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Pour un manifeste communiste - Jean Marie Doussin - 93

Notre pays et le monde entier vont mal. C’est ce sentiment qui domine.

Quand des générations entières ne peuvent même plus se projeter dans le futur, imaginer, construire, rêver, alors, c’est l’humanité qui est en péril.

Images de guerre, de misère, d’exclusions ! La société toute entière semble vivre en état de sidération, observant, bouche bée, le spectacle d’un monde qui part à la catastrophe.

Que dire de la situation politique en France ! Ce gouvernement n’hésite plus à employer le coup d’État permanent pour briser net les acquis sociaux de décennies de luttes ; oui décidément la contre révolution bourgeoise est en marche, avec le Medef en commandant en chef.

Cette réalité, nous l’avions envisagée, pressentie depuis des années déjà. Nous alertions sur le fait que, à défaut de proposer et faire vivre un grand projet populaire d’émancipation de la loi de l’argent, avec une nouvelle force politique rassembleuse, ouverte, puisant dans le meilleur de l’histoire sociale et politique de notre pays, le pire était à craindre.

Nous y sommes. Du coup nous ne pouvons pas faire l’économie de créer les conditions d’un véritable électro-choc, de s’affranchir définitivement de pratiques et de grilles de lecture de la société dépassées. La société est elle-même en pleine mutation, il nous faut savoir l’appréhender, nous immerger en son sein, si nous voulons être au rendez-vous historique, et ce dans un temps extrêmement court. Combien de mouvements nous échappent ? aspirations au tous ensemble, rassemblements écologiques, altermondialistes, mutations du travail générés par les nouveaux modes de production numériques…

Nous le savons, ce qui domine également aujourd’hui, c’est la désespérance et le choix du calcul égoïste du chacun pour soi, voire du rejet systématique de l’autre, et cette illusion que l’on pourrait s’en sortir tout seul en s’affranchissant d’un destin collectif. Oui illusion ! parce que les fractures sociales, écologiques, les tentations autoritaires, nous rattrapent toujours.

Nous avons perdu de ce point de vue la bataille idéologique terrible qui nous oppose au capital ; celui-ci a besoin de fragmenter la société, de la diviser. Il a besoin d’entretenir l’ignorance, notamment sur le fait que les richesses produites par le travail constituent le socle du développement social et humain ; que notre époque recèle tellement de possibilités avec l’apport et le partage des sciences et des technologies nouvelles, la révolution informationnelle, la créativité culturelle, qu’elles pourraient facilement servir le bien commun et l’épanouissement de chacun,

Or nous n’avons pas su faire vivre cette réalité.

Défaut de communication, sans doute ! mais plus fondamentalement notre incapacité à porter avec fierté et ambition un projet-manifeste transformateur, radicalement transformateur.

Pourquoi un manifeste ?

Parce que c’est un préalable. sans espérance humaine de dimension universelle, sans la promotion d’un appel au déploiement de toutes les énergies pour aller de l’avant, on ne peut avoir l’envie et le courage de militer, c’est-à-dire croire en l’efficacité collective, se penser soi-même associé à un collectif pour résister, penser ensemble la transformation, lutter, donc vivre quoi !

Parce que seule l’intervention collective peut bousculer tous les schémas préétablis par les puissants, et redonner confiance. Parce que les écuries politiciennes de droite, d’extreme-droite, ou sociales libérales piaffent d’impatience , à l’aune des prochaines élections présidentielles pour parachever la recomposition politique entreprise sur le mode bipartiste anglo-saxon. Par le fait ,elles offrent le spectacle d’une représentation politique qui se situe à des années lumière de ce que vivent les gens !

Alors oui, notre problème est bien de savoir si nous sommes toujours convaincus que le communisme est d’actualité, si nous le pensons vraiment, et si nous nous donnons enfin les moyens d’affirmer cette ambition avec la société toute entière.

Il ne s’agit plus alors dans notre propos de « combattre l’austérité », d’être « anticapitalistes », de tenter d’améliorer le sort de nos concitoyens en gérant la pénurie organisée des ressources du service public, lui meme sacrifié, non ! Il nous faut affirmer en actes, dans des actions coordonnées à l’échelle nationale et internationale, cette « envie d’avenir partagé ». L’ADN du parti communiste, c’est sa volonté constante de rassembler, et quand nous expérimentons des formes inédites de rassemblement comme nous l’entreprenons souvent à l’échelle locale, cela marche ! nous ne perdons pas notre âme, nous la revitalisons.

Ce faisant, nous nous situons enfin au niveau de la lutte des classes d’aujourd’hui, de l’élargissement potentiel du champ d’intervention politique, auprès de toutes celles et ceux qui sont objectivement intéressés au déploiement des capacités humaines, au service de l’humain. Nous le faisons dans une radicalité nouvelle, puisque l’affrontement est frontal. Le capitalisme est prêt à sortir les dents, on le voit déjà. prêt y compris à pousser les feux d’une violence politique qui lui permette de garder la maîtrise, quitte à pousser l’extrême droite en France et ailleurs.

Face à ce danger la meilleure riposte reste celle d’opposer un modèle de société durable, de développement social, humain, écologique et culturel. Un modèle qui affiche la reconnaissance totale, pleine et entière de ses membres ; les plus jeunes, les immigrés, enfants d’un monde qui se rapproche de plus en plus de lui meme, les salariés qui vivent en direct le travail aliéné et non pas facteur d’épanouissement, les plus pauvres et les plus modestes, qui demandent d’abord le respect pour ce qu’ils sont et pourraient devenir, les acteurs de la culture et de la création qui s’autorisent à donner à voir et à rêver un monde partagé, ou l’accès à la beauté pour tous est non plus un privilège mais un droit et une obligation morale.

Notre projet à nous, c’est de remettre en mouvement toutes les forces de gauche, les millions de femmes et d’hommes, de jeunes, de travailleurs, de sans emplois, qui ne votent plus et désespèrent, d’alternance en alternance.

La base de cet engagement ne peut être que « grand angle » ;

cela veut dire transformer en profondeur l’organisation politique qu’est le Parti communiste Français, pour qu’il soit dans ses modes de fonctionnement, dans son offre politique au service de cette ambition. Cela veut dite une offre de formation réactivée, une mise en capacité de maîtriser les savoirs et les connaissances pour mieux penser la société en mouvement permanent ; cela veut dire une organisation qui ouvre en grand ses portes aux jeunes générations et à ses codes ; cela veut dire une organisation qui organise la lutte et toutes les formes d’actions collectives, en portant ce sens là, de façon persévérante et cohérente, et non pas, par des coups ou de l’affichage.

« le communisme est la jeunesse du monde » disons-nous. Prouvons-le.

 

 

 

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