Les congrès du PCF

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Le club des Cinq et l’avenir du PCF - Yvon Huet - 75

Après lecture des 5 textes, la base commune et les 4 textes alternatifs, j’ai un sentiment mitigé. Le PCF a en son sein une diversité d’énergies particulièrement utiles à la transformation démocratique et sociale de notre société. En même temps il tend par cette méthode de démarches en rupture, à figer les réflexions dans des cadres artificiels propices à une confusion qui pourrait plomber l’élaboration collective de notre stratégie.

Mon premier sentiment est que le premier texte est beaucoup plus complet et équilibré que les autres avec un cahier des charges clair sur le fond comme sur la méthode. Mais il y manque autant la référence (même discrète) à l’histoire et je trouve que la dénonciation des institutions de la 5e République n’est pas assez motivée, encore une fois à cause de ce qui ressemble à un trou de mémoire. Dans le 1er texte alternatif, l’obsession des échéances de l’élection présidentielle empêche le débat de s’élargir et de s’enrichir sur le fond des choses, notamment en matière de propositions alternatives.

Cette élection « préférée » des Français focalise, qu’on le veuille ou non, les postures opportunistes et le fait que le PCF ait dès le départ un a priori négatif sur une candidature communiste crée chez les militants un malaise général qui se comprend d’autant mieux qu’on a été échaudé sur ce terrain, c’est le moins qu’on puisse dire, qu’on ait fait 20% ou 2%. Dans les deux cas, la droite a occupé le terrain et la classe dominante a trouvé chaussure à son pied avec des institutions sur mesure pour la pérennisation de ses intérêts.

Appeler à une consultation populaire sur la base d’un programme alternatif à gauche est opportun, contrairement à ce que disent ceux qui veulent qu’on en arrive à Mélenchon coûte que coûte, même si ce n’est pas dit clairement dans la proposition du premier texte alternatif, mais s’il n’est pas accompagné de propositions autres que cette candidature, avec une offre programmatique clairement anti-austéritaire,  la démarche devient peu lisible. Tout ce passe en fait, comme si « tout le monde » avait peur de « tout le monde » alors qu’il faudrait transformer cette consultation populaire en banc d’essai d’une VIe république démocratique et sociale.

Dans ce contexte, la réflexion collective que j’appelle de mes vœux doit se concentrer sur la question programmatique, telle qu’elle est déclinée dans la base commune, en y incluant judicieusement nombre de réflexions qui sont exprimées dans les autres textes. Parler de socialisme, de nationalisations, par exemple, à condition d’en décliner le contenu dans le contexte d’aujourd’hui, est d’autant moins choquant qu’il correspond à la nécessité d’une clarification de notre expression, à moins de penser que tout ce qui a été écrit et mise en œuvre avant nous n’est qu’une succession d’erreurs monstrueuses qui disqualifieraient totalement notre passé.

Concernant nos rapports avec le Front de Gauche et le mouvement social en général, je réfute la démarche du premier texte alternatif qui tend, comme à l’époque où Robert Hue était secrétaire national, à dissoudre la réflexion des communistes dans un ensemble indéfini et aléatoire. Si l’expression collective venant des luttes sociales, du mouvement populaire dans toutes ses formes, doit enrichir la démarche du PCF, elle ne doit pas être le prétexte à sa marginalisation tant intellectuelle que pratique. La diversité populaire, nous en faisons partie et nous devons l’exprimer en tant que telle. La confrontation, la contradiction sont ingrédients de la lutte de la lutte idéologique. Le nivellement, lui, est source de stagnation et d’inefficacité face aux champions de l’idéologie dominante. En cela, notre débat ne doit pas se figer sur un texte mais sur tous les textes en même temps afin de définir une ligne qui puisse faire le compromis entre notre volonté récurrente d’ouverture et la pérennité de notre identité politique et culturelle communiste.

Je réfute la thèse que j’ai déjà entendu de camarade qui affirment qu’il y a eu un PCF hier et qu’il s’en crée un autre aujourd’hui. Nous sommes dans une continuité qui s’enrichit systématiquement d’une réalité où les accélérations de l’histoire ne doivent pas être un problème mais une chance pour l’enrichissement de notre tradition. A moins de considérer qu’il faille dresser les générations les unes contre les autres, ce dont je ne ferai de procès à quiconque.

Les références aux différents courants de pensée du communisme, soit pour les faire siennes soit pour les réfuter ne doit pas non plus être un blocage à notre réflexion collective bien au contraire. Pour exemple, combien de camarades m’ont-ils dit que le léninisme c’est dépassé sans en avoir lu une ligne.
S’il est dépassé, ce n’est pas pour cette raison de mode mais tout simplement parce que l’histoire de la philosophie ne se fait pas en la censurant pour son confort intellectuel mais en essayant de comprendre quelles limites ont empêché une expérience révolutionnaire de se pérenniser là où les révolutionnaires russes ont cru pouvoir faire mieux dans leur contexte que nos camarades de la Commune de Paris. Les raisons sont multiples et ne se résument à la pensée d’un seul homme, ce serait trop facile.

Pour conclure, je souhaite que la base commune soit sérieusement enrichie de contributions constructives et je ne présume pas de mon accord ou non une fois le travail accompli. L’important dans ce cas n’est pas de savoir qui on suit dans le cadre restreint des professionnels de la politique, et il en faut, mais de voir que la réflexion d’un maximum de communistes puisse déboucher sur un renforcement conséquent de l’influence du PCF. Entre esprit d’ouverture et dilution, il faut choisir. Nos camarades italiens avaient choisi la dilution. Un exemple à méditer dans ses conséquences.
 

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