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36e congrès - Le texte - Il est grand temps de rallumer les étoiles

Les statuts du PCF adoptés au 36e congrès

Discours de clôture par Pierre Laurent

Journal CommunisteS n°507 - Spécial 36e congrès - 13 février 2013

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Il faut aller « au-delà de l'emploi » pour libérer le travail et sortir de la crise par Pierre Bachman

De quoi est faite la crise ? Dans la période la plus récente l'essentiel des analyses porte sur sa dimension financière et ses dégâts sur les systèmes productifs ou sociaux. Certes, pour notre pays, il est décisif donc nécessaire de restituer au peuple et au développement humain durable les 300 milliards d'Euros de dividendes confisqués par les spéculateurs que l'on nomme pudiquement « investisseurs institutionnels ». C'est-à-dire les banques, les compagnies d'assurances, les fonds de pension et les fonds spéculatifs. Cette confiscation représente 15 % du PIB !

Toutefois est-ce suffisant ? N'y a-t-il pas dans cette crise autre chose que l'on ressent confusément mais que l'on a de la peine à identifier et à dépasser ? En effet : même en restituant au peuple les sommes qui lui sont confisquées par les privilèges de la rente comment envisager sur le plus long terme un développement humain durable sans se questionner sur l'efficience des systèmes productifs et la nécessaire libération du travail pour ouvrir les horizons nouveaux de l'émancipation humaine ? Car l'homme ne peut exister sans travailler, sans produire.

Nous vivons chaque jour les conséquences du mépris dont les producteurs, et donc les travailleurs, sont victimes. Le code du travail est de moins en moins protecteur pour les salariés représentant 95 % des travailleurs. Comme pour beaucoup d'autres droits, les garanties que le code est censé donner aux salariés en situation de subordination par rapport à leur employeur, sont de plus en plus formelles et de moins en moins effectives. Cette constatation peut d'ailleurs être généralisée dans notre monde globalisé. En d'autres termes « l'emploi » tel qu'il évolue aujourd'hui avec le management, la gouvernance, l’employabilité et tous ces ingrédients de déshumanisation du travail, ne devient-il pas une forme sans cesse aliénante d'exploitation ? L'emploi ne devient-il pas le carcan du travail et l'uniforme du soldat de la guerre économique ? En conclusion, l'autre facteur fondamental, systémique de la crise n'est-il pas cette aliénation du travail dans sa forme subordonnée et contrainte d'aujourd'hui : l'emploi ? Ne faut-il pas alors dépasser cette forme pour libérer le salarié de son état de subordination puisqu'il est devenu la principale variable d'ajustement, pour qu'il puisse « prendre le pouvoir » sur son propre travail, sur le sens et l'usage des systèmes productifs et par voie de conséquence sur la répartition des richesses. Alors : il ne faut plus confondre « emploi » et « travail » !

N'est ce pas la signification qu'il faut donner à la phrase d'Alain Supiot dans un certain nombre de ses ouvrages : « l'emploi ne fournit plus un cadre normatif suffisant pour assurer à tous, à l'échelle de la planète, un travail décent » ?

Pour sortir de la crise, simultanément avec la maîtrise des systèmes financiers il nous faut accéder à la maîtrise des systèmes productifs et à la libération du travail : il nous faut aller « au-delà de l'emploi » et refonder l'activité humaine, le droit, la création et la répartition des richesses sur un nouveau système qui parte du travail lui-même. C'est le travail et donc la personne qui le réalise, dans cet effort de libération, qui doivent être sécurisés et rassurés et non les marchés financiers. Le travail doit devenir sans ambiguïté le levier essentiel de l'émancipation humaine. Il doit générer du plaisir. Plaisir pour soi, plaisir pour contribuer à une œuvre collective intelligente et solidaire. C'est un pari, mais pour sortir de la crise, avec sa gravité, il n'y a pas d'autres chemins que celui d'explorer de nouvelles potentialités humaines pour un véritable bond de civilisation. Des chemins se dessinent en ce sens avec notre « sécurité d'emploi et de formation » ou avec la « sécurité sociale professionnelle » de la CGT. Mais à mon sens, il faut continuer ce travail et aller bien plus loin.

En ce but, je joins à cette contribution un texte qui précise (évidemment sans être exhaustif et pour alimenter ce débat) quels pourraient être des axes d'intervention de façon alors à instaurer et à développer des « dynamiques du travail ».

Fraternellement,

Pierre Bachman, section du Pays d’Aix en Provence.

 

le 09 octobre 2012

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