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La Primaire ne menace pas la Ve, elle la renforce - Jérome Relinger - 75

Il est de mon point de vue impossible d’adopter le texte proposé par le Conseil National. Ce dernier, même après un travail très important d’amendements, ne me semble pas pouvoir guérir de ses maux originaux :

• Absence de souffle et de perspective. Nous avons l’ambition, sinon la raison d'être de renouer avec un horizon prométhéen de transformation humaine, une ambition civilisatrice capable de motiver l’ensemble du corps social, un vent d’innovation démocratique, sociale et de sens galvanisatrice d’une énergie perdue par les forces révolutionnaires aujourd’hui. Long, verbeux, confus et convenu, ce texte proposé par le CN n’a ni fond ni envol. Il désespère par la rabâchage de "la gauche" ou d’une politique "plus à gauche" "bien à gauche" voire "être de gauche pour changer la vie", mots d’ordres usés jusqu’à la trame et achevés par quatre années de Valls-Macron eux-mêmes dans un gouvernement "de gauche pour changer la vie". Mots repoussoirs et suicidaire dans la période, et renvoyant de surcroit à l'opinion la tâche d'indiquer "c’est quoi être de gauche" (p 35).

• Indigence intellectuelle. Nous avons certes, enfin, après 15 ans d’effort, reconnu la place centrale de la révolution informationnelle dans les bouleversements transversaux qui définissent le moment historique. Mais pour le reste, ce texte ne caractérise pas les bifurcations cognitives, environnementales, sociales et de sens de notre époque. Au lieu de quoi avec vingt années de retard nous enfilons des pages de poncifs généraux et généreux, rassembleurs de Bayroux à Montebourg, frustrés de tout débouché d’ampleur qui leur donnerait corps et ambition (pages 23 à 31). Enfin, le texte peine à analyser le rapport de force et la construction politique actuelle - et bien sur il ne revient en rien sur les vingt dernières années de choix stratégiques du PCF.

• Stratégie politique amateuriste. Malgré le replâtrage de dernière minute qui ressuscite le Front de Gauche dans le résumé, la base commune proposée par le CN persiste dans l’ineptie d’une primaire, dont on se demande bien avec qui nous allons la faire. TOUS les partis qui composaient le front de Gauche ont refusé la primaire sauf la Direction du PCF. Par ailleurs les "frondeurs" sont restés au PS, en attendant des jours meilleurs. EELV aura son candidat, LO et le NPA aussi. Et puisqu’il nous faut brûler ce que nous avons adoré, il semblerait que Mélenchon soit devenu de droite. Enfin "le peuple" convoqué aux primaires est toujours représentatif des deux premiers déciles des catégorie socio professionnelles : les primaires sont avant tout un grand filtre qui tamise l'intérêt général au prisme des citoyens les plus favorisés. La primaire américaine est riche de ce type d'évidences :héraut de la dénonciation des inégalités, Bernie Sanders n'a pas réussi à s'imposer dans la quasi-totalité des États américains concernés par les plus grands écarts de salaire. Pourquoi ? Parce que les pauvres ne votent pas aux primaires, seuls 24,5% des citoyens américains gagnant moins de 10.000 dollars par an s'étant rendus aux urnes jusqu'à présent. Sans partenaire, sans candidat et sans base électorale, ce serait une primaire avec qui ?

• Refus du candidat le mieux placé. L’autopersuasion que "seul le fond compte" (alors que pour toutes les précédentes élections il était plutôt question de sauver le maximum d’élus au prix d’accords baroques avec le PS) évite d’affronter l’aporie du dépassement de la Ve République. Pour en finir avec le régime présidentiel, il faut gagner l’élection présidentielle, puisque seul le Président peut convoquer une Assemblée Constituante. Dès lors, choisissons-nous parmi les deux ou trois candidats sondés entre 0,5 et 2% (Pierre Laurent, Clémentine Autain…) ou saisissons-nous la chance d’un Mélenchon entre 12 et 16%, pour y insuffler un contenu et une approche "communiste" pendant qu'il est encore temps, et préparer le rassemblement nécessaire pour les législatives ? Ou bien allons-nous continuer prétendre nous adresser aux "militants socialistes" mais pas à la "Direction socialiste" ? Les adhérent du PS ne sont pas des enfants, ceux qui restent soutiennent la ligne de leur Parti. Ce n’est pas avec les 20.000 adhérents mécontents du PS que nous devons construire une majorité, mais avec les 7 millions d’abstentionniste de gauche.

Finalement, ce texte est dangereux et immobilisant pour le PCF. Il désoriente les adhérents et décridibilise notre parti, il insulte sa clairvoyance stratégique et son intelligence collective. Modestement et certes pas sans défaut, le texte alternatif numéro 1 tente de combler les vides non traités par la base commune du CN. Il n’y parvient peut être pas, mais au moins fait il l’effort de tenter de répondre à la question concrète de la construction d’un rapport de force réel, à partir d’une analyse de la situation.

Dans un an, jour pour jour, nous devrons avoir répondu à trois questions :

• la construction d’un fond commun politique de haut niveau

• la convergence du mouvement spontané et éruptif de la jeunesse avec un mouvement politique et syndical représentatif, démocratique et structuré

• en finir avec la Ve politique et pour cela gagner son élection clé, avec un candidat pouvant re galvaniser les 20% d’abstentionnistes de gauche

Le texte alternatif numéro un, après bien sur un travail de réapropriation par tous les adhérents et d’amendement de fond, me semble être le seul capable de nous aider en ce sens.

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le 25 April 2016

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