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Ouvrir la voie du rassemblement le plus large - Robert Clément - 93

En pleine préparation de notre congrès, les appels se multiplient demandant aux communistes, ici, de signer pour soutenir un candidat autoproclamé, là pour demander la même chose, sans le dire ouvertement. Ce dont nous avons besoin c’est d’un débat politique sérieux, serein, responsable et respectueux. Je veux y apporter ma modeste contribution en faisant mien ce propos de mon ami et camarade José Fort « La vision communiste ne se construit pas avec d’anciens membres de l’appareil. La nouvelle génération de militants et de dirigeants communistes peut s’appuyer sur l’expérience des plus anciens. S’appuyer sans plus. Ce ne sont pas les anciens dirigeants qui feront l’histoire de demain. À eux de rester discrets et humbles ». Que chacune, que chacun, prenne donc mon propos comme un appui, ni plus ni moins.

 

Je viens de lire le projet de « base commune alternative », intitulée « l’ambition communiste pour un Front de gauche populaire et citoyen ». Je retrouve dans ce texte, écrites différemment, de nombreuses idées contenues dans la base commune adoptée par le Conseil national. Il est fait reproche à cette dernière d’être « davantage un texte de propositions pour une politique de gauche que de l’énoncé du sens et de la raison d’être communiste dans le monde d’aujourd’hui ». Ce n’est pas mon point de vue. Les grandes transformations qu’il énonce visent l’émergence d’une société du commun. « Dessiner les contours d’une société fondée sur la liberté, l’égalité et la partage, un nouveau mode de développement social et écologique, l’exigence féministe d’égalité, l’aspiration à l’autonomie de chacune et de chacun, l’appropriation et l’échange des savoirs, des idées et des cultures ». Pour moi, ce mouvement que nous nommons communisme de génération a du sens. Même si nous devons, j’en conviens, expliciter davantage que notre visée, celle du communisme, c’est une société débarrassée de toute forme d’aliénation, d’exploitation, de domination et de prédation de la planète.

 

Je passe volontairement sur quelques raccourcis et approximations pour en venir aux désaccords manifestés par les signataires de ce texte qui voient dans la base commune adoptée par le Conseil national un retour à la « gauche plurielle », et résumant les propositions qu’elle énonce, à l’organisation d’une primaire, qui par la présentation qui en est faite, fait penser à celles du PS et de la droite, avec les connotations négatives qu’à juste titre elles portent.

 

Une lecture attentive de ce document me conduit à constater une sérieuse sous estimation du moment politique actuel. A-t-on bien conscience des dangers qui sont devant nous ? Peut-on faire comme si rien ne s’était passé depuis 2012 et qu’il suffirait de rejouer la même scène ? Nous affrontons l’une des périodes cruciales de notre histoire. Lourde de dangers. Dans les coulisses le scénario est ficelé : « C’est un match à trois auquel se livreront, au premier tour des présidentielles, le Parti socialiste représenté par Hollande ou un autre, la droite avec Juppé ou Sarkozy et Marine Le Pen ».

 

Un scénario qui nous envoie tout droit dans le mur, avec un second tour opposant le candidat de droite au Front national, et dans la foulée des législatives qui seront la réplique des derniers scrutins et des partielles. Le risque est grand de se retrouver avec une assemblée nationale, dans son immense majorité, aux couleurs bleue et noire. Les futiles et oiseuses querelles doivent, à mon sens, être mises au vestiaire, car après il sera trop tard. Le premier reproche que je fais donc à ce texte c’est de ne pas mesurer le danger qui est à nos portes. Ce serait la disparition de la gauche et de toute perspective de transformation sociale.

 

Certaines et certains de mes camarades jugeront ce propos excessif, et pourtant. Dans deux grandes régions, Provence-Alpes -Côte d’Azur et Nord –Pas de Calais –Picardie, droite et FN se trouvent seuls aux commandes durant 5 ans. Partielles après partielles, l’une et l’autre se trouvent le plus souvent face à face. Les électrices et les électeurs qui croyaient au changement en votant Hollande au premier tour, s’abstiennent massivement. Sans pour autant que le Front de gauche en tire bénéfice. Soyons lucides, ce dernier n’est pas apparu comme une force utile au changement. L’exemple de la région Midi- Pyrénées –Languedoc –Roussillon est de ce point de vue éloquent. Alors que le total des voix du front de gauche et des verts s’élevait de 20%, toutes ces forces réunies sur une même liste atteignent 10%.

