politiques concrètes passent par la construction de moyens de transports et de communication entre les quartiers d’une ville, villages d’une agglomération, mais aussi par la construction de logements nouveaux. C’est alors que des mesures structurelles d’urbanisme, d’écologie, de transports, d’économie et de développement durable, peuvent être prises : créer des lignes de tramway, qui sont un investissement pour des décennies entières, des nouveaux logements qui permettent de reconstruire architecturalement les quartiers et de réorganiser les villes, tout en prenant compte de nouveaux défis écologiques pour les années à venir, avec l’isolement aux normes environnementales des appartements, les choix énergétiques, le tracé des routes et des lignes de transports.

Quand l’insécurité sociale du lendemain et l’angoisse de la fin du CDD touchent les salariés précaires, avec des conséquences désastreuses, notamment en matière de santé – Jean-Luc Mélenchon fut d’ailleurs le seul candidat à la présidentielle à parler du suicide des jeunes, seconde cause de mortalité de cette classe d’âge – l’urgence du moment et la réflexion tournée vers l’avenir se rejoignent pour impulser l’indispensable et révolutionnaire proposition du PCF de la Sécurité emploi avenir formation.

Quand le chômage massif des jeunes est associé à l’augmentation de la dépendance des plus âgés, l’urgence sociale et sanitaire de ces deux situations exige de suivre les pistes de réflexion proposées par Edgar Morin et de créer des milliers d’emplois auprès des personnes âgés, ce qui débouchera inévitablement vers un nouveau modèle de société et de solidarité, de dialogue inter générationnel, d’humanisme et de fraternité, de quoi casser l’individualisme et le chacun pour soi promu par un capitalisme et un libéralisme dévastateurs qui ont cassé les liens sociaux et se retrouvent dans les violences, faits divers, isolements des plus faibles, rejets de l’autre, et discriminations en tous genres.

Comme cela a été dit en préambule, l’ampleur de cette crise de société est européenne et bien plus encore ; de la Révolution tunisienne aux Indignés espagnols, la jeunesse, le chômage et la précarité sont au centre de l’ire qui monte, et ne peuvent qu’être les ferments de l’alternative à venir. Le PCF – et son secrétaire national Pierre Laurent – doivent contribuer plus que jamais à développer le Parti de la Gauche Européenne (et plus largement des réseaux à l’échelle méditerranéenne et mondiale), et en faire un outil central de notre lutte, avec nos camarades des autres pays. Outre la crédibilité que nous y puiserions, nous affirmerions ainsi quelle est notre ambition pour l’Europe, combien nos « non » aux différents traités « austéritaires » sont en fait des bases pour construire une autre Europe, sociale, une Europe des peuples solidaires, alors que montent de toutes parts les périls réactionnaires, fascistes ou intégristes. Une vision du monde qui saura épouser à la fois les aspirations d’une jeunesse européenne fragilisée et précarisée, qui subit de plein fouet les ravages du libéralisme et des délocalisations, mais, aussi, souvent polyglotte, qui voyage, et qui se côtoie au quotidien.

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le 10 octobre 2012

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