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Le débat de la semaine

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Débat n°5 : quelles pratiques militantes pour améliorer notre action ?

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Transformer le réel - Julien Baillergeau - 94

Force est de constater que le Parti Communiste Français est engagé dans une tendance décliniste depuis de nombreuses années. Malgré de belles luttes et quelques belles victoires dont nous pouvons être fier-e-s, il nous faut faire face à une réalité qui ne peut nous satisfaire. La vaste entreprise d’individualisation de la société et la mise en concurrence des plus faibles, en France et dans le monde, n’a jamais été aussi féroce, globale et systématique. C’est le règne de quelques-uns, dominants par l’argent, au détriment de l’ensemble de l’humanité. Au nom de la liberté, nos adversaires sont laissés libres de nier les droits de tous les autres.
Au sein du parti, le bilan n’est pas des plus positifs puisque nous constatons la baisse du nombre de nos élu-e-s et de nos militant-e-s, les campagnes non remboursées faute de suffrages suffisants, la baisse des moyens financiers disponibles, la faible visibilité de notre projet et de ses représentant-e-s etc. Chaque jour, nous devons affronter les urgences provoquées par le système capitaliste tout en répondant à celles qui nous traversent en interne. Nous ne pouvons sombrer dans l’abattement : parce que nous représentons bien souvent le dernier rempart avant le désespoir pour un grand nombre de gens, mais aussi parce que changer le réel au profit de l’idéal est un mouvement ancré au cœur de l’action communiste.
Ce congrès doit nous permettre de commencer un nouveau cycle dans notre action au service de l’émancipation. Il doit nous permettre d’incarner à nouveau l’espoir de transformation vers une société plus juste, au bénéfice de tous et au service de chacun. La République est le meilleur outil à notre disposition pour opérer ces changements. Cela dit, elle nous commande d’être dans une démarche de conquête, d’être optimistes sur nos chances de gagner la bataille culturelle engagée depuis les débuts de l’ère industrielle, de nous organiser pour être à nouveau en capacité de nous saisir démocratiquement du pouvoir et de l’utiliser dans l’intérêt du projet de société que nous défendons. La période nous impose un regard à la fois critique et constructif sur nos objectifs à court terme et leur articulation avec notre idéal à long terme. Puisque nous avons choisi de transformer la société par une révolution lente mais irréversible, qui nous impose à la fois de participer aux règles démocratiques actuelles tout en luttant quotidiennement aux côtés de celles et ceux qui aspirent à d’autres horizons, il est de notre devoir de clarifier la stratégie que nous adopterons pour concrétiser nos ambitions, Ici et Maintenant.
Pour gagner en lisibilité sur le projet, peut-être pourrions-nous replacer (ou tout du moins l’afficher de manière plus visible) l’ambition révolutionnaire au cœur de notre action réformiste. En effet, il peut être parfois difficile pour le lecteur de comprendre en quoi les mesures que nous soumettons au vote des citoyens ont un caractère réellement révolutionnaire, c’est-à-dire en quoi l’application de nos programmes municipaux, départementaux, régionaux et nationaux, permettront d’avancer vers un modèle de société idéale. Dès lors, il nous faut nous questionner sur cette réalité et y consacrer les moyens nécessaires pour nous mettre en capacité d’y répondre concrètement. Nous pouvons envisager au moins deux réponses :
1/ Les citoyens ne comprennent pas le caractère éminemment révolutionnaire de nos propositions et nous devons redoubler d’efforts dans la conscientisation des masses et la formation d’une foule toujours plus nombreuse de citoyen-ne-s conscients de leur puissance individuelle et collective.
2/ Nous avons peut-être inconsciemment perdu l’équilibre entre réforme et révolution, en réservant trop d’attention à l’aménagement des dérives systémiques au détriment d’une ambition révolutionnaire vivante et perpétuellement renouvelée.
Il n’y a certainement pas de réponse absolue à ce questionnement et il est probable que nous devions affronter les deux questions en parallèle.
La formation et l’éducation ont toujours été au cœur du projet communiste. Non pas pour des raisons de prosélytisme mais bien pour développer en chacun la conscience de soi et la pensée critique, le ralliement à l’idéologie Marxiste relevant alors plutôt de la finalité d’un processus conscient que d’une grille de lecture par laquelle le monde s’entend. En faisant cela, nous n’avons pas besoin de travail d’argumentaire pour convaincre et rallier à notre cause car la justesse de notre combat est alors évidente à chacun. La société de communication nous impose de revisiter la manière dont nous proposons ce travail de formation et d’éducation populaire. Il ne s’agit évidemment pas d’abonner ce que nous faisons déjà, mais bien de l’élargir pour en accroître l’audience et donc l’efficacité. Il existe aujourd’hui une multitude de moyens qui permettent cet élargissement. Si les outils existent, nous ne les maîtrisons pas encore assez bien. Nos adversaires ont un temps d’avance et des moyens, financiers notamment, qui nous dépassent largement. Cela étant, la manière dont certains mouvements, européens ou internationaux les utilisent doit nous pousser à la réflexion et peut éventuellement nous inspirer.
Le combat culturel pour l’accession hégémonique de nos idées est aujourd’hui (et depuis toujours à des degrés variables) largement en notre défaveur. Nous faisons face à un corps médiatique constitué qui facilite grandement la perfusion d’un corpus d’idées maintenant les relations de domination entre les individus. Dans quasiment tous les médias d’accès populaire, la parole est uniquement donnée à celles et ceux qui font l’apologie du néo-libéralisme et de toutes ses ramifications économiques, politiques, sociales, sociétales, culturelles, philosophiques etc. Dès lors, il nous faut mettre en œuvre, sans attendre, une stratégie de communication intégrée, cohérente et efficace, qui nous permettra de renverser le rapport de force pour l’instant en notre défaveur. Puisque notre combat est intégral face au capitalisme, nous utilisons une grande partie de notre message à expliquer en quoi la réponse doit être systémique au risque de noyer le cœur de notre message. Ainsi, nous exprimons notre envie changer la société intégralement mais sans pouvoir fédérer dans cette dynamique qui, pour un individu non engagé politiquement, est éminemment complexe et donc potentiellement décourageante. Apprenons à doser la quantité d’information que nous proposons dans les réponses aux problèmes que nous affrontons, notamment en segmentant nos communications dans des versions plus ou moins exhaustives. Il nous sera plus facile de gagner les petites batailles qui feront les grandes victoires plutôt que d’affronter d’un bloc le mur auquel nous faisons face. Cela passera nécessairement par une adaptation des messages mais aussi des canaux que nous utiliserons. Adapter le contenu au public et au canal de communication, c’est s’assurer de capter l’attention du public que nous ciblons et donc d’ancrer le message que nous souhaitons faire passer.
Les moyens d’information ont évolué très rapidement. A l’ère des réseaux sociaux, chaque individu doit être considéré comme un media à part entière. Certains profils sociaux et medias numériques réunissent d’ailleurs plus d’attention que l’ensemble des medias dits « traditionnels ». Aucun n’est épargné puisqu’internet par le biais d’applicatifs divers est en train de supplanter la télévision et la gestion centralisée de l’information. Les enjeux de communication sont donc de plusieurs natures, internes et externes:
1/ Identifier les différents types de medias individuels (lanceurs d’alerte, influenceurs, suiveurs etc.)
2/ Professionnaliser notre approche des moyens de communication avec les adhérent-e-s par une approche rationnelle que nous pourrons évaluer et ajuster dans le temps
3/ Professionnaliser la manière dont nous communiquons à l’extérieur en ciblant les publics que nous visons, en ajustant le message que nous diffusons et en utilisant des canaux dont nous pourrons analyser la pertinence et l’efficacité
4/ Elargir nos moyens de communication et nous emparer des canaux de communication de masse
5/ Centraliser ces moyens de communication dans un outil global
6/ Etablir un groupe permanent d’individus dont le rôle sera de monitorer, analyser et anticiper les évolutions des technologies d’information et de communication afin de nous assurer d’un suivi constant des différents mouvements à venir

