Les congrès du PCF

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Prenons conscience de notre déclin pour y remédier. - Dominique Roussel - 13

Rechercher les causes du déclin du parti communiste en France peut permettre d'en trouver des remèdes. Il y a en fait plusieurs causes qui se conjuguent : une cause externe contre laquelle on ne peut rien sinon l'assumer pour essayer de rebondir, et puis des causes internes qu'il nous faut reconnaître pour engager la bonne thérapie.

La cause externe, bien sûr, c'est l'effondrement du socialisme soviétique qui avait été un modèle pour toute une génération de communistes. On ne doit pas gommer cette page de notre histoire que nos adversaires s'ingénient à salir. On ne doit plus laisser insulter ces camarades qui ont fait "la France de 36 à 68 chandelles" sous prétexte qu'ils croyaient au "bilan globalement positif". Certes leur rêve était vicié, mais ô combien motivant ! Ils nous ont appris que le "mouvement réel qui abolit l'état actuel" a besoin d'utopie et que cela vaut la peine d'imaginer un projet communiste même s'il n'est pas "réaliste" dans un avenir immédiat.

Deux autres causes, cette fois internes, me semblent avoir été déterminantes dans le déclin du PCF : la difficulté à faire vivre la démocratie dans notre organisation et la déliquescence de notre lien au mouvement social.

Si on veut aller vers un rassemblement populaire majoritaire pour changer la société, on ne fera pas l'économie du compromis, des étapes, du pas à pas et du cas par cas. Bref il faut avancer avec les gens, à leur rythme mais sans leur cacher la vérité sur le rapport de force à initier pour transformer le réel.

Cela demande des choix politiques, notamment des accords électoraux qu'il faut ou non parapher, où il faut peser le pour et le contre et où on ne sait jamais si on a pris la meilleure décision. Le problème est que souvent nos choix politiques sont mal expliqués et donc mal ressentis. Pourtant nos électeurs ne sont pas des niais ; on peut même considérer qu'ils sont les plus conscients. Ils peuvent comprendre si on leur explique clairement nos choix.

Mais qui peut mieux le faire que les communistes dans leur diversité ? Et comment peuvent-ils le faire s'ils ne sont pas eux-même convaincus ? Trop souvent les directions du parti à tous les niveaux ne prennent pas assez de temps pour convaincre mais préfèrent imposer leur point de vue. Au-delà de règles statutaires d'ailleurs souvent méconnues, ce qu'il faut améliorer surtout c'est l'écoute et le respect entre communistes.

Un choix politique est toujours difficile mais à chaque fois il doit se faire dans la transparence, à commencer par la transparence à l'intérieur du parti où il faut s'en remettre à la souveraineté des communistes, ce qui est la meilleure garantie pour être clair ensuite dans nos explications vis-à-vis des électeurs.

Tout particulièrement, on sait l'mportance des élus communistes pour informer et représenter aux yeux de ceux qui luttent une perspective de changement. Les agents des finances de Vierzon en grève reconductible, activement soutenus par leur député-maire, ne diront pas le contraire.

Mais conserver des élus ne doit pas conduire à y perdre notre âme. Cela a atteint des sommets au temps du gouvernement Jospin et de la "gauche plurielle" : un pied dedans, un pied dehors et on finit à cloche-pied devant les électeurs, risibles et inutiles ! Une démocratie interne plus vivante peut nous préserver de ces choix qui parfois frisent l'absurde.

En fait la question du mouvement social est primordiale. Ce n'est pas notre stratégie qui est la cause de nos difficultés, mais notre lien au mouvement social. La désindustrialisation et l'éclatement des lieux de travail ont contribué à couper ce lien indispensable. Il nous faut reconquérir une présence communiste à l'entreprise si l'on veut retrouver une influence électorale. D'autant plus que notre projet "autogestionnaire" suppose l'engagement des travailleurs pour substituer des critères sociaux et environnementaux à ceux du capital.

Le rapport de force social doit être inversé pour abattre le "mur de l'argent". Il ne faut jamais laisser croire que la classe dominante peut accepter un verdict des urnes qui lui soit défavorable.

C'est une démocratie participative et une révolution citoyenne permanente qu'il faut inventer. Dans ce cadre-là, ce ne sont pas des programmes qui nous rendront crédibles, mais plutôt des exemples. Ce que peut faire le mouvement social, comment dans l'unité et l'engagement de tous on mène une lutte jusqu'à la victoire, voilà ce qui doit être la priorité de notre activité communiste.

Un grand projet réaffirmant un idéal de partage et de bonheur commun, un fonctionnement pleinement, réellement démocratique, des adhérents nombreux à s'investir sans complexe dans la bataille syndicale, voilà les trois questions que je souhaite entendre débattre à ce 37ème congrès, sans oublier bien sûr 2017 où tout faire pour empêcher un duel droite-FN qui fermerait pour longtemps toute alternative nécessite de reconstruire une gauche où le PCF aura un rôle incontournable.

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