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36e congrès - Le texte - Il est grand temps de rallumer les étoiles

Les statuts du PCF adoptés au 36e congrès

Discours de clôture par Pierre Laurent

Journal CommunisteS n°507 - Spécial 36e congrès - 13 février 2013

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Première table ronde - La crise, son issue

Dans le cadre de la préparation du congrès, il a été décidé de réunir cinq tables rondes autour des 5 axes de discussion ou "fenêtres" ouvertes de la base commune proposée par le Conseil national. Première fenêtre.

Comment analyser la crise ? Quelles luttes développer ? Quelles brèches ouvrir ? Echange autour de ces questions de la « fenêtre 1 » entre trois dirigeant-e-s communistes : Eliane Assassi, Yves Dimicoli et Alain Obadia.

Alain Obadia

Si le déclencheur de la crise de 2007-2008 se situe dans la sphère financière spéculative, ses racines sont beaucoup plus profondes. En réalité, nous vivons un télescopage brutal entre le capitalisme contemporain globalisé et financiarisé et les potentialités qu’ouvrent, pour le progrès humain durable, la révolution informationnelle et ses différentes ramifications dans l’ensemble du champ des technologies. En s’appuyant sur elles, l’humanité pourrait utiliser les gains immenses de productivité du travail pour améliorer le sort de tous, pour coopérer et, dans cette logique, pour mieux affronter les défis sociaux et écologiques qu’elle doit surmonter. Une ère nouvelle de la démocratie pourrait être à portée de main. C’est pourtant l’inverse qui se déroule, car les rapports sociaux façonnés par la domination du capital ne peuvent que générer la guerre économique, la concurrence sans fin de chacun contre tous, le déni démocratique de plus en plus pesant pour assurer la domination de l’oligarchie, l’opposition des nations voire des civilisations par l’utilisation des poisons du racisme et de la xénophobie. La domination de la logique du profit et de la marchandisation généralisée est telle qu’elle touche toutes les sphères de l’activité humaine. Sommation nous est faite de réduire notre complexité créative à une seule dimension : celle de l’homo œconomicus imbécile dont le seul moteur est l’avidité. Tout cela est à la racine d’une crise de civilisation que l’humanité doit absolument surmonter si nous ne voulons pas que son avenir soit désastreux.

Cette analyse montre le niveau d’ambition qui doit être le nôtre. Nous devons partir du souhaitable pour le devenir du progrès humain et ne pas nous laisser enfermer dans ce que la chape de plomb de la pensée dominante considère comme le possible étriqué d’aujourd’hui.

Cette ambition n’ a rien d’irréaliste. Le niveau du souhaitable se manifeste, par exemple, au travers des exigences populaires qui s’expriment notamment dans les luttes et les mobilisations. Elles sont en réalité l’écho des potentialités que recèle la libération des forces créatives de notre époque. Faire de la satisfaction des besoins le moteur de l’économie, remettre l’argent à sa vraie place au service de l’activité humaine, relocaliser les productions et développer les services publics, ouvrir grand les portes d’une nouvelle ère de démocratie, de culture et de coopération sont quelques grands axes permettant de nourrir l’action inlassable que nous voulons mener pour rassembler, agir et lutter.

 

Eliane Assassi

Comment analyser la crise ?

Pour analyser la crise, il faut d’abord parvenir à la cerner. La crise dont nous parlons est une et indivisible, celle du capitalisme. Mais cette crise globale s’exprime sous différentes formes dans notre vie de tous les jours. On la retrouve ainsi sous sa forme économique, avec un partage des richesses créées insuffisant pour permettre aux salariés de vivre dignement, sous sa forme sociale avec des licenciements, du chômage et une frange entière de la population qui est mise au ban de la société, sous sa forme sociétale avec une remise en cause du vivre ensemble, une contestation du droit de certains de vivre avec nous et une montée du racisme, ainsi que sous sa forme politique avec une mise en cause de la démocratie, au travers d’un refus de l’expression majoritaire de la population comme dans le cas du référendum sur le TCE de 2005 ou la mise en place de gouvernements technocratiques, non élus en Italie aujourd’hui ou en Grèce hier.

L’expression de cette crise du capitalisme est polymorphe, mais on y dénote une constante, ce sont les peuples qui auraient à en pâtir. C’est ce contre quoi les communistes luttent.

Quelles luttes développer ?

Victor Hugo a dit une phrase très juste : « Ceux qui vivent sont ceux qui luttent ». Quelle que soit la lutte qui se développe, il est important qu’elle permette de redonner confiance aux salariés et aux citoyens. C’est ce que nous devons avoir à l’esprit. Avec l’émergence de cette crise depuis 2008, les citoyens ont compris ce que nous disions depuis des décennies et partagent désormais notre constat. Contrairement à ce qu’on cherche à leur faire croire, ils ne sont ni responsables, ni coupables de cette crise. Un changement réel est possible. Il est important de redonner confiance et espoir aux salariés et aux citoyens afin qu’ils deviennent des acteurs de la lutte. C’est ce que nous faisons à propos du site de PSA Aulnay, en travaillant à faire converger mobilisation des salariés et de la population, pour le maintien de ce site industriel capital pour le département.

