Les congrès du PCF

« Nous devons accepter qu’un monde sans drogue est une illusion. Nous devons en revanche nous concentrer et nous assurer que les drogues causent le moins de mal possible. »

"Les drogues sont dangereuses, mais les politiques actuelles sur les stupéfiants sont une menace plus grande car la répression est devenue une priorité sur les droits individuels et de santé. Il est temps de mettre la vie et la sécurité de chacun au coeur des lois."

Koffi Annan-février 2016

Secrétaire Général de l'O.N.U.

Préambule

Il ne s'agit pas là de jouer les avant-gardes (la Hollande puis l'Espagne ayant déjà fait le travail il y a maintenant plus de 30 ans avec tous les résultats bénéfiques que l'on sait!!), ni de prendre le train en marche (l'Uruguay tout récemment vient de nationaliser la culture du cannabis, le Canada réfléchit actuellement à une légalisation, pas un jour ne passe sans que ne se fasse l'écho de par le monde non pas d'une réforme -mais d'une véritable R-évolution- bénéfique pour tous et allant dans ce sens.).

Non, exigeons toutes affaires cessantes, la légalisation puis la nationalisation de la culture, la transformation, la distribution et l'usage sous contrôle très stricte de l’État des plants de chanvre. Procédant ainsi, nous ne faisons qu'ouvrir les yeux sur une bien triste réalité qui est aujourd'hui celle des quelques millions d'usagers et consommateurs, mais pas que et nous le verrons, une réalité qui devrait sans délai être mieux considérée et mise au c?ur de tout projet progressiste et émancipateur. Car l'urgence sociale dans laquelle nous plonge toujours plus durement 40 ans de "crise" économique ne trouvera sa solution que dans des choix innovants, audacieux, ambitieux, francs et sans détours, radicaux mais justes et cohérents au regard d'une situation arrivée dans une impasse. Pour démontrer l'inutilité et le gaspillage de tous ces moyens de répression, que nous prenions pour preuve le nombre toujours croissant des usagers français, de loin le plus élevé d'Europe, pour une législation la plus répressive dans ce périmètre. Rappelons à ce titre la récente demande de légalisation par Kofi Annan, non moins Secrétaire Général de l'ONU, légalisation sur l'ensemble du globe. Des sessions spéciales sur les Drogues et le Monde lors de l'Assemblée Générale de l'ONU, se dérouleront les 19, 20 et 21 avril prochain et il serait préjudiciable, voir dommageable pour notre Parti de passer à côté de cette opportunité historique d'amorcer un changement dans le traitement de ce que le Bureau des Drogues et du Crime a définitivement finit par appeler les « conséquences inattendues » des politiques des 50 dernières années, qui ont contribué à créer un marché du crime organisé international qui aliment la violence la corruption et l’instabilité. Ce sera alors, aller vers plus de liberté, plus de modernité, plus d'égalité aussi. Car plus que la légalisation, je proposerais la nationalisation du cannabis et cela pour une bonne et simple raison, mais essentielle, c'est qu'il ne faudrait laisser à aucun prix l'organisation des lois d'un tel marché aux mains des libéraux et des sociales-démocrates, nous devons alors, naturellement, en imposer le contrôle et la gestion aux citoyens et donc à l'Etat.

Pour éclairer un débat, qui chez nous tarde à se lancer, voici les 6 axes d'intérêts partagés que devraient venir consolider une nationalisation souhaitable et prochaine:

- Économique: d’un côté, des centaines de millions d'euros sont dépensés chaque année au soi-disant travail de répression autour de produits dont l’utilisation par un nombre toujours croissant n'est plus à démontrer, tous les chiffres vous le diront ; de l’autre, des milliards fruit du marché noir échappent aux caisses de l’État. Tout calcul sur le manque à gagner d'un contrôle du marché des drogues récréatives laisse à imaginer l'emploi bienveillants que l'on pourrait faire des recettes émanant d’un tel commerce légalement administré et géré. Nous pourrions à ces fins mettre à profit les avantages de l'économie de marché liée à l'Economie Sociale et Solidaire, sur l'exemple des nombreux Cannabis Social Club qui se sont développés en France, en favorisant les circuits courts de production et de diffusion, la création de coopératives de récolte et de distribution.

- Santé: sous contrôle stricte de l’État, la prévention et le contrôle de la qualité seront d'autant plus importants, que la transparence, la traçabilité seront de mise à chaque instant. Sur ce chapitre il est à souligner que face à l'usage récréatif, le plus répandu, se trouve l'usage thérapeutique où l'on démontre tout autour du monde les bienfaits des molécules THC et autres dans le traitement de certaines maladies ou de leurs effets sur l'organisme : antidouleur et antistress, très efficace pour aider à lutter contre l'anorexie, la perte ou les troubles du sommeil, certains cancers, il est encor à mettre en évidence puis en pratique les nombreux domaines dans lesquels les traitements à base de cannabinacées sauraient être très efficaces.

- Sécurité: un des effets les plus immédiats de la réforme sera de rendre inutile et nulle la présence des dealers de cage d'escaliers, des caves ou du coin de la rue, difficile de nier l'effet apaisant sur certains quartiers où la présence au quotidien de petites bandes organisées à tous les trafics, et par conséquence des moyens de surveillance et de répression qui l’entourent, ne fait que pourrir davantage l'atmosphère, déjà bien dégradée, de nos conditions de vie et d'existence. Un désengorgent du système pénitentiaire et judiciaire sera le second effet prenant cause pour la dépénalisation, nombre de peines se verraient de fait rendues caduques.

- Éducation: les enjeux autour de la prévention sur la consommation des drogues, du tabac et de l'alcool doit profiter de la démystification autour de ces sujets. L'interdit et le tabou appelle la bravade et la subversion. Au risque d'un plus grand danger qui est celui de la marginalisation et de la grande solitude que provoque toute l'hypocrisie autour du sujet. Accepter le débat, poser les vraies questions permettra une anticipation sur les problèmes, mais aussi par la désacralisations de l'usage, l'information objective et le sens civique autour de ce sujet se verront multiplier.

- Culturel: « orientaliser » nos comportements par une relation au temps, à la poésie, à la rêverie, à la contemplation, c'est prendre le contre-pied radical d'avec les obsessions du libéralisme et de la réaction bourgeoise ampoulée dans ses comportements figés et rétrogrades. C'est dans un effort de décloisonnement, et le haschich en fournit les clés, et d'échange culturel que nous parviendrons à modifier et les comportements et les usages.

- Agriculture: enfin, à l'heure où s'ouvrent, à grands coups de gueule et de colère, les portes du salon de l'agriculture, imagineons un peu les perspectives multiples que la culture et la récolte du chanvre permettrait, sauver nos agriculteurs et l'industrie agricole par le retour à de petites exploitations permettant en toute sécurité d'alimenter les réseaux de diffusion.

Conclusion brève et éphémère

Je demanderais en guise de conclusion que soit ouverte au sein du Parti une commission de travail et de réflexion sur le sujet permettant ainsi une vraie prise de parole et de position. Je promets aussi de faire remonter à la Conférence de notre Section un voeux, un amendement allant dans le sens de cette réforme nécessaire et urgente, à faire voter par nos adhérents.