Les congrès du PCF

Les congrès du PCF
Accueil
 
 
 
 

Ecouter l'autre, l'entendre et agir - Jean Rabaté - 92

Dans sa contribution, le camarade René Fredon , du Var, craint que « la bataille autour des textes alternatifs – aussi démocratique soit -elle- ne conduise à une paralysie de fait, à un affaiblissement du corps militant plutôt qu’à sa mise en mouvement ». Ce risque existe-t-il ? Peut-on et comment  l’éviter ?

Chacun peut comprendre et admettre que dans une situation aussi complexe que celle traversée par  notre pays les réponses apportées aux questions qui nous sont posées  soient parfois différentes. Il est bien que chaque communiste puisse faire connaitre son opinion, y compris en proposant des  amendements au texte proposé par la direction, voire un texte alternatif. Je ne dois pas être le seul à qui aucun des cinq textes qui nous sont soumis donne entièrement satisfaction. Ma préférence va vers le premier proposé, relu après l’adresse (bienvenue)  de  Pierre Laurent aux militants. Je trouve néanmoins  dans chacune des quatre autres propositions  des analyses, positions ou suggestions qui me conviennent, sans parler de celles, très nombreuses, communes à tous, ce qui est normal et heureux entre communistes.

Nos statuts prévoient la possibilité de proposer des textes alternatifs. Afin d’éviter qu’ils ne soient trop nombreux  chacun doit être présenté par un minimum d’adhérents. Ce sont deux dispositions que j’approuve, non sans  voir cependant qu’elles peuvent être porteuses d’une conséquence néfaste. En effet certains appels invitent  non pas à s’associer à tel ou tel texte mais à pétitionner en sa faveur.  Que ce soit ou non voulu, au lieu d’être une ouverture à la discussion, cette démarche prend  l’allure d’une condamnation des autres textes, à commencer par le projet soumis par l’actuelle direction. René Fredon parle  d’ailleurs de  « bataille » autour des textes…l’apparition de tendances n’est pas loin.   

Or la gauche est assez divisée pour que sa principale composante –notre parti- le devienne  à son tour en tendances organisées ! Est-ce à dire qu’il faut  souhaiter  une pensée unique, commune à  tous les communistes,  sur tous les sujets ?  Non, bien sûr ! Il convient au contraire de veiller  à ce que les idées continuent à être librement discutées, confrontées, comme  on le peut  aujourd’hui sans craindre sanctions ou exclusions – ce qui ne fut pas toujours le cas dans notre histoire.  Le débat doit donc  se poursuivre jusqu’à la fin du congrès . Et même être approfondi au-delà sur certains points. Mais qu’il soit mené par tous sans volonté d’en découdre, sans condamner quiconque. Avec le seul but de trouver tous ensemble les meilleures réponses aux problèmes qui se posent à nous. Et à aucun moment avec celle de faire triompher à tout prix tel texte contre tel autre, voire de plébisciter tel ou tel groupe de camarades. Sans rejeter l’esprit « de responsabilité » ni celui « de parti » auxquels  il est parfois fait appel, je pense que c’est d’abord le souci d’écouter l’autre (et de l’entendre !) et la modestie de chacun(e) qui doivent permettre d’éviter les crispations des uns ou des autres sur leur texte, au détriment d’une  réflexion commune sur la réponse la mieux adaptée à elle ou telle question.   

Qu’à l’issue de la discussion l’unanimité ne soit pas acquise est probable (on pourrait ajouter « et positif » tant il faut que si tout le monde n’a  pas été convaincu, chacun  puisse garder ses opinions  sans être montré du doigt). Certaines demandes ne seront pas retenues. D’aucuns choisiront de ne pas adoubé la résolution finale. On pourra le regretter, mais ne serait-il pas plus  grave de sortir du congrès avec des orientations  et décisions mi-chèvre mi-choux nées d’une laborieuse synthèse de cinq textes, pour obtenir un accord général, mais de façade ?el qu’il soit le texte majoritairement adopté après discussion, modifications, ajouts ou retraits devra dès lors guider l’action de tous les communistes. Retour à l’ancien centralisme démocratique ?  Non ! D’abord, simple respect démocratique de l’opinion majoritairement  exprimée après de réels débats ; ensuite,  expression logique d’une discipline librement consentie par l’acte d’adhésion.  Avant que décisions aient été prises, chacun, chacune aura  pu s’exprimer librement : de vive voix dans son organisation (cellule, section, fédération, congrès), par écrit  dans des amendements individuels et/ou des  textes alternatifs collectifs,  voire même - ce qui est nouveau- sur les réseaux sociaux d’internet. Tout aura pu être discuté « en bas », rien imposé d’ «en haut ». Sacrée différence avec ce que j’ai connu, subi (et aussi, hélas, fait parfois subir…)  autrefois. Sacrée différence qui doit nous permettre de disposer d’un parti uni sur une ligne politique claire, élaborée  avec l’apport de tous, à mettre en œuvre par tous, énergiquement et sans attendre. Car l’enjeu est de taille.   
 

Il y a actuellement 0 réactions

Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.

 

Lire la contribution