Les congrès du PCF

Les congrès du PCF
Accueil
 

36e congrès - Le texte - Il est grand temps de rallumer les étoiles

Les statuts du PCF adoptés au 36e congrès

Discours de clôture par Pierre Laurent

Journal CommunisteS n°507 - Spécial 36e congrès - 13 février 2013

Restez informé-e

Chaque semaine, un point sur les initiatives et les débats en lien avec le congrès.

Recevoir la lettre du 36e Congrès

 
 
 

Pourquoi être communiste en 2013 ? par Alain Pianetta et Joël Marseille

Etre communiste est de plus en plus souvent l’effet d’un cheminement et d’un engagement individuel. Moins par habitude et héritage familial que par un mouvement d’adhésion réfléchi. Devant l’absurde montée des inégalités, des injustices, des violences économiques, écologiques et sociales, au-delà de la souffrance qu’elles engendrent, des hommes et des femmes s’indignent et se mettent debout, cherchent une issue dans l’engagement.

Point n’est besoin de dérouler le bestiaire des turpitudes du capitalisme mondialisé en terme de guerres, de crises, de misères : dans nos villes et nos quartiers avec l’avalanche de licenciements où l’on voit la vie des salarié(e)s broyée et jetée au rebut par la logique implacable du profit. Sur tout le continent européen, c’est la même vague qui jette les travailleurs dans la désespérance et la lutte : sur les places et dans les rues de Grèce, d’Espagne, du Portugal, d’Italie, de France, de Grande Bretagne ou d’Allemagne. Partout en Europe le capitalisme fait payer aux peuples l’immense gâchis de ses crises récurrentes par des régressions de civilisation.

Les mêmes cris de protestation sont repris en écho par les syndicats de salariés : démocratie, justice, égalité, solidarité contre la dictature des marchés financiers dont la camisole est minutieusement mise en place par les institutions de l’Union Européenne, à l’initiative et avec la complicité des gouvernements libéraux et socio libéraux.

Sur d’autres continents les mêmes luttes se déploient de manière plus ou moins sporadique et organisée : en Amérique du Nord avec le printemps érable des étudiants canadiens, le mouvement contre Wall Street aux USA, en Amérique du Sud avec les victoires des révolutions bolivariennes ou encore en Asie à travers les révoltes des salariés chinois.

Des hommes, toujours, se dressent devant l’injustice, les inégalités et la tyrannie qu’elles soient le fait de systèmes politiques ou de logiques économiques. C’est l’histoire qui balbutie et se poursuit au rythme incessant de la lutte des classes.

Historiquement, l’un des objectifs du mouvement communiste fut de mettre en commun les forces de résistance engagées dans cette lutte multiforme et persistante. Ceux qui n’ont que leur force de travail contre ceux qui s’accaparent les moyens de production et d’existence.

Pour que ces révoltes soient utiles à l’émancipation des hommes et des femmes, il fallait réunir des volontés dans un collectif et tracer des perspectives à la liberté, à l’égalité, à la fraternité et à la justice.

Aujourd’hui encore, pour que nos révoltes contribuent à la construction d’un monde débarrassé de l’exploitation économique des hommes et de la nature, pour supprimer les aliénations instrumentalisées par le développement du capitalisme, les communistes ont une immense responsabilité : celle de proposer à l’indignation le débouché politique d’une révolution démocratique, économique, écologique et sociale. Chaque indigné, chaque révolté, chaque homme en lutte doit pouvoir, s’il le souhaite et s’il le juge utile, croiser et rejoindre le combat des communistes.

Nous devons donc maintenir ouverte la visée d’un monde émancipé, celle d’un socialisme qui s’enracine dans les intuitions du « Manifeste des Egaux » de la Révolution française, dans les analyses du « Manifeste du Parti communiste », dans l’histoire du mouvement ouvrier internationaliste du XXème siècle. Bien sûr nous devons prendre acte des errements du socialisme d’Etat, de ses travestissements bureaucratiques et totalitaires mais l’ « hypothèse communiste » n’a pas été invalidée car sa réalisation reste à venir. C’est pourquoi nous devons à la fois poursuivre et inventer, nous souvenir et imaginer, tracer un chemin pour le socialisme du XXIème siècle.

