Les congrès du PCF

Depuis quelques dizaines d’années, la pédagogie s’est infléchie vers une préoccupation de formation de l’être humain et du citoyen en lui faisant exercer, en s’appuyant sur l’activité même des apprentissages scolaires, la liberté, le libre-arbitre, la capacité de développer des idées et des raisonnements personnels.

Les idées révolutionnaires de Mai 1968 ont sans doute influencé le mode de penser des enseignants mais surtout de leurs instances dirigeantes. Cela a eu des conséquences sur la didactique de tous les enseignements proposés à l’école élémentaire. En maternelle par contre les procédés autoritaires et contraignants se sont développés, sous prétexte d’anticiper l’âge de l’apprentissage de la lecture, soit le cours préparatoire.

Les nouvelles pédagogies entraînent une baisse du niveau de connaissances et même de raisonnement des élèves, qui sont étudiées statistiquement par les « Pisa » et autres évaluations internationales. La comparaison en orthographe sur 50 ans, montre une baisse conséquente des performances. Beaucoup d’élèves lisent mal à l’entrée en 6^ème. Tous les secteurs d’activité sont touchés par le faible niveau en orthographe des adultes, au point que des universités ou des entreprises privées leur font donner des cours d’orthographe. On trouve des fautes d’orthographe (sans parler de la réforme), dans les livres, les journaux, les modes d’emploi, etc…

La philosophie des ministères de l’éducation nationale va dans le sens de moins d’apprentissages par cœur, moins de calcul mental, moins de règles de grammaire, en somme moins de tout ce qui tente de guider l’élève vers l’apprentissage le plus rapide et le plus sûr.

Pourtant, dans la vie, dans l’implication professionnelle, comme dans les études ultérieures, une extrême rigueur peut être indispensable (par exemple : professions d’ingénieur, de médecins, de scientifiques dans tous domaines). Les individus sont obligés d’accepter que les connaissances vont lui venir de l’extérieur de lui-même par des personnes qui ont appris, expérimenté, respecté eux aussi la rigueur dans leurs pratiques.

Il ne faut donc pas soustraire les enfants de ces exigences de rigueur, leur éviter toute tâche répétitive ou lassante. Les qualités qu’elles permettent de développer seront indispensables pour d’autres tâches, dans divers domaines.

Il est vrai pourtant que l’école doit développer le sens de la responsabilité, des conduites étiques, une capacité de réflexion, le courage d’exprimer des idées divergentes. Il devra s’impliquer dans une confrontation libre d’idées contraires. C’est la base de la démocratie.

Je propose qu’on fasse une distinction entre « apprentissages scolaires indispensables », qui doivent être le plus efficaces possibles, et ne pas inciter l’enfant à se perdre dans des errements inutiles, et une formation de l’esprit qui se ferait à d’autres moments de l’école, avec d’autres moyens.

Des ateliers dits « philosophiques » ont été proposés en maternelle. Pourquoi pas s’il s’agit de moments scolaires réguliers, où en groupes plus réduits, une question étant posée par l’enseignant ou les enfants eux-mêmes, chacun d’eux puisse exprimer son point de vue, des idées, des propositions… Ce devrait être une conversation la plus libre possible et qui ne se referme pas sur une conclusion, un adage qui formaterait la pensée, comme du temps des leçons de morale autrefois. Il faut que l’expression de chaque enfant soit reçue avec toute la générosité possible, pas de remontrance, pas de diktat d’une idée dominante ou d’un raisonnement juste. Les enfants doivent trouver dans cet atelier, le temps de s’exprimer librement, sans jugement de l’adulte ou des autres enfants, sans référence à un bien ou un mal, ni au vrai ou faux.

Ne pas faire entremêler ou s’interpénétrer la conduite didactique d’un apprentissage et le développement de l’autonomie des individus. Ce doivent être des temps séparés.

Reprendre les activités d’apprentissage efficaces dans chaque discipline scolaire et parallèlement proposer des temps de réflexion libre, de confrontation d’idées.