Les congrès du PCF

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Premiers éléments d'analyse critique - 69

Premiers éléments d'analyse critique
proposés par les communistes du 3ème et du 6ème arrondissements de Lyon

Suite aux élections régionales, et en vue de la préparation du congrès.

Comme le souligne Pierre Laurent dans sa déclaration après le 2ème tour des régionales, nous
subissons un revers électoral important dès le 1er tour, et perdons des élus dans toutes les régions
de France. Si l'on ne peut se soustraire à une situation globale, il nous paraît important de
soumettre à la direction nationale les éléments d'analyse critique des communistes de notre
cellule, fruits de discussions récurrentes. Nous pensons en effet que nous n'exploitons pas toutes
nos capacités (notre parti arrive encore à attirer de nouvelles adhésions et garde une force
militante importante). Le contexte socio-économique du pays devrait être l'occasion de rallier les
« couches populaires » à nos idées et nos combats, or ce n'est actuellement pas le cas.

La résignation nous étant inconnue, nous proposons ici quelques pistes et interrogations pour la
préparation du prochain congrès.

* Le message du PCF n'est pas entendu par la population.
. Il faut faire en sorte que quelques propositions fortes du parti soient appropriées par la
population; par exemple 6ème république, nationalisations (banques, services vitaux...). Notre
parti doit être associé de façon automatique à une lutte ou une revendication précise (par ex :
augmentation des salaires, emplois, éducation...). Il nous faut pour cela mieux organiser des
actions nationales, relayées par toutes les sections (au même moment, avec le même matériel, sur
le même mode opératoire). Le texte « La France en Commun » a le mérite d’exister, mais ne
nous paraît pas assez offensif dans la période actuelle. Il nous faut être à l'avant-garde du débat
politique, et pas seulement se positionner par rapport à d'autres propositions ou rester dans le
constat. Face à la casse du modèle social, ripostons en réclamant des droits nouveaux !
. Nous devons accepter de réaffirmer notre programme idéologique, même à contre-courant. Le
vote des députés communistes pour la prolongation de l'état d'urgence par exemple n'a pas été
compris par un grand nombre de communistes. Lorsque le PCF militait pour le droit de vote des
femmes, il n'hésitait pas, en toute illégalité, à présenter des femmes aux élections (le fait précéde
toujours la loi!). Nous sommes aujourd'hui pour le droit de vote des étrangers résidant en
France : quelles actions fortes sont faites (mis à part des référendums populaires) ? Il nous faut
également organiser des solidarités concrètes, par exemple actuellement avec les réfugiés
politiques, notamment syriens.
. Nous n'avons pas la faveur des médias, nous le savons. Ceci dit, nous ne sommes pas assez
percutants lorsqu'on nous laisse la parole. Nous pensons qu'il nous faut revoir nos porte paroles
nationaux, qui n'incarnent pas la colère populaire. Quelle stratégie également pour les
« nouveaux médias » ? Il nous faut utiliser plus massivement les possibiltés d'internet, par
exemple avec des vidéos (comme cela avait été fait sur les voeux). Y a-t-il au parti une cellule
« de pointe » pour avoir toujours un temps d'avance dans l'utilisation ou la création de ceux-ci ?

* La stratégie du PCF doit être plus offensive.
. Quelle stratégie à long terme avons-nous pour transformer radicalement la société ? Si le
Front de Gauche a créé bien des espoirs, nous n'avons su dépasser un « cartel de parti » et l'unité
s'est effritée au moment des municipales ; nos partenaires du PG n'ont pas hésité à ce moment là
à nous « cracher » ouvertement dessus. L'unité populaire est nécessaire mais elle ne se fera
que par des luttes unitaires. Les comités du FDG locaux fonctionnent-ils ? Sur Lyon, ils ne
sont réalité que dans notre arrondissement (mais sans le PG), et dans le 1er et 4ème
arrondissement. Comment, dans ce contexte, relancer des luttes unitaires qui intègrent la
société civile ? Nos expériences de collectifs pour des luttes précises (services publics,
rénovation d'un quartier...) doivent être à notre avis des points d'appuis. Quel(s) lien(s) avec
l'émergence d'associations « activistes » de la société civile qui se disent pour la plupart
« apolitiques » (par ex Alternatiba) ?
Notre stratégie de transformation de la société ne peut se résumer à la préparation
d'élections « au coup par coup ». Nous avons une grande responsabilité pour recréer un espoir
dans la population, et une conscience de classe. Nous n'avons pas plus confiance en EELV qu'en
le PS. Nos « alliances » électorales peuvent être diverses et créées par la situation. Mais nous
devons avoir au delà une vraie stratégie de transformation radicale de la société.