Pour construire dès à présent, dans nos collectivités territoriales, dans la nation et avec les autres peuples européens une alternative de transformation sociale, écologique et démocratique : étape par étape, à travers un programme, une pensée, une culture, une pratique politique.

Cette exigence et cette culture de la transformation sociale est et doit rester celle du Parti Communiste Français.

Comment être communiste en 2013 ?

Le PCF doit être une force d’organisation et de proposition. C’est pourquoi il est nécessaire que le Parti se développe, se renforce et s’exprime.

D’abord parce que notre collectif est un rassemblement militant dont le nombre et l’efficacité comptent dans le rapport de force politique : qu’il s’agisse de l’organisation d’évènements, de la participation au mouvement social ou de campagnes électorales, de la rue aux urnes et des urnes à la rue, le PCF est présent.

Il n’est pas non plus indifférent que dans cette mise en commun des valeurs, des engagements et des espérances la fraternité soit l’élément qui caractérise le mieux les relations entre militant(e)s communistes. Comme si notre combat pour un autre monde se nourrissait dès à présent de la fraternité et de l’égalité entretenue entre militant(e)s.

Enfin la culture du débat et de l’échange, la mise en commun sont au cœur du travail des cellules et des sections dans lesquelles se construisent la vision politique du Parti, l’élaboration du chemin communiste. Notre Congrès doit être de ce point de vue un nouvel exemple de notre capacité à diffuser ce travail et à pratiquer la démocratie à toutes les étapes de sa réalisation.

On peut ajouter que cette fédération des énergies, des pensées et des volontés au sein d’une organisation nous permet de produire un certain nombre de propositions en matière économique, écologique, politique, éducative qui procèdent du même parti pris, celui du bien commun.

C’est ce bouillonnement politique partagé aux différents niveaux du Parti qui aboutit à la production d’un certain nombre de concepts proprement communistes.

Prenons l’exemple de la lutte contre les licenciements. Les députés communistes à l’Assemblée nationale ont déposé à plusieurs reprises, depuis le début de la crise, un projet de loi sur l’interdiction des licenciements boursiers. C’est une mesure de résistance immédiate contre la pression du capital qui fait payer aux salariés les conséquences de la débâcle financière. Alors que la droite a été battue aux dernières élections, le Front de Gauche a de nouveau déposé le même projet de loi à l’ordre du jour de la nouvelle assemblée…… en vain. Le Parti socialiste, qui avait voté ce projet en janvier au Sénat le refuse aujourd’hui. Nous sommes là dans un travail d’approfondissement des contradictions du PS et de sa posture néolibérale. C’est un travail politique indispensable aux yeux de nos concitoyens pour faire apparaitre des solutions alternatives immédiates. Mais bien qu’urgente et utile aux travailleurs cette mesure est incomplète car elle n’est pas suffisamment en rupture avec la logique du capital. C’est pourquoi les communistes articulent cette proposition avec le concept de Sécurité Emploi Formation qui est un approfondissement de la protection sociale par la sécurité professionnelle (celle-ci équivaut d’une manière parfaitement réaliste, soit dit en passant, à la suppression et non pas seulement à l’interdiction des licenciements)

Nous pourrions développer la même dialectique entre des mesures immédiates alternatives et des propositions de moyen terme en rupture : avec le déploiement de nouveaux droits des salariés dans les entreprises pour contester l’hégémonie du pouvoir capitaliste, avec l’extension de l’appropriation sociale et des services publics ou le développement de leur gratuité. Avec la constitution d’un pôle public financier national ou celle d’un fond de développement européen social et écologique. On pourrait énumérer ainsi un grand nombre des propositions qui figurent dans la plate-forme programmatique du FDG.

Concepts proprement communistes car ils sont en quelque sorte « le mouvement réel qui abolit l'état actuel des choses », propositions directement et immédiatement traduisibles dans le concret de nos collectivités, de nos institutions et de notre économie. Non sans le rapport de force politique nécessaire à leur mise en place bien sûr, mais comme des extensions d’une logique alternative à celle du marché, comme l’élargissement de poches communistes au sein de la société, utiles au quotidien des salariés. D’où l’importance des Ateliers législatifs en lien avec les Fronts thématiques qui, au-delà de l’implication populaire indispensable, permettent l’élaboration de mesures en rupture avec la société capitaliste.

