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36e congrès - Le texte - Il est grand temps de rallumer les étoiles

Les statuts du PCF adoptés au 36e congrès

Discours de clôture par Pierre Laurent

Journal CommunisteS n°507 - Spécial 36e congrès - 13 février 2013

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Pour un Parti qui renoue avec ses fondamentaux programmatiques, à l’avant-garde des luttes, pour un Parti force de proposition pour l’ensemble de la gauche par Pierre Couloumy

Plan de la contribution :

 

1ère partie/ Renouer avec les fondamentaux programmatiques du communisme. Retrouver le sens originel de l’engagement communiste

A/ L’actualité des fondamentaux de la pensée marxiste léniniste

B / Les dangers de la dérive vers la social-démocratie

C/ Un Parti dans les luttes ou un Parti au pouvoir ?

 

2ème partie/ Un Parti force de proposition pour l’ensemble de la gauche

A/ Le PCF porteur d’un projet de nationalisations massives des principaux secteurs d’activité

B/ Le PCF porteur d’un projet fiscal à la hauteur des attentes populaires

C : Le PCF porteur d’un projet de réorganisation administrative garantissant le rôle de l’Etat

 

Introduction :

 

Le 36ème congrès du PCF constituera une étape importante de sa (déjà) longue histoire, car il s’inscrit dans une séquence politique inédite depuis longtemps.

Le retour de la gauche aux affaires, depuis 8 mois, est évidemment un changement remarquable qui était attendu, espéré, souhaité par des millions de travailleurs écoeurés par la présidence sarkozyenne.

Cette dernière a consolidé, en 5 ans, tous les aspects les plus caricaturaux des attentes de la bourgeoisie réactionnaire : affairisme, concentration du capital, copinage entre politiques et milieux d’affaires, cadeaux fiscaux massifs aux groupes internationaux, recul de l’âge de la retraite, démantèlement de l’hôpital public, dérèglementation du temps de travail, saignée dans les effectifs de la fonction publique de l’Etat, accompagnement aux délocalisations industrielles, retour dans l’Otan, politique étrangère pro américaine jusqu’à l’envi, la liste n’est malheureusement pas exhaustive.

Les écarts entre classes sociales se sont creusés et la paupérisation de la population française s’est accrue, 8 millions de travailleurs en dessous du seuil de pauvreté survivant, désormais, dans l’Hexagone.

Le troisième PIB mondial compte désormais 5 millions de chômeurs, et la casse sociale y est quotidienne : les « plans sociaux » se succèdent, sans qu’aucun secteur en particulier ne soit épargné.

Les luttes des salarié(e)s de Fralib, de Continental, de PSA, des métallos de Lorraine, de Lejaby sont emblématiques de cette époque de désindustrialisation massive qui semble s’emballer chaque jour encore davantage.

 

6 mois après le départ de la clique sarkozyste, peut on tirer un bilan de l’action du gouvernement actuel ?

 

Comment ne pas céder au défaitisme, voire pire, au cynisme, au regard du manque d’ambition des socialistes au pouvoir ?

L’arrivée de la gauche aurait dû coincider, a minima, avec une politique volontariste quant à l’amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs, associée à une réflexion globale sur la fiscalité, et une réorientation globale des politique publiques, toutes entières tournées, ou presque, vers les seuls intérêts des classes possédantes depuis 5 ans.

 

Au lieu de cela, nous voyons des gestionnaires à la petite semaine à l’œuvre, réagissant au moindre coup de menton des milieux d’affaires.

Il n’y a pas le début de l’annonce d’une réflexion sur le sens nouveau que le peuple travailleur est en droit d’attendre de l’action publique.

Pire, le renoncement a priori est apparu récemment au grand jour dans le dossier des hauts fourneaux de Florange.

Aux mensonges aux salariés, le gouvernement a ajouté l’inconsistance en ignorant des conseils techniques qui allaient dans le sens de la sauvegarde des emplois, venant du ministère des finances.

Cet épisode lamentable et dramatique est un signal fort involontairement adressé aux travailleurs : il n’y a rien à attendre de ce gouvernement !

 

Le positionnement face à l’action gouvernementale choisi par la direction de notre Parti est classique au regard du précédent historique de 1981 : une posture ambiguë, destinée à rassurer une partie des militants, doublée d’un soutien officieux à la politique mise en œuvre.

Comment prendre au sérieux les gesticulations de nos parlementaires Front de gauche ?

Notre groupe s’est abstenu sur le projet de loi de finances 2013 à l’Assemblée nationale, renforçant ainsi la majorité et consolidant tacitement les politiques d’austérité qui seront donc mises en œuvre dans le cadre de l’exécution budgétaire.

