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Échange avec mes camarades signataires du projet de texte alternatif « L'ambition communiste pour un Front de gauche populaire et citoyen » - Igor Zamichiei - 75

Plusieurs projets de texte alternatif, trois ou quatre probablement, pourront remplir les conditions statutaires de leur validation. Ils méritent tous un échange constructif sur les orientations proposées. C'est l'objet de cette contribution visant à approfondir le débat avec les camarades signataires du texte intitulé « L'ambition communiste pour un Front de gauche populaire et citoyen ». Au fond, les rédacteurs le disent eux-mêmes, ce texte est né d'une inquiétude quant à notre orientation stratégique pour 2017. Il est donc de la responsabilité des membres de la direction nationale, qui comme moi ont voté pour le texte du Conseil national1, d'y répondre. D'autant que chacun a conscience que la gravité de la période politique nécessite de produire tous les efforts possibles pour construire l'unité des communistes. L'adresse aux communistes de Pierre Laurent y contribue et le Conseil national du 15 avril sera une nouvelle étape de notre discussion. En définitive, ce sont les communistes qui feront souverainement leur choix pour 2017 au Congrès national.

Je partage une partie des objectifs affichés par les rédacteurs, en premier lieu l'« ambition communiste », c'est-à-dire une ambition qui vise le dépassement du système capitaliste ; deuxièmement la poursuite de la stratégie de rassemblement initiée avec le Front de gauche en tirant les leçons de l'expérience. Deux objectifs clairement affirmés dans le texte du Conseil national. Nous devons je crois éviter tout procès d'intention : personne au sein de la direction du PCF ne souhaite reproduire « le schéma ancien de la gauche plurielle ». Reconnaissons que le débat porte non sur les objectifs énoncés mais plutôt sur les moyens de les atteindre. C'est là mon désaccord avec ce texte. Je crains même que l'orientation que celui-ci propose conduise précisément, puisqu'il s'en inquiète, à « retarder le moment de véritables ruptures antilibérales et de progrès démocratiques majeurs ».

La raison est simple : si ces ruptures et ces progrès nécessitent d'être sans concession sur notre projet antilibéral, elles ne pourront se réaliser que par la construction de majorités d'idées et d'action dans le pays. Marchons sur nos deux pieds : contenus et rassemblement. Cela implique une offensive politique de grande ampleur visant un élargissement du Front de gauche pour dépasser de loin son socle actuel : ce n'est pas en reproduisant nos 11 % de 2012 que nous changerons la situation politique. Dire cela, ce n'est pas sous-estimer pour autant le fait que ce résultat est le meilleur obtenu par un candidat présenté par le PCF lors d'une présidentielle depuis vingt ans. Mais mesurons que lors de la campagne de 2012, notre progression s'est arrêtée à ce niveau à partir du moment où nous avons fait de notre objectif principal celui de « passer devant le PS » plutôt que de poursuivre dans la mise en mouvement populaire autour du programme l'Humain d'abord en travaillant à créer des fronts majoritaires autour de nos propositions.

Alors que la droite, voire l'extrême droite, peuvent désormais l'emporter en 2017, avec les conséquences politiques gravissimes que cela implique, n'avons-nous pas une autre ambition à proposer ? Ne devons-nous pas dire tout simplement que nous voulons GAGNER la présidentielle ? Je sais que beaucoup d'entre nous se disent que c'est impossible, que « 2017, c'est déjà foutu » comme je l'entends souvent. Bien sûr que les obstacles sont nombreux. Mais les points d'appui existent. La droite est divisée. Toutes les digues séparant l'extrême droite du pouvoir national n'ont pas sauté. Et surtout, au lendemain d'une journée de manifestations contre la loi travail qui a rassemblé 1,2 million de personnes dans le pays, nous devrions reprendre espoir ! Oui, nous pouvons faire reculer le gouvernement sur la loi El Khomri ! Et oui, nous pouvons construire avec tous les acteurs et les actrices de cette mobilisation la victoire en 2017 pour répondre enfin à leurs exigences.

