Les congrès du PCF

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Communistes, pourquoi nous combattons - Henri Malberg - 75

Je réponds à l'appel à contribution pour le congrès. Ce que j'entends dans les réunions de militants, et ce que je ressens m'incite à formuler les réflexions suivantes, organisées en 10 questions :

 

1 - la période est dangereuse pour ce qui nous est cher et pour nos idées. Il faut l'exprimer sobrement ainsi que les enjeux actuels.

Une certaine conception de la société issue d'un siècle de luttes de classe, favorable à la classe ouvrière et à notre pays, et proche des conceptions communistes, ce qu'on appelle l'exception française et la gauche historique est prise à partie par le grand capitalisme français et européen. C'est l'heure de la revanche. L'heure de normaliser la France. Et ils veulent aller vite.

C'est l'enjeu des luttes de classe actuelles : quelle société pour demain. C'est un enjeu historique. Les acquis du peuple de France seraient dépassés. La modernité ce serait la guerre de tous contre tous disent-ils. Faire foin des solidarités. Pour les capitaux concurrence libre et non faussée. Pour l'immense majorité du peuple austérité, sacrifice et chômage.

 

2 - Ce n'est ni perdu ni gagné, le destin hésite.

Dans de tels moments l'énergie, l'intelligence, la combativité des communistes aux côtés de toutes les forces progressistes et de gauche peut être décisive.

L'idée d'une France en plein déclin, le défaitisme, la résignation coulent à flots dans les médias et dans l'idéologie du pouvoir actuel. Le Parti socialiste croule sous l'idée que le capitalisme a gagné la partie, comme dit Cambadélis. Il faut donc se coucher.

Ce n'est pas vrai.

Il y a dans notre nation, dans le peuple, dans les peuples européens tous les moyens d'une contre offensive possible. Le peuple grec a résisté 6 mois. France, Espagne, Portugal, mouvement ouvrier allemand et Italien et d'autres peuvent gagner.

Il faut montrer et dire que les communistes sont décidés farouchement à ne pas baisser la tête et tendre le cou. Ils tendent la main à tous ceux qui veulent en faire autant. Nous l'avons toujours fait et c'est la clé du succès. Il faut faire preuve d'une détermination sans faille sans détour avec le courage s'il le faut d'être pour un temps à contre sens du poids des idées dominantes.

On doit on peut les battre. Nous y sommes décidés.

 

3 - Il y a besoin de parfaire l'analyse des rapports de classe et des rapports de force en France et en Europe. Sans s'attendre les uns les autres.

Au temps du Front populaire nous parlions des 200 familles. Pendant la Guerre froide "des trusts sans patrie" et du "capitalisme monopoliste d'état" dans les années 60.

On parle de plus en plus "d'oligarchie" dans des articles critiques même dans la presse qui défend le système comme Le Monde, le Figaro, Libération.

L'idée que nous sommes les 99 % contre 1 % de profiteurs a fait son apparition dans une manifestation à Walstreet aux Etas Unis. Les statistiques le confirment chaque jour.

Une toute petite minorité domine le monde, son économie, les médias, les pouvoirs politiques, les institutions. Hélas la France avec Hollande, Valls et Macron ont pris ce train.

C'est le MEDEF qui donne le la.

Une mince couche sociale circule de la haute administration à la direction des banques, aux allées des partis politiques et dans les médias.

On passe de la finance presque directement au poste de ministre. C'est fou. Et partout des colères du peuple qui virent parfois au lepénisme et à l'abstention de masse.

Jamais si peu de gens n'ont été aux manettes. Une caste, une oligarchie, une mafia, une nouvelle noblesse.

Nous devons plus encore cogner, cogner, cogner sur eux. Les traiter comme l'ennemi public numéro un et la honte de la France. Ils travaillent non seulement contre la classe ouvrière et le monde du travail mais même d'une patrie des capitalistes entrepreneurs, patrons industriels, véritables salariés de luxe des banques qui les tiennent à la gorge. Là est l'idée des 99 %. Une très forte majorité des peuples ont intérêt à des changements profonds.

La question du rapport des forces est vitale. Et les communistes se veulent au premier rang de la résistance et de la colère des peuples.

 

4 -Il faut mettre en accusation le système.

Le mot "la poudrière" est le titre d'un éditorial du journal Le Monde en janvier 2016.

