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Sur la Révolution Numérique (RN) - Hervé Radureau - 95

Ingénieur Supélec âgé de 62 ans, salarié non opérationnel d’Alcatel-Lucent, je participe à un groupe de travail de l’UGICT-CGT intitulé « ICT et Numérique ». J’ai assisté récemment à la rencontre entre Pierre Laurent et Bernard Stiegler, puis aux premiers Etats Généraux de la Révolution Numérique organisés par notre Parti et enfin au débat organisé mercredi dernier à l’occasion du Conseil National de l’UGICT-CGT, après avoir lu le numéro de Progressistes consacré à ce sujet de très haute importance ainsi que le document de Yann Le Pollotec, animateur enthousiaste du Secteur Révolution Numérique de notre Parti.

Généralités

A l’aune de ma contribution précédente http://congres.pcf.fr/85934 je constate que nous n’avons pas suffisamment fait l’effort de bien caractériser ce concept de Révolution Numérique, ou du moins des raisons de son émergence, avant de nous lancer dans des échanges et des propositions plus détaillés et précis. En effet, le Numérique électronique est apparu il y a plus de 40 ans avec les premiers ordinateurs et les premiers traitements du signal. Il a envahi les entreprises puis les habitations avec des machines de plus en plus puissantes et petites et avec des logiciels applicatifs de plus en plus sophistiqués et divers. Quasiment en parallèle, se sont mis en place des réseaux d’abord filaires de transmission numérique (comme par exemple le Minitel en France) : on parlait alors dans notre pays de Télématique et nous étions une nouvelle fois à la pointe dans les Télécommunications, y compris spatiales. Puis sont venus les réseaux radio cellulaires qui permettent la mobilité et donc de communiquer presque de partout, en pouvant se déplacer, selon la qualité de la couverture radio. La Révolution Numérique intervient plus récemment avec, selon moi, les raisons suivantes :

- La capacité de numériser tout type d’information,

- La capacité de transporter tout type d’information numérisé d’un point à un autre, de façon adaptée à ce type d’information,  La convergence et donc l’unification des réseaux de télécommunications devenus capables de multiplexer en leur sein tout type d’information (ce qu’en France on a appelé le RNIS, Réseau Numérique à Intégration de Services, pour lequel nous avons perdu la bataille de la norme ATM au profit d’Ethernet une fois encore vis-à-vis des USA),  L’apparition d’un nombre important de plateformes applicatives permettant l’intervention et la contribution des utilisateurs (terme plus général que celui d’usagers réservé aux services publics) à la différence des sites Web initiaux fournissant uniquement de l’information vers les utilisateurs. Il est dit qu’aujourd’hui 98% de l’information, qui est une ressource inépuisable hormis extinction de l’espèce humaine et de fait la plus volumineuse au monde, serait numérisée et donc totalement accessible par n’importe qui, si l’espace numérique était totalement transparent, ce qui ne sera jamais le cas, ce qu’on peut admettre pour de nombreuses données confidentielles à identifier.

