Les congrès du PCF

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Eléments d’analyse sur les scrutins des 6 et 13 décembre 2015 - Yann Le Pollotec - 93

Les élections régionales de décembre 2015 se sont déroulées dans un contexte inédit : Nouveaux territoires pour plus de la moitié du pays, des campagnes électorales quasi inaudibles dans les médias et l’opinion, les bains de sang du 13 novembre avec leurs multiples conséquences, un système institutionnel français et européen perçu comme de plus en plus incapable de répondre aux problèmes des populations et aux enjeux de notre temps.

 

Une abstention très forte mais en fort recul

L’abstention en France métropolitaine atteint au 1er tour 50,09% des inscrits soit un recul de 3,75% sur 2010, et au 2e tour 41,47% soit un recul de 7,45% sur 2010.

C’est la 2e fois consécutive avec les Européennes de 2014 où l’abstention recule fortement par rapport au scrutin précédent. Ces reculs de l’abstention sont particulièrement spectaculaires dans les régions et les départements où le FN réalise ses meilleurs scores au 1er tour.

Entre les deux tours, il y dans toutes les régions une hausse consistance de la participation, s’étalant de +11,11% des inscrits en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine à +5,3% en Bretagne. Les hausses de participation entre le 1er et 2e tour ont été particulièrement impressionnantes dans deux régions de triangulaire où le FN pouvait l’emporter. Il y a un double mouvement de mobilisation des abstentionnistes, un vers les listes opposées à celle du FN qui a été le plus fort et l’autre vers les listes du FN.

 

Au 1er tour comme lors des scrutins précédents les abstentions se recrutent principalement chez les moins de 50 ans. Plus on est jeune moins on a vote :




% d’abstentionnistes

IFOP

OpinionWay

Ipsos

18-24 ans

76%

66%

65%

25-34 ans

65%

61%

66%

35-49 ans

51%

54%

52%

 

De même, les catégories populaires sont nettement plus affectées par l’abstention que les CSP+ :




% d’abstentionnistes

IFOP

OpinionWay

Ipsos

Ouvriers

59%

51%

61%

Employés

54%

63%

58%

Chômeurs

66%

67%

 

Professions intermédiaires

53%

45%

55%

Cadres, professions intel.

50%

43%

52%

Artisans, commerçants,…

46%

45%

51%

 

Sur le vote aux présidentielles de 2012. On observe que les électeurs Mélenchon sont ceux qui s’abstiennent le plus alors que ceux de Le Pen sont ceux qui s’abstiennent le moins.




% d’abstentionnistes

IFOP

OpinionWay

Ipsos

Mélenchon

55%

48%

50%

Hollande

48%

37%

46%

Bayrou

46%

44%

48%

Sarkozy

38%

37%

42%

Le Pen

35%

37%

43%

Les motivations d’abstention les plus cités restent les mêmes que lors des précédents scrutins :

  • Mécontentement vis-à-vis du système politique, des partis, voir rejet de la politique

  • « Cela ne changera pour ma vie »’

 

L’abstention et l’intermittence du vote reste un élément central du paysage électoral de la France. Hormis une importante prise de distance vis-à-vis du système politique et de la démocratie, Il est très difficile de qualifié politiquement les abstentionnistes.

 

Cependant, le profil sociologique et générationnelle des abstentionnistes se confond de plus en plus avec celui des électeurs du FN. Il s’agit d’une véritable défiance vis-à-vis du politique, de la démocratie, des corps intermédiaires. Ceci est à corréler avec l’aspiration qui monte dans la société en un gouvernement d’expert, non démocratique et autoritaire. Cette abstention fragilise de fait la démocratie politique comme social dans notre pays, mais aussi la capacité du politique à agir sur l’économique

 

 

Un Front de Gauche en panne

 

Le Front de gauche, contrairement aux élections régionales de 2010, s’est présenté dans toutes les régions sur des listes distinctes du Parti socialiste.

Dans deux régions, PACA et Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon le Front de gauche a fait alliance avec EELV. Dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie le PCF faisait liste commune avec Ensemble et République et socialisme alors que le PG s’alliait à EELV. En Auvergne-Rhône-Alpes, il y avait une liste rassemblant le PCF, République et socialisme et le MCR alors qu’une autre liste était composée du PG, d’Ensemble et d’EEVL. Dans les Pays de la Loire, le PG et Ensemble n’ont pas soutenu la liste Front de gauche. Dans les sept autres régions, il y a eu des listes rassemblement de toutes les composantes du Front de gauche dans le cadre parfois d’un élargissement à Nouvelle donne, au MRC et à la Nouvelle gauche socialiste.