Quelles brèches ouvrir dans l’austérité ? Ces politiques d’austérité sont appliquées pour tenter de contenir la dette contractée par les Etats pour venir en aide au système capitaliste au bord de l’effondrement en 2008. Cette dette est devenue le meilleur instrument d’asservissement des peuples par le système capitaliste. Il faut rejeter la doxa libérale et ne pas faire confiance aux lois du marché. La principale brèche à ouvrir est de réaffirmer l’importance des services publics. Eux seuls permettent de combattre les inégalités, de traiter les citoyens sur un pied d’égalité et en ne recherchant pas des profits au détriment de l’intérêt général ils ont l’efficacité économique nous permettant de sortir par le haut de cette situation de crise.

Yves Dimicoli

La gravité de la crise sert de prétexte à Hollande pour prétendre qu’il faut rassurer les marchés financiers et faire des sacrifices. Or, cela renforce la crise avec l’austérité. Il faudrait, au contraire, maîtriser les marchés en mobilisant les financements pour développer les capacités humaines.

Pour cela, il ne suffit pas de proclamer de façon générale, lyrique, qu’il faut faire autrement, ce dont se contente trop le projet actuel de base commune. Il faudrait, en liaison avec les luttes, aider les salariés, les citoyens à exiger des avancées précises immédiates. Contre la « flexicurité » et la baisse du « coût du travail », ouvrons des chantiers de sécurisation de l’emploi, de la formation et du revenu : Un grand progrès de l’indemnisation des chômeurs et de leur insertion dans l’emploi ; l’affiliation de chacun-e, dès la fin de scolarité, à un service public d’emploi et de formation ; l’interdiction des « licenciements boursiers » et des pouvoirs de veto et contre-proposition des salariés ; la généralisation de la mise en formation avec conservation du salaire en vue d’un reclassement choisi ; de nouveaux contrats de travail sécurisés ; des conférences régionales et nationales pour sécuriser l’emploi et la formation. Contre le TSCG et les privatisations, l’expansion de tous les services et entreprises publics est nécessaire pour répondre aux besoins, soutenir la demande, consolider l’offre. Développons et faisons converger les luttes pour les services publics. Cela exige de nouveaux financements.

Finissons-en avec le dogme interdisant à la BCE de soutenir la dépense publique. Elle doit monétiser des dettes publiques et financer la croissance de chaque service public, via un « Fonds social, solidaire et écologique européen ». Et son taux d’intérêt doit être d’autant plus abaissé, pour refinancer les crédits bancaires, que ceux-ci serviraient à des investissements programmant plus d’emplois et de formation. Sans attendre, exigeons des Fonds publics régionaux pour moduler ainsi le taux des crédits pour les investissements des entreprises. C’est cette sélectivité nouvelle, abaissant le coût du capital, que devrait porter un pôle bancaire public, au lieu de ce que fera la Banque publique d’investissement. Autant d’axes pour une intervention autonome du PCF dans le Front de gauche.

 

Il y a actuellement 4 réactions

  • Mariage en vue

    non intéressant, supprimé par l'auteur

    Par Philippe Gascuel, le 15 novembre 2012 à 17:35.

  • Partage

    non intéressant, supprimé par l'auteur

    Par Philippe Gascuel, le 15 novembre 2012 à 18:04.

  • POSSIBLE ET SOUHAITABLE

    Ma contribution c’est tout un site sur Internet consacré depuis 15 ans au problème central posé par notre 36e congrès.

    La science toute neuve de la complexité en permet une analyse totalement renouvelée, presque ignorée des communistes !

    Je soumets le contenu de ce site à la discussion du Congrès.

    A mon échelle c’est une décision « historique ».

    Avant, j’avais tendance à voir le Congrès comme une application approximativement bonne de ma théorie : la vérité allait de la théorie à la pratique, elle tombait d’en haut.

    Or le contenu de mon site est d’élaboration collective, quelque soit le travail (énorme) que j’ai fait pour sa présentation.

    Le passage suivant du projet de base commune concerne, et me semble-t-il approuve et même soutient peut-être, ma contribution :

    « La nécessité de la conceptualisation et théorisation ne s’est jamais faite autant sentir que dans un monde où chacune, chacun, est confronté en permanence au bruit et à la fureur, ainsi qu’à de profondes mutations. C’est dans cette envie de savoir, de recherche, d’éducation populaire, seule capable d’élever notre niveau de compréhension de ce qui est à l’œuvre dans la société, que nous devons mieux ressourcer notre Parti. »

    Interview de Pierre Laurent :

    - Quelle est pour vous la question principale du congrès ?

    Pierre Laurent : comment être utile ?

    Comment être utile à la France, à l’Europe ? À l’humanité ? …

    Etre utile à ouvrir des chemins nouveaux d’émancipation, c’est la question centrale. Tout le reste, stratégie, élections, rassemblement, découle d’une seule et même question, assumer nos responsabilités.

    - Quels sont pour vous les éléments de rupture nécessaire ?

    La clé de tout, c’est l’implication démocratique, la prise de pouvoir populaire sur les débats et les choix politiques. Les communistes vont débattre pendant plusieurs mois. Et chacun, chacune compte pour un.

    http://fifi24.com

    Par Philippe Gascuel, le 09 novembre 2012 à 18:48.

  • il a très bien parlé

    "Nous devons partir du souhaitable pour le devenir du progrès humain et ne pas nous laisser enfermer dans ce que la chape de plomb de la pensée dominante considère comme le possible étriqué d’aujourd’hui"

    Oui, c'est ça qui est au centre :

    le possible et le souhaitable

    Pour les voir bien clairement aller sur mon site http://fifi24.com

    Par Philippe Gascuel, le 08 novembre 2012 à 11:25.

 

Première table ronde - La crise, son issue

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