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Débat n°5 : quelles pratiques militantes pour améliorer notre action ?

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Rassembler : qui, pour quoi ? Nina Leger - 75

Transformer le monde, c’est l’idée révolutionnaire qui nous a poussés, nous communistes, à adhérer à ce parti qui est le nôtre. Militants, nous y cherchons et y apportons des idées, des contenus, des stratégies. Notre parti, c’est notre outil pour chercher les voies de l’émancipation humaine et la gagner. Notre parti, c’est  une somme de militants qui se sont organisés pour construire, et pour se battre. Ce que nous faisons, nous le faisons ensemble. Nous savons toutes et tous pourquoi nous sommes là, et il est bien naturel que nous  partagions les mêmes objectifs.
C’est bien sur les questions de stratégie que les discussions sont permanentes, et que des désaccords persistent. Il s’agit là de différencier, comme nous le faisons souvent, le contenu et la stratégie ; le fond et la forme. Cette distinction est-elle pertinente, alors que le parti m’a appris aussi que le communisme n’est pas un programme avant gardiste proposant des solutions toutes faites, mais un chemin, une manière de construire ensemble, de dessiner ensemble le monde de demain ?
Mais voilà : ensemble, c’est qui ? Et quel est le périmètre de cette construction ?
Nous avons un choix qui – certes, à la hache – peut se résumer ainsi : soit nous sommes un parti qui s’adresse au peuple et formule des propositions qui lui sont soumises ; soit nous sommes le parti du peuple, qui travaille non à parler en son nom, mais à offrir ses forces, ses moyens, son expérience à l’ensemble de ceux qui ne se résignent pas et qui veulent changer le monde.
Plusieurs points font de nous une force. Nous avons la chance d’être un parti de militants. Le Parti communiste français n’est pas composé uniquement de professionnels de la politique, d’élus, de permanents. Il est un parti en contact avec la société. Nos camarades, dans leur diversité, vivent, travaillent, luttent partout sur le territoire, dans tous les secteurs. Ceci est une chance, une force formidable qui doit être je crois mieux prise en compte : nos camarades discutent, débattent, agissent ; ils produisent de l’analyse, ils expérimentent. Ils ont des choses à penser, à dire, et à décider sur nos orientations stratégiques. Quand on parle du peuple, incluons-y les communistes. Trop souvent nous dissocions les deux, versant alors dans une vision par trop descendante de ce que nous pourrions “proposer” au peuple.
Nous nous inquiétons tous de redonner espoir aux abstentionnistes dont nous nous accordons à dire qu’ils ne sont pas apolitiques, mais simplement qu’ils ne croient pas/plus à la politique telle qu’elle est menée aujourd’hui : arrangements inter partisans, lutte des places etc. Nous ne sommes pas comme les autres, et pourtant : les alliances à géométrie variable qui par exemple nous ont conduit, il y a deux ans, à faire des listes communes avec les socialistes ne nous permettent pas de nous distinguer du lot. Si l’on sort de nos raisonnements à réfraction multiple, il ne reste que ce fait : nous recherchons l’alliance avec un Parti socialiste discrédité. Même si ces choix sont guidés par des raisonnements complexes, il se trouve que la grande masse des citoyens ne voit que le résultat. Et pour cause : à la fin, c’est tout ce qu’il reste.
Sur ces considérations, nous avons une proposition de base commune qui – j’en viens directement au nœud – nous propose, à la lecture de ces analyses, des primaires associée à une « grande consultation citoyenne ».
Soulignons ici qu’il est bien temps de demander l’avis des communistes sur cette stratégie. Les communistes n’ont pas eu pour l’heure l’occasion de débattre de ces primaires, alors que ce n’est pas seulement par respect, mais plus prosaïquement par souci d’efficacité que les militants auraient dû être consultés avant d’engager le parti dans une décision lourde de conséquences. Des inquiétudes s’expriment sur ces primaires, il faut les entendre : les justifier en réaffirmant une stratégie qui semble arrêtée – ne serait-ce que parce qu’elle est d’ores et déjà engagée – ne paraît pas opportun.
La gauche n’est pas et ne sera pas rassemblée en 2017. On nous présente ces primaires comme une chance de passer le premier tour. Car, contrairement à la droite, la gauche serait, elle rassemblée, c'est-à-dire qu’à part les candidatures de Nathalie Arthaud, Philippe Poutou, Jean-Luc Mélenchon, et une candidature sociale-libérale (Hollande, Valls et consort : vont-ils faire la campagne de Pierre Laurent ou d’Arnaud Montebourg ?), la gauche serait rassemblée. Reconnaissons honnêtement que ce « rassemblement » n’est ni plus ni moins qu’une candidature de plus. Je ne dis pas que cela est une bonne ou une mauvaise chose, tant il est vrai qu’une candidature doit être portée si son contenu le justifie. Mais c’est un fait brut. Cessons donc d’expliquer que ce rassemblement est celui de « la gauche » : il est celui du Parti communiste français, avec les Verts et l’aile gauche du Parti socialiste – pour qui l’avenir de la gauche se joue in fine au Parti socialiste, voir les interventions de Christian Paul et Guillaume Ballas dans le cadre des lundis de gauche ici et là.