Rappelons-nous les conditions dans lesquelles s’est effectuée l’élaboration du programme du Front de Gauche « l’Humain d’abord » lors de la dernière séquence électorale. Cette plate-forme ne constitue pas un recueil de toutes les propositions communistes proprement dites. Elle est issue, par construction, d’une mise en commun de plusieurs mesures d’horizons proches mais distincts : qu’il s’agisse des contributions du PG ou de la GU. Mais l’apport communiste fut substantiel en qualité comme en quantité. S’il a permis aux communistes de se reconnaitre, à quelques inflexions près dans « l’Humain d’abord » c’est parce qu’en amont, un travail important d’élaboration fut effectué dans les sections à partir de notre vision politique propre.

 

Avec qui être communiste en 2013 ?

C’est la question stratégique fondamentale, car nous ne pouvons pas être communistes…. tout seuls.

Il faut bien entendu partager nos idées en débattant avec les salariés sur les lieux de travail, avec nos concitoyens dans les lieux d’échanges et de décisions. Non seulement parce que les valeurs et les convictions se partagent mais aussi et surtout parce que nous avons fait le choix d’une révolution citoyenne et démocratique. C’est l’un des apports de notre réflexion critique sur les expériences socialistes du XXème siècle que d’avoir renoncé au coup de force pour une prise du pouvoir par un processus citoyen et démocratique. Processus qui reste malgré tout un combat.

Forts de notre visée d’une société socialiste émancipée, au clair sur un ensemble de propositions permettant une transformation sociale, écologique et démocratique élaborées par le collectif communiste, nous devons nous poser la question des majorités politiques et d’idées qui nous permettront de prendre le pouvoir par les urnes. Il s’agit bien entendu de la question difficile de l’hégémonie à gauche : celle d’une gauche de transformation pour ouvrir le chemin de l’alternative ou celle d’une gauche de renoncement et d’adaptation au marché.

Nous avons fait le choix, il y a quatre ans, de construire avec nos partenaires du Parti de Gauche et de la Gauche Unitaire un rassemblement dont la vocation est de déplacer le centre de gravité de la gauche française de l’alternance vers l’alternative. Nous pouvons reprendre le même raisonnement en ce qui concerne le rassemblement des forces de la gauche alternative européenne au sein du PGE. L’évolution et les succès électoraux du Front de Gauche nous confortent dans ce choix qui nous parait être le meilleur outil pour diffuser et porter les idées communistes dans le débat citoyen. Enrichir nos propositions par la confrontation et le débat avec nos partenaires proches, avec les citoyens au sein des assemblées citoyennes et des ateliers législatifs, mais aussi avec les militants du parti socialiste inquiets de la dérive libérale de leur instances dirigeantes, tant au niveau national (choc ou trajectoire de compétitivité), qu’au niveau européen (TSCG) ou mondial (OMC).

Le Front de Gauche doit encore s’élargir et se transformer pour associer les citoyens des assemblées, des ateliers et des fronts thématiques aux travaux et aux choix politiques du rassemblement.

Des adhésions directes à des associations de partisans du FDG ne nous paraissent pas menacer l’existence du PCF. C’est sans doute une demande d’un certain nombre de militants du FDG mais ce n’est pas celle de la majorité, car on constate aussi un grand nombre d’adhésions aux structures qui composent le rassemblement et particulièrement au PCF qui retrouve dans ce contexte d’un front populaire une attraction qui ne s’est jamais démentie historiquement et qui se vérifie encore depuis 2005.

Par contre, nous considérons, à l’instar des conclusions du précédent congrès, que le maintien d’une force communiste organisée et clairement identifiée par son appellation, son apport programmatique et sa visée émancipatrice est indispensable à la construction du rassemblement de la gauche de transformation sociale, écologique et démocratique. Indispensable aussi à son rayonnement, à la diffusion et à la crédibilité de son projet politique auprès des salariés et de nos concitoyens.

Il y a actuellement 0 réactions

Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.

 

le 12 décembre 2012

    A voir aussi