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36e congrès - Le texte - Il est grand temps de rallumer les étoiles

Les statuts du PCF adoptés au 36e congrès

Discours de clôture par Pierre Laurent

Journal CommunisteS n°507 - Spécial 36e congrès - 13 février 2013

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Contribution sur les statuts : la parité dans toutes les instances, levier pour la mise en œuvre d’une démocratie réellement délibérative par Isabelle Voisin

Les femmes sont-elles :

  1. un quota ?

  2. un lobby ?

  3. une catégorie ?

  4. une utilité ?

Non ! Rien de tout çà, mais la moitié de l’humanité. Pour un parti qui vise la transformation, peu de choses sont immuables « par nature » mais il en est. L’Internationale ne conclut-elle pas :

(…) Mais si les corbeaux, les vautours,
Un de ces matins disparaissent,
LE SOLEIL BRILLERA TOUJOURS !

L’égale répartition de l’humanité en deux sexes est une donnée régulière dans la courte période historique que nous maîtrisons, c’est aussi une donnée symbolique et le paradigme de l’altérité ; aussi, la parité hommes/ femmes n’est pas un quota, tel que la constitution libanaise par exemple, en définit (figés depuis 1926 !) mais a minima une adéquation démocratique.

Se priver de la contribution des femmes à l’œuvre commune, c’est se priver de la moitié de l’intelligence, de la capacité à agir, de la gamme des formes de militantisme ; c’est « peut-être » renoncer à la transformation de la société à laquelle nous aspirons ; c’est en tout cas signer un retour en arrière, c’est se résigner aux reculs de civilisation dont la droite et l’extrême droite sont les fers de lance : restriction du droit à l’avortement, machisme, exaltation des valeurs guerrières et de la pureté ethnique, haine du métissage, …

Imagine-t-on l’histoire du mouvement d’émancipation sociale et culturelle sans Flora Tristan, Louise Michel, Séverine, Rosa Luxembourg, Simone de Beauvoir, Florence Montreynaud… ? Faut-il se résoudre à glorifier quelques femmes « exceptionnelles » (ce que les susdites n’ont jamais revendiqué, bien au contraire !), ou faire le deuil anticipé de l’importance des contributions masculines, après tant d’autres dont l’histoire n’a pas retenu le nom ? Les femmes se sentent-elles plus justement représentées par des femmes, ou sont-elles indifférentes ? Qu’en est-il des hommes ? D’où provient cette difficulté à admettre voire hâter « le mouvement réel qui abolit l’état actuel » ?

Exemples et contre-exemples foisonnent, il est souhaitable d’inscrire la réflexion dans la différence de notre projet de société. Celui-ci garantit une place, une reconnaissance et une dignité égale à chaque individu quelles que soient ses « particularismes ». Montrer dès maintenant en quoi consiste notre visée, n’est-ce pas, au-delà des statuts, la condition de notre existence et de notre utilité ? Si la parité court un risque sérieux d’être assimilée à du « politiquement correct » éloigné des « vrais problèmes » (d’où la contribution : « le féminisme ne tue pas ! »), les questions ci-dessous appellent au contraire à une réflexion plus globale sur les pratiques politiques.

 

  1. La place des femmes, c’est la place de tou-te-s :

Si le projet de statuts élimine dans la lettre quelques éléments de diversité : métissage, jeunesse, résidents étrangers… (chapitre 7 : les instances du parti), ce n’est pas vraisemblablement dans le but d’éliminer de ces instances les personnes correspondant à ces critères, mais de par le constat que ce catalogue, depuis quelques congrès, ne se traduit pas ou trop peu dans la réalité. Ces dispositions pourraient même être contre-productives. Comment le dirigeant (la dirigeante) choisi pour une partie sélective de son identité, ne sentirait-il pas ses compétences mises en doute, dans son for intérieur, voire au travers des critiques qui lui seraient adressées directement ou non ?

Car favoriser l’implication réelles des femmes, au-delà des pratiques fortement dévalorisantes de la « chasse aux noms pour une liste paritaire », susciterait une mise en mouvement de l’ensemble du parti pour une reconnaissance de la différence (des parcours, des approches, des expressions, des formes militantes…) et la constitution d’un capital d’expériences transférables à notre ressource humaine fondamentale : la diversité des communistes et leur capacité à constituer, ensemble, une veille permanente sur les évolutions sociétales. Un parti démocratique, en interne et vers l’extérieur, est un parti qui écoute, et la faible participation des femmes – des jeunes, des personnes issues de l’immigration, des diverses catégories sociales, par exemple les métiers de services, très féminisés, et dont on parle peu - ne peut trouver des solutions hors de l’avis des intéressé-e-s sur des modifications des manières de faire et/ou de meilleures utilisations des compétences.

Bref, comme le dit la contribution « le féminisme ne tue pas !» : se sentir le droit d’être soi-même sans avoir à devenir « l’autre »… et pour mieux dire : « l’autre de l’autre », notion au cœur du débat sur la constitution post- révolutionnaire en Tunisie.

  1. La parité, moyen d’une meilleure mixité générationnelle ?

On explique parfois la faible implication des femmes par la pression supérieure des « devoirs du foyer » qui pèserait sur elles (tâches ménagères, garde des enfants, etc…). Mais les jeunes hommes qui militent dans notre parti ne sont pas à l’écart de l’évolution sociétale, issue de mai 1968, de promotion de l’individu. Ils aspirent à une présence éducative auprès de leurs enfants, à une répartition des tâches, à une communication interpersonnelle au sein de leur couple le cas échéant, bref ils manifestent un attachement à l’épanouissement dans le monde réel traduisant une véritable laïcisation. Cette tendance doit-elle être rejetée car « contraire au collectif », ou doit-elle être utilisée comme levier de transformation des pratiques : allègement, partage, refus de la délégation systématique à (confiscation par) ceux qui ont le temps, c’est-à-dire les retraités et les permanents ?

Ce serait un paradoxe de ne pas accueillir les conséquences de la revendication égalitaire que nous avons contribué à porter au siècle dernier, alors que nous devrions être en mesure d’aller plus loin ! Comme le stipulait le code du travail de la RDA : « En régime socialiste, l’égalité de la femme se trouve pleinement réalisée par sa participation au monde du travail et par sa participation active à la direction de l’État et de l’économie […] les femmes devront bénéficier de la priorité dans le domaine de la qualification des travailleurs […] Il convient en particulier de leur donner une formation leur permettant d’exercer des fonctions responsables dans tous les domaines ".

Certes, la formulation est un peu paternaliste… mais tout bon formateur sait qu’il apprend autant, sinon plus, des personnes qu’il forme, que ce qu’il leur transmet en terme de contenu.

 

Soyons donc le parti qui forme, qui ose, qui met en mouvement une vraie intelligence collective, mais jamais le parti qui déforme la société, et cela d’abord par le prisme de nos instances de direction à tous les niveaux. La réalisation in fine de la parité doit non seulement rester inscrite dans nos textes, mais se traduire d’une manière beaucoup plus offensive qu’elle ne l’a été ces dix dernières années.

Des modalités intelligentes (listes doubles, hommes/femmes, avec suppléance…, scinder le droit de délibération et la participation à des groupes de travail ou des commissions…) sont à imaginer. Au vu des enjeux, cela n’est pas une grande affaire ; le monde changera, avec ou sans nous, mais probablement plus positivement avec nous.

Osons être le parti de l’égalité la plus fondamentale, la plus représentative de la société, la plus enrichissante !

 

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le 07 janvier 2013

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