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Du Front de gauche à la construction d'un mouvement politique populaire (Partie 2) - Igor Zamichiei - 75

« L'étape de 2017 »

 

Pourquoi ne pas faire du formidable moment de politisation populaire qu'est l'élection présidentielle de 2017 une première étape pour initier les trois grands changements proposés ?

 

Notre ambition doit être maximale car chacun-e d'entre-nous mesure le risque actuel : la marginalisation totale d'un projet de gauche et de notre ambition communiste pour plusieurs années. Aucune solution de facilité, aucun raccourci - présenter seuls une candidature communiste ou soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon - ne nous permettra pas de répondre à la gravité de la situation politique et au défi de la construction d'un mouvement politique populaire, seul capable de créer le rapport de force nécessaire aux transformations sociales que nous voulons.

 

Je sais que beaucoup d'entre-vous, en lisant ces lignes, vont se dire : « c'est impossible, 2017 c'est déjà foutu ». D'abord à cause de l'état de la gauche. Les « frondeurs» socialistes hésitent à rompre avec l'ensemble de la politique de François Hollande. EELV vient de subir une nouvelle déconvenue avec l'entrée d'écologistes au gouvernement. Jean-Luc Mélenchon - que nous continuons d'appeler à rejoindre une démarche collective - a lancé seul sa candidature sur d'autres bases, ultraprésidentialisée et sans se référer à la gauche, pas même au Front de gauche. Ensuite, parce que le Front National sort plus fort que jamais des élections régionales et que la droite peut bénéficier de la colère contre le pouvoir et des dernières digues de résistance à l'extrême droite pour gagner l'alternance.

 

Tout cela est vrai. Mais c'est oublier l'essentiel : une volonté de changement inédite travaille le pays dans ses profondeurs.

 

L'immense majorité des Français, les 99 % qui ont intérêt au changement, vient de vivre deux quinquennats qui ont vu Nicolas Sarkozy trahir sa promesse de revaloriser le travail et François Hollande celle d'affronter la finance. Nos concitoyens veulent avoir leur mot à dire et attendent des actes, ils peuvent entendre aujourd'hui plus que jamais qu'ils ont un rôle déterminant et nouveau à jouer pour ne pas laisser une nouvelle fois le pouvoir à un seul homme. Parmi eux des millions d'électeurs et d'électrices de gauche refusent la politique libérale, sécuritaire et identitaire de François Hollande qui renie une à une les valeurs de la gauche et n'ont pas renoncé au changement. Adressons-nous à eux. Un nombre sans précédent de dirigeants socialistes, écologistes, d'universitaires, d'artistes reconnus sont prêts à s'engager pour cela. Donnons-leur partout de la visibilité, comme nous le faisons avec les lundis de gauche. Des dizaines de milliers de travailleurs luttent dans le pays avec courage et détermination, des agriculteurs condamnés par le patronat de la grande distribution aux salariés des grands groupes confrontés aux plans de licenciement pour le seul profit des actionnaires, en passant par les Goodyear et les salariés d'Air France criminalisés. Travaillons à faire grandir et converger ces luttes.

 

Comment faire pour que cette volonté de changement conduise nos concitoyens à s'investir dans la construction d'un mouvement politique populaire ?

 

Je crois que l'option actuellement en discussion dans la direction du PCF peut le permettre. La réduire à notre participation à une primaire serait une erreur. Pierre Laurent a eu l'occasion de dire qu'il souhaitait « un processus collectif » pour construire « une candidature commune de la gauche pour porter un mandat populaire de gauche pour la France ». Voilà une proposition qui mériterait d'être approfondie.

 

Premièrement, commençons par le projet ! Élaborons les grands axes de ce mandat, c'est à dire de la politique qu'un-e Président-e, un gouvernement et une majorité de gauche devraient mettre en œuvre.

 

Deuxièmement, ouvrons en grand le débat dans la société française, non seulement avec les forces de gauche disponibles, mais aussi avec les forces syndicales et associatives et surtout avec les millions de citoyens, de travailleurs disponibles. Dès le mois de mars, nous pouvons être des dizaines de milliers de communistes à mettre en débat ce mandat aux portes de nos quartiers et de nos entreprises, à recueillir l'avis de nos concitoyens avec l'enquête que nous avons évoquée. Alors que l'emploi est la première préoccupation des Français, faisons de l'objectif d'une société « zéro chômage » un point majeur de notre adresse politique.

 

Troisièmement, construisons les espaces et les supports qui permettront aux femmes et aux hommes que nous rencontrerons de s'inscrire dans la durée dans cette démarche, de décider des contenus politiques, des luttes et des candidatures pour la porter. Pourquoi nous limiterions-nous à donner le pouvoir au peuple de désigner le ou la candidat-e à la présidentielle par une primaire ? Si cette primaire est justifiée dans le contexte actuel pour aboutir à une candidature commune capable de gagner - sinon quelle autre méthode ? - nos concitoyens devraient avant-tout avoir la possibilité de décider des contenus politiques du mandat par exemple en participant à une votation citoyenne comme l'ont déjà proposé plusieurs camarades. Créons également dès maintenant un travail collectif avec eux sur les législatives, dans les 577 circonscriptions, à travers des ateliers législatifs pour enrichir ce mandat de propositions de lois élaborées à partir des attentes et des luttes locales.

 

Rien n'est garanti dans ce processus. Il peut échouer dès le début et chaque étape sera un combat. Mais disons-nous plutôt ceci : et si nous pouvions le faire ?

 

Igor Zamichiei,

Secrétaire de la Fédération de Paris du PCF

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le 19 février 2016

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