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un projet alternatif necessaire et utile - Jean Paul Duparc - 06

Dans une concordance, fortuite probablement, ce vendredi 1er avril plusieurs contributions s’alarmant des contenus de la proposition de base commune alternative « L’ambition communiste pour un Front de gauche populaire et citoyen » ont été publiées sur ce site de la préparation du Congrès. Tout en vantant les potentialités supposées de la perspective de la Primaire. Les écrits d’Igor Zamichieï, de Robert Clément, d’Henri Malberg, et de Gabriel Massou se sont donc ajoutés à ceux d’Olivier Gebuhrer émis quelques jours avant.

Sans doute est-ce une forme de réponses aux premiers échos positifs constatés depuis que ce projet alternatif a été rendu public, échos qui ont permis de dépasser les 630 signatures dans plus de 60 départements en quelques jours.

Ou une forme de fébrilité à voir le texte officiel du CN contesté par une alternative inédite (je veux dire : différente des traditionnels textes centrés sur le rassemblement autour du seul Pcf tels qu’on en connait depuis plusieurs congrès) et signée par des camarades qui, pour tous ceux que je peux connaitre, ne sont vraiment pas des maniaques de la démarche dissidente.

Il faut donc que « la coupe soit bien pleine » pour que, comme moi, ils en soient venus à concevoir et/ou soutenir ce projet alternatif. De ce point de vue, votre argument de répéter que le texte officiel de proposition de base commune a été voté par 80% du CN est à manier avec précaution. Au vu des Assemblées et réunions que j’ai pu connaitre, on est loin d’un assentiment comparable des communistes.

Pour un vrai débat

Je partage un point bien précieux de la contribution de Robert Clément, il faut un débat « sérieux, serein, responsable et respectueux ».

Alors, s’il vous plait, menons le autrement que dans le propos d’Olivier Gebuhrer qui, pour mieux démontrer la « myopie inspiratrice » (sic !) du texte alternatif, va jusqu’à inventer que nous situerions le PS à une influence de 10%, alors que la phrase citée fait référence au niveau de Mélenchon dans les sondages ; pour ensuite mieux entonner l’air de la calomnie prétendant que « le choix préalable de JL.Mélenchon, sans qu’ils osent le dire ouvertement, EST l’unique souci des auteurs du projet alternatif », on admirera le « sans qu’ils osent le dire ouvertement » puisque c’est indémontrable autrement !  Pour finir par prétendre que, pour ces mêmes auteurs, « la gauche est une catégorie morte », au prétexte que nous écrivons : « il est vain de s’accrocher à la vieille union de la gauche avec la social démocratie à sa tête. La gauche, comme outil politique des catégories populaires -diverse dans ses courants de pensées et dans ses traditions politiques, mais unie par son parti pris en faveur de ce camp social là- ne pourra trouver un nouveau souffle que si elle a pour moteur une force de gauche résolument transformatrice et antilibérale ».Et alors même que nous proposons un processus d’assemblées citoyennes « ouvertes à toutes les forces et toutes les personnes qui veulent travailler à une alternative de progrès humain, y compris les membres et élus du PS, d’EELV et toutes celles et ceux qui souhaiteraient travailler à une rupture claire avec les politiques libérales ». Est-ce là dire que « la gauche est une catégorie morte » ? Je laisse le lecteur se faire sa propre opinion.

Cette mise au point étant faite, je m’en tiendrais dans cette contribution à deux questions soulevées dans les autres contributions évoquées : la sous estimation des enjeux de 2017 et la question de la primaire ; je dirais également au passage quelques mots sur la question « Mélenchon » puisque Robert Clément aussi entonne, mezzo voce, la même suspicion qu’Olivier Gebuhrer.

I Primaire réelle ou primaire illusoire.

