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Une primaire pour construire un nouvel espace d'intervention populaire - Alexandre Fleuret, Manuel Menal, Hugo Touzet - 75

Une primaire pour construire un nouvel espace d'intervention populaire

Militants communistes, nous sommes de celles et ceux qui se sont engagés dans le processus de construction de la « primaire de gauche ». Cet engagement n’avait pour nous rien d’évident. Nous le faisons avec une conviction : la primaire peut être un des outils de l'émergence d'une nouvelle dynamique citoyenne au service d'une alternative à gauche.

Militants communistes, nous sommes de celles et ceux qui se sont engagés dans le processus de construction de la « primaire de gauche ».

Cet engagement n’avait pour nous rien d’évident.

Nous avons mené en 2012 la campagne de « L’Humain d’abord », avec pour ambition de mettre fin au présidentialisme et à cette cinquième République qui remplace la raison par l’ego, les projets par des noms. Nous pensions que la crise en 2007 nous donnait l’occasion de reconstruire la gauche sur une base de transformation sociale et écologique en partant, notamment, de la lutte contre l’austérité.

Cette campagne, malgré le cadre institutionnel dans lequel elle s’insérait, nous a permis de faire de la politique au sens noble du terme. De parler avec l’ensemble des Français-e-s du contenu de nos programmes, de nos idées, de nos solutions, et non uniquement des qualités - qui ont constitué un atout indéniable - de notre candidat, Jean-Luc Mélenchon.

Nous sommes profondément convaincus de la nécessité de rompre définitivement avec la personnalisation mortifère de la vie politique. Nous n’oublions pas non plus que la primaire ouverte organisée par le Parti socialiste en 2011 avait placé Manuel Valls sous la barre des 6%, ce qui ne l’a pas empêché par la suite d’imposer sa politique au plus haut sommet de l’État. Nous ne nous leurrons pas sur les limites d’une primaire qui n’a que très insuffisamment mobilisé les catégories populaires et les jeunes. Nous sommes parfaitement conscients des limites et des écueils dans lesquels un processus de primaires peut tomber.

Être de nouveau acteur de la recomposition politique

Depuis 2012, la situation politique n’a cessé de se dégrader. La création du Front de gauche avait permis l'émergence d'un objet politique nouveau, d'un rassemblement inédit, bien qu'inabouti. Pourtant, depuis 2012, nous n'avons pas été capables d'en faire la force motrice d'une recomposition à gauche : nous avons davantage subi celle imposée, chacun à leur manière, par François Hollande et Manuel Valls. À cela s’ajoutent la division du mouvement syndical et l’atonie du mouvement social en général.

Nous avons notre part de responsabilité dans cet échec. Louis Aragon écrivait : « je ne dis pas cela pour démoraliser : il faut regarder le néant en face pour savoir en triompher ». Nous avons aujourd’hui le devoir de reconstruire : le devoir d’inventer, d’expérimenter, de sortir du jeu de positionnement attentiste dans lequel nous semblons enfermés. Avancer, c’est prendre des risques ; rester passif, c’est s’assurer du pire.

Nous ne nous résignons pas au scénario écrit d’avance où, à l’échec prévisible de François Hollande, s’ajouterait une série de candidatures à gauche sans dynamique réelle, qui se partageraient péniblement une quinzaine de pourcents. L’élection présidentielle de 2017 ne doit pas être pour nous celle des choix par défaut qui conduiraient, in fine, à nous enfermer dans une alternative morbide : celle d’une « grande coalition » libérale et sécuritaire d’un côté, ou du Front national de l’autre.
Nous tirons de l’expérience de nos voisins un enseignement majeur : la question de la structure politique la plus adéquate à la construction d’une nouvelle dynamique à gauche est sans doute moins déterminante que l’acte politique qui la fonde. Syriza, face aux diktats de la Troïka, a su incarner, avec les mots et les symboles traditionnels de la gauche, le renouveau. Podemos a été capable, en s’appuyant sur le mouvement des Indignés, de réinventer un clivage politique pertinent. Jeremy Corbyn et Bernie Sanders ont su créer un élan nouveau dans des structures anciennes. La diversité de ces expériences interdit la tentation du prémâché, des modèles qu’il suffirait d’imiter.

Toutes ces expériences ont pourtant en commun une ambition partagée. Elles portent un projet radical clairement exprimé et s’appuient sur la confiance dans ceux qu’elles prétendent défendre : le « peuple », le monde du travail, celles et ceux qui subissent l’oppression du système politique, économique et social. C’est la conviction profonde que l’immense majorité des citoyennes et des citoyens peuvent et doivent s’approprier « la politique » qui rend crédible la perspective d’une transformation sociale radicale.