Construire cette victoire, cela suppose dans la situation actuelle, de prendre des risques politiques. Celui par exemple de dialoguer, comme nous le faisons lors des lundis de gauche, avec des dirigeants socialistes toujours membres d'un PS certes « discrédité » mais contestant quant à eux pourtant clairement la politique du gouvernement. Celui aussi d'ouvrir la porte à une primaire de gauche parce qu'elle peut être utile dans la situation actuelle pour désigner une candidature commune de tous ceux qui veulent une alternative de gauche. Les conditions énoncées par la direction du parti sont claires : commencer par un débat populaire sur le projet pour construire un socle d'entrée ; et en aucun cas apporter le soutien de notre parti à un-e candidat-e défendant le bilan du quinquennat, Hollande et Valls en particulier. On peut nommer cette primaire « votation citoyenne » comme le fait ce projet de texte alternatif mais convenons que cela revient au même. Seule une candidature commune des forces du Front de gauche, des écologistes et de socialistes opposés au pouvoir sera en capacité d'accéder au second tour de l'élection présidentielle. Quelle autre proposition crédible pour atteindre cet objectif ? Une telle candidature ne peut faire l'objet d'un consensus de sommet entre forces politiques dans la situation de morcellement de la gauche que nous vivons. Il est encore plus improbable par ailleurs que cette candidature puisse être celle de Jean-Luc Mélenchon dans sa forme actuelle, c'est-à-dire déconnectée d'un processus collectif de forces politiques et citoyennes partageant notre objectif.

J'en viens au débat sur le Front de gauche. Je me suis pleinement engagé, comme l'immense majorité des communistes à Paris et partout en France, dans la campagne présidentielle de 2012 avec Jean-Luc Mélenchon. J'ai été parmi les premiers à déplorer publiquement ses déclarations et celles de certains de nos camarades du parti se résignant, devant les difficultés de notre rassemblement, à dire que la page du Front de gauche devait être tournée. Mais nous devons avoir aussi un débat franc sur ces difficultés et sur les solutions pour les dépasser. Je ne pense pas que les difficultés du Front de gauche viennent du fait que « le principe d’adhésions directes au Front de gauche a été refusé et la constitution d’assemblées citoyennes souveraines découragée » comme l'affirme ce projet de texte alternatif. Je veux dire quelques mots de cet enjeu. Notons d'emblée concernant les adhésions directes, que nous avons déjà eu dans le parti le débat : l'immense majorité des camarades souhaitent que nous cherchions à combiner souveraineté du PCF et nouveaux pouvoirs citoyens plutôt que de viser un dépassement de notre parti auquel cette proposition conduirait.

Pour atteindre nos objectifs, la remobilisation des classes populaires, des abstentionnistes, est la question clé.

Elle nécessite de construire avec elles, à partir de leurs exigences, un nouveau récit politique émancipateur qui leur redonne l'espoir et l'envie de se mobiliser. Un des principaux problèmes du Front de gauche a été l'enfermement de notre rassemblement dans une posture uniquement contestataire du pouvoir. Nous ne pouvons pas tirer un trait d'égalité entre toutes les composantes du Front de gauche quant à la responsabilité de cette posture. Sans ambition de changement lisible, crédible, en écho avec les aspirations populaires, il n'y aura aucun attrait pour notre rassemblement. Cela implique un PCF offensif sur les contenus qu'il met en débat pour remporter des victoires idéologiques et politiques.

Et il ne suffira pas de proposer aux classes populaires de participer à des « assemblées citoyennes » et à des « assises de la transformation sociale et écologique ». Chacun peut partager l'idée d'une telle initiative mais elle ne répond pas au problème auquel nous sommes confrontés. Dès le lendemain de l'élection présidentielle nous avons essayé de pérenniser les assemblées mais peu de « non encartés » y ont participé. Pour renouer avec l'investissement politique, nos concitoyens doivent avoir le sentiment que leur parole est réellement prise en compte. Alors faisons-le vraiment ! La grande consultation citoyenne nationale proposée par le texte du Conseil national me semble une démarche novatrice de ce point de vue. Liée à un travail de terrain dans nos circonscriptions, pour mêler ambition présidentielle et législative, cette consultation peut nous permettre de présenter nos propositions et de recueillir les exigences de nos concitoyens pour les imposer avec eux dans le débat politique en formulant un mandat populaire clair pour les échéances de 2017.

Un dernier mot pour conclure cette contribution à mes camarades qui proposent ce texte : si nous voulons être plus combatifs que jamais contre ce pouvoir, si nous voulons dire clairement notre antilibéralisme, et plus fondamentalement à mon sens notre anticapitalisme, si nous voulons donner un nouvel élan à notre stratégie de rassemblement initiée avec le Front de gauche, alors ayons de l'audace comme le suggère mon camarade Henri Malberg dans une récente contribution : l'audace de chercher à subvertir des propositions politiques qui n'émanent pas de nous pour devenir majoritaire tout en ne cédant rien sur notre ambition communiste.

Igor Zamichiei,

Secrétaire de la Fédération de Paris du PCF.

1La résolution sur les perspectives pour 2017 a été adopté à 81 % lors du Conseil national des 5 et 6 mars 2016.

 

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