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Construire un projet de société communiste - Nicole Grenier Merico - 26

Le document «La France en Commun» s'ouvre sur l'affirmation que nous ne sommes pas impuissants à changer le monde» et se veut être une «invitation à construire ensemble le nouveau projet d’émancipation humaine qui nous rassemblera pour retrouver l’espoir».

Ce document indique vouloir soumettre au débat des réflexions pour construire cette nouvelle société où l'humain d'abord prévaudra.

Il affirme qu'un futur «vivable» de l’humanité impose à l’évidence une alternative, un autre mode de vie, de production, d’échange, que le capitalisme en crise n’écrit pas la fin de l’Histoire tant le monde qu’il nous fait est intenable.

Il dit que nous vivons la fin d’un cycle qui nous impose d’inventer.

 

Tout cela laisse percevoir une ambition qui me semble correspondre à mes aspirations profondes de militante communiste.

 

Mais je n'ai pas retrouvé dans ce document une vraie direction à la hauteur de cette ambition.

 

L'analyse des dégâts immenses causés par la capitalisme et des perspectives délétères qu'il induit me paraît assez clairement posée, par contre la définition d'une société d’émancipation, appelée « communisme de nouvelle génération» me laisse, et je ne suis pas la seule, sur ma faim.

 

Je peux bien évidemment me reconnaître dans le principes pivots de cette société nouvelle qui sont réaffirmés: liberté, égalité (notamment entre femmes et hommes), conçue non comme un égalitarisme, mais comme l'appropriation citoyenne des savoirs, des arts et des cultures, solidarité, fraternité dans une société de partage où la conception, l’innovation, la création sont socialisées

 

Je peux tout aussi bien partager les pistes de propositions qui sont présentées :

-la baisse du coût du capital, la sécurisation de l’emploi, de la formation et des revenus du travail - -le développement de tous les services publics et de la Sécurité sociale,

-la mobilisation du système bancaire vers le financement des investissements pour l’emploi, les qualifications, les salaires et pour le respect de l’environnement.

-la diminution du temps de travail, le plein emploi, la reconnaissance de droits sociaux au-delà des droits individuels et politiques, le droit au travail, à la santé, au logement, à la formation, à la culture, à la mobilité

-la réforme de la fiscalité avec la pénalisation de la distribution de dividendes, une réelle progressivité de l'impôt sur le revenu, une TVA à 0 pour les produits de première nécessité

-Un nouveau mode de production et de consommation économe en ressources naturelles, créateur de nouveaux métiers qui fasse reculer le chômage jusqu’à l’éliminer, pour une activité utile aux réels besoins humains dans une logique de durabilité et de recyclage

- Le partage des pouvoirs au sein des entreprises (sur le modèle de l'économie sociale) qui ne sont pas la propriété des seuls apporteurs de capitaux.

-une culture décentralisée élitaire pour tous, la création d'un un service public de l’Internet

-la réduction de la consommation pour les mêmes usages, l'économie de l’énergie, la réduction de l’utilisation de ressources carbonées (pétrole, charbon, gaz...)

-la préservation des biens communs, eau, énergie, et leur maintien dans le service public.

-la mise en place d'un nouveau modèle agricole, avec une rémunération juste pour les agriculteurs, le développement des circuits courts, des filières bio.

-le renouveau démocratique, fin du régime présidentiel en donnant des pouvoirs réels (avec les savoirs indispensables) aux citoyen(ne)s , en préservant la pluralité des médias

-le développement de la mixité sociale et du bien vivre dans les villes, comme sur les territoires ruraux.

- le maintien d'un rapport de proximité préservant la commune et favorisant les coopérations entre communes, départements et régions

- la refondation de l'Europe vers une union de nations et de peuples souverains, libres et associés avec la création d' un fonds européen de développement social qui utiliserait la monnaie crée par la BCE pour financer les services publics, l’emploi, la transformation sociale et écologique, la relance industrielle, l’Europe de la culture et son rôle majeur pour la paix dans le monde.

Et le rôle de la France dans le monde pour promouvoir d'autres rapports entre les peuples, la paix, la réponse aux besoins humains, la paix et le désarmement nucléaire

 

Oui, tout cela je peux le partager et m'inscrire au quotidien dans les luttes qui le soutiennent

 

Mais comment pourrons construire un projet de société alternative au capitalisme si dans nos documents nous ne posons pas la question des rapports de production, de la propriété des moyens de production sans lesquels on ne voit pas bien comment on peut parler de socialisme ?

 

Nous sommes, nous restons très attachés à notre nom de parti "communiste",

Cet attachement signifie, c'est à tout le moins comme cela que je le vis personnellement, que nous nous assumons l’histoire du mouvement ouvrier et communiste international et nos responsabilités propres dans les échecs qu'il a subi, que nous en faisons une analyse critique qui nous permet , je le crois, de nous projeter plus surement dans l'avenir. Nous savons ce que le socialisme ne doit pas être.

Mais pourquoi le projet ne tend-il pas à ouvrir le débat sur le type de société communiste que nous voulons porter ?

Si nous ne le faisons pas qui le fera ? Et pourquoi ne le faisons nous pas ? parce que nous n'osons plus y croire et renvoyons cette réflexion à plus tard pour nous consacrer au « monde réel » ? Et si nous ne croyons pas à la possibilité de construire une vraie alternative au capitalisme comment pouvons nous espérer convaincre nos concitoyens?

Or il semble clair qu'emporter la conviction sur une alternative crédible au capitalisme est essentiel pour permettre de lever durablement à l'avenir l'hypothèque que constitue l'impasse vers laquelle le désespoir conduit les electeurs du FN.

Certes c'est un chantier considérable qui doit se construire dans le temps, car penser une société d’hommes et de femmes libres, associés et égaux nécessite de penser aussi l'organisation de la participation des citoyens aux décisions comme leur capacité à le faire. Une telle société suppose une maturité considérable de la grande majorité des gens , au delà de «l'avant garde révolutionnaire » cela suppose aussi des règles permettant de limiter les dérives de prise de pouvoir économique ou politique autoritaires.

 

Mais, le communisme n'est pas seulement un idéal ou des valeurs et nous ne pouvons faire l'économie d'une réflexion profonde sur le projet de société qu'il doit porter aujourd'hui.

 

Il est donc grand temps au delà de nos propositions et de nos actions visant à limiter les nuisances du capitalisme, en le régulant et «l'humanisant» (si tant est que c'est concrètement possible!) avec et dans le mouvement social, ce qui reste nécessaire politiquement parce que nous sommes dans le monde réel et que notre peuple souffre durement, de travailler sur le projet de société que nous voulons porter, donnant ainsi à nos luttes et à notre action politique, une ambition, un sens et une volonté clairement révolutionnaires.

Bref nous avons besoin de concilier les luttes du présents avec un projet d'avenir.

 

 

 

 

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