La poudrière.

Ce système qui se veut si fort et si dominateur vit d'énormes contradictions et des faiblesses qui expliquent la guerre idéologique effrénée pour préserver son influence.

 

Crise politique, guerre idéologique, crise idéologique.

Nous sommes face à une énorme opération de légitimation du système dit libéral. Il est présenté comme le seul possible après l'échec du socialisme d'état de l'est.

Il s'agit de légitimer le capitalisme financier, l'argent comme maître de toute chose. Et d'étouffer toute contestation de la concurrence libre et sauvage. Il s'agit d'étouffer en priorité la voix des communistes et de la partie la plus lucide du peuple, du monde du travail, des intellectuels.

Ils sont infiniment forts et organisés et formidablement en danger.

Il y a les crises qui se succèdent, des accumulations de capitaux fantastiques, des milliers de milliards de dollars dit toute la presse. Il y a les contradictions avec l'explosion des inégalités, il y a une crise morale de cette bande de banquiers, financiers, spéculateurs, tricheurs sur les impôts. Il y a la pauvreté de la pensée. Il est aberrant de voir à quel point sur l'essentiel les journaux Le Monde, Le Figaro et Libération et les grands médias ne prennent même plus la précaution de bouger une seule idée originale.

Marx, comme Bourdieu, Sartre et même Raymond Aron doivent se retourner dans leur tombe s'ils entendent les rares intellectuels qui défendent le système.

Quelle indigence.

Ce capitalisme financiarisé est ultra minoritaire et nocif. Et il est impuissant à assurer le bien être humain et l'avenir de l'humanité. Plutôt il sera réduit à l'impuissance, mieux ce sera pour les peuples.

Cela peut venir. Cela viendra car les contradictions se succèdent.

D'abord ces crises, énormes gâchis de richesse, dilapidation qui retombe sur le dos des peuples. C'est par centaines de milliards que les banques centrales alimentent la crise, injectent de l'argent qui ne produit aucun emploi, aucun progrès de l'économie réelle car ils spéculent et alimentent les fusions des grandes sociétés. Il y a ainsi des opérations à 80 et 100 milliards, plus que le budget de l'Education nationale d'un pays comme la France. Et au bout 1000, 2000, 5000, 10 000 licenciements.

Chose jamais vue dans l'histoire, plus les richesses, les connaissances, les moyens de mieux vivre et se soigner grandissent plus grandissent les inégalités.

Tout un courant intellectuel n'en finit plus de montrer cela.

Et plus le progrès scientifique et technique et la productivité croissent, plus croit le chômage. Il y a 200 millions de chômeurs dans le monde, 30 millions en Europe, 5 millions en France. Quel gâchis, quel gaspillage de richesse humaine et d'intelligence.

Grandit en même temps le danger pour la planète. Derrière les mots le système se révèle incapable du grand basculement nécessaire.

Et puis les atteintes à la démocratie pour limiter la résistance des peuples.

Tout cela jette aussi des millions d’hommes, de femmes et d’enfants dans un exil sans fin et des migrations désespérantes.

Ainsi ce système creuse le fossé entre les moyens de notre temps et la vie réelle des peuples. Il est incapable d'ouvrir une perspective normale. Il n'est que d'écouter le terrible silence des Hollande, Valls et Macron pour parler un peu de l'avenir. Ils ne sont préoccupés que par la prochaine élection présidentielle.

Honte à ces gens de courte vue.

On ne tiendra pas longtemps en laisse les ouvriers, le monde du travail, les intellectuels, les 99 % victimes des aberrations du capitalisme d'aujourd'hui.

Oui "une poudrière".

Et il y a un j'accuse à la Zola à écrire.

 

5 - Pourquoi nous combattons.

L'idée qu'il faut élaborer un texte simple et pourtant fondamental sur le parti "pourquoi nous combattons" monte de partout dans les réunions où je vais.

Si nous réussissons, ce sera d'un grand apport à la création d'un large mouvement de contestation et de construction d'une perspective et un apport pour le renforcement du parti. Renforcement de la culture politique des communistes et pour nombre d'adhérents, en particulier de jeunes.

Il faut parvenir à exprimer clairement et sans langue de bois ni formules alambiquées, les questions que nous avons dans la tête sur nos objectifs à long terme et court terme. Et répondre ainsi aux questions qu'on se pose sur nous.

