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Pour une République commune - Pierre Dharréville - 13

On a beaucoup convoqué la République ces derniers temps dans le débat politique. République fait partie de ces mots transformés en valises, dans lesquels chacun a pris l’habitude de mettre ce qu’il veut. L’an dernier, la droite a tenté de la préempter en lui faisant porter la charge d’une autorité pesante et extérieure au peuple, continuant l’oeuvre de ceux qui, dès 1789, se sont battus pour que la République jamais ne s’accomplisse et pour stopper l’élan de la Révolution. Nous en sommes encore là. La République, née de la Révolution, est encore inachevée. Pour le moins. La version 5 est à bout de souffle, écrasée sous le poids d’un présidentialisme qui détruit les mouvements populaires et vient toujours priver le peuple de sa souveraineté, discréditée par son incapacité à protéger le pouvoir des offensives des grands propriétaires. Mener la bataille de la République ne revient pas, pour nous, à accréditer un mouvement d’injonction permanent, ni un mouvement de destruction des droits, ni un mouvement de restriction des libertés. Mener la bataille de la République, c’est mettre en avant les idéaux sur lesquels les révolutionnaires du siècle des Lumières ne s’étaient pas trompés : Liberté, Egalité, Fraternité.

Il faut une République laïque, qui incarne cette volonté de ne voir aucune fraction, aucune entité, aucune autorité supposée exercer la souveraineté qui revient toute entière au peuple. Une République qui défend la liberté de conscience, qui promeut l’égalité des droits, qui mobilise pour la paix.

Il faut une République démocratique, qui brise le signe d’infamie tatoué sur toute la politique en donnant réellement au peuple le pouvoir de décider, en toute conscience, de son avenir, qui enracine la politique dans le réel.

Il faut une République sociale, qui refuse que le pouvoir soit fondé sur la propriété et qui refuse l’accaparement même des richesses par un petit nombre «d’élus». Une République qui se régénère dans les mouvements citoyens qui émergent, dans la quête de biens communs qui se fait jour.

Il faut une République universaliste, qui ne s’enferme pas dans ses frontières protégées par des murs, mais qui, dans ce monde devenu cité, cherche à nouer des coopérations pour que grandissent partout les droits inaliénables des humains, refuse les logiques de domination.

La République n’est pas ce qu’ils en disent quand ils la convoquent pour faire taire le peuple en oubliant la force dont s’est chargé l’idée au fil des siècles d’histoire. Et mener cette bataille n’est pas un luxe qui viendrait après tout le reste. Ne considérons pas que la question soit seconde dans l’esprit même de nos concitoyennes et concitoyens. L’incurie de la République est l’un des éléments de la crise politique profonde dans laquelle nous sommes plongés. Quand la promesse républicaine est trahie, quand le pacte démocratique et social n’avance pas, alors, la voie est ouverte pour ces fameux monstres surgis des clairs-obscurs. Il y a République parce qu’il y a peuple et il y a peuple parce qu’il y a République. L’un et l’autre s’entraînent aujourd’hui par le fond. Il y a urgence à refonder la République, à une refondation populaire de la République, à nous redire, en toute conscience de l’état du monde, quel chemin nous voulons tracer ensemble, qu’est-ce qui nous réunit, et comment nous voulons vivre et décider en commun. En commun. Et si c’était là, justement que résidait la ressource cruciale de la République ? Et si c’était justement de notre côté que les choses devaient se jouer ? Dans le commun. Le commun en perpétuelle façon. Matériel et immatériel. Commun dans mon quartier, dans ma ville, dans le pays et dans le monde. Une République du commun. Non pas une République dont les règles asservissent, mais dont le droit libère. Non pas une République figée dans les plis de sa robe, mais en mouvement. Non pas une République estuaire mais une République delta, où chacune et chacun peut contribuer à assembler ce commun, en lien avec tous les autres.

Après les attentats effroyables de 2015, la République a été maintes fois convoquée, parce que son effacement finit par créer un trouble profond. Mais elle apparaît à beaucoup comme un corps extérieur. Il ne suffit pas de l’invoquer, il faut en être les promoteurs révolutionnaires.

La valise est à quai, elle a subi les outrages du temps. Prenons-la, ouvrons-la, remplissons-la, partageons-la. Soyons résolument porteurs d’une nouvelle dynamique pour une VIème République, pour une République commune.

 

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