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36e congrès - Le texte - Il est grand temps de rallumer les étoiles

Les statuts du PCF adoptés au 36e congrès

Discours de clôture par Pierre Laurent

Journal CommunisteS n°507 - Spécial 36e congrès - 13 février 2013

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De classe, bien sûr, mais en masse consciente ! par Henri Guarinos, Lucienne Janin

Cette contribution envisagera la question urgente de la constitution d'un front de classe qui soit aussi de masse et donc nécessite une stratégie de front de gauche.

La responsabilité historique du PCF dans la transmission de la réflexion sur ces deux notions liées, autrement dit sur la lutte des classes , a pu se brouiller dans les compromis voire les compromissions de l'union de la gauche. Cette réflexion reste pourtant indispensable, faute de quoi la valorisation non dialectique de l'une ou de l'autre notion se fait au détriment des deux et donc du mouvement réel de la société.Pas de classe sans lutte, pas de lutte transformatrice sans masse.Dans le premier cas, la véhémence rhétorique et le repliement théorique sectaire tendent à compenser le peu d'effet sur la société; dans le deuxième le pourcentage ou le nombre ( d'électeurs, de grévistes, de manifestants) tend à devenir une fin en soi. C'est ainsi que la dialectique de la lutte de classe ET de masse dépasse le gauchisme et la sociale démocratie.

La crise du capitalisme à son stade actuel d'accumulation de capital s'est chargée de regraver au couteau les contours de la lutte des classes ainsi que le portrait d'un capitalisme dont le mode de production, tout aussi prédateur, a d'autres conséquences sociales, culturelles et écologiques que celui dont Marx décrivait les mécanismes en 1848.

Aucune configuration électorale, et surtout dans le cadre électoral de la cinquième république, n'a eu la capacité de masse d' empêcher l'une des classes de prélever bon an mal an dix pour cent du Pib à son profit par différents types de prélèvements sur les salaires de l'autre classe. Le nivellement idéologique par le bas sur la question clé de la production de la valeur et des producteurs rééls de cette valeur, a atteint toute la société, y compris le parti communiste français quand il a par exemple entériné, pour sauver la gauche "plurielle" électorale, le traitement social du chômage , c'est à dire la charité de l'emploi sans le CDI et l'indemnité à la place du salaire dû. (cf. sur ce sujet de la valeur sociale et du salaire les analyses de Bernard Friot: "L'enjeu du salaire"- La dispute-).

Depuis 2005 et avec le choix d'affronter, lors du référendum, la logique et les fondements des mécanismes du capitalisme conquérant européen, la fécondité de l' analyse marxiste resurgit et en particulier le rapport entre lutte de classe et lutte de masse. Ce n'est pas parce que le premier terme connaît partout une résurrection parfois superficielle( cf." 1% contre 99%", ou "il faut partager") que le deuxième peut disparaître des réflexions, par exemple en supposant que la juste ligne révolutionnaire d'appropriation des moyens de production enfin révélée aux masses, le mouvement de masse se lèvera tel le pain qui a enfin trouvé le bon levain.

Depuis 2005, toutes les forces politiques sont contraintes de se situer de part OU d'autre du mur de classe (d'où les contorsions des "socialistes" ou des Verts) et sont donc contraintes de choisir ou refuser la concurrence libre et non faussée, le travail marchandise, la main invisible du marché, la création monétaire par les capitalistes, les modes de production selon qu'ils privilégient la production de capital ou celle de vie sociale (cf. le Médiator, la recherche Sanofric, l'Ayraultport de Nantes... etc. ).

Or on peut vérifier tous les jours dans les médias et en observant l'appareil de production idéologique de la bourgeoisie qu'une seule classe sociale est vraiment marxiste mais malheureusement ce n'est pas celle des salariés. Qui affirme de manière offensive et fait prédominer sa définition de la création de valeur ? (marché contre moment de la production). Qui définit le juste rapport social ? ( concurrence ou valeur sociale). Qui crée et impose les termes -et donc la fiction naturalisée- nécessaire à son mode de production? ( la productivité ou l'usage social)...

Au sens marxiste, une classe sociale n'existe pas en soi comme un objet social posé sous le regard de l'observateur extérieur. C'est souvent le cas en sociologie dans un cadre descriptif et quantifié de la société: pourcentage de salariés, de chômeurs, établissement du salaire moyen, référence à une classe moyenne, aux ouvriers etc... Une classe au sens marxiste n'apparait que dans l'affirmation conflictuelle née des contradictions sociales et elle ne se constitue en classe consciente que par la lutte elle-même; classe et lutte des classes sont deux aspects d'un même mouvement de la société et il n'y a ni définition figée ni direction éclairée pour la décrire du haut de sa ligne juste et révolutionnaire.