. Notre position sur l'Europe n'est pas comprise. Si la sortie de l'Euro n'est pas une fin en soi (la
monnaie n'est qu'un outil), il nous faut réfléchir à jusqu'où nous sommes prêts à aller en cas de
prise de pouvoir. L'exemple de la Grèce doit nous éclairer ; pour combattre la finance
internationale, il nous faut être forts et déterminés. L'idée de la sortie de l'Euro peut-être posée et
ne doit pas être taboue.
. Plus largement, nous devons être clairs sur nos alliances internationales. Le « bloc »
capitaliste étant ultra-dominant depuis la chute de l'URSS, comment recréer des liens forts entre
partis progressistes du monde entier et trouver une stratégie commune pour vaincre le capital ?
Le PGE a-t-il cet objectif ?
Nous devons aussi clarifier les regards que nous portons sur les pays qui se réclament encore du
communisme (Chine, Corée du Nord, Cuba, Vietnam …), analyser leurs réussites, leurs échecs,
leurs évolutions. Nous pensons également qu'il est temps d'ouvrir à l'intérieur du parti un débat
sur l'expérience de l'URSS et le stalinisme, qui a imprégné le fonctionnement du parti pendant de
nombreuses années. L'idée n'est pas de s'auto-flageler (ni de “jeter le bébé avec l'eau du bain”),
mais bien de comprendre notre passé afin de mieux construire notre avenir. Le parti ayant à notre
avis jusque là éviter ce débat, il n'est pas assez sûr de sa force et de son idéologie. Or, c'est bien
la bataille idéologique que nous avons perdue, l'hégémonie culturelle relayée par les médias
dominants étant actuellement de droite. Les programmes d'histoire vont même jusqu'à mettre en
parallèle stalilinisme et hitlérisme. Il nous faut donc faire un bilan fin et clair des expériences des
pays de l'est. Les populations de ces pays ont dû affronter ces dernières années le capitalisme
dans toute sa brutalité, et certains regrettent aujourd'hui des aspects des régimes dits socialistes,
si peu démocratiques qu'ils aient été: santé, éducation, culture...
Ainsi, sûrs de nous et de notre idéologie politique, nous pourrons convaincre la population que le
communisme est plus que souhaitable et, que, si rien n'est simple, tout est possible si elle se
donne les moyens de gagner le rapport de force. Cette lutte devra se poursuivre même, et surtout,
si nous arrivons au pouvoir.
Pourquoi ne pas envisager un nouveau manifeste du (des) parti(s) communiste(s) ? Il pourrait
définir le capitalisme, montrer qu'il n'a pas toujours été et aura une fin, analyser son état actuel.
Définir ensuite le communisme, analyser les échecs et succès relatifs des tentatives passées et
actuelles, analyser ce qu'il pourra être dans le futur. Enfin, définir la stratégie de mise en place, à
court et à long terme, en s'appuyant sur les forces et expériences en présence. Tout cela dans un
texte clair, enthousiaste, et relativement concis.

* Le Parti doit se réimplanter dans les quartiers populaires et les entreprises.
. C'est un voeu « pieux » qui est martelé à chaque congrès, sans stratégie pour passer à la
pratique. Il y a pourtant dans certaines des villes que nous dirigeons ou avons dirigées des
expériences intéressantes. Les porte à porte commencés lors des élections doivent se poursuivre.
Il nous faut reprendre pied dans les « quartiers » populaires, être à nouveau vus comme force de
solidarités « concrètes » et s'appuyer sur des forces vives qui les composent : points fixes pour
discuter, fêtes populaires associant la population, implication ou création d'association
d'éducations populaires ou de solidarité... Chaque section peut (ré)investir les quartiers
populaires, dans la mesure de ces forces militantes. Cela doit être l'une de nos priorités. Il est
urgent de sortir d'un parti essentiellement « blanc » et dont les dirigeants ont (quasiment ) tous
été formés par des études supérieures. Les cellules doivent pour cela retrouver leur réalité, et
donc leur autonomie financière.
. Des rapprochements intéressants ont été faits avec des syndicalistes pendant les élections. Il
nous faut maintenant travailler concrètement à la réimplantation de cellules d'entreprises. On
peut imaginer que chaque section choisissent une ou deux entreprises à travailler activement, en
lien avec des communistes ou des syndicalistes sympathisants qui y sont implantés. Ce travail est
certes très difficile, car le monde du travail est morcelé, divisé. La mobilité du personnel, le
travail intérimaire, la précarisation outil de l'exploitation moderne dans les entreprises, les
services ou plus particulièrement la grande distribution rendent les actions collectives
extrèmement difficiles et sont ressenties par les travailleurs comme impossibles.
Il nous faut pourtant prendre ce problème à bras le corps, et si nous en avons une réelle volonté,
nous saurons certainement trouver des solutions collectives. Cette démarche n’est possible
qu’avec une solide analyse du capitalisme aujourd’hui, des modes d’exploitation qu’il a
développé au cours de la dernière période, une analyse des formes de travail actuelles (télé
travail, travail partagé...). Nous devons employer des termes qui parlent à la population; très peu
se retrouvent dans celle de classe ouvrière par exemple, parlons donc plutôt de salariés et de
précaires.

