Les congrès du PCF

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Agir ! Evidemment - Olivier Gebuhrer - 06

  1. Sur les primaires à gauche

Je vois et je lis beaucoup d’interrogations mais à mon avis la principale est absente : les primaires à gauche, si elles ont lieu, facilitent-t-elles le rassemblement populaire de gauche pour une politique de gauche ou au contraire les entravent-t-elles ? Si la réponse est dans la deuxième partie il faut sans hésiter les rejeter, mais si c’est la première réponse qui est la bonne alors le devoir de tout communiste est de s’y jeter, avec et non pas sans toute la force des idées, que donne un parti comme le PCF ; cette initiative ne vient pas de nos rangs ( et si elle en était venue elle eût été aussitôt suspecte à ,bon droit et rejetée ) , elle comporte des embûches que tout le monde voit , mais elle permet une discussion politique publique de premier ordre sur ce que devrait être une politique de gauche ; avons-nous mieux à proposer ? N’est-ce pas ce que nous avons cherché avec le Front de Gauche que je n’enterre pas mais qui n’est pas l’alpha et l’oméga de ma réflexion, car c’est justement dans une démarche citoyenne avortée que se situe la cause majeure de son manque d’effet propulsif ; disons-le au passage : ce n’est pas l’auto proclamation d’un leader supposé charismatique qui aide beaucoup dans ce sens.

  1. Quelles questions se posent nombre de nos concitoyennes et concitoyens ? ;

Faute d’examen sérieux, comment prétendre être entendus ? N’avons-nous pas la péché mignon de passer à la rémoulade de notre propre vision ce que nous pouvons entendre avant même de prendre ces questions pour ce qu’elles sont ? Je donne des exemples ci-dessous.

Le PCF aborde les problèmes gigantesques auxquels est confrontée notre société avec le souci de la cohérence politique et celui du sérieux dans les réponses ; mais suffit-il d’avoir ces caractéristiques pour être audibles ? Ce n’est pas au demeurant ce qu’on nous reproche ; on nous reproche avant tout d’avoir des réponses qui a priori ne sont pas au diapason de nos concitoyennes et concitoyens de gauche ; c’est souvent injuste et parfois vrai mais ce n’est pas le problème posé.

Voici des exemples ; ils ne sont pas exhaustifs.

  1. La grande réponse au chômage de masse est la réduction généralisée du temps de travail contraint ; l’exigence du passage aux 32 heures payées 40 est actuelle. Partout ? Uniformément ? Et sinon, selon quelles modalités ?

Philippe Martinez dit que le passage aux 35 heures est la seule mesure ayant créé de l’emploi ; or les socialistes au gouvernement, Martine Aubry en tête, ont justement tout fait pour que ce passage se fasse sans créations d’emplois ; en particulier dans toute la fonction publique et on a vu à quel point la situation de l’Hôpital public avait créé des formes de rejet de cette mesure à cause de l’absence de créations d’emplois ; il y a là de quoi sérieusement réfléchir si nous voulons être non seulement compris mais entendus

  1. Ce problème en rejoint un autre : le monde du travail semble avoir adopté l’idée que la « compétitivité » est un impératif ; si nous ne travaillons pas cette question, il est sûr que nous laissons une autoroute au MEDEF et à la droite pour en parler, mais seuls. Je n’ai ni la compétence ni la volonté pour développer mais je suis certain que cette question est un vrai chantier et que si nous ne le saisissons pas, nous créons nous –mêmes un mur d’incompréhensions entre nous et le monde du travail.

  2. Récemment, TRES RECEMMENT, les PME , PMI , TPE etc… ont fait leur apparition dans notre discours ; mais à la marge ; comme si c’était un aspect secondaire ; or , ou bien le tissu industriel déjà en lambeaux de notre pays repose en majeure partie sur ces entreprises et notre discours doit en faire un objet politique essentiel de nos positions sur la politique de l’emploi , ou c’est un mythe , ce que je ne crois pas ; nous avons parlé de la sous –traitance et une part du problème ressort en effet d’une toute autre politique du crédit bancaire pour laquelle nous avons des propositions ; sont t’-elles audibles ? Implémentables ? Efficaces ? Comment les Régions peuvent t’-elles s’y insérer de façon crédible et efficace ? Nous ne sommes pas muets à ce sujet mais le moins qu’on puisse dire est que ce n’est pas central dans notre message.

  3. Le niveau des salaires en France pour la grande majorité du salarié (es) est un scandale ; la revalorisation est un impératif mais là commencent les questions que nous ne traitons pas.

Augmenter le SMIC c’est bien joli, mais si cela conduit des entreprises à fermer la porte, où est l’intérêt ? En outre, si le SMIC augmente significativement mais que l’ensemble des salaires disons jusqu’à 2.5 fois le SMIC ne suit pas, nous créons de la division et du rejet.

  1. Comment nous en prenons nous aux profits des gros actionnaires dans les entreprises du CAC 40 ? Est t’-il concevable que ceux-ci explosent alors que l’ensemble du pays s’appauvrit ?

La partage des richesses est un slogan « populaire » mais sans déclinaison et sans dire comment nous produirons davantage, mieux et de façon beaucoup plus efficace, socialement, écologiquement etc……… nous ne pouvons pas être entendus ; au pire, ce slogan « populaire » suscite et suscitera la crainte d’être dépossédés du fruit du travail chez ceux et celles qui n’ont déjà pas beaucoup sans être la tête sous l’eau.

L’expérience de plusieurs pays d’Amérique Latine a déjà parlé.

 

  1. La question de l’Apprentissage et plus généralement de la filière technologique et industrielle dans l’enseignement public est un sujet QUE NOUS NE TRAITONS PAS. A lui seul il mériterait un développement à part.

J’ai dit plus haut que je ne serais pas exhaustif ; j’arrête là ; il est certain que dans les discussions auxquelles je participe , on arrive rapidement à l’idée que toucher à la finance est impossible ; mais si nos arguments TRAITENT les sujets et notamment ceux que j’évoque alors ce mur de verre invisible peut être franchi plus facilement ; chacune et chacun comprend qu’après avoir inventorié des « solutions qui font avec » , on arrive en bout de piste et cela FACILITE au lieu d’entraver la compréhension de la nécessité de franchir des seuils où la capital est en ligne de mire .

IL y a encore bien d’autre sujets qui ne sont pas mineurs et qui pour le moment sont par nous ignorés, sous-estimés et parfois purement et simplement balayés d’un revers de main. Je n’en ai parcouru que certains d’entre eux. Parmi eux, nous pourrions grâce à une réflexion réelle et sérieuse apporter des réponses convaincantes et audibles, pour d’autres, ces réponses ne peuvent être que construction en commun. L’organisation de primaires à gauche peut permettre aux lignes de bouger, aux dispositifs les mieux établis d’être bousculés, pris de court. Au final, c’est de rassemblement populaire à vocation majoritaire pour une politique de gauche qu’il serait question avant tout.

Ce sera tout pour ce débat aujourd’hui .

 

 

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