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Ne lâchons pas la proie pour l'ombre - François Salamone - 91

Je ne mésestime pas l'extrême complexité politique à laquelle nous sommes confrontés pour aborder l'échéance de 2017. Mais ce que nous propose le projet de base commune sur ce sujet, n'est pas à la hauteur. Il revient à activer la marche arrière, à renouer, peu ou prou, avec une énième forme de dépendance à l'égard du PS, actant, finalement, malgré les quelques précautions émises, la fin de la stratégie du Front de gauche.

 

Que nous dit-on ? Qu'à la différence de 2012, le FN est aujourd'hui assuré d'une présence au second tour. Que l'objectif n'est plus de faire un score de témoignage, même significatif, à la gauche du PS. L'enjeu devient : qui de la « gauche » ou de la droite, affrontera le FN au second tour, car en son état actuel d'éparpillement, la gauche sera assurément KO. La proposition de primaire est donc censée offrir une parade. Un « socle commun » d'engagements en rupture avec le mandat Hollande (écrit, nous dit-on, par les citoyens eux-mêmes) devrait exclure donc ce dernier ou l'un de ses clones d'y participer. Et si toutefois ils s'y aventuraient « la gauche » et l'écologie non libérales pourraient avoir les moyens de les battre et une chance d'accéder au second tour et pourquoi pas de l'emporter. De sorte que ce serait une première étape pour « reconstruire la gauche », rendant ainsi possible une alternative. Et si, malgré tous nos efforts, la primaire échouait, du moins, les communistes pourront (eux !) se regarder dans un miroir. Ils auront tout fait pour éviter la catastrophe. Ils ne porteront aucune responsabilité dans la situation créée. A grands traits, mais non de manière caricaturale, voilà ce que nous propose le projet de base commune sur ce point central.

 

Je conteste ce point vue. Je ne m'en tiendrai qu'au factuel. Mais, beaucoup serait à dire sur les fondements qui sous-tendent cette approche. En particulier la lourde carence d'analyse de ce qu'est devenu le PS (et non un « clan » en son sein !) et les conséquences stratégiques à en tirer. Et ce, d'autant plus, qu'après le fiasco de la gauche plurielle, nous avions tiré, avec la stratégie du Front de gauche, les leçons de cette période. Va-t-on en abandonner sa substance ? Certes beaucoup est à revoir, à critiquer, à changer, à inventer. Mais quant au fond, ce qui était vrai il y a 6 ans, l'est bien plus encore aujourd'hui.

 

C'est pour « éviter l'éparpillement » à gauche et son élimination, qu'il faudrait tenter la primaire. En regard de la réalité et des risques, c'est la « moins mauvaise des solutions » ajoutent certains. Mais Poutou, Arthaud, Mélenchon et le MRC sont déjà en piste ! Qui peut croire qu'ils pourraient s'y rallier ? Et le PS ? Arrêtons de faire l'autruche, primaire ou pas primaire, au nom du PS ou pas, Hollande sera candidat...ou Macron, ou Valls ? Car imagine-t-on que ceux-là s'effacent ? Qui peut sérieusement l'envisager ? La primaire entre qui alors? Nous (un ou plusieurs candidats ?), des frondeurs du PS, ce qui reste d'EELV, des personnalités issues de la « société civile ». Et même si par hypothèse la primaire, dans cette configuration là, allait au bout, à l'arrivée ça ne ferait qu'un candidat de gauche de plus s'ajoutant aux autres. Et non une candidature de « toute la gauche » comme le souhaitaient les initiateurs ! Où est donc la résorption de l'éparpillement face au danger d'élimination ? Si la primaire est conçue comme un processus politique de confrontation/rassemblement, on imagine alors que ceux qui y participeront ne feront aucun cadeau à la politique du PS et porteront clairement les choix de rupture à opérer en France et en Europe. Pierre Laurent a évoqué, à titre d'illustration, (le Parisien du 9 Avril) outre son propre nom, ceux de Montebourg, Duflot, Mélenchon, et a même lancé un appel du pied à Aubry. C'est normal me dira-t-on, on ne peut être indifférent à ce qui se passe au PS. La ligne social-libérale du gouvernement y est contestée comme elle l'est dans son électorat. Prenons alors ces contradictions comme un point d'appui pour envisager une possible nouvelle majorité. Effectivement c'est un impératif de nous adresser à tous les désespérés du hollandisme et à tous les déçus du PS et en premier lieu aux abstentionnistes des classes populaires. C'est un des enjeux de 2017 que de redonner à tous ceux-là des raisons de se remobiliser sur un projet immédiatement utile pour leur vie et immédiatement opérant pour entamer un processus de rupture avec le néo-libéralisme. C'est pourquoi il est prôné un« socle commun » droit d'entrée, acceptable par les différents candidats, donc aussi ceux venant des diverses variantes de la social-démocratie. Quoi qu'il y ait encore loin de la coupe au lèvre, acceptons-en l'augure. Mais nous prendrions alors le risque que des électeurs de la primaire (qui ne seront que la frange la plus politisée) soient tentés d'y propulser, le « moins disant » en contenu (entendez le plus « réaliste » ), car apparaissant comme le « mieux disant » (entendez le plus « crédible ») dans l'objectif de faire barrage aux libéraux-conservateurs de droite et aux néo-fascistes. Une sorte d'effet vote utile risque de jouer à plein en faveur de celui qui se donnera le profil voulu. De fait, nombre d'électeurs pourraient se déterminer à partir de considérant débouchant sur une énième mouture d'une construction de contenu politique « à minima ». Entraînant par là même une inflexion du niveau d'exigences, comme des conditions à réunir pour sortir le pays du sillon dans lequel il s'enlise depuis plusieurs décennies ? Et dans ce cadre peut-on nier qu'un candidat issu du PS, mais se revendiquant opposant à Hollande, ait toutes les chances de sortir du lot ? Car je ne crois pas à l'approche des « frondeurs » évoquant le Janus Hollande : celui de 2012 porteur d'un programme de gauche et celui d'aujourd'hui qui se renierait. En 2012, nous avons refusé d'être comptable de son programme, car nous savions qu'il ne réglerait véritablement (même appliqué fidèlement !) aucun problème de fond et surtout pas celui de l'emploi ou de la réorientation des politiques européennes ? Alors concourir dans une primaire avec ceux qui ont porté ce même programme en 2012 est-il de nature à éclairer le peuple de gauche sur un nouveau chemin et une véritable alternative ? Nous ne serions là, finalement, mais dans un nouvel habillage, dans la même veine de ce qui n'a cessé d'échouer à gauche depuis des lustres et toujours massivement à nos dépens. Au final, l'idée de cette primaire est une impasse factuelle et stratégique. Elle n’empêchera pas l'éparpillement à gauche. Elle nous fait perdre du temps et de l'énergie. Elle devient même, l'appareil du PS et Cambadélis aidant, un élément de confusion dans le débat à gauche. Elle apparaît en regard des enjeux à affronter, des urgences sociales et des nouvelles formes de mobilisations citoyennes qui se développent contre la loi travail et sur d'autres terrains de lutte, quand bien même nous ne le voudrions pas, comme une construction par le haut, au risque de rajouter une couche de défiance à l'égard de la politique.

