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Du Front de gauche à la construction d'un mouvement politique populaire (Partie 1) - Igor Zamichiei - 75

« Trois changements à opérer » 

 

Il est grand temps de faire un bilan du Front de gauche, d'analyser ce que nous avons réussi et ce que nous avons raté, et de travailler à partir de ce bilan à la relance de notre stratégie de rassemblement.

 

Je dis relance de notre stratégie car ce n'est pas elle qui est en question mais bien une expérience politique pour la mettre en œuvre. Devant la gravité des difficultés rencontrées, le Front de gauche en tant qu'expérience politique est durement affaibli mais l'ambition qui a nous a conduit à l'initier est plus que jamais à l'ordre du jour : créer un mouvement politique populaire à vocation majoritaire pour rompre avec le libéralisme, renouveler profondément la vie politique de notre pays et donner un nouveau souffle à l'originalité du communisme français.

 

Les résultats des dernières élections régionales témoignent de ces graves difficultés. Pour la première fois, non seulement nous ne parvenons pas à capter l'électorat de gauche déçu de la politique de François Hollande mais c'est précisément le PS et EELV, pourtant tous deux également en crise profonde, qui captent une partie significative – environ un cinquième chacun - de l'électorat du Front de gauche !

 

Et ces résultats tordent par ailleurs le cou à l'idée que nos difficultés viendraient d'un déficit de radicalité, d'une trop grande proximité avec le Parti socialiste, puisque à cette échéance aucune région n'a vu d'alliance au premier tour entre nos formations. Et d'ailleurs, toutes les enquêtes le montrent, le cœur de l'électorat de gauche que nous visons nous reproche non pas des alliances à géométrie variable avec le PS mais plutôt d'être une force uniquement critique du pouvoir en place !

 

Vouloir réduire les problèmes du Front de gauche aux questions de tactique électorale est révélateur de deux tendances contre lesquelles il nous faut lutter : premièrement, celle d'assigner au Front de gauche une ambition uniquement électorale ; deuxièmement, celle de mettre sous le tapis quelques grands changements pourtant indispensables à toute ambition de renouvellement politique en France au XXIe siècle.

 

J'identifie trois grands changements à opérer. Le premier, c'est de construire un nouveau récit émancipateur qui unisse les 99% et ouvre un espoir leur permettant d'investir le champ politique et de reprendre le pouvoir aux 1% qui l'ont confisqué. Un récit qui contribue à déplacer le débat politique national de l'affrontement identitaire à l'affrontement de classes aux intérêts antagonistes. Nous avions commencé à le faire avec le programme l'humain d'abord. Jean-Luc Mélenchon lui-même avait su en 2012 porter une parole collective dans laquelle des millions de Français se reconnaissaient, retrouvaient de la force et de la dignité, avant de s'isoler dans une logique uniquement contestataire du social-libéralisme. Syriza ou Podemos ont su par exemple construire un tel récit capable de mobiliser les millions de leur concitoyens grecs et espagnols souffrant de la crise.

 

Le deuxième changement est d'agir pour une nouvelle complémentarité d'action entre forces politiques de gauche, forces syndicales et associatives, avec l'ambition d'un front populaire de notre temps.

Au lendemain des élections de 2012, nous aurions dû consacrer l'essentiel de notre travail politique à élargir les fronts d'idées et d'actions que nous avions initiés sur le nécessaire partage des richesses, sur la possibilité de l'augmentation des salaires, sur la reprise du pouvoir aux banques et aux marchés, sur un nouveau mode de développement qui donne la priorité à l'emploi de qualité et à la transition écologique, sur la VIe République, la refondation de l'UE et le changement de politique extérieure de la France… Sur tous ces enjeux, les fronts devraient permettre, dans le respect du rôle de chaque composante du mouvement social et grâce à leurs efforts conjugués, de faire progresser la bataille idéologique et d'obtenir des avancées immédiates pour les populations.

 

Le troisième changement consiste à construire un mouvement politique qui renouvelle réellement la vie politique de notre pays.

Un mouvement et pas une force car une force politique unique n'aurait pas manqué, si elle avait vu le jour, de s'organiser en tendances et de s'effondrer sous le poids de querelles politiques intestines. Les composantes du Front de gauche et d'autres forces, écologiste par exemple, qui pourraient partager notre ambition devraient faire de leurs cultures politiques différentes un atout et non un problème. Le PCF est un atout pour le Front de gauche.

Et surtout ces forces rassemblées devraient avoir pour objectif d'encourager l'investissement citoyen. D'abord en montrant notre utilité immédiate en réalisant des actions de solidarité concrète. Ensuite en donnant de réels moyens et pouvoirs à chaque femme, chaque homme, qui veut rejoindre notre mouvement, de la définition des projets, aux luttes à mener et aux candidatures pour les représenter. Des pouvoirs qui ne se substitueraient pas à la souveraineté propre des composantes politiques mais qui seraient complémentaires. Les assemblées citoyennes étaient une belle idée qui plutôt que d'être la tribune des divisions du Front de gauche auraient dû être le lieu pour cela.

 

Alors que la France est dans l'impasse et à la veille d'échéance essentielles pour son avenir, travaillons à franchir une nouvelle étape de notre ambition stratégique en s'appuyant sur le meilleur ce que nous avons expérimenter avec le Front de gauche.

 

Igor Zamichiei,

secrétaire de la Fédération de Paris du PCF

 

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