Les « oppositions » de notre groupe sont intervenues au Sénat (mais pas concernant le budget, qui constitue l’affichage politique par excellence, pourtant !), soit par des votes contre soit par une abstention…ce qui ne mange absolument pas de pain puisque dans tous les cas c’est l’assemblée nationale qui a le dernier mot !

Or nos députés ne votent même pas systématiquement contre ces mêmes textes, provisoirement rejetés par la haute assemblée.

Nous ne trompons pas grand monde à ce petit jeu, et malgré ces quelques effets de manche, nous sommes très clairement associés à l’exécutif et à son action pour le meilleur, mais à ce jour, surtout pour le pire !

 

Au regard notamment de ces observations pour la période récente, mais aussi,bien sûr, plus globalement en accord avec mes convictions personnelles, ma contribution s’articule autour de deux idées essentielles :

 

En premier lieu, je crois indispensable de renouer avec les fondamentaux programmatiques du communisme, autrement dit de retrouver le sens originel de l’engagement communiste (1ère partie)

 

Par ailleurs, je souhaite que notre Parti soit reconnu, à nouveau, comme une force de proposition pour l’ensemble de la gauche (2ème partie)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1ère partie/ Renouer avec les fondamentaux programmatiques du communisme , retrouver le sens originel de l’engagement communiste

 

A/l’actualité des fondamentaux de la pensée marxiste léniniste :

 

L’urgence sociale, la violence de la crise du système capitaliste, les conséquences dramatiques à l’échelle de la planète de la concentration du capital, le degré avancé de la financiarisation des économies rappellent la pertinence de l’analyse marxiste.

 

La nécessité de l’expropriation des capitalistes apparaît comme une évidence.

 

Concernant le rôle du Parti, la nécessité d’en faire à nouveau un outil d’éveil de la conscience de classe est plus criante que jamais.

Notre pays compte 5 millions de chômeurs, les travailleurs survivant avec le salaire minimum représentent 10 % des actifs, et un sous-prolétariat essentiellement composé de travailleurs issus de l’immigration est en augmentation constante. Il nous appartient, à nous les militants communistes, de permettre à tous de se compter et de prendre conscience de leur capacité à renverser un système qui leur doit tout, mais qui ne leur rend que des miettes.

 

Le travail militant en entreprise a presque disparu ; chaque communiste a pourtant un rôle à jouer, dans son lieu de travail, pour casser la routine, faire de l’agitation, avec ou sans syndicat d’ailleurs !

 

Si l’expropriation des capitalistes est toujours à l’ordre du jour de notre programme, cela doit constituer notre tâche quotidienne !

Comment supprimer un système injuste basé sur l’exploitation sans envisager une confrontation - que l’on peut imaginer assez peu cordiale - avec les propriétaires privés des moyens de production ?

La réponse est incluse dans l’interrogation…seule une organisation de masse des travailleurs est à même de renverser le rapport de forces capital /travail, à condition d’envisager de gérer la production, et non plus seulement, de militer pour l’amélioration progressive des conditions de subsistance, ce que nous faisons, globalement, depuis la Libération.

En conclusion, c’est un retour à une perspective révolutionnaire que je propose !

Sans cette perspective, notre idéal perd tout son sens.

 

 

 

 

 

 

 

B / les dangers de la dérive vers la social-démocratie

 

La social- démocratie est la doctrine progressiste dominante en Europe occidentale.

Le PS français en constitue une illustration.

Elle repose sur l’idée selon laquelle le système capitaliste constitue un horizon indépassable qu’il faut, par conséquent, aménager afin d’en limiter les effets les plus négatifs.

Cela constitue à mon sens une dérive de l’engagement socialiste initial, le résultat de renoncements idéologiques accumulés qui aboutissent à une volonté politique affaiblie, et au final, à une acceptation du système dominant.

La petite bourgeoisie y trouve son compte, les classes moyennes également, mais l’immense majorité des salariés n’a rien à espérer d’une telle déviance des idées de progrès social.

 

La social- démocratie est en grande partie responsable de la démoralisation des classes populaires, du sentiment d’abandon ressenti par les travailleurs de la part des partis et syndicats.

 

La raison en est simple : elle met en œuvre les mesures d’austérité qui protègent les intérêts des capitalistes, des gros et petits propriétaires, avec la même absence d’états d’âme que les mentors de la droite réactionnaire.

Nos voisins grecs, espagnols et portugais subissent de plein fouet les conséquences de ces renoncements.

La social-démocratie constitue un danger que nous devons dénoncer, car son échec programmé prépare le succès des réactionnaires fascistes à moyen terme.

