Les congrès du PCF

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Pour un Parti communiste français révolutionnaire, rassembleur et responsable - Pedro Maia - 44

Nous avons fait le choix de rester un parti parce qu’il est pour nous le meilleur moyen d’organiser des militants qui défendent un même but et qui veulent agir ensemble. La forme parti fait débat chez un certain nombre de militants d’organisations diverses, soit disant « partenaires » qui voient dans le militantisme « citoyen » la manière de faire de la politique « autrement », la crise politique que nous traversons, les
mensonges, les promesses non tenues, les ambitions personnelles… autorise ce genre de réactions mais généraliser l’idée du tous pourris est la meilleure façon d’éloigner nos concitoyens de la vie politique. Un militant politique est un citoyen avant tout, un citoyen engagé. Notre parti est un outil qui vise à dépasser le
capitalisme, à construire et participer à des luttes politiques, sociales et sociétales, à contribuer à la construction de rassemblements politiques majoritaires, à la construction d’un Front populaire du 21ème siècle. La construction de ce rapport de force nécessite que nous sachions nous rassembler avec d’autres forces, dans leur diversité, sur des contenus communs de haut niveau pour tendre vers le dépassement le capitalisme. C’est en cela que nous sommes un parti révolutionnaire.

Mais nous ne tirons jamais le bilan de nos résultats électoraux et de nos choix stratégiques. C’est pourtant l’analyse de ces résultats qui doit nous permettre de faire les meilleurs choix stratégiques pour notre parti. Notre parti doit observer la société et les rapports de forces politiques et sociaux tels qu’ils sont et non tels que l’on voudrait qu’ils soient.

Depuis 2005 avec les collectifs antilibéraux puis avec le Front de gauche, nous avons voulu construire un rassemblement à vocation majoritaire sur des contenus de progrès mais nous avons échoué. Nos partenaires, issus de cultures politiques différentes n’ont jamais voulu construire ou participer à des majorités politiques qui agissent sur le réel. Les désaccords politiques aux dernières élections législatives, municipales, départementales et régionales en sont des exemples. Au nom de la pureté idéologique ou de l’opposition au PS, ils refusent tout compromis, les conséquences sont nombreuses : division de la gauche, vote utile, victoires électorales de la droite, droitisation de la sociale démocratie, réalisation des objectifs
du patronat et du grand capital. Les collectifs antilibéraux comme le Front de gauche ont été des constructions en opposition à gauche, en opposition au PS et au compromis entre le mouvement politique révolutionnaire et réformiste. Et les masses, le peuple de gauche dans tout cela ? Se retrouvent-elles dans les débats politiques de « la gauche de la gauche », dans ses luttes intestines ? Les militants initiés certainement, beaucoup au sein du PG, d’ensemble, de l’extrême gauche mais aussi dans le mouvement syndical et associatif s’en exaltent, s’y cantonnent, s’y complaisent, joue leur rôle historique de groupe de pression, mais les masses certainement pas. Pis, ces débats sont repoussoir, cette « gauche de la gauche » ne parvient ni à mobiliser l’électorat de gauche ni à remobiliser les abstentionnistes. Notre parti a été fort quand dans l’Histoire il a su faire des compromis politiques avec la sociale démocratie : Front populaire, CNR, Union de la gauche. Notre parti a été utile quand il a permis les conquêtes sociales et politiques
pour notre pays et son peuple, il l’a fait en faisant des compromis qui ont redonné l’espoir. La volonté démontrée et affichée d’exercer le pouvoir, de le conquérir, du local au national est gage de crédibilité. Et depuis nos derniers choix stratégiques, notre crédibilité politique s’en trouve affectée, nous sommes perçus
comme incapables de peser sur le court des choses. Pourquoi voter pour un parti ou une construction politique qui divise à gauche ? Pourquoi voter pour des candidats et des listes qui ne veulent pas exercer le pouvoir, agir sur le réel, sur la situation économique, sociale et politique délétère ? Election après élection, malgré les politiques du gouvernement désastreuses, le PS capte bien plus de voix de gauche que nos constructions et l’ambition du Front de gauche de le dépasser a échoué. Le Front de gauche a réussi un bon résultat aux présidentielles, la dynamique crée par le verbe de Jean Luc Mélenchon, la mobilisation militante qui en a découlé a été positive mais force est de constater que nous avons recueilli les voix qui correspondait à la somme des voix de la « gauche de la gauche » du 1er tour des présidentielles 2007. Nous n’avons pas réussi à crée le sursaut idéologique nécessaire et à modifier les rapports de force politiques à gauche. Les élections suivantes furent calamiteuses, entachées de désaccords politiques et stratégiques de fond. Ces désaccords ne sont pas uniquement liés aux luttes d’appareils et d’égos mais bien à une différence politique de projet sur de nombreux sujets structurants (politique industrielle, politique énergétique, politique environnementale…) et de méthode pour combattre et dépasser le capitalisme.
Cette divergence de méthode n’est pas nouvelle, on la retrouve dans toutel’histoire du mouvement ouvrier.

