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Le débat de la semaine

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Débat n°5 : quelles pratiques militantes pour améliorer notre action ?

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A propos de situation inédite et d'innovation. Daniel Cirera - 93

Partie 1.- Notre débat porte le caractère inédit de la situation

 

- Le congrès de juin 2016 sera à juste titre dominé par les échéances de 2017. La question est de savoir si le débat des quelques semaines qui le précèdent va se cristalliser sur la stratégie électorale avec ce que l'échéance présidentielle a de tétanisant et de traumatisant pour les communistes. Ou bien si ces semaines, comme les mois qui suivront, intégreront l'effort de mise en perspective au-delà de 2017, en tirant - autant que faire se peut - quelques enseignements de la période écoulée, notamment depuis 2010. Une analyse sincère, exigeante et critique n'a de sens et d'utilité que pour affronter au mieux la période qui s'ouvre. Elle n'a d'intérêt que si elle aide à se libérer des débats tournés vers nous-même et de l'obsession des constructions de sommet.

 

- Le débat entre communistes est réel. Il est le plus souvent réduit, par les mécaniques réductrices de la bataille politique, au positionnement stratégique, avec le PS ou contre, pour ou contre le front de gauche, etc. Les clivages sont plus profonds. Ils portent sur l'appréciation de la réalité, de son mouvement, de ce qui travaille la société, négativement mais aussi comme potentiel, du caractère inédit de la situation, de la profondeur la crise et de ce qu'elle induit sur les conditions de la transformation et de la contestation de la domination capitaliste, de la pertinence, ou non, du communisme, et de l'existence d'un parti. De ces analyses découlent les stratégies.

 

Dans le cadre de cette contribution je souhaite pointer quelques éléments qui me semblent pour certains insuffisamment pris en compte, moins dans l'analyse - à toujours approfondir - que pour leurs implications dans les pratiques.

 

- Un moment inédit

 

Monde nouveau, ère nouvelle, les expressions ne manquent pas pour définir ce moment de grandes ruptures, d'émergence de défis dans leur dimension planétaire (écologique notamment), de bouleversements des rapports de puissance, des échanges, des modes de production, etc. Monde incertain, traversé de violence et de menaces qui masquent les mouvements d'émancipation et de contestation de l'ordre existant. Monde imprévisible donc inquiétant.

 

Inquiétude sur le présent et l'avenir pour des populations comme les européens, particulièrement les Français, quand la place et le rôle de la France dans le monde se trouvent contestés et redéfinis dans les équilibres en construction. Quand en Europe se cumulent les crises des réfugiés, de l'euro, de légitimité du projet, les tensions avec la Russie, la menace terroriste, l'espace est ouvert pour l'instrumentalisation de toutes les peurs. Plus encore quand les forces se réclamant du socialisme et du communisme sont affaiblies, marginalisées, confrontées au brouillage et à l'effondrement de repères, concurrencées par des forces nouvelles.

 

Puissante et compréhensible est la tentation du repli, contestataire, sectaire, catastrophiste, etc. face à cette nouveauté et la difficulté d'innover.

 

En réalité le débat entre communistes - et plus largement - porte sur les implications de ce caractère totalement inédit du moment, sur les potentiels de changement, de confiance et de rassemblement qu'il porte, à condition d'être ouvert à l'exigence de novation.

 

- La portée et les conséquences de la crise de 2008

 

La même question est posée dans la prise en compte de la crise de 2008. Elle est à mon sens banalisée. Sans doute parce que la France a été relativement moins touchée que d'autres pays, les Etats-unis en 2008 puis l'Europe en 2009-2010. Pourtant l'essor des mouvements sociaux contre l'austérité (Occupy, les Indignés, en Irlande, au Portugal et beaucoup plus largement, jusqu'aux évolutions de la CES, etc.) y trouve son origine. Leurs traductions politiques progressistes (Syriza, Podemos, Portugal, Corbyn, Sanders), sont une réponse aux résistances aux politiques d'austérité qu'elle a accentuées. Elles y trouvent leurs thèmes (montée du débat sur les inégalités, critique des banques et de la finance, contestation du rapt démocratique). C'est une rupture. Une rupture qui marque une déligitimation du récit et des repères idéologiques néo-libéraux développés à partir des années 1970, même si dans l'affrontement de classe les politiques néo et socio-libérales restent à l'offensive.

 

En France la page a été vite tournée des grands mouvements unitaires de 2009/2011 (rappel de la plate-forme syndicale unitaire et de la manifestation du 29 janvier 2009 puis le puissant mouvement des retraites). Le potentiel a été canalisé puis ignoré au profit des stratégies électorales de sommet tournées vers 2012. Qu'est devenu ce potentiel, comment s'est-il exprimé depuis 2012 ? Quelles leçons pour aujourd'hui, dans le rapport entre mouvement social, mouvement de la société et offre politique?