Fait plus extraordinaire, c’est que le transport de l’information ainsi permis par des réseaux de plus en plus denses et performants a été interprété comme lui-même une source importante d’information puisqu’il révélait les pratiques et usages préférentiels des utilisateurs, une manne pour les entreprises afin de séduire plus directement et précisément chacun-e d’entre nous. Sans oublier toute l’information que nous fournissons gratuitement en la mettant en ligne ou en l’archivant de façon centralisée, dans une situation similaire à l’argent que nous confions aux banques, sans retour et sans pouvoir sur l’usage qu’elles en font. Et comme cela s’est avéré lors du test en vraie grandeur du Minitel sur Vélizy, les utilisateurs ont prouvé leurs besoins d’horizontalité, d’échanges entre eux de toute nature, ce que de nouvelles sociétés comme d’abord Facebook puis Uber, AirBnb, BlaBlaCar,  . ont très vite compris pour en tirer parti. Cette Révolution Numérique permise donc par l’unification des réseaux de Télécommunications (juste différenciés au niveau de l’accès des abonnés entre filaire –cuivre ou fibre- et sans fil –radio-) intervient aussi au sein des entreprises. La possibilité de communiquer tout type d’information renforce la robotisation, ce qui permet d’avoir des lignes de robots différents interconnectés, totalement autonomes, éliminant encore plus d’emplois. Elle permet aussi la délocalisation des tâches, notamment les plus simples vers les pays à moindre coût social en préservant initialement un petit noyau de concepteurs et de support dans les pays développés. Mais même ces Ingénieurs, Cadres et Techniciens (ICT) se voient menacés aujourd’hui par une volonté suicidaire de la part des employeurs, soucieux seulement de finance, de ne pas reconnaitre la complexité des travaux à effectuer et donc la qualification des salariés qui n’est pas qu’individuelle mais surtout collective: on leur demande de devenir des ouvriers « plus » pour concevoir, développer et valider des outils numériques, principalement logiciels, qui simplifient à l’extrême ces travaux avec toutes les erreurs et tous les risques conséquents possibles, afin de pouvoir très rapidement confier le bébé à des salariés coûtant moins cher à l’entreprise, si possible stagiaires ou précaires, travaillant de façon automatique, d’où le projet de la Loi Travail. A terme cela sera aussi inévitablement une perte dangereuse de savoirs et de savoirs-faire que certains ICT refusent d’ailleurs individuellement de partager pour se protéger, ce qui accroît paradoxalement les risques.  Dans sa chronique de l’HD cette semaine, Jean-Christophe Le Digou nous alerte sur le tapage médiatique concernant le volume de suppressions d’emplois causable par la RN parmi les catégories des salariés aux qualifications moyennes, car ce battage viserait à neutraliser leur combativité. Je ne partage pas tout à fait ce point de vue car je pense qu’il faut s’appuyer sur les chiffres et les rapports publiés aux contenus tout de même interrogateurs pour alerter les salariés et les aider à se mettre dès maintenant en mouvement pour une Révolution Numérique qui les émancipe et non qui les aliène ou les fasse disparaître. De nombreuses erreurs commises selon moi Entreprises et société La Révolution Numérique intervient partout : dans et hors de l’entreprise de façons très diverses, et donc hétérogènes. Il ne faudrait donc pas la traiter de façon uniforme et bien chercher à comprendre les spécificités de chaque secteur concerné, pour déceler ce qui s’y passe, les acteurs, les pratiques, les risques et les potentialités, les actions urgentes ou non à mener. Et on s’aperçoit que la partition imposée aux organisations entre syndicats et partis, les uns intervenant dans les entreprises et les autres hors de l’entreprise devient un frein immense à une vision et surtout une action synthétiques : ne doit-on pas réfléchir à comment dépasser cette partition de plus en plus gênante à partir du moment où nous passons de moins en moins de temps à l’entreprise, ce qui pourrait aider à réduire au passage la situation schizophrénique entre être un travailleur et être un consommateur?