Si l'on se donne cette ambition, si l'on vise réellement, de toutes nos forces, à impliquer de bout en bout les citoyennes et les citoyens dans la construction du programme, des campagnes, des politiques ; alors nous pensons qu'il faut prendre la primaire comme un des éléments de cette construction. La prendre comme un outil de mobilisation, de politisation ; et en faire, et c'est là le sens de notre engagement en tant que communistes, un lieu de construction commune, un lieu de participation, un lieu où s'élabore des convergences nouvelles entre transformation sociale, écologique et démocratique, entre citoyen-ne-s et militant-e-s dont les cultures, les histoires et les références diffèrent mais que l'objectif d'une alternative de transformation sociale à gauche rassemble.

François Hollande ne participera pas à la primaire de la gauche.

Défenseurs de la première heure du Front de gauche, nous avons mis toutes nos forces dans sa construction, parce qu’il permettait de construire un rassemblement d’un type nouveau, au-delà de fractures devenues anachroniques. Qu’il soit aujourd’hui en sommeil n’est pas pour nous une satisfaction ; nous en faisons simplement le constat.

Doit-on pour autant l’abandonner ? Nous ne le pensons pas. D’abord parce qu’il est une construction politique largement identifiée par la population et durablement ancrée dans le paysage politique français. Son programme « L’Humain d’abord » reste pour nous et pour beaucoup au-delà des partis une référence. Si nous nous engageons dans la primaire, c’est pour en porter les idées, sans en faire un horizon indépassable. La primaire est pour nous une occasion de donner au Front de gauche un souffle politique nouveau, d’en faire une force politique d’avenir et non pas un cartel d'organisations aux stratégies électorales contradictoires.

Le débat sur notre stratégie pour 2017 suppose de l’audace et de la créativité. Il suppose aussi d’éviter les faux débats. Comme Jean-Luc Mélenchon, il n’est pas question pour nous de s’engager dans une primaire dont nous ne serions pas prêts à accepter le résultat. Car c’est précisément la trahison de François Hollande et de son gouvernement, sa rupture maintenant définitivement acquise avec tout ce qui fonde la gauche, qui pousse aujourd’hui des militantes et des militants de tout bord à s’engager dans un rassemblement d’un type nouveau.

Il est évident que François Hollande sera candidat au premier tour de l’élection présidentielle tout comme il est clair qu’il n’a strictement aucun intérêt à s’engager dans un processus de primaire. Comment imaginer que les tenants de l’ancien monde, en effet, puissent se prêter à un jeu qui vise précisément à leur contester le pouvoir ?

Tout aussi évidente est la stratégie du gouvernement et de la direction du Parti socialiste : en jouant la montre, ils espèrent masquer leur propre responsabilité dans la rupture avec la gauche et ainsi éviter qu’émerge à gauche une alternative politique à vocation majoritaire.

En laissant planer le doute, François Hollande joue à un jeu de dupe : le meilleur cadeau à lui faire serait de céder à la fébrilité et de laisser le spectre de sa présence hanter de manière artificielle nos discussions.

Il y a urgence au contraire à avancer. Il en va de l’appropriation citoyenne des primaires : ce n’est qu’ainsi que pourra s’y exprimer l’exigence populaire d’une alternative radicale. Si nous y parvenons, l’ambiguïté de façade sur l'hypothétique présence du président sortant sera non plus notre faiblesse mais notre force.

C’est la bataille pour l’hégémonie à gauche qui s’ouvre

Ce qui s’ouvre à présent est une bataille pour l’hégémonie à gauche et dans le pays.
Le système est à bout de souffle. Impopulaire, il prend l’eau de toute part : plus personne aujourd’hui ne conteste l’accroissement insupportable des inégalités, l’immensité des désastres écologiques et des gâchis humains. Reste à convaincre de la possibilité de faire autrement. C’est cette tension entre l’ancien monde qui se meurt et le nouveau qui tarde à émerger qui laisse le champ libre à l’extrême droite.

Il nous appartient aujourd’hui de faire émerger la possibilité d’un autre horizon, qui mette au centre l’humain, la démocratie et l’écologie plutôt que le profit, la concurrence et l’autoritarisme.

Si les primaires peuvent nous y aider, alors allons-y.

« Celui qui prend des risques perd parfois, celui qui n’en prend pas perd toujours. » Xavier Tartakover
 

Alexandre Fleuret, Manuel Menal, Hugo Touzet

Pour retrouver le comité d'organisation de la primaire :

http://primairedegauche.fr
http://twitter.com/primairegauche
http://www.facebook.com/Primairedegauche/
 

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