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Débat n°5 : quelles pratiques militantes pour améliorer notre action ?

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Démocratie d’intervention et contenu - Jean-François Bolzinger - 78

Les 99 % et le numérique

1 % de la population détient 50 % des richesses et les principaux leviers des pouvoirs financiers et économiques. Le contour du rassemblement des 99 % à opérer et la transversalité des échanges qu’accélère la révolution numérique bouleversent la manière de concevoir la politique aujourd’hui.

Le niveau des forces productives bouleverse lui-aussi la donne et amène des fortes exigences démocratiques et sociétales. Il se traduit dans notre pays par une jeunesse fortement diplômée et un salariat qu’il s’agit de rassembler où 46 % sont de professions cadres ou techniciennes et 54 % ouvriers ou employés. La grande majorité des moins de 40 ans cherche ses informations sur les réseaux sociaux au détriment de la presse écrite et de la télévision.

 

Social et sociétal

La France n’est ni l’Espagne ni la Grèce. Le mouvement espagnol des Indignés est né alors que les syndicats s’étaient mis hors-jeu en acceptant la réforme libérale des retraites contrairement à ce qu’il s’est passé en France en 2010. En Grèce, la faible relation de Syriza avec le syndicalisme a pesé négativement dans le bras de fer avec l’Union européenne. La conjugaison entre société civile et mouvement syndical, entre sociétal et social est décisive dans le rapport de forces et peut se construire en France compte-tenu des traditions et des aspirations de notre peuple.

 

Croisement d’approches

Je souhaite sur ce sujet amener quelques éléments issus de ma pratique syndicale et citoyenne récente. Expérience étonnante et passionnante que d’avoir répondu favorablement à la demande de jeunes syndicalistes et militants associatifs dans le groupe « Primaire de gauche ». Ce groupe a tenté dès le 2ème semestre 2015 de lancer et organiser une primaire citoyenne de gauche alternative à la politique gouvernementale et a lancé la pétition numérique « Loi Travail : non merci ! » qui a recueilli 1,3 million de signatures. Même si je rejetais initialement la notion de primaire « comme tout communiste normalement constitué ! », la discussion sur sa nature et son contenu a permis de la concevoir comme un levier possible de construction politique.

La pratique de l’exercice s’est faite avec un groupe d’une vingtaine de jeunes syndicalistes salariés et étudiants, de militants associatifs, féministes, de jeunes communicants, geeks ou experts du net –la plupart ex-PS, écolos ou Front de gauche, électeurs de gauche « non encartés » et quelques jeunes communistes qui se sont joints- je suis de loin le plus vieux, 30 ans de plus qu’eux et elles ! C’est manifestement le croisement des expériences et des compétences qui est fécond.

 

Primaire citoyenne de gauche et contrefeux

Rejet de la politique gouvernementale, rejet des appareils politiques, singulièrement de celui du PS mais pas seulement, ont amené rapidement à clarifier la dénomination de primaire de gauche (et non « de la » ou « des gauches ») c’est-à-dire autour d’un contenu devant définir le périmètre et à travailler à une dynamique d’élaboration, d’implication et d’organisation citoyennes.

 

Arrêtée par les attentats de novembre, mise en sommeil par les régionales (laissant un champ de ruines à gauche), cette dynamique a été percutée par le lancement de « notre primaire » début janvier. Lancée par des leaders politiques comme Cohn-Bendit et Jadot et portée médiatiquement par le journal Libération, cette primaire de sommet si elle rouvrait le débat politique, mettait le PS dans le jeu et semait le trouble à gauche, servant objectivement ceux qui ne voulaient pas de la primaire comme Hollande et Mélenchon.

L’appel via les réseaux sociaux de 500 citoyens pour organiser une primaire de gauche recueillait quant à lui 3000 signatures de volontaires en janvier. L’appel à concevoir une primaire de projets ou des idées avant les candidats visant à politiser les débats dans le pays ne fera écho qu’au PCF et une partie du Front de gauche, Europe Écologie les verts, et une partie des frondeurs.

 

Un mouvement atypique et multiforme

Estimant qu’en matière de contenu politique de gauche, une ligne rouge avait été franchie au plan sociétal par Hollande et Valls avec la déchéance de nationalité, nous avons eu l’opportunité mi-février, de mettre le doigt sur la deuxième ligne rouge franchie au plan social avec la loi Travail.

Le lancement de la pétition sur les réseaux sociaux, assortie d’un décryptage pédagogique de la loi a nécessité une grande réactivité et le croisement d’un travail de militants syndicaux, de juristes, de communicants, d’experts du web, de militants citoyens.

Il en a résulté le démarrage d’un mouvement complètement atypique conjuguant l’activité sur les réseaux sociaux et l’action sur le terrain, mêlant social, sociétal et politique sans que les différents aspects se confondent. Pétition numérique et citoyenne, vidéos des « YouTubers » sur le vécu au travail, mobilisations des jeunes puis des syndicats de salariés, puissantes journées de grève et de manifestations, débats « Nuit Debout », retour sur l’interpellation des parlementaires…

Personne ne peut tirer des plans sur la comète de ce que sera la situation dans les jours et les mois qui viennent. Quid de la loi El Khomri et de ses suites ? Quid de la démarche collective et citoyenne portée par la primaire de gauche ? Quid du débat de contenus ? Le plombage de 2017 sur le mouvement social et la perspective politique est d’ores et déjà ébranlé et des points ont été marqués dans la recherche d’une nouvelle façon de faire de la politique.

 

Identité et ouverture

De premiers enseignements ressortent :

  • Le besoin de trouver des formes de débat, d’intervention et d’organisation qui conjuguent social et sociétal, condition pour que la politique et l’engagement politique retrouvent du sens.

  • L’importance de renouer avec une culture majoritaire qui a fait longtemps notre force. Nous avons vocation comme communistes à être un parti de classe et de masse, moteur d’une gauche transformatrice et gagnante. Beaucoup et notamment dans la jeunesse ne veulent pas être cantonnés à une gauche de la gauche et refusent un parti ou une gauche de « loosers ».

  • La nécessité de toujours autant travailler le contenu que la manière de faire. Raisonner en « d’abord le fond ensuite la forme » renvoie à une notion d’avant-garde obsolète. Dans les débats de la « primaire de gauche » comme de « Nuit Debout », il y a autant de temps passé à discuter du « comment faire » (comment on s’organise pour que chacun s’exprime et apporte) que du contenu.

L’idée est simple. Utiliser pleinement le potentiel des 99 % suppose de travailler des formes démocratiques d’expression et d’intervention nouvelles. On peut penser que plus ce sera large et démocratique, plus l’intelligence collective amènera un projet pertinent. En tout cas, la méthode d’un programme ou d’un projet élaboré à quelques-uns et qu’on fait ensuite avaliser ou soutenir a du plomb dans l’aile.

  • Notre parti a tout à gagner à développer son identité communiste dans une démarche d’ouverture : tourner notre regard vers les 99 % et non vers les appareils ou les leaders politiques, avoir ses pieds dans le social et le sociétal, toujours travailler le contenu et la démocratie d’intervention impliquant les citoyens et les travailleurs.

 

L’urgence est à fédérer la colère et faire converger les projets de solutions. Ce mouvement est l’occasion de pousser les transformations de notre parti pour être proche des citoyens, attractif et efficace.

Jean-François Bolzinger

Fédération des Yvelines • Section Élancourt-Maurepas-Coignières

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le 13 mai 2016

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