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L’écologie est un combat de classes - Bruno Pouvelle - 83

Qui dit lutte de classe dit exploiteurs contre exploités. Du point de vue écologique, on pourraittransformer cette définition simpliste en, d’un côté, les profiteurs et, de l’autre, les victimes. Les mots changent, les notions aussi, mais ce sont toujours les mêmes classes qui sont face à face.

A qui profite le pillage des ressources de la planète, le tout pétrole, la domination de la voiture sur les transports publics, des camions sur le ferroviaire ? A qui profite le rejet de nos déchets toxiques dans les pays du tiers monde, la production de nos biens de consommation à l’autre bout de laplanète, l’alimentation du bétail avec des OGM, leur traitements aux hormones de croissances, aux antibiotiques, la sur-utilisation de pesticides, d’insecticides, la déforestation, etc, etc ? Aux grands groupes pétroliers, aux grands entreprises minières, aux trusts mondiaux de l’agroalimentaire, aux grands groupes de l’industrie automobile, aux entreprises polluantes, aux trusts phytosanitaires… Bref, aux grandes multinationales et à leurs actionnaires.

A l’inverse,

• qui sont les premières victimes des changements climatiques majeurs (montée des eaux, sécheresse, catastrophes naturelles, …) que l’émission massive de gaz à effet de serre a déjàcommencé à provoquer ?
• qui n’a pas d’autre choix que d’acheter les produits alimentaires les moins chers, à base devégétaux et d’animaux bourrés de produits chimiques ou d’OGM ?
•qui ne peut que de vivre dans les zones les plus dégradées, que ce soit au niveau de l’air, dusol, de l’environnement ou du bruit, parce que c’est là que les prix sont les plus bas ? Les pauvres… Les couches les plus défavorisées de la population mondiale, les exploités, les laissés pour compte, les exclus, que ce soit dans nos pays industrialisés ou dans le tiers monde, sont les premières victimes des ravages  écologiques inhérents au capitalisme, que ce soit en termes desanté, de mal vivre ou de changement climatique.

Notre combat d’émancipation, de justice, d’égalité, notre combat communiste doit donc intégrer totalement le combat écologique. Et ce d’autant plus qu’il est fondamentalement antinomique avec la logique capitaliste de profit immédiat, d’exploitation maximale de l’environnement et des ressources, de consommation à outrance et de création de besoins.

Menons totalement le combat écologique et intégrons-le à la lutte de classes.

Je propose ici un exemple que nous pourrions inscrire dans notre projet.
L’un des problèmes majeurs auxquels nous faisons face depuis plusieurs décennies est la mondialisation, qui met en concurrence les travailleurs de la planète, crée dans notre pays unchômage endémique et  permet aux capitalistes de détruire notre protection sociale, nos conditions et notre droit du travail. Cette mise en concurrence ne peut se faire qu’en pillant les ressources énergétiques de la planète et en polluant notre atmosphère par le transport incessant de matières premières et de produits finis d’un bout à l’autre de la Terre.

Proposons la mise en place d’une taxe éco-sociale, à double composante.
La première composante, sociale, pourrait être appliquée à chaque bien de consommation fabriqué à l’étranger et vendu en France. Elle compenserait le manque à gagner que représentepour notre système social le fait que cette marchandise ne soit pas fabriquée dans notre pays. Elleviendrait donc alimenter notre système de santé, de retraite, d’allocations familiales et de sécurisation du parcours professionnel.
La deuxième composante serait écologique. Elle s’appliquerait à tous les biens de consommationvendus en France. Elle serait calculée en fonction du nombre de kilomètres parcourus par leproduit fini et par ses composantes, pour leur fabrication et assemblage (une sorte de taxe poids-lourds perfectionnée). Un calcul différent serait effectué en fonction du mode de transport utilisé et de son niveau de pollution. Cette composante de la taxe aurait pour objectif d’induire une relocalisation de la production au plus près des lieux de consommation, y compris à l’intérieur duterritoire national. Bien évidemment, elle constituerait un facteur de ralentissement au développement des pays du tiers monde. Son produit pourrait donc être intégralement utilisé à des opérations de coopérations internationales en faveur de populations défavorisées des pays en voiede développement.

Cette taxe éco-sociale aurait pour but de réduire, voire neutraliser, les différences de rentabilité deproduction entre pays à niveau de vie, de protection sociale et de développement différents. Elleentrainerait bien sur une augmentation du prix de vente des marchandises importées ou à déplacement important, donc une perte de pouvoir d’achat pour les consommateurs. Il serait donc nécessaire de l’accompagner d’une augmentation des salaires et, d’autre part, de la mettre enapplication de façon progressive, afin que son installation s’accompagne d’une relocalisation des sites de production sur notre territoire et donc d’une baisse du chômage et d’un rééquilibrage du « marché » du travail au profit des salariés.
 

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