  • Qu'est-ce que le nouveau socialisme, le nouveau communisme, le changement véritable que nous pensons souhaitable en perspective et pour lequel nous combattons.

  • Qu'est ce qui le différencie du socialisme d'état des pays de l'est qui ont échoué et pourquoi ils ont échoué à notre sens.

  • Qu'est ce qui nous différencie de la politique du Parti socialiste qui est de moins en moins socialiste, de moins en moins de gauche et dont la plupart des dirigeants souhaitent même maintenant la disparition parce que même le mot socialiste les gêne.

  • Qu'est-ce que la gauche pour nous. La gauche de notre temps.

  • Que penser des courants progressistes et des gens qui cherchent une issue et qui militent souvent dans de nombreuses associations. Il y a en France 13 millions de personnes engagées dans des associations.

  • Que pensons-nous des millions de gens, souvent même de droite, qui suivent avec intérêt les prises de position du pape François qui met en cause tout le système actuel et ses injustices ?

  • Qu'est-ce qu'on fait avec les inégalités sans passer à l'égalitarisme.

  • Qu'est-ce que nous entendons par une société humaine, libre et vivante, démocratique et fraternelle ?

  • Que veut dire aujourd'hui faire vivre les merveilleuses idées de la Révolution française, de la Commune de Paris, du CNR, de Mai 68 : Liberté Egalité Fraternité ?

  • Que pensons-nous de la laïcité de l'Etat qui signifie le respect et la liberté de croire ou de ne pas croire pour les citoyens ?

  • Quelle conception avons-nous de l'économie pour limiter très sérieusement la loi du marché, de la concurrence exacerbée qui tue l'économie. Et comment mettre fin au pouvoir absolu des banques, de la finance, des multi nationales et punir rudement la spéculation, l'évasion des capitaux sans passer à une société monocorde en laissant de larges droits à tous les créateurs, entrepreneurs dont l'utilité sociale est reconnue ?

  • Comment renforcer le rôle des salariés, de l'ouvrier au cadre supérieur dans l'économie ?

  • Comment défendre et renforcer les services publics, démocratiquement gérés.

  • Que penser d'une nouvelle période de nationalisation de grandes entreprises et de banques pour mettre l'argent au service de l'intérêt général et national.

  • Quel changement considérons nous nécessaire dès maintenant pour que la richesse immense du monde, de l'Europe et de chaque pays aille au développement de l'économie, au bien être du peuple, aux grandes tâches de l'éducation et de la santé ?

  • Quelles sont les libertés démocratiques et une nouvelle conception de la vie de la société pour faire de chaque citoyen qui le veut un participant actif des choix de la commune, des départements et régions et des choix de l'Etat ?

 

6 - La politique.

Un véritable combat d'idée se déroule autour de la question de la politique.

Il y a un écœurement populaire devant l'uniformité des idées de la droite et de la politique officielle du Parti socialiste.

Ecœurement devant les manipulations politiciennes, la compétition dans chaque parti pour le pouvoir.

Ecœurement devant le manque de perspectives, tout le monde ayant le nez sur l'élection présidentielle qui devient un piège intégral.

Sur cette base les médias ont construit une analyse concluant qu'il faut se dégouter de la politique. On pousse le peuple à ne plus croire en lui-même et à son pouvoir démocratique.

Cette situation est un formidable service rendu aux dirigeants économiques et politiques de la société qui eux s'occupent de politique "à fond la caisse".

Or un peuple dépolitisé est un peuple foutu sans avenir. On nous prend pour des abrutis.

Donc pour les communistes le combat pour faire de la politique, pour penser les problèmes, pour être des citoyens debout est devenu essentiel.

La France est un pays très politisé, très politisé historiquement et c'est un danger pour les couches dirigeantes.

Dans l'histoire de la France l'existence de partis politiques différenciés, leurs luttes, leurs confrontations ont toujours marqué l'histoire du pays. Les classes dirigeantes ont toujours rêvé d'un peuple sans espoir, les solidarités absentes, l'intelligence politique bridée, occupé à chercher à vivre.

Je suis pour combattre tout ce qui flatte la dérive anti politique.

Je pense qu'il faut exprimer l'idée vive la politique, vive le pluralisme, vive la participation du peuple aux affaires.

D'autant plus que le soi disant apolitisme touche naturellement plutôt des travailleurs, les plus exploités, les plus mal lotis et la jeunesse.