Au-delà du nous étroit, que donne-t-on à voir avec cette stratégie ? En premier lieu, il me semble que nous donnons justement l’impression de mettre le rassemblement en préalable au contenu, c’est-à-dire précisément de parler de stratégie plutôt que de contenu. Stratégie qui présente de surcroît les défauts même dont les déçus de la gauche et les abstentionnistes ne veulent plus : arrangement inter partisan, au sommet, au sujet d’une candidature sur un socle (est-il à l’étude?) qui ferait consensus (le dépassement du capitalisme?).  
Un mot enfin sur notre campagne à venir. Qu’est-ce que la grande consultation citoyenne nationale qu’on nous propose ?
Cette consultation devrait donc servir à imposer dans les primaires des idées force, légitimées par l’ampleur de ladite consultation : 500 000 citoyen.ne.s interrogés, ce n’est pas rien. Mais la forme même de cela pose problème : les communistes vont donc rencontrer 500 000 personnes pour… imposer la présence de nos propositions dans les primaires ? Cette ambition peut-elle nous satisfaire ? Ne pourrions-nous pas préférer utiliser ces rencontres pour mener une campagne politique ? Ou mieux encore, pour impulser une démarche telle que celle proposée dans le texte dont je suis signataire, à savoir des assises de la transformation sociale et écologique ? D’ici la fin de l’automne, notre proposition de base commune (disponible sur le site ambition-communiste.fr, p.13) propose de lancer un travail de co-construction d’un projet et de candidatures pour les présidentielles et les législatives sous forme d’assemblées locales ouvertes à toutes et tous, puis d’Assises nationales composées de délégué.e.s des assemblées locales, à partir du programme L’Humain d’abord.
Débattons de cela : que voulons-nous proposer aux centaines de milliers de nos concitoyen.ne.s que nous allons rencontrer ? Co-élaboration, débat et investissement politique, réappropriation du débat public ? Ou voulons-nous leur proposer de remplir un questionnaire dont le périmètre est de « présenter nos propositions et recueillir les exigences de nos concitoyens » pour les imposer dans nos débats inter partisans avec l’aile gauche du PS et les Verts ?
Je parle de questionnaire : la forme même, à savoir mettre notre rencontre avec les citoyen.ne.s sous les hospices d’un partenariat avec Viavoice, pose question.  Pouvons-nous avaliser ainsi le règne du sondage sur la politique ? Pouvons-nous  ainsi sembler penser que ces instituts seraient plus à même d’analyser les remontées du terrain que les communistes et leur direction eux-mêmes ? Nous, communistes, allons-nous accepter de perdre le sens de notre engagement en faisant les petits bras qui iront chercher les données brutes pour les donner à des Instituts de sondage ?  
Nous voyons un mouvement social en marche contre la loi travail, avec une jeunesse qui se lève, une initiative comme la Nuit Debout… Les aspirations à réfléchir à d’autres possibles, la conscience que nous vivons un monde finissant, l’envie de dessiner celui de demain sont présents dans la société. Ces mobilisations, ce sont les terreaux sur lesquels des tas de gens cherchent à faire pousser une subversion qui est de réinterroger le travail, les communs, le vivre ensemble.
Avons-nous l’intention de faire remplir un questionnaire à ces gens ? Ou voulons-nous leur dire : convergeons, réfléchissons ensemble, ces questions nous y réfléchissons depuis bientôt 100 ans, nous avons des choses à construire ensemble. C’est le sens même de la proposition contenue dans le texte L’ambition communiste pour un Front de gauche populaire et citoyen : proposer des espaces, des lieux où se saisir ensemble des questions du siècle et travailler à y répondre collectivement. Débattre pour construire, construire et lutter ensemble, pour transformer le monde : c’est là le sens d’une véritable ambition communiste.
 

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Rassembler : qui, pour quoi ? Nina Leger - 75

le 05 avril 2016

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