Comme communiste j’aime bien l’utopie, mais beaucoup moins les illusions. Robert Clément nous l’affirme : « Née du rejet de la politique gouvernementale, la « primaire » ne peut donc en aucun cas redonner une légitimité à ceux qui nous gouvernent ». Or pour l’instant on parle bien de la primaire « des gauches et de l’écologie » pour reprendre la terminologie de l’Appel publié par Libération. C’est bien, entre autre chose, pour définir les contours de cette primaire que se déroulent les dialogues du Lundi et les réunions de coordination du Jeudi. J’invite alors à écouter ce que dit le sociologue Michel Wieviorka, (signataire de cet Appel), sur RFI ce 1er avril : pour lui « réunir la gauche » c’est réunir « la gauche libérale de Macron + la gauche libérale-autoritaire de Valls + la gauche critique de Hamon », et à la fin d’un raisonnement pourtant rude à l’égard de Hollande, il conclut que « la primaire est la dernière chance pour Hollande de se relégitimer ». ( http://www.rfi.fr/emission/20160401-le-sociologue-francais-michel-wieviorka )

Mais même chez nous, au Pcf, c’est un peu embrouillé. Dans son Adresse aux communistes, Pierre Laurent dit vouloir « écarter les caricatures » comme celle qui dirait que « nous souhaiterions une primaire de toute la gauche de Macron à Mélenchon ». Très bien, mais force est de constater que c’est déjà plus clair que les propos de Pierre Laurent cités dans la presse des 21 et 22 février 2016 (Le Monde, Ouest France, etc..) indiquant « n’avoir aucun problème avec la participation de François Hollande » à la primaire. Visiblement les réactions nombreuses des communistes depuis janvier et y compris sans doute l’irruption de notre proposition de base alternative aident à ce que se décantent certaines questions. Même si, d’autres responsables favorables à la primaire comme Gabriel Massou ce 1er avril, … poussent encore, et c’est parfaitement leur droit, dans le sens d’une primaire avec Hollande, donc forcément co-organisée avec la direction du PS. (Outre l’invraisemblable de préparer de préparer les échéances de 2017 avec la direction nationale du PS au terme de ce quinquennat là, on ne voit pas alors comment la barre d’entrée de la primaire ne serait pas alors extrêmement minimale en contenu de gauche)

Résumons :

Courir après cette primaire n’est pas une « prise de risque » comme le disent nos auteurs du 1er avril, c’est poursuivre un objet impossible : il n’y aura pas de candidat unique « des gauches et de l’écologie » au sens de la primaire de Libération. Au minimum, le social-libéralisme aura son candidat ( Hollande, Valls, Macron…) [ Sur cette question et quelques autres, je trouve que chacune et chacun, quelque soit le projet de base commune qui ait sa préférence, aurait intérêt à lire la contribution de Robert Injey pleine d’observations de bon sens sur le réel vrai et non pas un réel phantasmatique http://congres.pcf.fr/85916 ] Et on peut souhaiter que le maximum, et si possible la totalité, de ceux qui veulent le retrait de la Loi El Khomri effectivement convergent pour une candidature vraiment à gauche. On vient progressivement vers ce périmètre, mais qu’on en aura perdu du temps, pourtant dès le 5ème lundi ( vous pouvez vérifier sur la video) Clémentine Autain fut, et je le regrette, bien seule à défendre une clarté de démarche et de périmètre dans le dialogue avec Thomas Piketti.

Deuxième élément, sur la mécanique même d’une primaire. Je ne reviendrais pas ici sur ce que j’ai pu écrire dans de précédentes contributions sur le recul qui imprègne la démarche de la base commune proposée par le CN vis-à-vis des ruptures et des avancées opérées lors du Congrès de 2008 et du lit qui peut être fait à une réorganisation de l’hégémonie du PS, tel qu’il est devenu, sur la gauche par d’autres moyens voire d’autres personnes. On peut également lire l’analyse que faisait Roger Martelli ( http://www.regards.fr/qui-veut-la-peau-de-roger-martelli/article/reflexion-sur-une-primaire-de-la ) il y a quelques semaines sur la plus grande pente du « moins disant » qui marque ce type de procédure de primaire.

