Depuis la déclaration de candidature de Jean-Luc Mélenchon, les joutes verbales font rage aussi biensur les réseaux sociaux qu’en face à face afin de déterminer si cette candidature est bienvenue ou s’il faut la qualifier d’initiative césariste, égoïste, égocentrique, ou tout autre épithète signifiant avec véhémence le manque de « démarche collective ».
La démarche de primaire a une justification naturelle. Elle s’inscrit dans l’idée que les institutions de la Ve République et le mode de scrutin de l’élection présidentielle ne permet pas une expression démocratique saine lorsque plusieurs candidats ou candidates défendent un projet politique commun ou similaire.
L’objectif étant d’atteindre le second tour, toute candidature divisant un camp diminue mécaniquement ses possibilités de l’atteindre. Il est irresponsable de prétendre que ce mode de scrutin ne pose aucun problème par des affirmations péremptoires du type : « La primaire, c’est le premier tour. »
Je propose ici quelques commentaires sur ce principe des primaires.
Notre primaire doit être de gauche.
Bien sûr, cela à tendance à ne rien vouloir dire, au point que Jean-Luc Mélenchon ne cherche plus à utiliser ce terme. Mais c’est une des façons de dire qu’une candidature ne doit pas être choisie indépendamment de son projet politique.
Le projet de telle ou telle personne doit- il pour autant être le critère de choix ?
Pas nécessairement. Il est possible de débattre sans fin pendant des années de ce que doit être un projet de gauche. Nous en avons nous mêmes une idée, et pas la moindre, puisque c’est notre programme L’Humain d’abord de 2012.
Si nous avons confiance en notre candidat-e pour 2017, nous pouvons sereinement travailler par la suite sur un projet précis et détaillé qui servira de support de campagne.
Dans l’hypothèse contraire, peut-être aurait-il mieux valu réfléchir à deux fois. Contentons-nous de dire que cela exclut que nous soyons représentés par une candidature de François Hollande, Manuel Valls ou Emmanuel Macron, qui sont fondamentalement incompatibles avec notre projet.
Elle doit inclure Jean-Luc Mélenchon. Et ceci, quel que soit l’avis de l’intéressé sur l’initiative. Aucune « primaire de gauche » qui oublierait, parmi ses options, le choix d’un soutien à sa candidature ne peut être légitimement crédible.
Ce serait nier la position médiatique de Mélenchon et renier l’histoire du Front de Gauche. Et cela, quand bien même nous désapprouverions sa démarche. Il est un fait queJean-Luc Mélenchon refuse de se soumettre à une primaire. Mais nous n’avons pas besoin de sa permission pour le désigner comme notre candidat, de même qu’il n’a pas besoin de la nôtre pour choisir de se présenter.
Refuser d’inclure Mélenchon parmi nos choix voudrait dire que nous souhaitons, d’emblée, que la gauche ait une candidature dissidente, ce qui serait politiquement suicidaire, et une telle démarche n’aurait aucune faculté de rassemblement.
Elle doit bannir le scrutin majoritaire. Notre volonté de Sixième République doit se traduire dans les actes, et abandonner le mode de scrutin qui est l’une des sources les plus importantes de discordance et de magouilles électorales.
Ce mode de scrutin, pour les raisons évoquées plus haut, pousse tout le monde à rechercher alliances et désistements afin de maximiser ses chances d’accéder au second tour (ceci est également valable pour les scrutins à un seul tour, bien sûr).
On sait pourtant depuis le XVIIIe siècle et Condorcet qu’il existe des modes de scrutin plus justes, plus équitables, qui protègent contre les manigances grossières d’appareils et permettent d’élire parmi des candidats une personne plus légitime. N’appliquons pas à nous-mêmes ce que nous rejetons pour la France. L’exemple irlandais, à cet égard, devrait être source d’inspiration.
le 02 mars 2016
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