La RN est d’abord un révélateur Une première erreur de jugement ou d’interprétation est de tout attribuer à la Révolution Numérique alors qu’elle n’est parfois qu’un révélateur, une matérialisation de situations, d’usages, de comportements et de pratiques de certaines catégories : un exemple évident pour moi est la durée de travail des ingénieurs et cadres au forfait jours bien supérieure aux 35 H qui a préexisté à la Révolution Numérique du fait de leur formation initiale, notamment au sein des classes préparatoires aux concours des Grandes Ecoles. Par contre, la Révolution Numérique a progressivement contribuer à  augmenter la pression, et surtout celle venant de collègues plus que de la hiérarchie du fait de l’individualisation mise en place depuis 20 ans et a étendu ces pratiques à d’autres catégories de salarié-e-s. Les tâches se sont aussi accentuées avec la suppression des assistantes administratives et chez AlcatelLucent par exemple la délocalisation des activités RH de base en Roumanie, sans oublier l’augmentation faramineuse du reporting et des journées de formation, piqûres de rappel répétées du chemin à suivre duquel il ne faut pas s’écarter ou auquel il faut se plier (avec des virages à 180° très fréquents) ainsi que des formations en ligne sur un tas de sujets bidons plus vitrine pour l’entreprise qu’autre chose. A propos d’Alcatel-Lucent (ALU) Une seconde erreur tragique, et tout particulièrement  de notre côté, est l’interprétation et l’absence de réaction à ce qui s’est passé chez Alcatel- Lucent depuis 2006, alors que la Révolution Numérique à la sauce patronale se mettait justement en marche. Ce groupe dont le siège social était en France jusqu’à sa disparition au début de l’année, absorbé par Nokia, a été pillé et démantelé pendant 10 ans par les USA qui n’avaient plus d’équipementiers Télécoms dignes de ce nom, hormis CISCO dans les entreprises. Les stratèges US, en situation locale délicate qui les a forcé à se réveiller, ont très vite compris l’importance essentielle de la Révolution Numérique et donc des Télécommunications tant pour leur pays que pour leur domination sur le reste du monde: leur volonté protectionniste avec des situations (telle que l’impossibilité de déployer l’ADSL), des normes et des standards (comme le CDMA en mobile) propres avaient isolé les USA du reste du monde, si bien que cela a entraîné la disparition des Motorola, des Nortel et quasiment de Lucent qui a été sauvée grâce à la pseudo-fusion avec le groupe Alcatel qui intervenait lui sur tous les pans du secteur des équipements et des applications Télécoms. Ainsi nous avons laissé faire pendant 10 ans les USA, notre concurrent historique dans les progrès des communications, qui ont ainsi pu reconstruire un équipementier Télécoms dans leur pays à moindre frais puisqu’ils ont vendu tous les actifs possibles du groupe Alcatel pour financer le remboursement des dettes de Lucent, la formation de nos collègues US et les plans de licenciements massifs successifs, sans oublier la préservation des fonds de pension de retraite de nos collègues dans de nombreux pays, y compris européens. Aujourd’hui, le groupe Alcatel-Lucent n’existe plus. La principale filiale française n’a plus que 4200 salariés qui commencent déjà à être soumis au bout de 3 mois à un premier plan Nokia de licenciements estimés à 411 personnes, justifié comme d’habitude par la présence de doublons, sans jamais aborder les surcharges de travail et les activités laissées de côté. A terme, elle risque d’être réduite à gérer uniquement le marché domestique français, ce qui signifierait de ne plus être impliquée dans aucun développement de nouveaux produits si nous ne réagissons pas enfin. Mais n’est-il pas déjà trop tard ? Des sommes françaises considérables ont été englouties, des activités bradées comme celle des Marchés Verticaux (où nous aurions pu travailler très étroitement avec Thalès et Alsthom) et cela continue avec le Crédit d’Impôt Recherche qui est fourni sans aucune contrepartie : mon syndicat
estimait à 500 millions d’Euros le CIR reçu avant l’arrivée de Michel Combes, le dernier fossoyeur du groupe, ce qui représentait à l’époque 25% de la valeur des actions du groupe au CAC40 ! Aujourd’hui alors que nous étions un des 2 leaders du secteur des Télécommunications depuis plus d’un siècle avec les USA, nous avons quasiment été éliminés par ces dernières sans qu’aucune institution, aucune organisation y compris syndicale, aucun groupe de salariés ne réagissent : terrifiant et à méditer, en particulier sur le rôle des gouvernements successifs et du syndicat CFDT majoritaire pendant cette période! D’autres erreurs chez les opérateurs et les consommateurs Lorsqu’est arrivée la technologie ADSL, les opérateurs de Télécommunications ont commis une erreur monumentale pour attirer les clients vers les services de données en proposant des forfaits illimités : pour l’excuse des opérateurs historiques (France Telecom en France), ils étaient vivement concurrencés par les nouveaux opérateurs alternatifs artificiellement créés par la dérégulation et la déréglementation, la libéralisation du secteur, avec des investisseurs financiers ne connaissant rien à ce secteur qui aurait dû être protégé comme bien commun.

Les GAFA (professionnellement on parle plus largement d’OTT –Over the Top) comme Google, FaceBook et consorts se sont engouffrés dans cette brèche en accaparant les immenses revenus pas seulement publicitaires tout en obligeant les opérateurs à adapter constamment leurs réseaux pour satisfaire leurs abonnés qui s’arrêtaient malheureusement à leur rôle de purs consommateurs, sans souci du quoi et du comment, comportement touchant au passage nos propres organisations et adhérents jusqu’aux salariés d’Alcatel-Lucent qui auraient dû être les premiers à s’interposer. En France, on a pour moi trompé les consommateurs en affichant que les prix des abonnements étaient élevés, pour justifier l’arrivée des nouveaux opérateurs, ce qui était un mensonge. Cette concurrence a entrainé la course au moins disant et dans la foulée le renoncement à acheter les produits par exemple d’Alcatel Lucent en se retournant vers les équipementiers chinois, dont le personnel s’est d’ailleurs préalablement formé dans la filiale chinoise d’Alcatel ! Ainsi le chiffre d’affaires d’AlcatelLucent avec Free est quasiment nul depuis que Free existe et le CNET a disparu chez France Telecom.! La Neutralité du Net et la suppression récente des frais de roaming voulus par les associations de consommateurs qui n’adoptent jamais la vision de l’emploi, de l’indépendance et de la souveraineté nationales sont aussi de mon point de vue encore une mauvaise orientation pour l’instant. S’il est vrai que les opérateurs de Télécoms distribuent des dividendes très élevés à leurs actionnaires (les Télécoms sont le 3ème secteur mondial de l’Industrie et des Services hors finance le plus profitable après l’exploitation des ressources fossiles et l’informatique, services compris), il reste que les investissements à faire pour avoir une couverture totale et avec péréquation du territoire sont très élevés, surtout s’il n’y a pas de mutualisation entre opérateurs, ce qui montre au passage l’inanité d’avoir plusieurs opérateurs, situation dramatique au passage dans les pays en voie de développement dont les moyens financiers sont faibles ! Forfaits limités, diversification des prix en fonction des usages, frais pour téléphoner à l’étranger ou depuis l’étranger auraient aidé les consommateurs et nous-mêmes à comprendre l’écosystème des Télécommunications et aussi réduit la pénétration des GAFA US dans notre pays et en Europe. Bataille perdue car pas menée ! Il faut ajouter que les opérateurs historiques, clients des équipementiers, se refusent à payer à leur juste prix les services accompagnant la montée en complexité des équipements, voie dans laquelle les opérateurs alternatifs se sont engouffrés d’autant plus facilement qu’ils ne maitrisaient pas les fondements du secteur des Télécommunications. Une perte énorme pour les équipementiers , affaiblissant donc toute la filière, l’écosystème.