 

Les listes auxquels le PCF a participé ont réuni 1.206.775 suffrages soit 5,7% des exprimés. Dans six des treize régions métropolitaines, le Front de gauche n’atteint pas la barre des 5% et n’a donc aucun élu, soit une perte de 43 conseiller-e-s régionaux dont 38 communistes. Dans les deux régions, PACA et Nord-Pas-de-Calais Picardie, le sabordage du PS face au FN, fait que le Front de gauche perd ses 23 élu-e-s dont 18 PCF. Dans les cinq régions où le Front de gauche était présent sur des listes de 2e tour à savoir l’Ile de France, la Corse, Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, Normandie, Auvergne-Rhône-Alpes, il passe de 62 élu-e-s sortants dont 45 PCF, à 40 élu-e-s dont 29 PCF et apparentés. Au total le Front de gauche perd 88 élu-e-s dont 72 communistes.

 

Sur les régionales de 2010 et à résultats régionaux comparables, le Front de gauche ne progresse qu’en Ile de France avec un faible gain de 19750 voix et de 0,08% sur les exprimés. La Normandie obtient le meilleurs scores des liste Front de Gauche avec 7,04% des exprimés et une progression 1,18% des exprimés sur les résultats des Européennes de 2014.

 

Dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Auvergne-Rhône-Alpes, où le Front de gauche était divisé avec un PG passant alliance avec EELV, les listes où le PCF était présent font plus de 5% : 5,32% dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie devançant la liste EELV-PG à 4,83%, et 5,44% en Auvergne-Rhône-Alpes.

 

L’alliance avec EELV en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées et en PACA avec respectivement 10,26% et 6,54%, a permit au Front de gauche de franchir la barre des 5% des exprimés et dans la 1er région d’avoir 8 élu-e-s PCF et apparentés dans le cadre d’une large victoire de la gauche au 2e tour.

Cependant ce type rassemblement n’a pas permis de retrouver l’addition du potentiel électoral de 2010 des forces du Front de Gauche et de EELV qui se situait pour LR-MP à 19,13% et pour PACA à 17%.

 

Vote des sympathisants du Front de gauche








%

Ext Gche

FDG

EELV

PS/PRG

LR-UDI

DLF

FN

IPSOS

7%

46%

18%

20%

1%

1%

2%

Louis Harris

4%

49%

19%

20%

1%

1%

3%

 

 

Vote des électeurs de Mélenchon aux Présidentielles de 2012








%

Ext Gche

FDG

EELV

PS/PRG

LR-UDI

DLF

FN

IPSOS

7%

31%

18%

22%

4%

1%

9%

Louis Harris

1%

39%

21%

24%

3%

2%

5%

 

A l’inverse le vote front de gauche est alimenté par 2% des sympathisant PS et 3% des Verts, 4% des électeurs de François Hollande.

 

Comme lors des précédents scrutins le Front de gauche a tendance à faire le même score quelque soit les catégories sociales et les générations.

 

Divers sondages ont repéré et mesuré un décrochage significatif du label PCF par rapport au label Front de Gauche, ceci nonobstant vérification doit nous interroger.

De même, pour les prochaines échéances ne devons nous pas prendre garde à ne pas nous embourber dans des négociations sans fin avec nos partenaires ? Outre l’image médiatique catastrophique que cela donne, cela nous fait partir très tard et casse nos dynamiques de campagne en nous empêchant de vraiment nous tourner vers ce qui bougent dans société.

 

Notre électorat a déterminé majoritairement son vote sur des enjeux régionaux et non nationaux. Cela n’a-t-il pas traduit en creux un manque à gagner sur une logique de campagne nationale cohérente de la part de notre Parti alors que la loi NOTRe va peser lourd sur l’avenir de notre pays ?

 

Force est de constater que le Front de gauche est en panne, il a perdu sa force propulsive et voit à l’exception de l’ancienne Haute Normandie et de l’Ile de France, son influence régresser par rapport au scrutin de 2010 et s’éroder par rapport aux Européennes de 2014.

Certes, il continue à rassembler du monde sur les valeurs de gauche et d’humanité. Certes il est un label installé dans le paysage politique. Mais face à la demande de notre peuple à la fois de pragmatisme, de réponses concrètes et opérationnelles, de rassemblement et de sens, le Front de gauche est-il à la hauteur des exigences populaires et l’époque ? Cette question se pose aussi bien sur au PCF ?