 

Cela ne me conduit nullement à considérer que le Front de gauche ne continue pas de nourrir des espoirs dans le mouvement social et une partie du peuple de gauche. Je crois pouvoir dire que l’immense majorité des communistes ne veut pas brader l’acquis du Front de gauche et les forces accumulées dans ce rassemblement. Affirmer cette volonté commune est nécessaire, mais il convient dans le même mouvement de procéder à une analyse sérieuse des difficultés et formuler des propositions pour les dépasser.

 

Le texte évoque, comme causes principales, « la forme de cartel d’organisations que s’est donné le Front de gauche », les différences de conceptions et de positions, comme les intérêts propres des organisations et des personnes », le refus du principe d’adhésions directes au Front de gauche ». D’autres ont évoqué un manque de radicalité, une insuffisante critique de la politique gouvernementale, ou bien encore « des alliances à géométrie variable, empêchant toute lisibilité ». Ces explications éludent, à mon sens, les causes réelles des difficultés auxquelles s’est heurté le Front de gauche.

 

Il y a d’abord, la violence des renoncements du pouvoir à mener une politique au service des intérêts populaires qui a pesé et pèse sur la crédibilité d’une alternative à gauche. Et puis, pourquoi se cacher derrière son petit doigt, des désaccords stratégiques sur la question du rassemblement, que les bons résultats des présidentielles avaient balayé, mais qui sont rapidement réapparus.

 

Il est utile, je crois, de rappeler ce que nous disions à propos de l’avenir du Front de gauche à notre 36ème congrès :

 

« Avec toutes les forces disponibles, nous voulons écrire la saison deux. Nous voulons donner un nouveau souffle à la dynamique citoyenne qu’il suscite, en permettant à un grand nombre de femmes et d’hommes de toujours mieux s’y retrouver, notamment dans le développement des assemblées citoyennes, qui prennent parfois la forme d’ateliers législatifs. Notre conviction est que ces espaces doivent fortement se développer au plus près des territoires dans les formes adaptées que décident celles et ceux qui y participent »…

 

 

« Ensemble, nous sommes porteurs d’une grande ambition. En poursuivant sue le chemin où nous nous sommes engagés, nous voulons en faire un lieu où la politique devient, de façon de plus en plus irrésistible, l’affaire de toutes et tous, l’affaire du peuple, contribuant à l’émergence d’un nouveau Front populaire. Du Front de gauche, nous portons l’ambition d’en faire un grand mouvement populaire capable de bousculer le rapport des forces à gauche jusqu’à rendre majoritaires les options de transformation sociale… »

 

 

C’est sur la base de cette orientation que des divergences se sont exprimées au cours de ces trois dernières années. Radicalité, contestation, certes, mais quid de l’ambition majoritaire du Front de gauche, qui a été au cœur des débats dès sa fondation.

 

Alors pour affronter les défis qui se trouvent devant nous, n’est-il pas nécessaire de prendre en compte le moment politique dans lequel nous évoluons, la recomposition politique en cours et l’urgence d’y répondre ? Si je ne suis pas en désaccord avec l’idée que le Front de demeure un repère indispensable, une question essentielle reste néanmoins posée : Doit-il devenir une structure ouverte aux citoyen-ne-s, militants syndicaux, associatifs, féministes…,  comme le propose cette base commune alternative, ou bien, comme je le crois, un nouveau front populaire et citoyen, un nouveau front social et politique, que les communistes veulent contribuer à faire émerger en rassemblant toutes les forces de gauche et de l’écologie, ouvrir un nouveau chemin d’espoir pour notre pays.

 

Ce texte réclame « une prise de risque, de l’expérimentation, du dépassement parfois, de l’ouverture toujours ». Précisément, ce sont les propositions de la base commune adoptée par le Conseil national, qui me paraissent les plus audacieuses, et répondant mieux aux enjeux auxquels nous nous trouvons confrontés.

Un mouvement profond est en train d’émerger. Ce mouvement qui s’appuie sur les réseaux sociaux commence à faire bouger la jeunesse qui dit « que trop c’est trop ». Ce mouvement prend forme au moment où le débat est enfin relancé à gauche. Un affrontement est en cours entre celles et ceux qui restent attachés à la gauche et ceux qui s’emploient à la construction d’un bloc social-libéral.