Ces derniers constituent, évidemment, les pires ennemis des travailleurs !

Au final, la social démocratie renforce le pouvoir de la bourgeoisie et aménage la prise du pouvoir par les pires soutiens de celle-ci qui soient, les fascistes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C/ Un Parti dans les luttes ou un Parti au pouvoir ?

 

Affirmer que la question du pouvoir n’est pas réglée, au sein du Parti, relève du pléonasme.

Nos participations gouvernementales, depuis la Libération, se sont soldées par une perte de crédibilité auprès des classes populaires, immédiatement suivie par un tassement des votes populaires en notre faveur aux élections qui ont suivi.

Cela est particulièrement vrai pour les épisodes de 1981, et pour celui de la gauche plurielle de Jospin, au tournant des années 2000.

Nous avons été, dans les fonctions ministérielles qui nous avaient alors été confiées, de bons gestionnaires, sans doute plus déterminés et courageux que la moyenne…mais avec des résultats mesurés uniquement à l’aune des domaines de compétence dans lesquels nous intervenions.

Aucun ministère « régalien » ne nous ayant été confié, nous nous sommes, à juste raison, défendus en expliquant que nous avions utilisé nos fonctions pour impulser l’action gouvernementale dans un sens plus favorable aux classes populaires.

Ce discours n’a pas été convaincant auprès de nos électeurs, ni auprès des militants.

 

La question du pouvoir est donc entière : participer, oui, mais pour quoi faire ?

Comment gérer une posture impliquant d’avoir un pied dans les ministères, un autre dans les luttes ?

 

La question vaut également pour nos élus locaux.

Nos adversaires affirment souvent que notre capital électoral, notre réseau d’élus dans les collectivités territoriales et au Parlement constituent nos atouts les plus forts.

Est-ce vraiment un atout si important dans la situation actuelle ?

Dans les collectivités territoriales, nous sommes essentiellement présents à l’échelon communal, c'est-à-dire dans les collectivités dans lesquelles la marge de manœuvre, notamment au plan budgétaire, est la plus faible.

Les dernières évolutions règlementaires en matière d’intercommunalité, qui limitent encore davantage l’autonomie des maires, amènent à s’interroger sur la visibilité de l’action communale pour nos électeurs.

Nous devrions être à la pointe du combat pour la sauvegarde de compétences historiques pour chaque niveau de décentralisation, et chercher à être visibles et écoutés dans les instances locales dans lesquelles les décisions à fort impact pour les populations sont prises.

Il se trouve que l’intercommunalité en constitue désormais le cœur.

Dès lors, stratégiquement, il faut s’interroger sur la pertinence du maintien de nos élus en position de faiblesse au sein de leur propre majorité, absents, dans le même temps, des structures dans lesquelles des choix stratégiques sont décidés.

 

Cette problématique peut se résumer globalement par la question : Parti de luttes ou Parti d’élus ?A défaut de réponse définitive, il faut poser cette question avec pragmatisme et y répondre au cas par cas, dans le souci constant de renforcement de notre Parti, et de la diffusion de nos idées.

 

2ème partie/ Un Parti force de proposition pour l’ensemble de la gauche

Les militant(e)s se souviennent certainement de la séquence de 2010 qui a vu se dessiner, à l’échelle du pays entier, une mobilisation massive contre le projet de réforme de la retraite du gouvernement Fillon.

La symbolique et les enjeux ont permis, à l’époque, au Parti d’être porteur, à travers un projet de loi alternatif largement expliqué aux masses, d’un espoir populaire à la hauteur des attentes de la population pour sauver le système de retraite par répartition.

A mon sens, c’est la dernière fois que notre Parti a été entendu, reconnu comme porteur d’une solution alternative, bien au-delà des cercles militants.

La mobilisation militante de nos forces, impressionnante, avait même ramené dans nos rangs des camarades qui s’étaient mis en marge des luttes et de nos activités.

Le Parti doit redevenir une force de proposition écoutée par la gauche, par les partenaires sociaux et par les titulaires du pouvoir d’Etat.

Trois problématiques actuelles peuvent actuellement à mon sens lui permettre de retrouver ce statut.

 

A/ Le PCF porteur d’un projet de nationalisations massives des principaux secteurs d’activité

Le sentiment d’impuissance des citoyens, des travailleurs militants ou pas est énorme.

Il y a cette idée diffuse que l’histoire est écrite et qu’il faut se résigner à subir la misère sociale dans le pire des cas, le recul des acquis et la précarisation dans la plupart des autres.

La politique est déconsidérée, le militantisme perçu comme une activité assez futile ne permettant pas de lutter efficacement contre un système oppressant et destructeur.