C'est donc le Parti communiste qui pâti le plus de cette situation. La lutte pour entraîner les citoyens et d'abord le monde du travail au sens large à se passionner non seulement pour le combat social mais pour la politique est essentiel.

 

7 - Le PC, le PS, l'unité de la gauche, le rassemblement du peuple.

La politique unitaire du Parti communiste n'est pas d'abord une question électorale. C'est une dimension fondamentale de leur politique depuis quasiment toujours.

En l'occurrence dès 1934 le Front anti fasciste qui permit à la France d'échapper à ce qui est arrivé au peuple allemand. Puis l'idée du Front populaire lancé par le Parti communiste en 1935 et qui presque un siècle plus tard marque toujours le rapport des forces entre le capitalisme et le mouvement ouvrier. C'est aussi la Résistance et le programme du CNR réalisés avec le général de Gaulle, les fronts de lutte contre la Guerre froide et les guerres coloniales, le Programme commun de la gauche et la permanence de la main tendue qui a permis tant de victoires.

L'idée du Front de gauche allait en ce sens, mais il s'est étriqué et marginalisé. Ce n'est pas de notre fait.

Il s'est toujours agi de défendre le monde du travail, les intérêts du pays.

En même temps le Parti communiste s'est adressé vers 1936/1937 aux chrétiens, nos frères en exploitation et en espérance.

Et même avec le courant national de la bourgeoisie, qui s'était exprimé dans la Résistance.

Puis se pose la question de la gauche.

L'idée de gauche comme idée populaire progressiste à certains égards révolutionnaires a été un marqueur puissant de tous les combats de classe de notre pays.

Il a toujours signifié progrès social, défense des libertés, rassemblement du monde du travail et des intellectuels et une certaine alliance avec les classes moyennes.

L'idée de gauche est aujourd'hui violemment attaquée, dénoncée comme archaïque. Ce qui est à la mode dans les médias, au PS et dans une partie de la droite. C'est l'idée à l'anglo-saxonne ou à l'allemande d'une alliance foireuse du social libéralisme et d'une partie de la droite.

Evidemment c'est l'intérêt de la grande bourgeoisie et des défenseurs du capitalisme.

Les communistes considèrent que l'idée de gauche est toujours un stimulant profond aux racines ancrées dans l'histoire et porteurs d'avenir.

Mais il y a du nouveau. C'est que la majorité des dirigeants socialistes et l'équipe Hollande Valls veut rompre avec cette idée qui leur parait dangereuse. C'est donc contre eux qu'il faut défendre l'idée de la gauche. En ce sens il faut récuser à la fois l'idée d'extrême gauche qui rabougrit le mouvement et de gauche de la gauche qui finit par faire de même.

Le Parti communiste n'est pas "la gauche de la gauche", il est un élément moteur, un des éléments moteurs de la gauche tout court.

Il faut reconstruire non pas une gauche de la gauche mais la gauche tout court. C'est le sens des initiatives proposées dans la préparation du congrès.

 

8 - Et le Parti socialiste ?

Le Parti socialiste ne pavoise pas. Les militants socialistes et les électeurs les plus politisés savent bien ou sentent l'énorme responsabilité du pouvoir et de l'équipe actuelle dans le désespoir populaire, la montée du vote Front national et une abstention massive.

L'histoire retiendra que l'écœurement de la politique, le désarroi populaire voire le dégoût proviennent du mensonge, du cynisme, de la trahison de ses promesses par le gouvernement.

Leur responsabilité est énorme.

Tout cela est d'une gravité extrême pour l'avenir de la démocratie et des idéaux de progrès.

S'il ne change pas de politique, le Parti socialiste portera la responsabilité d'avoir contribué à dilapider les acquis sociaux et démocratiques de plusieurs générations et d'avoir tenté de tuer l'idée de gauche et le Parti socialiste lui-même.

La soumission libéralisme c'est tout le XXème siècle, c'est Jaurès, le Front populaire, le Conseil National de la Résistance, les acquis des luttes ouvrières et sociales qui sont ainsi en danger.

L'enjeu est historique.

Je me pose entre autre question de l'unité, celui d'un appel du Parti communiste aux socialistes, aux militants, à ses électeurs pour qu'ensemble on reprenne le chemin historique d'une politique de gauche.