 

Au-delà des échéances électorales c’est l’avenir de la gauche et du progrès social qui sont en jeu. Les communistes ne peuvent rester insensibles et indifférents à cette dure réalité. Nous ne sommes plus en 2012. Nous ne pouvons y apporter les réponses d’alors. Sans ignorer combien la défiance à la politique reste immense, en même temps, des millions d’hommes, de femmes, de jeunes sont en attente et cherchent une autre voie pour la France. Ce sont celles et ceux qui signent des pétitions en ligne, défilent conte la loi EL KHOMRI, et qui du même coup reprennent goût au débat. Et qui sont-ils ? Des électeurs du Front de gauche, des écologistes, mais celles et ceux qui ont glissé dans l’urne un bulletin HOLLANDE au premier tour, en 2012. Ils iront voter en 2017, jugeant que c’est le moment d’exprimer ce que l’on a sur le cœur.

 

Et bien, pour moi, « la primaire » c’est eux. Et l’ambition des communistes est de les faire se rencontrer, échanger et agir pour un socle politique qui rompt avec la politique du gouvernement HOLLANDE/VALLS/MACRON/ EL KHOMRI en étant porteur d’un projet de gauche et d’un choix de société ? pour une majorité législative et une candidature commune à l’élection présidentielle. Née du rejet de la politique gouvernementale, « la primaire » ne peut donc en aucun cas redonner une nouvelle légitimité à ceux qui nous gouvernent.

 

Ce texte nous dit encore « pas de dynamique possible sans une rupture claire avec un PS discrédité ». Avec ceux qui nous gouvernent sans aucun doute ! Avec la direction du Parti socialiste, sans aucun doute non plus ! Mais cela devrait-il nous conduire à ne pas ouvrir le débat avec des socialistes qui remettent en cause la politique gouvernementale et cherchent d’autres chemins. Personnellement je n’ai vu que des avantages à voir Christian PAUL et Gérard FILOCHE, invités par Pierre Laurent, à venir participer aux lundis de la gauche aux côtés de militants syndicalistes, associatifs, d’économistes ou des personnalités du monde de la culture. À ce compte fallait-il que le Front de gauche participe à l’exécutif de la région Midi –Pyrénées –Languedoc –Roussillon présidée par Corinne DELGA, encore ministre à l’automne dernier ? On ne peut se réclamer d’une « ouverture » et ne pas prendre en compte ce qu’il se passe parmi les socialistes.

 

Pour ma part je ne sais pas si nous parviendrons à construire dans chaque circonscription un très large rassemblement des forces de gauche et progressistes où les candidat-e-s s’engageraient sur un contrat démocratique et d’intégrité devant les citoyens acteurs « d’États généraux ». Je ne sais pas si nous réussirons à faire émerger, pour l’élection présidentielle, une candidature commune qui bouscule la donne, qui relance une gauche de rupture avec la politique suivie depuis quatre ans. Mais j’estime que cette voie est la seule qui permette de sortir du piège qui nous est tendu, et que nous devons tout faire pour réussir

 

Enfin, autant il me parait nécessaire de regarder nos choix politiques avec un œil critique, d’analyser sans complaisance nos manquements, nos insuffisances, voire nos erreurs, autant il me semble injuste et osé de faire porter les difficultés du Front de gauche ou l’annonce « hors parti » de la candidature de J.L Mélenchon à notre seul Parti.

 

C’est pourtant ce que fait ce texte lorsqu’il est écrit à propos de la candidature de Jean-Luc Mélenchon, « qu’il est dommageable qu’on en soit arrivé là. COMME L’EST AUSSI LE FAIT QUE NOUS N’AYONS JAMAIS EXAMINÉ NI DÉBATTU DE CETTE ÉVENTUALITÉ TOUT À FAIT PRÉVISIBLE DEPUIS DES ANNÉES, ET QUE NOUS N’AYONS PAS ÉLABORÉ UNE STRATÉGIE QUI EN TIENNE COMPTE ET PERMETTE DE POURSUIVE LA DÉMARCHE COLLECTIVE QUI A MONTRÉ SON EFFICACITÉ ».

 

Il est étonnant que le Parti de gauche s’adresse aux formations composant le Front de gauche pour qu’elles soutiennent dans un comité de liaison la candidature de J. L. MÉLENCHON, alors que ce dernier la présente « comme une candidature « hors cadre des partis » et qu’elle ne s’adresse pas à la gauche mais au peuple !

 

Dans le grand débat public qui s’engage, le Front de gauche doit en être partie prenante et il serait heureux que J.L. MÉLENCHON s’inscrive dans ce processus collectif sans lequel une candidature en rupture avec le libéralisme n’a aucune chance de succès.

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