Les congrès du PCF

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Dire ce que en quoi nous croyons - Jérémy Bacchi - 13

Préambule

J’ai adhéré au parti communiste français en 2002 à l’âge de 15 ans. Depuis cette date, et ce à chaque congrès, nous n’avons eu de cesse de dire « ce congrès doit marquer un tournant fort dans le parti ». Tant sur le plan du contenu programmatique, que du mode d’organisation, ou à de multiples appels à la « transformation » de notre parti.

Ceci est avant tout, selon moi, le signe d’une organisation qui va mal. Une organisation incapable d’enrayer la perte d’influence qu’elle subit depuis maintenant plusieurs décennies. Il est tout à fait légitime d’essayer de s’interroger sur les raisons de cette perte d’influence, il est tout autant légitime de se questionner sur notre contenu idéologique, notre programme, pour inverser la vapeur et ainsi redevenir l’organisation dont le monde du travail a besoin et peut se saisir. Or, l’impression qui prédomine chez moi n’est malheureusement pas celle d’un parti qui est dans la construction de perspectives nouvelles au regard d’une analyse des périodes passées, mais plutôt d’un parti qui à chaque congrès essaye de réinventer le communisme sans tirer l’analyse de la mise en œuvre de nos résolutions de congrès passés. Le parti communiste français est riche. Riche de ses militants, riche de son intellectuel collectif, riche de ses travaux et publications. Ne passons pas à pertes et profits toute cette richesse à chaque congrès, appuyons nous massivement sur le travail réalisé par les commissions sur bon nombre de sujets. Examinons minutieusement ce que nous avions décidé collectivement de mettre en œuvre lors du 36ème congrès et ce que nous avons réellement mis en œuvre. Analysons les raisons de certains écarts, sont-ils dus à une mauvaise connaissance de la part des communistes de nos orientations de congrès ? Et dans ce cas comment arrivons-nous à faire vivre nos propositions dans notre organisation. Notre organisation est-elle en partie responsable de la non mise en œuvre de certaines de nos résolutions ? Dans ce cas-là comment pouvons-nous améliorer le fonctionnement démocratique de notre parti pour une plus grande mise en mouvement de nos idées et de nos actions ? Autant de questions que nous devons nous poser à l’approche du 37ème congrès si nous ne voulons pas une fois de plus repartir à zéro ou presque dans la réflexion.

  1. La visée communiste

La situation économique et sociale de notre pays met en évidence un renforcement de l’idéologie dominante et un recul des idées progressistes dans l’expression publique. Le quinquennat de François Hollande, n’a fait que renforcer cette dynamique. Pourtant, les inégalités se creusent, le chômage augmente, le monde est en guerre, l’espérance de vie baisse… plus que jamais le communisme doit incarner la solution. Paradoxalement, nous ne parvenons pas à renforcer de manière considérable notre influence dans une période qui peut, en apparence, apparaitre comme favorable à l’émergence d’une force communiste.

Nous parlons souvent de l’importance de mener la bataille idéologique. Je partage entièrement ce sentiment, mais je considère que la bataille idéologique se mène non pas sur un contenu programmatique, mais sur une visée politique. Je salue en ce sens, la volonté de travailler pour ce congrès, sur un texte, la France en commun, qui a aussi pour mission de parler de notre projet de société et pas seulement d’un contenu programmatique. La question de la visée communiste est donc à mes yeux essentielle si nous voulons redonner espoir à des millions de femmes et d’hommes à travers le pays. Ce qui a fait la force de notre parti, c’est qu’il a été pendant des décennies identifié à quelques marqueurs important de sa visée politique (la répartition des richesses, la nationalisation de secteurs clés de notre économie, la défense de la classe ouvrière…). Dans l’imaginaire collectif, même chez les gens les moins politisés, il était possible de définir ce que pouvait être les contours d’une société communiste. Or, aujourd’hui, nous constatons que cette vision partagée de ce que pourrait être une société communiste s’est peu à peu délitée, si bien qu’aujourd’hui nous avons presque autant de visions de ce que peut être la société communiste que d’adhérents. Pourtant, c’est bel et bien sur cette question là de la visée que nous arriverons à redonner de l’espoir, à tracer des perspectives. Aussi, cela nous permettrait enfin de reparler de la prise du pouvoir. Il n’y a rien de plus démobilisateur que de renoncer, ou de ne pas s’exprimer sur notre volonté de prendre le pouvoir. Evidement cela s’inscrit dans un temps long, que nous devons articuler dans un même mouvement à la réponse à l’urgence sociale et la réponse aux besoins immédiats de notre peuple.

Un travail efficace, se renforcer sur la visée, nous permettraient aussi de dépasser, au moins en partie, certains débats concernant notre stratégie électorale. Bien souvent, nous ne sommes pas compris sur celle-ci. En remettant notre stratégie électorale comme un outil au service d’une visée politique qui la dépasse, nous serions mieux à même d’expliquer nos choix, car notre stratégie n’apparaitrait plus comme une fin en soi, mais comme un moyen efficace de construire la société que nous appelons de nos vœux.

 

  1. L’organisation de notre parti

A chaque congrès nous réaffirmons notre choix de la forme parti plutôt que celle d’une forme mouvement. Je partage en totalité ce choix-là. Or, dans les faits, nous avons encore trop souvent tendance à fonctionner comme un mouvement. La participation des communistes dans l’élaboration des décisions reste trop souvent limitée, ou se borne à des consultations. Nous devons collectivement travailler au renforcement du rôle démocratique de nos instances et favoriser l’expression de tous les communistes. Il s’agit là de la tâche de chaque communiste de veiller à une implication accrue des camarades dans les débats, les actions militantes, la réflexion… Nous devons aussi avoir un travail particulier en direction de la formation des militants et de la politique des cadres. Permettez-moi d’ailleurs de saluer les progrès réalisés sur ce sujet au cours des dernières années. Nous devons redonner au parti communiste français sa capacité à faire émerger des cadres issus du monde ouvrier et des quartiers populaires. La formation doit permettre cela, sans quoi nous aurons un parti qui ne sera pas à l’image des gens que nous prétendons défendre.

 

  1. Parti communiste et monde du travail

Dans les Bouches-du-Rhône nous faisons l’expérience depuis maintenant 2 ans, d’un travail collectif avec des organisations syndicales, au premier rang desquelles la CGT, des organisations politiques, des associations… Ce processus départemental répond à une exigence : à attaque globale de la part du capital, avec la complicité du gouvernement, nous proposons une riposte globale. Ce processus qui regroupe 18 organisations est intéressant dans sa forme car nous avons fait le choix de ne pas nous structurer en collectif. Chaque organisation reste libre de son contenu politique ou syndical, mais nous convergeons sur bon nombre de sujets (lutte contre l’austérité, pour l’emploi, les salaires, la paix…). Cette expérience permet au parti communiste de se repositionner en tant qu’organisation politique, de dépasser le soutien aux luttes pour redevenir la force de proposition politique qui permet aux luttes syndicales de trouver des débouchés politiques. Ce rapprochement permet aussi, d’ancrer de manière plus forte le parti dans l’entreprise. Même si cela ne se traduit pas nécessairement par une organisation communiste dans l’entreprise, du moins pour l’instant, le discours communiste est facilité et plus largement diffusé. La défense du monde du travail est notre identité et nous devons par conséquent démultiplier toutes les formes possibles et imaginables qui nous permettrons de gagner du terrain dans les consciences des travailleurs.

 

 

 

 

 

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