Or , actuellement, la lutte des classes est menée par la classe dominante, comme on peut le voir avec le consensus sur le rapport Gallois lequel affirme que la croissance du capital dépend d'abord d'un nouveau prélèvement sur le travail vivant ou socialement accumulé ( sécurité sociale, retraites, services publics). C'est ce consensus qui fait masse et constitue la bourgeoisie en classe dominante ; les élections ne sont là que pour conforter et confirmer cet état de classe- provisoire et nous y travaillons ! - ainsi qu'on peut le percevoir de mieux en mieux en Grèce, au Portugal, en Espagne.

C'est ainsi que la responsabilité politique principale d'un parti marxiste en France en 2012 consiste bien moins à élaborer entre soi la ligne politique la plus gratifiante pour ses auteurs qu'à travailler à la constitution d'une classe sociale salariée en confflit conscient avec l'autre classe; à savoir une classe consciente que ses intérêts , son avenir, l'avenir de la société, l'avenir de la planète sont incompatibles avec les intérêts de la classe capitaliste. Il faut bien dire qu'un grand moment d'attention à la délimitation et au repérage de ces contradictions de classe a été la campagne présidentielle du Front de gauche en particulier parmi les jeunes lors des meetings . Certes des discours, dans le cadre électoral (surtout les présidentielles!), ne sont pas aussi constructeurs de conscience de classe que des luttes de masse victorieuses (95,CPE), même si ces discours ont souvent su retisser ces cohérences de classe alors qu'elles sont systématiquement dispersées par l'appareil de production idéologique de la bourgeoisie .

On peut tout de même considérer à la fin de 2012 que la stratégie de Front de gauche et la pédagogie de reconstruction de classe, lors des meetings de J.L. Mélenchon en particulier, ont permis, sinon de renverser le rapport de force idéologique, du moins de semer les possibilités d'une critique du système capitaliste dans des couches plus larges de salariés. Cette critique n'est pas en l'état actuel du mouvement social une critique radicale visant l'appropriation des moyens de production en même temps qu'une révolution du mode de production. Mais les keynésiens ( du Parti de gauche, du Monde diplomatique, d'Alternatives économiques...) qui mettent en avant le rôle régulateur de l'état et les lois d'encadrement de la prédation capitaliste sont bien obligés, dans leur mouvement critique et pour mobiliser, d'en saper les fondements et les mécanismes : l'exploitation, le parasitisme des actionnaires, les méfaits du productivisme de profit....etc. C'est ce qui justifie actuellement la stratégie de front de gauche et son efficacité à ce stade de la lutte des classes.

Les manifestations du 14 novembre dans toute l'Europe et en France étalonnent assez bien le niveau de conscience de classe effectif et on voi, de mobilisations en grèves générales, au Portugal, en Grèce, en Espagne l' émergence d'une classe dans la lutte en même temps que le surgissement des refus de la surexploitation par le capital européen. Confrontés aux plans d'austérité dévastateurs, les indignés apolitiques sont devenus des militants conscients de la classe qu'ils combattent et de la classe qu'ils deviennent; et leur nombre croîtra jusqu'à la masse critique. Cependant , l' observation modeste des faits sociaux, ainsi que le contact militant font apparaître qu'un stade de conscience et de lutte de classe à la hauteur de celles de la bourgeoisie n'est pas atteint aujourd'hui; en témoignent les recherches de boucs émissaires , les replis individualistes ou "identitaires", la tentation de l'évitement des contradictions et les raccourcis idéologiques.

C'est ainsi que, chaque fois que la luttes des classes, en France, a submergé dans le mouvement de masse, le barrage idéologique des médias (1995, CPE, retraites ... ) la conscience de classe acquise dans ces moments de lutte a été de nouveau noyée sous les arguments d'autorité des économistes à gages, sous les faits divers sélectionnés, sous les leurres - faux conflits en lieu et place de conflits de classe- et surtout dans les silences et les taches aveugles disposées savamment sur les réalités de classe par l'appareil de production idéologique capitaliste.

C'est pourquoi un travail militant régulier, exactement centré et unitaire de manière volontariste doit pouvoir déconstruire, dans le plus grand nombre possible de lieux publics et d'activités sociales, les fausses évidences économiques et idéologiques puis reconstruire, à partir de là , un véritable parti de mobilisation et de classe. Telle pourrait être la seule vraie contribution possible actuellement à l'amorçage du mouvement social et à l'émergence d'un communisme de masse qui sera lui-même probablement très différent dans sa production sociale de ce qui avait été envisagé avant le travail de la lutte des classes.

Un parti communiste conscient de sa culture historique et marxiste peut jouer un rôle déterminant dans la reconstitution d'un front de classe et de masse à condition de ne pas craindre un mouvement de masse évidemment, comme toujours, animé de et par ses contradictions . L'absence de mouvement de masse constituerait une menace bien plus redoutable que celle d'un Front de Gauche suspecté de réformisme . C'est la réalité actuelle du capitalisme qui va se charger de remettre à son heure les horloges molles du réformisme d'où qu'il vienne, et il est inutile de perdre son temps militant contre les variantes de Papandréou alors que la constitution d'un front de classe et de masse dans toute l'Europe se fait si urgente .

 

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le 23 novembre 2012

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