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Promouvoir le droit des jeunes à la formation pour libérer le travail - Jérémy Roggy - 87

Au cours des dix dernières années, le nombre de jeunes rejoignant l’enseignement supérieur n’a pas cessé d’augmenter, dans l’ensemble des filières. Cette massification va dans la continuité de celle qui s’est opérée depuis quelques décennies, notamment pour répondre aux besoin du monde du travail, en formant des travailleurs/ses qualifié.e.s à même de maîtriser pleinement leur métier. Le développement d’industries de pointe et des services appellent au renforcement de cette tendance avec un nombre croissant de jeunes étudiants au niveau Licence (bac+3).

Si elle cherche effectivement à enfermer une minorité de jeunes dans la précarité avec l’apprentissage et l’alternance dès 14 ans, la classe dominante a bien conscience de tous ces enjeux, et elle cherche à enfermer les aspirations progressistes des jeunes en formation, des étudiants dans des impasses ultralibérales. Justice sociale à la marge avec les dispositifs soi-disant d’excellence pour tous et l’augmentation des bourses étudiantes, travail du soir et du dimanche, auto-entreprenariat : elle tente de maintenir une division du travail obsolète, alors que les travailleurs/ses sont en mesure de décider individuellement et collectivement du fonctionnement, de l’organisation même de leur travail.

Si le Parti Communiste Français porte haut et fort la scolarité gratuite et obligatoire jusqu’à 18 ans, une véritable mesure progressiste au service des jeunes et de la société toute entière, il s’avère que ses propositions sur l’enseignement supérieur, pour les étudiants et les jeunes en formation ne sont pas réellement à la hauteur : celles portées dans le projet « La France en Commun » prône seulement des propositions de court-terme comme une augmentation des bourses sans préciser les moyens de financement, un encadrement et une valorisation des stages, le tout sans inclure ouvertement les jeunes dans un « nouvel âge de la sécurité sociale ». Si des revalorisations de bourses et de gratifications de stages sont effectivement urgentes, elles doivent être réalisés grâce à de nouvelles cotisations sociales et ainsi rentrer dans le cadre d’un projet politique révolutionnaire et ambitieux de long-terme pour la jeunesse et le pays.

Poser la scolarité obligatoire et gratuite jusqu’au lycée avec le baccalauréat comme première qualification requise pour le monde du travail, cela doit mener à une réflexion sérieuse sur l’enseignement supérieur et la recherche. En particulier, il est essentiel de porter des propositions concrètes sur les moyens accordés pour permettre des formations polytechniques de qualité, pour assurer aux jeunes une gratuité réelle des formations, afin que les jeunes diplômés puissent maitriser leur métier, participer à la vie démocratique au travail, et contribuer au progrès du pays. Partout sur le territoire, les jeunes doivent pouvoir accéder à des formations de qualité réellement gratuites, grâce un réengagement financier de l’Etat dans l’éducation et l’enseignement supérieur et la mise en place d’un salaire socialisé dont la rémunération serait fixée selon le niveau de qualifications.

Plus largement, nous devons porter un projet qui repense démocratiquement le rôle et l’organisation de l’enseignement supérieur, face à la restructuration et à la « professionnalisation » libérales qui le soumettent aux exigences court-termistes du patronat. Il est essentiel de poser des propositions ambitieuses quant aux cadrages financier, pédagogique et professionnel des formations dans les centres de formation des apprentis, lycées, universités et autres établissements d’enseignement supérieur : réinvestissement budgétaire massif, décloisonnement des filières, inscriptions des diplômes dans de nouvelles conventions collectives, etc. Il faut aussi questionner les nouvelles formes d’apprentissage et d’alternance : si le PCF porte la scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans, celles-ci doivent-elles être développées dans le cadre universitaire pour remplacer l’apprentissage dès 14 ans ? Les jeunes en formation, les étudiants ne veulent pas de classes, d’amphis et de TD surchargés, ni voir leur projet d’études s’effondrer parce que leur formation va être mise à mal, voire supprimée faute de moyens. Ils et elles veulent maîtriser les savoirs et savoir-faire essentiels dans leur future branche professionnelle, et doivent pouvoir avoir d’autres connaissances transversales pour acquérir une vision globale du monde du travail. Cela est nécessaire pour pouvoir libérer le travail des jeunes, pour leur permettre d’exprimer pleinement leurs potentialités.

Les jeunes en formation, qu’ils soient lycéen.ne.s, étudiant.e.s, alternant.e.s ou apprenti.e.s, ne sont pas sur le marché du travail, ne sont pas au chômage, et pourtant c’est bien la lutte contre le chômage qui est promue par la classe dominante pour priver les 15-25 ans d’un statut social qui leur permettre de vivre et de se former dignement, et pour précariser l’ensemble des travailleurs. Les jeunes en formation apportent une contribution importante à la société : en travaillant leurs cours, leurs examens, leurs concours, ils se préparent à participer pleinement au monde du travail. Et surtout au cours de leur formation, ils développent à leur niveau des savoirs et techniques, comme dans le cadre des stages ou de l’alternance qui sont pourtant peu voire pas rémunérés, et ce alors qu’au moins un tiers des étudiants effectue un stage chaque année. Cette contribution doit être reconnue par un salaire pour apporter de la stabilité et les libérer de l’arbitraire des employeurs qui ont actuellement toute latitude pour décider de la valeur de leurs formations et de leurs qualifications.

L’attribution d’un salaire pour les jeunes en formation, d’un salaire étudiant, rémunéré selon les qualifications est à ce titre primordial. Permettre aux jeunes de cotiser dès 15 ans pour la santé gratuite, pour la retraite, d’accéder au droit au logement, aux transports et aux loisirs, c’est les libérer des contraintes qui les empêchent de s’impliquer pleinement dans leur formation. Ouvrir la voie d’un salaire socialisé pour les jeunes en formation, c’est aussi permettre la majorité économique des travailleurs dès 18 ans et assurer les prémices d’un salaire fixé selon le niveau de qualifications et versé tout au long de la vie non pas par un employeur, mais par la Sécurité sociale. Et surtout, créer une nouvelle branche de la Sécurité sociale assurant l’universalité du droit des jeunes à la formation, c’est aussi réaffirmer la solidarité intergénérationnelle sur la base du travail. En effet, en apportant de nouvelles cotisations pour permettre ce nouveau type de salaire socialisé, cela serait un point d’appui pour permettre une revalorisation générale des salaires et des droits des travailleurs/ses.

Qui plus est, il est essentiel de promouvoir la gratuité de la formation continue dans le cadre universitaire pour l’ensemble des travailleurs/ses, afin d’assurer à tou.te.s de mener ses projets de travail sans demander une quelconque autorisation du patronat, en obtenant ainsi des diplômes reconnus et valorisés dans l’ensemble du pays. Enfin, ces mêmes salariés ne perdent pas leurs droits sociaux lorsqu’ils sont en formation continue : c’est bien dans cette optique qu’il faut travailler à étendre ce droit à l’ensemble des jeunes en formation, en permettant la création d’un statut social assurant à la fois un salaire socialisé et une protection sociale de qualité.

La formation a un rôle primordial à jouer pour les jeunes, les travailleurs/ses, étant donné qu’ils aspirent à un travail stable, bien rémunéré à la hauteur de leur qualification avec de réelles possibilités de progression et de mobilité dans leur carrière professionnelle. En ouvrant de nouveaux droits pour les jeunes, les communistes permettront des nouvelles conquêtes sociales ambitieuses pour l’ensemble des travailleurs/ses.

 

 

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