Il nous appartient d’affirmer, au contraire, que la politique est partout, que l’Etat et les collectivités territoriales ne sont pas des entités abstraites mais des structures utilisables par tous pour mettre en œuvre une autre politique.

Les fonctionnaires de l’Etat (et territoriaux) sont disponibles pour évaluer, calculer, gérer les possibilités, mais il faut les faire exister !

En un mot la démonstration de la réorientation possible des politiques publiques est à faire, partout, avec des arguments techniques et financiers.

La nationalisation des principaux secteurs d’activité de l’économie me semble être un outil porteur de ce projet ;

L’expropriation des capitalistes est une étape nécessaire et préalable pour changer, enfin, le rapport de forces en faveur du monde du travail.

Travailler dans une entreprise nationalisée est une sécurité pour les travailleurs, et pour les consommateurs le prix du produit fini sera avantageux !

Bien sûr, l’expropriation sans indemnité doit être retenue comme règle de base.

Mais le rachat est aussi envisageable si la stratégie permet, par exemple, de sauver une filière.

L’industrie, le système de santé et la filière du médicament, les travaux publics , la construction de logements, le secteur bancaire doivent faire l’objet de nationalisations.

Il faut mettre fin aux montages juridiques mêlant personnes morales de droit public et entités privées.

Ainsi, les partenariats public-privé, dont les abus ont été très récemment dénoncés par la Cour des comptes, doivent être supprimés.

Les concessions de service public doivent disparaître au profit d’une gestion désintéressée par une entité publique de leur activité.

 

A ceux qui nous opposeront le manque de rigueur passé de la gestion publique (le Crédit lyonnais…) nous pouvons rappeler le gaspillage de fonds public généré par des associations public-privé douteuses, toujours à l’origine d’augmentation des tarifs pour l’usager, sources de discrimination sociale.

 

B/Le PCF porteur d’un projet fiscal à la hauteur des attentes populaires

Il n’est pas sérieux d’envisager une réorientation des politiques publiques sans une réflexion globale sur la fiscalité de l’Etat et des collectivités territoriales.

Celle-ci devra, à mon sens, porter sur quatre points essentiels :

1/La part de la fiscalité du travail : la progressivité de l’impôt sur le revenu a été considérablement réduite depuis 30 ans, les petits revenus concourrant davantage au paiement de l’impôt sur le revenu.

C’est une antienne rappelée à l’envi par la CGT Finances , puissent les autres organisations syndicales la reprendre à leur compte !

Il faut peut-être aussi casser le mythe de l’impôt sur le revenu en tant que ressource présentée comme essentielle par les pouvoirs qui se sont succédés : c’est une recette de 52 milliards d’euros soit 20 % des recettes fiscales. Seulement.

2/ La fiscalité des entreprises : aucun gouvernement n’a eu le courage politique depuis le début des années 80 de mettre à plat les dispositifs d’exonération consentis aux entreprises. L’efficacité de ces « « niches » dont le coût pour la collectivité est de 30 milliards par an est à démontrer !

Accordées sans contrepartie (c’est encore le cas en 2013), elles n’ont jamais permis de créer des emplois, ni de sécuriser les parcours de formation, ni d’ empêcher les délocalisations de la production.

Elles ont largement contribué, en revanche, à la diminution des recettes fiscales, estimée à 100 milliards en 10 années seulement.

Il faut donc revoir l’ensemble de ces dispositifs dont l’inefficacité est avérée et proposer une fiscalité adaptée à l’économie réelle : l’assiette de l’impôt pour une multinationale ne peut pas être comparable à celle d’une PME créatrice d’emplois localement.

3/ La fiscalité du patrimoine doit être revue également : on peut envisager une révision à la hausse de l’impôt dû en cas de transmission en ligne directe d’un patrimoine familial, selon un barême progressif non pénalisant pour la transmission de patrimoine foncier agricole outil de travail intergénérationnel.

4 /La fiscalité des collectivités territoriales est également un sujet essentiel :

Pour le contribuable la fiscalité locale représente désormais l’essentiel de sa contribution fiscale.

La décentralisation est passée par là, et les potentats locaux aussi.

L’explosion de la fiscalité locale, surtout visible depuis 2006 après la mise en œuvre de l’acte 2 de la décentralisation par Raffarin est une réalité qui prend un sens accru dans certaines parties du territoire : le sud du pays est est caricatutal de ce point de vue avec des hausses de 50 % (parfois) de la fiscalité en 10 ans.

Il me semble extrêmement dangereux d’envisager (et c’est le cas pour la majorité au pouvoir) de donner aux collectivités territoriales la possibilité de lever l’impôt, c'est-à-dire de définir le barême de l’impôt.

