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36e congrès - Le texte - Il est grand temps de rallumer les étoiles

Les statuts du PCF adoptés au 36e congrès

Discours de clôture par Pierre Laurent

Journal CommunisteS n°507 - Spécial 36e congrès - 13 février 2013

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Contribution d’un nouvel adhérent pour le 36e congrès par Laurent Zagorac

L’impasse proposée par « Faire vivre le PCF »

Le projet de base alternative « Unir les communistes pour un PCF de combat, marxiste, populaire et rassembleur » affirme : « L'acharnement du capital au travers de l'Union Européenne contre la souveraineté nationale montre bien que le cadre national reste le plus favorable à l'expression des peuples et au rassemblement. Le refus de mettre en débat notre position concernant l'Union Européenne et l'euro nous coupe un peu plus des catégories populaires qui identifient l'institution et la monnaie comme directement responsable de la situation de notre pays. »

Le Royaume Uni, qui a conservé sa Livre Sterling et qui dispose avec la City de la première place financière d’Europe, subit la crise du capitalisme au point que l’on y constate un retour significatif du travail des enfants. Sortir de la Zone Euro et de l’UE au profit d’un retour au Franc consacrerait le FN au plan national et démultiplierait les facteurs de tensions entre les peuples au niveau européen, chacun se repliant sur sa propre monnaie et ses propres frontières.

C’est sur les ruines du capitalisme que nous construirons « le socialisme du XXIème siècle », pas en rasant les ruines de son impérialisme. L’enjeu est bien la « rupture avec le capital » proposée, mais à partir des contradictions internes aux réalités impérialistes de notre temps que sont l’UE et l’Euro et non par une dynamique régressive sur les plans monétaire et géopolitique.

Dépasser les contradictions du texte proposé par « Renforcer le PCF »

Le texte « Combattre l’austérité, en finir avec le capitalisme » affirme : « Notre objectif ne peut s’exprimer de façon satisfaisante ni par une «sortie de la zone euro», ni par une politique visant à défendre cette monnaie. Notre programme devrait plutôt indiquer les moyens pour sortir du système capitaliste, en France et à l’échelle européenne. Cette dernière approche rejoint celle de l’Internationale Communiste du début des années 20, qui définissait son objectif comme une « Fédération des États socialistes d’Europe ». Si les travailleurs parviennent à renverser le capitalisme dans un pays d’Europe – que ce soit en Grèce, en Espagne, en France ou ailleurs –, cela donnerait une formidable impulsion au mouvement révolutionnaire sur l’ensemble du continent. »

En voulant exprimer la contradiction des deux autres sur ce point nodal, « Renforcer le PCF » nous livre la sienne : est-il vraiment envisageable de « renverser le capitalisme dans un pays d’Europe » ? Je le crois d’autant moins que l’échec du Komintern nous a montré qu’il n’est pas possible non plus d’ « étendre le changement » lorsqu’il a vu le jour dans un seul pays.

Cela démontre que ce n’est pas la volonté de rupture qui fait le révolutionnaire, mais sa capacité à la mettre en œuvre. De même, ce n’est pas la méthode de transformations successives de la logique d’un système qui fait le réformiste, mais son incapacité à penser le dépassement du système considéré.

Nous devons donc dissocier la question en termes d’objectifs doublement différenciés :
Différencier sur la durée, c’est-à-dire définir les transitions de court et moyen terme permettant la réalisation de l’objectif communiste à moyen et long terme, à savoir la socialisation complète des moyens de production.

Différencier sur le périmètre : en France avec le FdG, en Europe avec le PGE et à l’échelle mondiale avec d’autres forces qui restent à définir. C’est ici la question de la reconstitution d’une Internationale digne de ce nom qui est posée : doit-elle être purement communiste ou doit-elle être une alliance comprenant les communistes ?