 

- La crise de la politique

 

Le constat est partagé. On est au-delà du conjoncturel. Ce qui domine, c'est la lassitude, l'absence de perspective, le sentiment d'impuissance, la défiance envers les "appareils" politiques et les institutions (12% font confiance aux partis). C'est particulièrement marqué en France comme en Europe du sud. Avec la profondeur de la crise européenne (zone euro, réfugiés, Brexit, etc.), les inquiétudes et le brouillage des repères, le besoin de protection, le terrain est propice aux sirènes du repli, aux manipulations et aux illusions populistes, (vidant de son contenu progressiste et transformateur l'exigence de justice sociale et d'égalité, de reconnaissance démocratique face aux pouvoirs (argent et politique).

 

Une certitude: la profondeur du besoin de protection et de changement. Changement d'idées, de pratiques et de personnels. Quelles implications pour le Pcf?

 

Partie 2. - Echéances et perspectives: responsabilité et innovation

 

- L'échéance de 2017

 

C'est dans ce contexte incertain, national et européen, que se profilent les échéances de 2017. Incertain et inédit aussi au plan intérieur. Rien à voir avec 2012, ni 2007 ni le 21 avril 2002. Bien risqué qui dira où l'on a sera dans un an. Une certitude: la situation est à hauts risques.

 

Que voulons-nous pour l'après? Les élections fixeront le rapport de forces, d'accord. Une question est posée dès à présent: quelle majorité pour quelle politique nouvelle répondant aux attentes populaires et au besoin du pays? Mettons en débat dans les mois qui précèdent ce que pourrait être un contrat de majorité avec quelques priorités en phase avec les réalités vécues et sur lesquelles s'engageraient les partis et les candidats, chacun défendant par ailleurs sa vision de plus long terme.

 

La présidentielle. La présence d'un candidat de gauche au deuxième tour est posée. En l'absence de visibilité sur la situation à ce moment-là et sur les candidatures à gauche, y compris de François Hollande, (mais aussi à droite) la primaire à gauche permet d'ouvrir le débat articulant la contrainte institutionnelle du 2° tour et le débat public pour une perspective au-delà des déceptions. Cette prise de position responsable implique une présence communiste dans le débat présidentiel, jusqu'à une candidature. Et une présence avec un parti. Plus encore dans un moment qui s'annonce difficile, voire chaotique, quel que soit le résultat de l'élection.

 

- Le besoin d'un parti communiste

 

Changement d'idées, de personnels, de pratiques. Ces exigences concernent le Pcf autant que les autres forces. Plus encore pour un parti qui célébrera bientôt ses 100 ans et qui a pour raison d'être changer l'ordre des choses. Fondamentalement parce que le mouvement réel appelle un conception renouvelée du communisme politique. Un communisme des années 2000 et le parti qui le porte. Il faut un parti. Un parti de l'émancipation humaine qui pose la nécessité et la possibilité du dépassement d'un système dominé par les exigences du capital. La possibilité d'une société post-capitaliste. Il s'agit sans doute d'adapter l'organisation aux conditions nouvelles du militantisme, à la place prise par la circulation de l'information, par les réseaux sociaux, à la centralité de la participation de l'individu comme citoyen aux choix qui concernent sa vie et son devenir, individuel et collectif. Indissociablement une force politique qui mette en cohérence l'organisation avec une conception renouvelée de la transformation à partir des contradictions générées par la crise du système dans toutes les sphères de la société. Un parti de type nouveau qui mette en cohérence l'organisation, la visée transformatrice, la primauté et la confiance accordée au mouvement populaire jusqu'aux alliances majoritaires en vue de la participation au pouvoir.

 

Certains pensent qu'il est trop tard. Des occasions manquées se sont payé comptant. Seule la remise de l'ouvrage sur le métier, sur la base de la réalité dans sa nouveauté et ses contradictions, sur la base d' expériences, permettra de juger de la capacité de répondre à ce défi, existentiel. Le paysage politique est en plein mouvement. Aucune force ne peut ignorer la distance entre le peuple et les institutions, ni la force du besoin de changement, si elle veut retrouver une influence et une légitimité. Sur fond de crise de la social démocratie et du communisme du 20° siècle, des stratégies sont à l'oeuvre pour occuper l'espace.

 

La question est posée aux communistes, direction et adhérents. Ceci posé, l'enjeu concerne bien au-delà de ce cercle celles et ceux qui ne se satisfont pas de l'état des choses, et ne se retrouvent pas dans une social-démocratie, même gauchie, ni dans un radicalisme sectaire et impuissant.

 

Ce n'est pas qu'une affaire de congrès. C'est affaire de conscience lucide de l'état réel du Pcf, de volonté politique pour l'ouverture d'un chantier ouvert, conclu au terme du débat par un congrès.

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