Au final, et s’il s’agit de réunir et de construire une démarche politique avec tous ceux qui se battent pour le retrait de la loi El Khomri », alors l’architecture et la colonne vertébrale de ce qui est proposé dans la base commune alternative « L’ambition communiste Pour un Front de gauche populaire et citoyen » ( assemblée citoyenne, votation, Assise de la transformation sociale et écologique, repartir de « L’Humain d’abord » tout en l’ouvrant à de larges réécritures, etc…) sont plus claires et plus solides comme base de départ pour les travaux du Congrès, que la confusion qui marque la démarche du texte émanant du CN.

Or, dans l’intensité de la crise de la démocratie et de la défiance vis-à-vis de la politique actuellement, l’exigence de clarté et de la prise de distance vis-à-vis des embrouilles, est une composante importante pour une remobilisation citoyenne.

 

II Qu’est ce que « sous estimer les risques de 2017 » ?

Le deuxième argument de nos contradicteurs du 1er avril, c’est de dire que 2017 suppose de ne pas refaire 2012, que nous sous estimons les risques de 2017 et que « le danger est extrême », citant les régionales du nord de la France et de PACA en appui de la démonstration.

Ne pas simplement « refaire 2012 », personne n’en disconvient. C’est justement pour cela que nous posons en grand la question de « la transformation du Front de gauche », qui demeure un repère indispensable et le support d’une espérance. -Et Jean Luc Mélenchon a tort quand il pense pouvoir s’en dispenser- en grande force populaire et citoyenne moteur d’un rassemblement très large. (Question qui a, hélas, été délaissée dans les faits une fois la Présidentielle de 2012 passée).

S’agissant de la région PACA, j’y vis et j’y travaille depuis 20 ans. A Nice, terroir sous la double coupe d’Estrosi et de Ciotti, et également prisé de la famille Le Pen. Je vois professionnellement des cohortes d’étudiants de BTS, notamment dans les BTS industriels, être sous influence d’idées du FN. Et quant au combat politique et idéologique, comme directeur depuis 10 ans de notre hebdomadaire fédéral le Patriote Côte d’Azur pour faire vivre nos combats d’idées sur ce terroir politique difficile, je ne crois pas non plus « sous estimer les risques de 2017 » : je les vis tous les jours. Mais qu’appelle-t-on y faire face ?

Des candidatures uniques de la gauche partout  (au sens « des gauches et de l’écologie » comme dit l’Appel de Libération mais aussi Cambadélis) en détournant ce vers d’Aragon « Quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat » ? Nous sommes bien placés dans les Alpes Maritimes pour voir que le PS y compris localement, (pas simplement le clan Valls-Hollande) est largement « macronisé » si j’ose dire. Nous allons avoir une législative partielle en mai dans les Alpes Maritimes suite à la démission d’Estrosi. Vous imaginez une « candidature de toute la gauche », en pleine bataille sociale et parlementaire contre la loi El Khomri, au motif « il-ne-faut-pas-que-la-gauche-soit-absente-su-second-tour » ? Poser la question, c’est y répondre j’espère pour tous !

Alors je sais bien que Gérard Filoche, comme il l’annonce rituellement depuis au moins 20 ans, va dire que « cette fois-ci, c’est la bonne et la gauche du PS va y prendre le pouvoir ! ». C’est illusoire, ne serait ce que parce que bien des personnes qui auraient pu faire une majorité mieux orientée à gauche au sein du PS n’y sont plus ….. La vraie question, c’est que bien souvent ces personnes ne sont nulle part aujourd’hui ou isolées.

Et puis, sur le fond, vouloir « refonder » ou « reconstruire la gauche » (objectifs partageables) ne peut franchement pas faire l’économie de l’idée d’émanciper celle-ci de l’hégémonie du PS, après tout ce qu’on a vécu depuis 30 ans en France et aussi en Europe. Il est de ce point de vue bien inquiétant que dans plusieurs contributions, on s’en prenne jusqu’à l’idée « d’ambitionner devancer le PS » en lui faisant porter la responsabilité que le résultat de 2012 n’ait pas été plus haut….Après la disparition de toute analyse du PS au sein du projet de base commune adopté par le CN, cet abandon de cet axe qu’il faudrait disputer au PS l’hégémonie au sein de la gauche, est une très curieuse façon de vouloir la refonder !