 

Mais me dira-t-on une majorité des « électeurs » de gauche est pourtant favorable, dans un souci de rassemblement, à cette primaire. Dont parmi elle, une majorité qui ne souhaite pas voir Hollande concourir à nouveau. Soit, alors appuyons-nous sur cet état d'esprit, d'ailleurs sans doute très contradictoire dans ses motivations (si c'est pour passer de Hollande à... Macron ?). Mais a-t-on besoin de la primaire pour y répondre ? Faisons les choses en commençant par le bon bout. Et faisons-le, sans tarder, à partir des 577 circonscriptions législatives. Inversons et bousculons l'ordre des priorités, la chronologie électorale et le calendrier institutionnel. Soyons dès maintenant, avec tout ceux qui le voudront, à l'initiative pour organiser rencontres, débats, forums, assises citoyennes, peu importe la dénomination, si elles permettent de faire converger celles et ceux, qui ne sont pas dans le renoncement à gauche. Soyons en pointe pour que, dans ce cadre, soit privilégié un immense effort en direction des salariés, des milieux populaires et des jeunes, toutes ces catégories en décrochage avec l'idée même de « gauche ». Sans leur remobilisation, rien ne pourra se faire. Et dans ce processus, l'utilisation du « questionnaire consultation » et nos idées en général, seraient un bel apport à la réflexion de tous. Partout, au fur et à mesure où les conditions seront réunies, allons jusqu'à des votations pour désigner les candidats aux législatives. Et le plus tôt sera le mieux. Dans ces 577 processus de débats faisons venir évidemment l'enjeu du contenu que devrait porter un candidat à la présidentielle. Un candidat franchement en rupture avec toutes les politiques passées. Mais sans repartir à zéro : le programme l'Humain d'abord, notre propre projet revisité et nos propositions actualisées, ce qui est porté et formalisé plus ou moins, par des organisations syndicales, les mouvements sociaux, culturels, associatifs, féministes, environnementaux, les mouvements de jeunesse etc, tout cela constitue du gisement de contenu disponible. Faisons-le converger vers des « assises nationale de la transformation sociale et écologique » ou autre. Et dans ce cadre, oui, mettons en débat les possibles candidatures à la présidentielle. Et, puisque nous savons, que le sujet ne trouvera pas d'issue par « auto-élimination » volontaire des postulants, envisageons les possibles formules permettant à ce que le débat soit tranché par une votation citoyenne nationale. Et Mélenchon ? Ni le caricaturer, ni le diaboliser. Pas plus que l'idolâtrer ou le surdimensionner. Mélenchon est utile au débat et aux propositions à gauche. Il a été notre, et un très bon candidat à la présidentielle. La gauche a besoin de lui et les échéances de 2017, d'une manière ou d'une autre, auraient besoin de son apport. Mais il refuse le principe de la primaire. Il n'est pas le seul. Les propositions contenues dans le texte alternatif N°1 sont-elles de nature à le faire revenir dans un processus collectif ? Ce serait souhaitable. Mais s'il s'obstinait dans son attitude, il aurait alors forcément des comptes à rendre.

 

En conclusion. Si nous allions dans la direction du texte alternatif « l'ambition communiste pour un front de gauche populaire et citoyen » (avec toutes les améliorations à lui apporter), nous nous situerions dans un prolongement largement enrichi du Front de gauche des origines. Nous ne serions en rien dépendant de l'attitude du PS ou d'une de ses parties pour définir notre stratégie et nos choix. Nous serions dans la clarté politique. Nous révolutionnerions, en actes, la manière même du « faire » de la politique. Nous ne lâcherions pas la proie d'une visée communiste pour l'ombre d'un immédiat que l'idée de primaire embrouille.

 

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