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Le débat de la semaine

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Débat n°5 : quelles pratiques militantes pour améliorer notre action ?

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Contribution générale de la cellule Audin de Bonneuil-sur-Marne - 94

I/ Les fondamentaux

 

  1. En quelques décennies, le capitalisme est passé de statut de « modèle de société possible » à « seul modèle de société possible » à l’échelle mondiale. Dans le même temps, et c’est logique, l’idée communiste a perdu énormément de terrain. Nous avons provisoirement perdu la bataille idéologique. La crise engagée à partir de l’année 2007 constitue un terreau dans lequel certaines de nos idées sont devenues à nouveau audibles, et il faut sans cesse pousser en ce sens. Cependant, nous manquons cruellement d’une vision globale assise sur une réflexion de fond mettant à profit les décennies de pensée communiste de par le monde. En effet, la perte de cette bataille s’est doublée d’un abandon global et néfaste de cet héritage nécessaire à notre préparation de l’avenir. Le communisme est une idée développée depuis plus de 150 ans, enrichie par des décennies de réflexions personnelles et collectives. Nous devons nous réapproprier cet héritage afin d’aller plus loin, nous ne pouvons pas avancer en repartant de zéro. Aujourd’hui, des dispositifs de réflexion et d’écriture se sont remis en place, telle La revue du projet par exemple. C’est un point positif, mais nous avons désormais besoin de faire partager à l’ensemble des camarades ces outils et les réflexions que cela suscite. Les militants doivent devenir les bâtisseurs de la pensée communiste. Afin de mener ce projet, il sera indispensable de développer de manière considérable nos dispositifs de formation. Les militants communistes viennent d’horizons divers, n’ont pas le même rapport à l’écrit ou la réflexion approfondie sur des sujets pointus et complexes. C’est pourquoi le Parti communiste doit redevenir une force de formation, capable de faire discuter ensemble de manière constructive et sur des bases solides le camarade qui a commencé à travailler à 16 ans avec celui titulaire d’un doctorat. C’est ainsi que nous éviterons à notre Parti de décrocher de la société, en n’ayant quasiment que des dirigeants qui ont fait des études supérieures. Il en va de notre capacité à pouvoir représenter ceux que nous défendons.

 

  1. Justement, « ceux que nous défendons » : qui sont-ils ? Nous devons retravailler la notion de classe sociale. Encore une fois, l’offensive idéologique capitaliste a fait évoluer notre définition des classes sociales, disparue des discours et des analyses, en « catégories socio-professionnelles » auxquelles nous avons essayé de nous adapter tant bien que mal. Cependant, cela nous aveugle car ces catégories, qui divisent les travailleurs en de nombreuses tranches adaptées à l’évolution chaotique du monde du travail, nous empêche de penser le prolétariat moderne en tant que classe sociale ayant ses propres intérêts : le dépassement du capitalisme. Nous devons donc nous réapproprier les notions de prolétariat et de bourgeoisie qui, s’ils ont changé de forme, n’ont pas changé de nature. Seule cette analyse nous permettra d’avoir une vision claire des schémas économiques de la société et de bâtir l’unité du prolétariat, préalable indispensable à la mise en pièces du capitalisme et à la construction d’une nouvelle société démocratique et solidaire, que nous avons historiquement nommée « socialisme ». Le premier point ci-dessus nous permettra notamment de revenir sur la définition de cette société, quel que soit le nom que nous lui donnerons.

 

II/ Notre projet

 

  1. Nous devons donc dessiner un projet global, fourni, clair, qui nous permettra de répondre aux questions simples « qu’est-ce que le communisme ? » ou « que proposez-vous ? » auxquelles nous sommes constamment confrontés dans notre vie militante. Aujourd’hui, nous avons des analyses et des propositions pertinentes sur de nombreux points, en fonction de nos batailles du moment. Nous manquons du lien entre toutes ces luttes, de la vision globale de la société que nous voulons mettre en place. Dans notre société, le capitalisme conquérant sans ennemi crédible et puissant a profondément nourri le désespoir, que nous voyons bien dans le taux d’abstention et dans nos discussions quotidiennes. Afin de faire avancer nos idées, nous devons être capables de redonner espoir, de donner des perspectives de lutte et de victoire. Nous devons être capables d’exposer une proposition de société alternative au capitalisme. Nous avons besoin de ces armes, et nous avons besoin qu’elles soient les mêmes partout en France.