En résumé sur ce point, « ne pas sous estimer les risques de 2017 », c’est au moins :

Ne pas se tromper d’époque, ni faire des analogies historiques abusives. Et, je trouve de ce point de vue que les précisions apportées par Frédérick Genevée sur la comparaison avec les années 30, sont importantes ( http://congres.pcf.fr/85967 )

On mesurerait mieux ces risques et on y ferait mieux face si on niait moins certains éléments de droitisation de la société, et si on ne sous estimait pas la rudesse, dans l’ampleur et la durée, des efforts à fournir pour remonter la pente de certaines défaites idéologiques de ces 30 dernières années.

Comprendre que toute thématique dans l’état de crise démocratique et de défiance de masse vis-à-vis de la politique qui s’apparenterait pour les gens à un « Sauver la gauche ! » est vouée à l’échec total. Ça ne motivera aucun abstentionniste. « Refonder la gauche » peut, par contre, être audible, sur des propositions à la fois immédiates liées aux urgences des souffrances populaires, et de plus long terme. Si le type de rassemblement est réellement nouveau : Et, de ce point de vue, la façon dont on reconnaitra une EXISTENCE et du POUVOIR aux non encartés qui s’y mobiliseraient est importante : sinon on en restera aux limites des Espaces Citoyens des années 90, ou de ce qui a contribué à laisser le Front de gauche à l’état de cartel de partis. Le contenu et le type de rassemblement permettant de faire avancer, sans avoir peur d’énoncer l’idée, de s’émanciper franchement de l’hégémonie du PS sur cette gauche refondée.

 

Quelques mots sur le problème Mélenchon

Puisque certains ne cessent de colporter que notre but serait de soutenir Mélenchon. Nous étions une centaine à lancer ce texte alternatif. Je connais certains d’entre eux, pas tous. Pour les échanges et discussions que j’ai pu avoir la question Mélenchon ou pas Mélenchon n’est pas notre sujet. De même que notre problème n’est pas qu’on nous « explique mieux » la base commune proposée par le CN. Elle ne nous convient pas. Principalement dans la façon d’appréhender les échéances de 2007. Nous sommes maintenant 630, donc je connais encore moins tous les signataires. Et ce qui nous rassemble, c’est dans le titre même de notre projet de base commune alternative : quelle ambition communiste pour faire face à la situation qu’affronte le peuple de France ?

La façon dont Mélenchon a annoncé sa candidature est parfaitement dommageable. Mais si j’entends bien que nous lui disons de rejoindre un « cadre collectif », de quel « cadre collectif » s’agit-il ? Si nous entendons par là les réunions du jeudi avec la direction nationale du PS pour la « primaire des gauches et de l’écologie »…alors il a plutôt raison de ne pas y aller ! C’est tout le problème de la situation, qui s’aggravera si chacun en plus se met à préparer les législatives de son côté.

C’est aussi pour cela que notre proposition de base commune alternative ( Assises, votation citoyenne, etc .. ) peut être une chance pour sortir par le haut de ces embrouilles et de cette impasse, pour nous-mêmes et pour la gauche de transformation sociale.

Pour conclure, dans une précédente contribution, comme beaucoup de communistes je le découvre chaque jour où de nouveaux soutiens s’expriment, je désespérais de la préparation de ce Congrès, si nous avions du rester coincés entre une base commune du CN en retrait sur les avancées du Congrès de 2008, et les textes alternatifs hyperclassiques.

L’élaboration et l’irruption du texte « L’ambition communiste pour un Front de gauche populaire et citoyen » a déjà changé « l’atmosphère », et peut permettre à bien des communistes de reprendre confiance et d’être de plein pied dans le débat. Il était donc nécessaire. Au-delà il peut être utile comme une base d’unité claire et offensive pour nous sortir tous des ornières du temps présent.

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