Cela aiderait à relancer l'espoir, à battre la droite et faire reculer l'extrême droite fascisante qui menace.

Je me pose la question d'une démarche ouverte nette sans détour. Une invitation à se rencontrer partout dans les entreprises, les écoles, les quartiers, entre militants politiques de gauche et à égalité avec les personnes si nombreuses du monde syndical et associatif. Si on y ajoute le courant chrétien encouragé par les positions du pape François, cela fait des millions et des millions.

Evidemment ceci en relation avec d'autres problèmes.

Le Front de gauche ne peut devenir cette petite chose gauchisante avec son leader anti autoproclamé et mis en scène par les médias. Et que penser des 13 millions de Français qui agissent dans le mouvement associatif. Et des milliers et milliers de militants syndicaux.

Et de la grande tradition révolutionnaire qui sommeille dans le peuple français et sa diversité historique.

Il faut trouver les mots et l'élan pour réveiller l'espoir et donner un nom au mouvement qui se cherche dans les consciences de notre beau pays.

 

Quelques mots encore.

Une remarque historique. Il y a toujours eu un rapport entre l'élargissement de l'influence et du rôle des communistes comme parti politique et les résultats de l'unité et du rassemblement.

Cela me semble toujours vrai. D'où l'idée de mener de front le déploiement du Parti communiste, ses propositions, son renforcement avec les propositions et les démarches unitaires.

Faire plus et mieux pour que le Parti communiste soit reconnu avec ses idées, c'est donner une base plus large aux initiatives unitaires.

Ici on rejoint l'idée de Gramsci sur l'hégémonie.

Au total l'espoir de tuer la gauche, isoler et rabougrir le Parti communiste rêvé par la bourgeoisie française et les socio libéraux n'a pas gagné. Et ne gagnera pas, les communistes peuvent y être pour beaucoup.

 

9 - Le Parti communiste et la nation.

La France et l'Europe.

Nous avons légitimement progressé dans notre intervention sur les questions européennes.

Les gens ne sont pas fous. Dans le monde d'aujourd'hui, le repli national sur la France et chaque pays européen isolé des autres n'a pas de sens.

Mais aujourd'hui je ne pense pas que l'articulation entre la nation, les nations et l'Europe en crise fonctionne dans l'intérêt des peuples. Il y a crise de l'identité européenne.

Cela découle naturellement de l'horreur que représente la politique européenne sous la coupe des capitaux déchaînés. La politique de droite emmenée par l'Allemagne libérale et les socio démocrates européens devenus socio libéraux est désastreuse. Pour chaque peuple et pour le destin de l'Europe.

Du coup la politique européenne, les structures européennes sont de plus en plus rejetées par les peuples.

La réussite du Lepénisme et en général de l'extrême droite européenne tient en grande partie à la peur face à la concurrence effrénée entre les peuples et naturellement aux crises du Moyen Orient. Une idéologie de nature fascisante s'enracine parfois. C’est très grave.

En France elle est de plus favorisée par le calcul forcené et complètement irresponsable de François Hollande qui continuant les choix de François Mitterrand considère que pour garder le pouvoir il faut que le clan Le Pen soit très haut.

Folie de politiciens irresponsables.

Je pense en même temps que l'articulation entre notre positionnement national et européen doit être éclairé et affirmé.

Nous aimons la France. Nous sommes des patriotes. Nous sommes les héritiers de la merveilleuse histoire, de ce qu'il y a de meilleur et de progressiste en France. La Révolution, la Commune de Paris, la Résistance, les luttes anti coloniales - je n'oublie jamais Charonne - les luttes pour la paix, les luttes sociales ont fait la France d'aujourd'hui. Oui nous aimons la France. La France du travail, la France de l'intelligence historique, la France qui a mis sur ses drapeaux Liberté Egalité Fraternité. Et laïcité.

Chaque pays d'Europe a son histoire, sa grandeur et ses désastres.

Et je crois que les nations continueront longtemps à exister.

Dans les moments de crise l'idée nationale se renforce naturellement. Et surtout dans le peuple travailleur. Je n'oublie jamais la phrase de François Mauriac rappelant que pendant la Résistance "la classe ouvrière était restée fidèle dans sa masse à la patrie profanée en danger".