Nous ne pouvons pas nous permettre de nous retrancher simplement derrière nos symboles historiques car ils ne nous permettent plus d’incarner la dynamique de conquête et de progrès que nous souhaitons insuffler dans la société. Ils l’ont été par le passé, c’est indéniable; tout autant qu’ils ne remplissent malheureusement plus cette fonction en 2016. Il n’est pas ici question de les abandonner. Ce serait un acte mortifère dans l’évolution de notre parti. Nous ne pourrions envisager l’avenir en n’étant plus conscients des mouvements historiques qui nous ont amenés à ce moment précis. Pour autant, l’histoire de nos luttes fait la démonstration que les forces du progrès ont toujours eu besoin d’innover et de créer afin de dépasser une réalité qu’on leur disait inébranlable. C’est bien cette dynamique qui conduisit nos prédécesseurs à inventer des étendards, des sigles, des drapeaux, des chansons et une multitude de symboles qui permettait à chacun de se reconnaitre et s’inscrire dans la lutte commune. Nos symboles ne fédèrent plus autant que par le passé ? Inspirons-nous en pour les renouveler, c’est certainement le meilleur hommage que nous pourrons leur faire. Dépasser la faucille et le marteau, ça n’est pas trahir leur souvenir, c’est au contraire les ramener au cœur de l’histoire vivante du parti en en faisant la base de ceux que nous serons amenés à créer.
 

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