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Pas de changement sans l'intervention du mouvement populaire ! - Robert Clément - 93

PAS DE CHANGEMENT SANS L’INTERVENTION DU MOUVEMENT POPULAIRE !

 

La machine est lancée. Les médias s’enflamment et les esprits s’échauffent. La campagne de 2017 réveille les appétits ! La droite hésite entre SARKOZY et JUPPÉ, bien que ne voyant pas d’un mauvais œil VALLS ou MACRON habillés en locataires de l’Élysée. Quant aux dirigeants du Parti socialiste, après avoir rejeté l’idée d’une primaire, pour les uns François HOLLANDE serait le candidat naturel, et pour les autres, ils y sont favorables mais à condition que ce soit…François HOLLANDE l’heureux élu.

 

Il est donc urgent de sortir de ce marigot politicien, pour en revenir aux enjeux de cette échéance. C’est sur cet aspect que je souhaite exprimer mon point de vue, qui je le sais ne manquera pas d’interroger nombre de celles et ceux qui me liront. C’est le propre de tout débat.

 

En tout premier lieu, prenons la mesure du piège qui nous est tendu. Tout est fait pour inscrire dans les consciences l’idée qu’il n’existerait que trois possibilités, François HOLLANDE, Marine Le Pen et un candidat de droite. Cette hypothèse s’est, d’une certaine manière, trouvée renforcée avec les résultats des élections régionales. Principalement pour trois raisons.

 

  1. Marine Le Pen apparaît aux yeux de l’opinion comme étant de toute façon sélectionnée pour le second tour.

  2. L’affaiblissement du Front de gauche alimente l’idée selon laquelle celui-ci ne se montre pas capable de rassembler celles et ceux qui aspirent à un changement de cap de la politique actuelle.

  3. Les opérations de sabordage du PS dans deux régions encouragent les partisans d’une recomposition du paysage politique, avec un parti « démocrate » incluant le PS et une partie de la droite face au FN.

 

Alors la messe est-elle déjà dite ? Est-il possible, pour reprendre une expression de Pierre Laurent de « bousculer les scénarios écrits d’avance » et conduisant à la disparition de la gauche et à toute perspective de transformation sociale ? Je le crois, bien que restant lucide sur les difficultés que nous devons affronter.

 

Il convient en premier lieu de ne pas se tromper. De nombreuses forces attachées aux valeurs de gauche et plus largement aux forces de progrès ont une hantise : celle de ne pas revivre 2002, à savoir la droite et le Front national opposés au second tour. Pour elles la présence d’un candidat à la gauche de HOLLANDE signifierait l’élimination de la gauche au second tour. Alors comment sortir de ce piège redoutable issu à la fois des institutions de la Vème République et du rapport des forces politiques après les élections régionales ? Ici, je fais miens les propos de Pierre Laurent : « Pour déverrouiller le débat la question n’est donc pas seulement de construire une candidature à gauche de HOLLANDE, mais de poser une question à toute la gauche : « quelle candidature de gauche en 2017 pour une alternative à l’austérité, pour un projet solidaire, pour battre la droite et l’extrême droite ? »

 

Dire cela, signifie la construction avec les citoyens, d’un projet populaire de gauche, avec des valeurs de gauche, et donc ni avec HOLLANDE, ni avec VALLS, ou tout autre candidat porteur de la politique libérale à l’œuvre depuis 2012. Je ne sais pas si nous y parviendrons, mais en tout cas il m’apparaît indispensable que les communistes ne ménagent pas leurs efforts. C’est le Parti communiste qui en sortira grandi, aux yeux de celles et ceux qui n’ont pas renoncé, qui gardent l’espoir chevillé au corps. Il apparaîtra comme une force utile pour le changement auquel, elles, ils aspirent. Je comprends que cela fasse débat, interroge et parfois inquiète. Quoi de plus normal.

 

Cela me conduit donc à faire quelques observations.

 

  • Dire que le rassemblement auquel nous invitons à travailler toutes les forces qui ne se reconnaissent pas dans la politique du gouvernement ne conduit nullement à nier l’apport du Front de gauche depuis sa naissance. Ce n’est pas le mettre hors jeu dans la construction de ce mouvement populaire. Il doit en être partie prenante. En tenant compte cependant de la situation nouvelle dans laquelle nous agissons et qui implique de faire appel à toutes les forces disponibles. Le rapport des forces n’est plus celui de 2012. Il n’est pas possible d’apporter les mêmes réponses en 2016.