A propos du Très Haut Débit

Les nombreux dégâts causés par la Révolution Numérique parce qu’elle n’est pas maitrisée par les 99%, y compris dans leurs responsabilités individuelles, notamment vis-à-vis des enfants comme je peux le constater dans mon activité d’accompagnement scolaire de jeunes collégien-ne-s, peuvent se trouver amplifiés par le Très haut Débit. Tel que cela est parti, on risque en plus d’avoir une fracture numérique de services gigantesque entre ceux qui vont bénéficier de la fibre (grandes villes, zones solvables) et les autres, coupure bien supérieure à celle connue déjà avec les zones blanches de l’ADSL ou de la radio 2G/3G/4G (qui s’étendent un peu plus avec chaque nouvelle génération du mobile!) De nombreux pays voisins (Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Autriche et dernièrement GrandeBretagne) ont, semble-t-il, décidé de ne pas se lancer dans le tout fibre à l’abonné. En Allemagne, Vodafone a dû déployer la 4G d’abord dans les zones rurales qui n’avaient pas la 3G. Pour notre pays, il a été estimé que le budget nécessaire pour amener la fibre à chaque maison (FTTH), immeuble (FTTB) ou entreprise se monte à 30 Milliards d’euros dont 90% vont en fait aux entreprises de génie civil pour déployer la fibre en souterrain ou en aérien. Aujourd’hui, le choix a été fait sous l’impulsion de l’ARCEP de découper le territoire en plusieurs zones, une zone étant attribuée à un opérateur privé, ce qui ne me semble pas être la bonne voie pour aménager notre territoire. On constate déjà des retraits (comme Numéricable à Versailles) et des retards conséquents. Il y a pourtant une autre solution technique à mettre en œuvre comme France Telecom l’a déjà fait dans la Région Auvergne sous l’impulsion de celle-ci pour les zones blanches de l’ADSL : installer un nœud d’accès xDSL  au sous-répartiteur (en général à 1 km de chaque habitation) au lieu du répartiteur comme aujourd’hui qui couvre un cercle de rayon maximum de 10 km. Avec les nouvelles technologies xDSL (VDSL2, GFAST, …) on peut ainsi obtenir des débits descendants allant jusqu’à plusieurs dizaines de Mbit/s, pas très loin finalement de ce que la fibre plus centralisée (cercle d’un rayon de 20 km) peut fournir. Cette solution xDSL rapprochée de l’abonné, puisque dans cette technologie la distance fait le débit disponible pour l’abonné, permet de continuer d’utiliser le dernier km du réseau filaire cuivre généralement de très bonne qualité dans notre pays et de maintenir ces derniers km avec le cuivre récupéré des câbles allant du répartiteur aux sous-répartiteurs. Elle peut aussi en fonction de l’espace disponible à côté du sous-répartiteur d’avoir un équipement énergétique propre de petite puissance.