Je vois aussi la réaction à Charlie Hebdo : la remontée des idées de Liberté. Et un certain retour qui me plait beaucoup du drapeau tricolore. Je n'oublie jamais que c'est le Parti communiste qui au moment du Front populaire a exalté "les plis mêlés du drapeau tricolore et du drapeau rouge"

Plus l'Europe et la mondialisation s'attaquent aux peuples et aux intérêts nationaux, plus l'exaspération se renforce. Elle peut devenir fascisante. Il faut lui donner sa dimension progressiste. Et il ne faut pas l'opposer à l'Europe ni aux autres peuples européens.

On peut mieux exprimer la défense des intérêts nationaux en rapport avec la coopération européenne. Et ne pas hésiter à dire nettement notre priorité aux intérêts nationaux. Nous l'admettons aussi naturellement pour les autres peuples. Et cela est conforme à l'avenir de l'Europe. Celle-ci ne peut exister que par un compromis permanent et la discussion démocratique respectant les souverainetés nationales.

C'est un rude combat. N'oublions pas la violence de la réaction quand Georges Marchais au nom du Parti communiste avança l'idée "produire Français".

Pour nous, face à l'Europe aux mains de la finance, l'intérêt national prime tout. Comment ne pas rappeler ici la violence du sort fait à la Grèce en lutte pour le changement.

Pas de cadeau. Il faut battre la politique européenne actuelle.

Je veux ajouter en conclusion, qu’une des grandes valeurs fondatrices du Parti Communiste Français est la lutte contre les racismes et l’antisémitisme. Rien ne doit nous détourner de cela et nous devons être particulièrement vigilants devant la recrudescence des actes antisémites et racistes, et des tentatives de divisions que cela fait naître dans la population. Nous sommes patriotes et pas nationalistes.

 

10 - Le Parti communiste.

Aujourd'hui, demain.

Les choses étant ce qu'elles sont avec un pouvoir socialiste qui rompt avec toute politique de gauche, le Parti communiste se trouve être en ce moment le principal grand parti politique défendant une perspective de gauche.

Un parti qui dans les faits est porteur de la volonté de changer la société.

Pour nous c'est une très grande responsabilité et c'est le besoin de combattre, d'être tourné vers le peuple, d'être ouvert à toutes les idées nouvelles possibles. Et naturellement porteur des valeurs que ce pouvoir ne défend plus.

Concrètement plusieurs problèmes dits d'organisation se présentent.

D'une part un très grand effort de rapprochement avec le monde du travail, les plus grandes entreprises et les corporations.

Concrètement on pourrait profiter de la préparation du congrès du Parti communiste pour faire l'état des lieux. Dans chaque département quelques entreprises et corporations avec la volonté de prendre langue avec des travailleurs engagés dans le mouvement syndical et s'organiser pour que le parti s'adresse à eux le plus souvent qu'il est possible.

D'autre part, dans le même esprit, il faut quand ce n'est pas le cas, prendre contact avec les milieux intellectuels au moment même où des questions fondamentales se posent quant à l'avenir du pays.

Enfin et selon nos moyens disponibles se rapprocher d'une série de grands ensembles en cherchant à y faire pénétrer nos positions politiques.

Dans le même esprit il faut faire le point de l'activité politique de masse des organisations du parti et de nos rapports avec les adhérents.

Et encore voir où nous en sommes avec les nouveaux adhérents du parti qui presque partout sont apparus chez nous ces dernières années.

En clair, on peut profiter du congrès du Parti communiste pour jeter un regard le plus objectif possible sur l'état de nos forces dans chaque département, l'état de nos initiatives, l'état réel du travail de masse. Et prendre les mesures concrètes pour les améliorer dans toute la mesure du possible.

 

L'espoir : la volonté de reconquête et d'ouverture.

Résister nécessite de mettre en valeur avec force l'affirmation de notre politique et l'affirmation unitaire et de rassemblement.

Besoin de fierté de ce combat.

A la fois sans concession sur le fond et ouvert à tout ce qui bouge et peut converger.

Besoin d'être clair "et même carré" et formidablement ouvert.

Des débats de fond sont ouverts entre communistes. Il faut veiller qu'ils soient fraternels.

Besoin de confiance, et d'intelligence collective. Besoin de clarté et de respect mutuel.

Besoin d'écoute sans agressivité. Besoin de fraternité entre camarades qui cherchent des réponses.

 

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le 02 February 2016