. La formation est un point crucial pour réussir ces objectifs. S'il nous faut souligner l'effort qui
a été fait ces dernières années pour la « remettre en marche », elle est encore largement
insuffisante. La grande force du parti a été de faire « monter » des dirigeants qui n'étaient pas
forcément passer par les voix « classiques » de formation (bourgeoise) des élites. Or, nous avons
tendance ces dernières années à reproduire nos élites (dirigeants issus « du parti » ou ayant
systématiquement fait des études supérieures, reconduction de candidats « sûrs » aux
élections...). La formation est aussi primordiale pour tous les adhérents, car elle donne les clés de
la compréhension du monde. Par la connaissance, elle permet de passer de l'expérience à la
conscience de classe, et plus simplement elle permet de militer plus sereinement, et participer
activement aux prises de décisions. Les formations doivent être claires et accessibles, théoriques
s'appuyant sur une pratique et une expérience, toujours tournées vers l'action (comment
convaincre ? Comment s'emparer de telle théorie pour militer plus efficacement? Qu'est-ce que
l'unité ? Pourquoi elle est indispensable ?). Beaucoup de communistes se plaignent que nous
« n'ayons pas de projet ». Cela veut dire que ce projet n'est pas approprié par les camarades.
. Cela pose aussi la question de notre relation aux intellectuels. Si Marx reste une référence, sur
quels intellectuels actuels nous appuyons nous ? Quelle stratégie pour que les communistes s'en
emparent ?

. De plus, cela pose la question de notre relation aux élus. S'il nous faut bien entendu continuer
à militer pour un réel statut de l'élu (qui éviterait que la moitié soit fonctionnaires), nous avons
beaucoup soufferts sur Lyon d'élus « coupés » des communistes, qui prenaient d'ailleurs parfois
des positions publiques contraires à celles défendues par la section ou la fédération. Les élus
communistes sont pour la plupart reconnus par la population comme des relais de leurs
problèmes, et donc fort utiles. Ils ne doivent pas oublier qu'ils sont aussi les représentants du
parti communiste, et ne peuvent voter qu'en accord avec ses positions. Le fait qu'un certain
nombre de nos élus aient décidés, contre le vote majoritaire de la section, de se présenter aux
élections municipales sur les listes PS, contre nos propres listes, pose questions. Nous devons
revoir nos statuts afin de pouvoir envisager à nouveau l'exclusion de communistes qui se
présentent sur d'autres listes que les nôtres.
Nous devons également être plus clairs dans nos choix de stratégie éléctorale. Si nous
maintenons le choix de la décision démocratique de chaque instance locale pour sa stratégie
électorale locale (municipales par exemple), alors il nous faut l'annoncer publiquement, et définir
le cadre national dans lequel ces choix sont faits. Les décisions doivent être prises suffisamment
tôt, en accord avec la base, afin que les camarades, sympathisants, et plus généralement la
population, aient une vision claire de notre stratégie et puissent s'y retrouver pleinement.

. Enfin, comment ne pas terminer sur le rapport de notre Parti et la Jeunesse. Notre cellule est
composée d'énormément de militants jeunes (-35 ans). Nous avons fait des adhérents dans cette
tranche d'âge. Mais, là encore la question de la sociologie se pose. Beaucoup sont étudiants,
jeunes universitaires, trop peu sont issus de nos quartiers les plus populaires ou du monde du
travail non cadre. Le Parti n'est que trop peu implanté dans la jeunesse des quartiers populaires et
pourtant, quel potentiel !
Nous espérons que nos questionnements et propositions seront pris en compte dans la
préparation de ce congrès, qui doit être fondamental. Nous espérons avoir de la direction
nationale un texte clair et offensif, tourné vers les préoccupations populaires ainsi que la
nécessaire conscience de classe, et l'espoir dans les luttes collectives, qu'il nous faut recréer dans
la population. Si nous sommes conscients de la difficulté de notre tâche, nous sommes confiants
dans la force des communistes pour l'accomplir.

 

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