Et enfin, on va tout de même déployer la fibre entre le sous-répartiteur et le répartiteur en réutilisant très souvent les supports aériens existants (supprimant aussi au passage les risque de vol de cuivre plus facile sur ces longs tronçons que sur le dernier km qui souvent se trouve au sein de la commune concernée). Aujourd’hui seulement plus de 50% des 11000 répartiteurs du territoire national sont équipés d’au moins 2 nœuds d’accès xDSL (1 de France Telecom, 1 d’un autre opérateur alternatif). Il y a 10 fois plus de sous-répartiteurs, rassemblant donc en moyenne 10 fois moins d’abonnés. Pourquoi ne pas imaginer de recréer un opérateur d’accès filaire national, prenant en charge cette solution technique, s’approvisionnant auprès de Nokia qui a récupéré cette activité d’Alcatel-Lucent qu’elle n’avait pas dans son portefeuille alors qu’Alcatel-Lucent a toujours été le leader de ce secteur (contesté aujourd’hui par le chinois Huawei) ? A noter que l’introduction de la fibre dans le tout fibre et dans l’xDSL au sous-répartiteur a pour conséquence inéluctable la perte de ce qu’on appelle la ligne de vie, puisque le réseau téléphonique cuivre alimentait aussi le poste téléphonique de la maison depuis le répartiteur (les nouvelles technologies augmentent la consommation électrique (Box, Décodeur TV, commutateur ou routeur, adaptateurs CPL, …) qui est supportée par les utilisateurs). Quid de l’éducation populaire ? Depuis quelques années, les USA une nouvelle fois ont pris le leadership, non sans arrière-pensées, de la nouvelle technologie de formation appelée MOOC (acronyme anglais signifiant Massively Open Online Course). En France, Cédric Vilani, notre jeune médaille Fields en Mathématiques nous a proposé d’utiliser à juste titre l’acronyme de FLOT (Formation en Ligne Ouverte à Tou-te-s). Il s’agit de plateformes informatiques (matérielles et logicielles) permettant de distribuer de façon asynchrone des cours à des (dizaines de) milliers de personnes sur une durée limitée à quelques semaines. Aux USA, les plateformes les plus connues sont edX et Coursera, en Grande Bretagne c’est FutureLearn et en France nous avons maintenant FUN (France Université Numérique). eDX et FUN (ainsi que la plateforme récemment lancée de l’AFPA qui a fait un cours de cuisine rassemblant des dizaines de milliers d’apprenant-e-s) sont basées sur le logiciel libre Open edX. Les enjeux autour de cette nouvelle forme numérique d’acquisition de connaissances sont multiples tant pour l’école que pour les entreprises et plus largement pour l’éducation populaire. Jusqu’à présent gratuits, on voit le mouvement aux USA visant à rendre payant ces cours en commençant par le paiement de l’attestation de réussite aux quizz du FLOT, tout en cherchant en plus à substituer progressivement les professeurs des universités et les amphis par ces cours virtuels dirigés par quelques sommités (rejoignant les 1% ?) du domaine objet du cours. Ce qui réduira les dépenses sans réduire les prix  tout en prenant le risque de paupériser les formes et les contenus de formation. C’est aussi un moyen formidable de propager et de discuter, grâce à un forum intégré au FLOT, des idées au-delà des seules connaissances scientifiques puisque par exemple FUN a offert de nombreux FLOT autour du développement durable, des énergies renouvelables, … peu avant la tenue de la COP21 dans notre pays. Dans notre volonté de rassembler les 99%, il me semble donc urgent que les organisations politiques, syndicales, de jeunesse et non gouvernementales s’associent pour disposer de ce type de plateforme et construire des FLOT sur un maximum de sujets aidant au moins au départ à la formation de leurs adhérents voire sympathisants. A ma connaissance, l’équipe de FUN s’est préparée à aider les entreprises et les organisations à mettre en place ce type de plateforme à partir de son expérience précieuse acquise en quelques années. Ne perdons pas de temps comme pour aussi développer par exemple avec l’Humanité, Médiapart et Politis un nouveau média ouvrant enfin la parole aux 99% avec des formes inédites à la lumière de notre intelligence collective. Les rapports avec l’écologie et notre santé La multiplication des équipements numérisés entraine une augmentation notable de la consommation d’énergie électrique alors que nous devons nous attaquer à mettre en œuvre la transition énergétique, ce qui dans notre pays n’est pas une mince affaire du fait du choix très majoritaire des centrales nucléaires pour produire notre électricité (75%) puisque la fin de vie, même prolongée, de ces dernières est déjà pour demain, ce qui nous oblige à penser aussi la voie de la sobriété. Cette multiplication parait de plus problématique quant à la disponibilité des ressources nécessaires à la production de ces équipements car elles se raréfieraient de façon très rapide, causant des rapports
de plus en plus conflictuels qui se développent entre pays. Cela fragilise à mon avis la Révolution Numérique à la sauce patronale pour réduire le coût du travail. Pour s’opposer à cette évolution potentiellement négative en termes de volume d’emplois, il faut donc agir pour la réduction du temps de travail.

Et c’est aussi indispensable pour notre hygiène de vie physique, intellectuelle et sociale. Autant d’éléments de réflexion pour construire le RDHD, le Rassemblement visant un Développement Humain Durable !

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