  • En second lieu, il ne doit y avoir aucune ambiguïté. Un tel rassemblement exclut bien évidemment les tenants de la mise en œuvre de cette politique libérale, au premier rang de laquelle se trouve François HOLLANDE et Manuel VALLS. La gauche ce n’est pas eux. La gauche, c’est celle à laquelle nous souhaitons consacrer nos forces pour la refonder et la reconstruire.

  • Précisément, et ce sera ma troisième observation. Non le clivage droite/gauche n’a pas disparu. Ce n’est pas parce que ce gouvernement a tellement « abimer » cette belle idée de « gauche », que les communistes ne devraient plus s’en réclamer. Au contraire. Elle ne mourrait pas à cause des ses soit disant « archaïsmes » comme le prétend Manuel VALLS, mais à cause du tournant libéral qu’avec HOLLANDE, il lui imprime. La gauche peut mourir à force de brouiller les frontières entre gauche et droite, voire en reprenant des propositions qui sont celles de l’extrême droite.

  • Ma quatrième observation a trait aux différents appels à l’organisation d’une « primaire à gauche ». Il convient, c’est du moins mon point de vue, de ne pas rejeter d’un revers de main ces initiatives qui au fond sont l’expression d’une inquiétude que nous partageons. Je le dit franchement, « la primaire » n’est pas ma tasse de thé, car qu’on le veuille ou non elle conduit à une personnalisation du débat et contribue à nous replonger dans les eaux d’un « présidentialisme » qui nous fait tant de mal. Mais écoutons, discutons, ne claquons pas la porte au nez de celles et ceux qui recherchent une issue. À condition toutefois qu’elle ne concerne pas les HOLLANDE, VALLS et compagnie et que la priorité soit accordée à la construction d’un projet. La désignation de celle ou celui qui en serait porteur viendra en son temps.

  • Ma cinquième observation à trait à la place de mon parti, le Parti communiste Français. Ce débat ne peut être éludé. Je comprends les interrogations d’un certain nombre de mes camarades qui craignent de le voir disparaitre et qui pensent que la solution serait la présentation d’une candidature communiste. Comme eux, je tiens, comme à la prunelle de mes yeux, à l’existence, au renforcement du parti auquel j’appartiens depuis 62 ans. C’est pour cela que je pense qu’une telle décision irait à l’encontre du renforcement de son influence. Notre parti n’a jamais été aussi fort que lorsqu’il s’est montré utile dans le combat rassembleur au service des classes populaires. Les communistes ont toujours été présents au rendez-vous de « la France et de son peuple » pour reprendre une formule de Pierre Laurent.

  • Ma sixième observation découle de la précédente. Durant cette année 2016, nous avons à la fois la préparation de l’échéance présidentielle et celle de notre congrès. Après les élections régionales et dans le climat de ce début d’année, une page politique s’est tournée. Les communistes doivent tout à la fois en mesurer la gravité et engager sans plus attendre un débat ouvert, respectueux, en vue de rassembler toutes les intelligences pour construire un projet progressiste en redonnant confiance pour faire renaître l’espoir. VOILÀ L’URGENCE. Au printemps dernier notre parti a produit un document (La France en commun) d’une grande richesse, c’est mon point de vue. Mais qu’en a-t-on fait ? La responsabilité est collective. Nous devons, je crois faire preuve de plus de constance, de persévérance dans notre activité. C’est une des questions qui devra être discutée lors de notre congrès. Sa préparation doit être l’occasion d’engager un débat de fond sur le projet de société sur lequel les communistes se prononcent et sur le chemin qu’ils proposent de prendre. Voilà le principal défi qu’il nous appartient de relever avec audace et imagination. Notre parti qui a su à des moments clés de notre histoire nationale être à l’initiative, doit répondre présent dans ce moment que nous vivons. Avec audace et courage les communistes doivent se montrer déterminés à faire reculer le fatalisme et la résignation, pour que se rassemblent les forces populaires. C’est à cette aune que nos concitoyens mesureront l’utilité de disposer d’un parti communiste qui compte au service du mouvement populaire.

 

  • Enfin, et ce sera ma dernière observation, notre congrès ne se préparera pas en vase clos. Nous avons absolument besoin de lieux d’intervention populaire. De la même façon, comment imaginer que la construction d’un projet alternatif pour l’élection présidentielle pourrait se réaliser indépendamment des luttes, des combats quotidiens. C’est dire l’importance que les communistes se doivent d’accorder à l’action pour la relaxe des Goodyear et des salariés d’Air France., pour faire reculer le chômage, pour s’opposer à la révision régressive de la constitution. S’il est une urgence, c’est bien de se tourner résolument vers notre peuple. Seule son intervention peut changer la donne !

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