 

La chute d’EELV

 

En France métropolitaine, les listes dont EELV étaient partie prenante réunissent 1.440.245 suffrages et 6,81% des exprimés contre en 2010 : 2.372.370 voix et 12,18% soit une perte de 932.125 voix et 5,37%. EEVL ne dépasse pas les 5% des exprimés au 1er tour dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en Bourgogne-Franche Comté.

En termes d’élu EELV passe en métropole de 257 élu-e-s en 2010 à 62 élus soit une perte de 195 élu-e-s.

 

Selon IPSOS les sympathisants d’EELV ayant voté répartissent leur suffrage en 66% pour EELV, 15% pour le PS, 1% pour LR-Udi-Modem et 3% pour le FN.

Cependant EELV bénéficie du vote 18% des sympathisants du Front de gauche, de 3% du PS, de 4% du Modem.

 

Une sévère défaite du PS-PRG-UDE

 

Le PS, contrairement aux régionales de 2010 et de 2004, était au 1er tour isolé du reste de la gauche, si on excepte les organisations satellites qui gravitent autour de lui comme le PRG, l’UDE, le MDP,…

Il a rassemblée en France métropolitaine 4.960.900 suffrages et 23,44% des exprimés au 1er tour.

Au 2e tour, il ne conserve la présidence que de 5 régions sur 13 régions.

Les élu-e-s PS-PRG-DVG passe de 651 sièges à 437 soit une perte de 214 sièges.

Au 1er tour les résultats du PS sont contrastés :

  • Il est quasi stable par rapport à 2010 en Ile de France, en Auvergne-Rhône-Alpes, Bretagne.

  • Dans les autres régions, il connaît de très sévères reculs, allant jusqu’à l’effondrement comme en PACA, Nord-Pas-de-Calais-Picardie, et Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine.

 

Sur les exprimés au 1er tour, le PS ne retrouve que 66% à 73% des électeurs Hollande de 2012, mais capterait de 22% à 24% des électeurs de Mélenchon de 2012, selon les différents instituts de sondage.

 

 

La gauche réduite à la portion congrue malgré le sursaut de mobilisation anti-fn du 2e tour

 

Au 1er tour, la gauche passe de 10.440.642 voix et 53,61% en France Métropolitaine aux régionales de 2010 à 7.847.396 voix et 37,1 % en 2015, soit une perte de 2.593.246 voix et 16,51%

 

 

Une droite LR-UDI-Modem qui gagne régions et sièges, sans progresser en voix et %/exp.

 

Au 1er tour de 2015, la droite LR-UDI-Modem réunit 5.727.016 voix et 27, 08% des voix alors qu’en 2010, elle réunissait 5.884.375 et 30,22% des suffrages. Soit une perte de 157.359 voix et 3,14%.

 

Par contre la droite gagne 7 régions métropolitaines et passe de 463 élu-e-s à 789.

 

Sur les votants la droite retrouve 68% des voix de Sarkozy en 2012, 51% de celle de Bayrou, 6% de celle d’Hollande et 5% de celle de Mélenchon. Par contre elle perd au profit du FN , 12% des voix de Bayrou et 20 % de celle de Sarkozy

 

 

Le FN grand vainqueur du 1er tour mais mis en échec au 2e tour sur ses objectifs de conquêtes territoriales

 

 

Il fera l’objet d’une seconde note détaillée.

 

En 2010, le FN était donné pour agonisant, il avait connu de très mauvais Européennes en 2009. De fait il n’avait pu accéder au 2e tour que dans 12 des 22 régions métropolitains de l’époque.

 

En métropole, le FN est passé de 2.223.760 voix et 11,42% des exprimés en 2010 à 6.010.586 voix et 28,43% des exprimés. Soit des gains de 3.786.826 voix et 17%.

Toujours en métropole le FN retrouve l’équivalence de 95% des voix de marine Le Pen en 2012

 

Entre le 1er et le 2e tour, le FN gagne 809.712 voix qui heureusement n’arrivent pas à compenser le sursaut citoyen qui l’a empêché de gagner des présidences de région.

 

Le FN obtient en 2015, 358 sièges au lieu des 112 sièges qu’il avait en 2010, soit une progression de 246 sièges.

 

 

 

 

 

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