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La gauche et le monde ont besoin d'idées communistes novatrices

 
 

Par Denis Durand, membre du conseil national du PCF, 16 décembre 2015

 

Des millions d’ouvriers, d’employés, de cadres et de techniciens, de chômeurs ulcérés par la politique du gouvernement ont choisi de ne pas voter pour le Front national voire, pour certains d’entre eux, de lui faire barrage au deuxième tour ; mais ils ont aussi choisi de cesser de voter à gauche et de ne pas soutenir le Front de gauche.

 

C’est pourtant dans ces classes sociales que résident les forces capables d’empêcher notre civilisation de basculer dans la violence, le racisme et le déchaînement des nationalismes. Mais pour que ces forces prennent conscience d’elles-mêmes, il faudra autre chose que des mots, des symboles et du rêve. Il faudra leur témoigner assez de respect pour leur dire la vérité : seules des luttes persévérantes pour des solutions précises aux problèmes posés par la crise du capitalisme financiarisé permettront de réaliser les larges rassemblements capables d’imposer une alternative face au chantage permanent des marchés financiers.

 

Depuis une vingtaine d’années, l’opinion a prévalu qu’être à gauche de la gauche ou se réclamer de l’antilibéralisme serait une base de rassemblement suffisante pour constituer une alternative politique. La nature exacte des mesures proposées pour s’opposer aux politiques d’austérité était considérée comme secondaire, ou plutôt, tout débat à leur sujet était esquivé de peur de créer des divisions. Les derniers événements soulignent combien cette conception du rassemblement est inopérante.

 

Il faut donc un débat à gauche sur les objectifs que le mouvement populaire devrait viser, les moyens nécessaires pour les atteindre et les pouvoirs à conquérir pour mobiliser ces moyens.

Pour le gouvernement actuel, la cause est entendue : il serait inutile de chercher à résister aux marchés financiers, et il n’y aurait donc qu’à aller au-devant de toutes leurs exigences ! Ce faisant, François Hollande renie chaque jour davantage tout ce pourquoi la gauche s’est identifiée à la liberté, au progrès et à la justice sociale. Il mène la société française à la catastrophe et la droite la plus dure au pouvoir.

 

Selon une autre conception, qui a pignon sur rue à la « gauche de la gauche », il suffirait de « refermer la parenthèse libérale » et de revenir aux compromis sociaux de l’après-guerre, appuyés sur l’intervention de l’État dans l’économie, bref de revenir aux sources d’une authentique social-démocratie. Résultent de ce parti pris la croyance en la possibilité de changer la répartition des richesses par l’impôt (Piketty) sans changer la façon de produire les richesses, ou la foi dans des solutions imaginaires magiques, comme la sortie de l’euro, pour échapper au pouvoir des marchés financiers sans luttes concrètes pour changer l’orientation du crédit en Europe. Mais c’est précisément la crise de ce mode de régulation de l’économie, dans les années soixante-dix, qui a rendu irrésistibles la vague néolibérale et ses méfaits !

 

Être réaliste, c’est reconnaître que pour répondre à la violence qui accompagne les bouleversements de notre civilisation, corriger les dégâts du marché par l’action par l’État ne suffit plus. C’est aux ressorts les plus profonds du pouvoir de l’argent que nous sommes désormais condamnés à nous attaquer si nous voulons que la civilisation survive. Cela ne peut être réalisé que par la conquête par les citoyens eux-mêmes, « du local au mondial », de pouvoirs aujourd’hui confisqués par la finance ou délégués à l’État, au moyen de luttes sociales et politiques pour des objectifs à la fois concrets, immédiats et radicaux, en ayant comme boussole la lutte contre la tyrannie des marchés financiers afin de faire baisser le coût du capital.

 

En effet, à la cohérence perverse de la rentabilisation du capital qui conduit à l’effondrement social, écologique, politique et moral, on peut opposer une autre cohérence répondant aux dangers mais aussi aux potentialités des révolutions qui affectent de nos jours l’environnement, les technologies, la démographie, la monnaie.

 

Réduire les prélèvements financiers et les prélèvements sur les ressources naturelles avec de nouveaux critères de gestion pour dégager les moyens de sécuriser l’emploi et la formation. Développer de nouveaux services publics pour partager les potentialités de la révolution technologique informationnelle aujourd’hui accaparées par le capital multinational. Depuis le financement de projets industriels dans les entreprises et les territoires jusqu’à la construction avec les pays émergents d’un nouvel ordre monétaire international, se saisir du formidable pouvoir des banques et des banques centrales afin de financer les investissements nécessaires pour changer la façon de produire les richesses et réussir la transition écologique. Refonder la construction européenne jusque dans son cœur, en mettant l’euro au service de l’emploi et des services publics, à partir de luttes pour le financement de projets concrets. Coopérer entre Nord et Sud, entre Orient et Occident, pour permettre l’émergence de cette nouvelle civilisation où l’émancipation de chacun serait la condition de l’émancipation de tous.

 

Il y a là bien autre chose que des recettes économiques destinées à meubler des programmes électoraux. Il y a une cohérence politique dont le Parti communiste doit devenir le porteur car c’est seulement ainsi que des forces, nombreuses et diverses, pourront se rassembler en y reconnaissant leurs propres objectifs. Nous ne pouvons plus nous permettre de refouler nos idées communistes et de repousser à plus tard les confrontations de points de vue à gauche.

 

 

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