L’objectif est bien d’« en finir avec le capitalisme » par socialisation des moyens de production mais à l’échelle de l’UE toute entière. Pour cela, il convient de travailler sur la convergence des diverses luttes nationales avec le PGE comme les syndicats commencent à le faire avec la CES. Ainsi, à l’image d’une révolution du Jasmin qui déclencha le printemps Arabe, le levier pourrait être insurrectionnel au point de déboucher sur un processus électoral déterminé par les peuples eux-mêmes. Surgirait ainsi de la chute de l’oligarchie une décision démocratique sur l’avenir de l’ensemble européen comme de chacun des peuples qui le composent.  

En Amérique Latine, l’ALBA, la banque du sud et l’UNASUR marquent la recherche / construction d’une alternative socialiste dans une dominante géopolitique mondiale qui reste celle du grand capital. Seuls, ils pourront difficilement le renverser. Peut-être pourrions-nous mutuellement nous aider et avancer vers la reconstitution d’une Internationale digne de ce nom ?

Renforcer le PCF écrit par ailleurs : « Il faut affirmer l’identité politique spécifique du PCF en termes d’idées et de programme. Tout en s’efforçant de renforcer l’union dans l’action militante avec les autres partis et formations du Front de Gauche, tout en cherchant à parvenir à un accord politique le plus large possible avec eux – comme ce fut le cas avec L’Humain d’abord –, le PCF devrait se positionner comme la composante communiste de l’alliance et exprimer clairement ses objectifs spécifiques dans son propre programme. »

Autant je soutiens les idées selon lesquelles « le socialisme devrait être clairement identifié comme notre projet de société » et « le PCF devrait se positionner comme la composante communiste de l’alliance, autant je crois qu’un programme PCF de gouvernement (même virtuel) signerait sans coup férir la mort du FdG. Notre programme doit rester le nouveau programme commun écrit avec nos partenaires du FdG : « L’humain d’abord ».

En revanche, contribuer à réactualiser ce programme en proposant à nos partenaires, en plus de de la « suppression de la propriété capitaliste des banques », la réappropriation sociale de biens publics tels que « l’eau, l’énergie et plus largement des secteurs essentiels à la vie de l’humanité », comme le propose « l’humanifeste », serait un bon moyen d’avancer.

Préciser l’« humanifeste » pour mieux le muscler

Si l’idée d’une résolution finale de Congrès sous la forme d’un « humanifeste » à l’attention de l’ensemble de la société française est très intéressante, on ne saurait s’en tenir là :

Je suis certes humaniste mais aussi athée et nombre d’humains ayant la Foi, de toutes religions, le sont aussi. Etre humaniste signifie-t-il tous nous confondre dans un grand mouv ? Je ne le crois pas. Etre humaniste implique reconnaissance du croyant comme de l’athée et donc acceptation de leur distinction. C’est pourquoi la reconnaissance de l’altérité est un préalable indispensable à « l’incessant mouvement démocratique d’appropriation citoyenne du monde » que souhaite l’« humanifeste » en lieu et place de toute hégémonie du parti sur la société humaine.

Le texte donne rapidement la bonne issue : « L’issue : rompre avec le capitalisme ».

Il précise plus loin : « C’est pourquoi nous parlons de révolution. Une révolution citoyenne, pacifique, démocratique, et non pas la prise de pouvoir d’une minorité. Un processus de changement crédible et ambitieux, visant à transformer les logiques du système. »

S’il offre la bonne perspective, l’« humanifeste » ne pose la question de la propriété des moyens de production qu’en filigrane. Or, c’est bien leur caractère privé qui caractérise le capitalisme et c’est bien leur socialisation qui caractérise la perspective communiste. De plus, au vu des catastrophes sociales et écologiques générées par le coût exorbitant du capital, nous devrions proposer une socialisation par expropriation des capitalistes actuellement chargés d’exploiter le bien public. « L’humanifeste » ne le précise pas et c’est un manque criant.

En conséquence, l’objectif du « processus de changement crédible et ambitieux » n’est pas clair : s’agit-il de « Rompre avec le capitalisme» par transformations successives permettant de dépasser les « logiques du système »,  ou s’agit-il de réformer le capitalisme en se contentant de transformer les logiques qui lui sont propres ? Il faudra préciser d’une façon ou d’une autre.

