Les congrès du PCF

Les congrès du PCF
Accueil
 
 
 
 

Mettre en œuvre une stratégie de mobilisation des classes populaires - Jean Quétier, Alain Krummernacker - 67

L'objectif de renouer avec les classes populaires fait partie des enjeux centraux de notre congrès et c'est une très bonne chose. L'atomisation de la société organisée par les libéraux, la montée de l'individualisme et du repli sur soi, l'abstention massive et la défiance à l'égard des solutions collectives constituent des phénomènes très inquiétants qui interpellent les communistes.
La question qui doit nous occuper est la suivante : comment mettre en oeuvre une stratégie politique qui soit à la hauteur de cet enjeu ? Dans notre pratique militante quotidienne, nous agissons déjà concrètement avec cet objectif en tête, à chaque fois que nous distribuons des tracts devant une entreprise, que nous faisons du porte-à-porte dans une cité populaire, etc. Il existe des pistes de travail intéressantes comme celle d'une grande enquête de terrain auprès de la population menée à l'échelle nationale.

Mais nous devons chercher à aller encore plus loin dans cette direction. Cela suppose de parvenir à mieux prendre en compte la réalité présente des classes populaires, marquée par le chômage de masse, par la précarité, et par la difficulté croissante à construire du lien politique. Notre communication nationale peut sans doute progresser à l’aide d’une réflexion approfondie sur cette problématique. Comment dès lors raviver la lutte des classes et mettre en débat notre projet au sein des classes populaires ? Le temps militant qui est le nôtre à l'échelle du parti dans son ensemble gagnerait à être employé un peu différemment. Il serait sans doute pertinent de ne pas structurer notre agenda en le subordonnant au calendrier électoral comme nous avons parfois tendance à le faire aujourd'hui. Ce calendrier nous échappe en grande partie et il permet difficilement de contrer les logiques qui nous sont imposées par les médias. Faire de la politique autrement, c'est aussi réaffirmer plus clairement ce qui nous sépare de la dépossession démocratique orchestrée par la cinquième république.

Cette réévaluation de nos priorités politiques doit s'accompagner d'une réflexion stratégique d'ensemble sur notre rapport aux autres organisations politiques de la gauche. Le repli et l'isolement ne sont pas viables et il serait illusoire de croire que nous pourrions à nous seuls représenter l'alternative. Néanmoins, il demeure nécessaire d'affirmer plus clairement le fossé qui nous sépare du Parti socialiste au pouvoir. Entre lui et nous, il n'y a pas qu'une divergence stratégique sur les moyens à employer, il n'y a pas qu'une simple différence de degré. Les mesures mises en oeuvre par le Parti socialiste depuis 2012 montrent clairement qu'il mène une politique de combat au service du patronat, détruisant méthodiquement des acquis sociaux que même Nicolas Sarkozy n'avait pas été en mesure d'attaquer. Dès lors, une primaire à gauche incluant des dirigeants socialistes a-t-elle un sens ? Ne contribue-t-elle pas à alimenter la confusion sur notre projet et à nous rendre encore plus inaudibles que nous ne le sommes déjà ? Peut-on laisser penser qu'il s'agirait aujourd'hui de départager des courants différents au sein d'un même camp ? Et plus fondamentalement encore, même si nous arrivions à agréger les « frondeurs » socialistes et les écologistes autour de cette
primaire, cela serait loin de résoudre le problème fondamental qui se pose à nous aujourd'hui : comment renouer avec cette immense majorité de la population qui ne croit plus en la politique ? Là encore, n'oublions jamais de nous demander à qui nous voulons vraiment nous adresser.

La situation politique est bouchée et le risque de rejouer de manière grotesque le « match » de 2012 est réel. La candidature de Jean-Luc Mélenchon hors de tout cadre collectif n'est évidemment pas constructive. Mais faut-il pour autant tirer un trait définitif sur le Front de gauche et l'enterrer ? La campagne de 2012 nous avait malgré tout permis de remobiliser assez fortement les classes populaires sur un projet de transformation sociale. Les grands rassemblements à Paris ou à Marseille, la diffusion du programme « L'humain d'abord », tout cela nous avait placés dans une dynamique positive – qui avait certes aussi ses défauts – mais que nous n'avons pas retrouvée depuis. Il n'est pas trop tard pour reprendre l'initiative dans le Front de gauche et pour en faire à nouveau un outil de mobilisation progressiste. Cela suppose bien sûr que Jean-Luc Mélenchon abandonne l'idée d'une aventure personnelle et solitaire, mais cela suppose que nous fassions aussi

Un effort pour redonner vie et sens au Front de gauche. Il n'est pas trop tard pour construire une candidature collective.

Il y a actuellement 0 réactions

Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.