Depuis 10 ans, nos stratégies ont conduit à un nouvel affaiblissement de notre parti, dans son intervention et son influence politique puisque nous perdons la moitié de nos élus à chaque scrutin, dans son rayonnement puisque nous perdons des parlementaires, la direction de nombreuses collectivités locales et des positions dans ces mêmes collectivités pourtant proches de nos concitoyens. Ceci n’est pas un
détail, les conséquences pour nos concitoyens sont terribles et les conséquences pour notre parti tout autant. Des conséquences politiques, financières, humaines qui sont graves. Nous avons aujourd’hui moins de moyens pour déployer notre activité.

A son origine le Front de gauche a pu créer des espoirs, avec du recul, il a créé des illusions, des divisions à gauche et au sein même de notre parti.

C’est pourquoi nos stratégies ne doivent plus être déterminées par des réactions épidermiques vis-à-vis de la sociale démocratie, bien souvent politiciennes, mais par notre volonté et capacité à participer à des rassemblements de gauche qui agissent sur le réel, dans les luttes, dans la rue mais aussi dans les lieux de décisions, des collectivités jusqu’au parlement et au gouvernement si les conditions politiques le
permette. Il nous faut regagner des positions politiques locales et nationales etcela ne se concrétisera pas à l’extrême gauche.

Les évolutions dans notre parti sont toujours nécessaires à partir du moment où l’objectif est de construire une organisation composée d’hommes et des femmes, de militantes et de militants, d’un collectif humain aux expériences, aux vies différentes mais qui veulent atteindre la même visée communiste et déterminer ensemble le chemin qui les y conduira. Néanmoins, n’essayons pas de tout réinventer, de tout remettre en cause systématiquement au gré des slogans, des modes et des pressions politiques souvent éphémères. Notre parti à une longue et riche histoire écrite pas des hommes et des femmes qui vivent et qui ont vécu dans la réalité.

Alors quelles évolutions pour construire un parti d’avenir ?

-Avoir un projet clair, révolutionnaire, lisible, écrit dans un langage fidèle ànotre identité révolutionnaire et  compréhensible par tous les communistes pour que chaque militant puisse se l’approprier et le populariser. Le populariser dans la proximité et se doter de moyens de communication efficaces par des messages politiques simples, clairs, compréhensibles par celles et ceux que nous voulons convaincre, dans nos tracts, sur affiches. Nous voulons nous adresser au monde du travail, à celles et ceux qui subissent la crise, nos
dernières affiches sont incollables, sans message politique clair voir dévalorisantes pour celles et ceux que nous voulons représenter. Nous pouvons faire beaucoup mieux, notamment sur les réseaux sociaux. Par exemple, la page facebook PCF devrait être partagée par tous les militants présents sur ce réseau,
elle devrait pouvoir rayonner vers des centaines de milliers d’internautes. Il nous faut créer les conditions pour qu’elle soit identifiable, avec des messages simples, compréhensibles et actualisés.

-Favoriser le travail de proximité, travailler à reconstruire des espaces de militantisme au plus près des réalités et de nos concitoyens : dans les entreprises, les quartiers, les villages. Remettre en place ces espaces à travers les cellules entant qu’instance pleine et entière. Les assemblées générales de sections sont trop éloignées du militant, si ces assemblées de sections peuvent permettre le débat, elles sont peu opérationnelles pour l’organisation des communistes et de leur activité militante.

-Construire à tous les niveaux des directions opérationnelles au fonctionnement collectif. Les instances de directions ne doivent plus être seulement des espaces de débat mais bien des outils de prises de décisions et de mise en oeuvre de ces décisions. Ces directions élues démocratiquement doivent être, comme pour l’ensemble des militants, respectueuses de nos statuts et respectées par tous les communistes. Si le débat d’idée est nécessaire, il n’est pas acceptable que des communistes s’organisent pour combattre les choix
démocratiques et les directions qui mettent en oeuvre ces choix.

-Avoir le souci permanent du renforcement et de l’adhésion, donner les outils nécessaires pour les réaliser. Accueillir les nouveaux adhérent-e-s, leur permettre d’être à l’aise dans leur militantisme et de prendre des responsabilités.

-Utiliser les compétences et les aptitudes de nombreux camarades pour développer la formation des adhérents et des cadres. Elles existent mais sont souvent organisées dans un format réduit et avec peu de fréquence. Il serait nécessaire de créer un collectif national de formation politique facilement mobile
et capable d’intervenir dans toutes les fédérations.

-Avoir des orientations stratégiques nationales claires (élections présidentielles, législatives, sénatoriales, européennes). Laisser aux communistes des fédérations le choix des stratégies locales (élections municipales, départementales) plus à même de connaître les réalités du territoire,

les rapports de forces politiques, de tenir compte des bilans de mandat et de savoir ce qui est le plus efficace pour l’influence politique locale de notre parti.
Dans le même esprit, laisser aux communistes de chaque région le choix des stratégies aux élections régionales.

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