« L’humain d’abord » dans une perspective communiste renaissante

Ce refus de l’hégémonie signifie bien que la rupture avec le capitalisme, c’est-à-dire la socialisation de l’ensemble des moyens de production qui fonde la proposition communiste, aura lieu si, et seulement si, la proposition devient celle de l’ensemble de celles et ceux qui vendent leur force de travail pour vivre et non plus celle des seul(e)s communistes. C’est pourquoi l’« humanifeste » est dans le vrai lorsqu’il affirme : « Nous savons qu’il ne peut y avoir de socialisme sans démocratie, sans que le cœur en soit la démocratie ».  C’est bien par cette voie que nous construirons le Front du peuple.

Pierre Laurent a donc raison d’affirmer qu’il « ne s’agit pas de choisir entre le Front de gauche et le PCF » car ils se nourrissent mutuellement comme se nourrissent mutuellement aspiration humaniste, démocratie et socialisme.

C’est bien en rappelant que l’être humain doit être à la fois au centre et en finalité des processus de production que nous rappellerons que la finalité du capitalisme est l’argent et non la satisfaction des besoins. C’est donc bien par l’appropriation sociale et démocratique des moyens de production -démocratique parce que placée sous le contrôle des citoyens et des salariés- que nous replacerons l’être humain au centre et en finalité, rappelant ainsi que démocratie et Droits humains sont universels ou ne sont pas.

Enfin, c’est bien en rappelant que démocratie et Droits humains sont universels ou ne sont pas que nous les appliquerons demain à chaque capitaliste exproprié de façon à ce qu’il devienne un citoyen comme les autres, au centre et en finalité de la société d’ensemble comme les autres, rappelant ainsi efficacement que nous avons tiré les leçons de l’histoire.

En effet, et même si la lutte des classes est faite de flux et de reflux, un communiste porteur de la « révolution citoyenne » pacifique et démocratique ne saurait accepter la contradiction d’un reflux de la citoyenneté, même au prétexte de la préservation du gouvernement de la révolution face à la réaction et à un éventuel risque de restauration. Dans une telle situation, c’est au contraire le renforcement de la citoyenneté qui doit prévaloir.

Conclusion / humanisme et violence / mon appel

« Il est grand temps de rallumer les étoiles » et « Combattre l’austérité, en finir avec le capitalisme  » abordent la même montagne par deux versants complémentaires : l’humanisme d’un côté et la socialisation des moyens de production de l’autre.

J’ai signé le texte « Combattre l’austérité, en finir avec le capitalisme » car son apport au débat m’a semblé essentiel. Il comprend cependant à mon sens deux erreurs majeures :
on ne peut pas renverser le capitalisme depuis un seul pays (même provisoirement),
on ne peut pas publier notre propre programme sans torpiller « l’humain d’abord » et le FdG.

L’ « humanifeste » nécessite quant à lui :

d’éclaircir ses objectifs de long terme : Si la volonté de placer l’être humain au cœur et en finalité de la société d’ensemble montre bien une volonté de dépassement du système, elle n’est pas suffisante à elle seule pour le mettre en œuvre. La socialisation des moyens de production n’est-elle pas un corollaire indispensable ?

d’éclaircir son rapport au théorique : A titre d’exemple, le Manifeste affirme s’agissant des communistes : « Ils proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l'ordre social passé ». Si ce texte est bien fondateur, il n’est pas une bible et nous pouvons décider qu’il est dépassé sur ce point, comme éventuellement sur d’autres, si telle est notre analyse collective. Mais est-ce bien le cas ? La réaction nous laissera-t-elle dérouler ou nous imposera-t-elle l’épreuve de force ? Comment articuler humanisme et violence ?

L’ « humanifeste » me semble la meilleure « base commune » à amender et ses fenêtres de discussion nous y invitent. Le texte « Combattre l’austérité, en finir avec le capitalisme » mérite cependant de recueillir un nombre important de suffrages car il offre une excellente source d’amendements permettant de préciser « l’humanifeste » pour mieux le muscler.

J’appelle donc à rejeter l’impasse proposée par « Faire vivre le PCF » en votant soit pour « l’humanifeste » soit pour « Combattre l’austérité, en finir avec le capitalisme ».

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le 23 novembre 2012

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