 

  1. Nous devons donc développer notre projet de société socialiste et communiste. Mais cette proposition ne doit pas être hors-sol et doit prendre en considération les éléments historiques et politiques dont nous sommes héritiers et qui sont les bases de la société française. La Révolution de 1789, la Commune de Paris, le front populaire, la Résistance ou les acquis du CNR doivent également alimenter notre réflexion. Ce sont des éléments incontournables de notre héritage politique, et la réflexion sur une notion aussi importante que la Nation doit être à nouveau pensée dans notre Parti. Notre projet doit donc être un projet de société au niveau national, mais nous devons aussi y développer la notion d’internationalisme, élément essentiel du combat communiste. Cette réflexion, afin d’être juste et efficace, ne pourra pas non plus se passer de notre analyse des sociétés en termes de classes sociales. Le Parti communiste est l’arme du prolétariat pour faire tomber le capitalisme et mettre en place une société d’émancipation. L’internationalisme étant l’union des prolétariats de chaque pays, unis parce que nous avons les mêmes intérêts, cela ne peut se passer d’une définition claire des classes sociales, valable au-delà des frontières de notre pays.

 

  1. Nous devons, sur la base de cette notion d’internationalisme, définir quel projet international nous souhaitons mettre en place. Ce projet devra être basé sur la coopération et la démocratie la plus poussée. A ce titre, il nous faut remettre clairement en cause l’Union Européenne, outil technocratique garantissant l’expansion sans limite du capitalisme dans tous les domaines de nos sociétés européennes. Nous le savons, l’UE n’est pas un outil démocratique. Les peuples n’ont aucune espèce de pouvoir, et nos représentants n’en ont guère plus. Tout projet politique national contraire aux orientations économiques de l’UE voit s’abattre sur lui les foudres de la Troïka, disposant de moyens de pressions importants tels que la monnaie, l’euro. Il nous faut donc prendre acte que la construction européenne telle qu’elle s’est faite est une captation des pouvoirs politiques et économiques nationaux dont il nous faut s’émanciper afin de faire avancer notre projet. Sur ce point, nous avons un pas de retard sur la société : l’idée que l’UE s’est faite contre les peuples est très partagée, mais pour l’instant seule l’extrême-droite profite de ce constat.

 

III/ Des moyens à mettre en œuvre

Cette partie ne dresse pas une liste exhaustive mais présente les points sur lesquels notre réflexion s’est portée.

 

1) Nous devons absolument redévelopper l’implantation de notre Parti dans les entreprises. Les structures de quartiers sont indispensables mais elles ne peuvent être suffisantes. Notre analyse de la société se base sur une relation par rapport au travail et à l’entreprise, il est donc impensable que nous ne soyons pas présents et que nous ne travaillions pas dans ce cadre. Nous devons remettre en place des outils permettant aux camarades de réimplanter des structures d’entreprise.

2) Il nous faut allier en permanence la lutte immédiate et la lutte à plus long terme. Pour cela, les deux jambes du travailleur que sont le parti révolutionnaire et le syndicat doivent marcher de concert. Le discours dominant a réussi à instaurer une distance bien trop grande, parfois même une fracture, entre ces deux outils nécessaires à la lutte. Il n’est pas efficace de rêver à une société plus belle sans être capable de mener les luttes indispensables aujourd’hui, et il n’est pas mieux de lutter aujourd’hui sans avoir de perspectives d’une société meilleure demain. Ces deux éléments doivent aller de pair. Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire depuis trop longtemps, notre Parti a vocation à être très intimement lié à l’organisation syndicale dans une nouvelle forme de coopération avancée dans laquelle chacun assume être le pendant de l‘autre.

3) Les médias sont de plus en plus concentrés entre quelques mains, celles de patrons du CAC40. Même si la liberté de la presse n’a jamais été aussi grande qu’on nous le dit, nous devons bien considérer que la situation s’aggrave. L’idée d’indépendance des médias et de la pluralité de la presse n’a jamais été aussi fausse depuis l’apparition des médias de masse. Nous nous devons de le dénoncer et de proposer des solutions visant à garantir un maximum de pluralité, comme limiter l’investissement dans les médias aux personnes physiques, interdire à une personne physique d’investir dans plusieurs médias en même temps, redonner des moyens de contrôle à la puissance publique…

4) Les élections rythment la vie politique. Nous y participons et nous devons pour cela respecter les règles de la Vème République. Cependant, rien ne nous oblige à nous plier aux nouvelles habitudes telles que les primaires. Cette forme de préparation d’une élection est aux antipodes de la réflexion politique. Nous le voyons bien dans les pays qui les pratiquent depuis longtemps : les partis politiques, poussés au bipartisme, deviennent des écuries dans lesquelles l’enjeu principal est l’impact médiatique du candidat choisi, et aucunement le programme qu’il défend. Nous ne disons pas là que les questions de communication ne sont pas importantes, mais que celles-ci ne doivent pas remplacer la réflexion et le programme. Or nous voyons bien que partout où les primaires s’installent, le peu de débat de fond qui existait encore disparait. Ne tombons pas dans le piège !

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