Cette compétence relève du domaine de la loi, et elle doit le rester, car elle constitue une garantie d’égalité du citoyen devant l’impôt.

De plus elle constitue historiquement un pouvoir régalien de la collectivité nationale.

Sa remise en question serait donc extrêmement grave, et un retour explicite aux pouvoirs seigneuriaux d’avant 1789 !

 

c : Le PCF porteur d’un projet de réorganisation administrative garantissant le rôle de l’Etat

En m’inscrivant résolument, me semble t-il, à contre-courant de la pensée dominante au sein du Parti au sujet de la décentralisation, je milite depuis toujours pour un arrêt immédiat du processus initié par le tandem Defferre- Mitterrand en 1982, poursuivi en 2005 par Raffarin, et continué par Ayrault avec le projet de l’acte 3 de la décentralisation prochainement examine par le Parlement.

Je n’ai jamais cru à la sincérité des arguments historiques avancés pour la mise en œuvre de la décentralisation, c'est-à-dire pour le transfert de compétences relevant de l’Etat aux collectivités territoriales, mises en œuvre par leurs représentants élus.

Ces arguments, pour l’essentiel, reposaient sur l’idée qu’il y avait nécessité urgente de « rapprocher les citoyens des centres de décision ».

Dans la classe politique, aujourd’hui, et malgré le marquage historique initial à gauche de cette réforme, il y a un consensus quasi total droite/gauche quant au bien-fondé de la démarche.

La raison de cette unanimité est la suivante : tout titulaire d’un mandat national (ou d’un portefeuille ministériel !) est un futur élu local potentiel, et il a avantage à être titulaire de pouvoirs élargis une fois revenu en terre électorale.

Les titulaires de mandats locaux, quant à eux, sont unis par la volonté de voir leur pouvoir d’influence sur les territoires élargi, ce qui passe, selon eux, par le transfert de compétences de la part de l’Etat à leur endroit.

Si on ajoute à ces éléments l’obsession, partagée par la gauche et par la droite, de la diminution des dépenses publiques de l’Etat, la boucle est bouclée et tout le monde y trouve son compte…sauf les premiers concernés, les citoyens.

Mon militantisme anti- décentralisation repose sur cette idée simple :

Le désengagement de l’Etat est créateur d’inégalités profondes entre les citoyens ; tout simplement parce que le tissu économique n’est pas uniforme sur le territoire national.

Ainsi, pour prendre l’exemple du secteur de l’éducation, le département de la creuse n’ayant pas les mêmes ressources que celui des hauts de seine, les conditions d’accueil matériel des élèves du secondaire seront très différentes.

Pourtant les usagers (les élèves) sont les mêmes…

Cet exemple peut être généralisé à tous les domaines ayant fait l’objet de transferts massifs : la formation professionnelle, les transports, la santé…

De plus, le processus a aggravé la tentation avérée des élus locaux titulaires de pouvoirs élargis est d’en faire plus, souvent trop, par démagogie électorale, par opportunisme politique.

La suite est (malheureusement) connue : le recours excessif à l’emprunt a mis de très nombreuses collectivités en grande difficulté financière, aggravée dans de nombreux cas par les emprunts dits « toxiques » soucrits auprès de la banque Dexia dans les années 2008- 2009.

Le comble est aujourd’hui atteint avec la vision de ces élus locaux qui se retournent vers l’Etat pour lui demander de l’aide, comme si celui-ci devait assumer leurs erreurs de gestion, prises dans le cadre de compétences transférées…on croit rêver!

L’acte 3 de la décentralisation du gouvernement actuel poursuit le processus initié en 1982 et prévoit la possibilité, à titre expérimental pour certaines collectivités, de déroger aux dispositions législatives…de quoi faire se retourner un Jacobin dans sa tombe !

C’est le retour annoncé des pouvoirs seigneuriaux…le pouvoir local autorisé à légiférer dans le périmètre de son territoire.

En tant que militants communistes, nous devrions être attachés au rôle de l’Etat, seul à même de garantir l’égalité des citoyens devant les charges publiques, et nous élever contre ce démantèlement de la structure étatique, la mieux à même de satisfaire l’intérêt général.

 

Conclusion :

Conscient de m’inscrire à contre-courant de la pensée de nombreux camarades sur plusieurs points développés dans cette contribution, j’espère que, précisément, ceux-ci seront à même d’alimenter notre réflexion militante collective.

Recevez, cher(e)s camarades, l’expression de mes salutations fraternelles.

 

 

 

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le 18 janvier 2013

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